
Le stress financier peut avoir un impact profond sur la santé mentale, en particulier chez les femmes qui tentent de concilier le travail et les responsabilités familiales. Kim Parlee s’entretient avec Jennifer Ho, directrice de marché, Gestion de patrimoine TD, et la Dre Nasreen Khatri, psychologue clinicienne, sur les façons dont les femmes peuvent prendre le contrôle de leur bien-être.
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Commençons par vous, Dre Khatri. Quels sont quelques-uns des facteurs de stress courants auxquels les femmes font face et quels effets ont-ils sur leur santé mentale?
Eh bien, les femmes font face à trois catégories de facteurs de stress. Premièrement, on compte les facteurs financiers. Les écarts de richesse et de salaire entre les genres ont des conséquences majeures sur la richesse accumulée lors d’une carrière, ce qui peut créer du stress tout au long de la vie professionnelle. Deuxièmement, on compte les facteurs systémiques et sociétaux comme le sexisme, l’âgisme, le racisme et l’historique de mauvais traitements vu que les femmes sont plus susceptibles de subir des mauvais traitements lors de l’enfance et des violences tout au long de leur vie, ce qui a des répercussions majeures sur la santé mentale et crée des traumatismes.
Je pense aussi à d’autres forces systémiques comme les médias sociaux, qui ont tendance à avoir beaucoup plus d’effets sur les femmes, surtout les jeunes. Troisièmement, il existe des inégalités sur le plan de la santé du cerveau. On sait que la santé du cerveau dépend à la fois d’un sentiment de bien-être et de la santé cognitive. On sait aussi que les femmes reçoivent deux fois plus de diagnostics de dépression que
les hommes, et de démence aussi. On sait également que les gens qui ont des antécédents de dépression non traitée à n’importe quel point de leur vie sont deux fois plus susceptibles d’être atteints de démence que les autres. Il est donc particulièrement important pour les femmes de prendre soin de leur santé mentale pour préserver la santé de leur cerveau et leur santé cognitive à long terme.
Selon vous, les choses s’améliorent-elles pour les femmes en ce moment?
Je crois qu’elles commencent à s’améliorer. Pendant la pandémie, la vie des femmes était beaucoup plus stressante parce qu’elles jouaient de multiples rôles. Le stéréotype de la personne qui a des enfants encore à la maison et prend soin de parents âgés est une femme de 49 ans encore sur le marché du travail. C’est beaucoup de responsabilités.
Et on sait que les taux de base pour la dépression et l’anxiété sont supérieurs chez les femmes de toute façon. Il est donc important d’avoir conscience de ces faits et de savoir que ce stress est une expérience partagée. C’est naturel. Sur le plan financier, on commence à faire davantage preuve d’ouverture et à ne plus percevoir les discussions financières comme étant taboues. Je suis chercheuse et psychologue clinicienne depuis deux décennies, et on recueille souvent des données démographiques. Et la seule question que j’ai posée en tant que psychologue clinicienne ou que scientifique à laquelle des gens ont refusé de répondre était sur leur salaire ou leur niveau de richesse.
C’est incroyable, mais pas du tout surprenant de vous entendre dire cela. Mais c’est tout à fait incroyable. Jennifer, vous travaillez avec une équipe de conseillers, de planificateurs financiers et de banquiers. Et je sais que c’est une équipe qui compte de très nombreuses clientes. Je crois que vous avez une histoire révélatrice sur le tabou qu’est l’argent et sur les conséquences qu’il peut avoir.
Tout à fait. Une chose qu’on constate souvent est que le stress que vivent les gens ne provient pas autant des questions d’argent directement que des événements marquants de la vie. L’histoire que je vous raconte aujourd’hui porte sur une de nos clientes, une mère monoparentale qui venait de perdre son père. Elle nous rencontrait en compagnie de sa fille de 10 ans et de sa mère de 70 ans.
C’était son père qui s’occupait des finances et de l’argent de tout le monde. Et à présent, cette femme devait prendre les commandes des finances de tout le monde tout en étant un roc pour sa fille et sa mère. Elle devait aussi trouver le temps de gérer et de vivre son propre deuil. Je ne sais pas comment elle composait avec ce niveau de stress. Je ne peux même pas l’imaginer.
Ensuite, que s’est-il passé? Comment a-t-elle géré la situation?
Elle m’a répété plusieurs fois qu’elle aurait souhaité avoir parlé d’argent plus fréquemment avec son père. Elle aurait voulu en avoir discuté en famille. Donc, elle est venue nous voir à la recherche de soutien professionnel. On a fait en sorte qu’elle consulte des banquiers privés et des planificateurs. On a passé en revue ses activités bancaires pour les simplifier et on lui a créé un plan successoral.
Peu après, elle a reçu un diagnostic de cancer. Même si la situation était très difficile, elle est venue me voir pour me dire qu’elle était heureuse d’avoir un plan en place. Elle savait que, financièrement, sa mère et sa fille seraient prises en charge, et qu’elle pourrait donc se concentrer sur ses traitements. À présent, un an plus tard, elle est en rémission et en santé.
C’est fantastique. C’est une histoire difficile. Ce que vous avez dit sur le fait d’avoir un plan en place est tout à fait vrai. Elle savait que cette partie de sa vie était réglée, donc elle pouvait se concentrer sur ce qu’elle avait à faire. On sait qu’il est très important de parler d’argent ouvertement, mais que c’est également très difficile. Comment passer outre ces difficultés?
Selon moi, il faut commencer petit et en parler avec quelqu’un en qui vous avez confiance. Ce pourrait être votre conjoint, un ami ou un conseiller. Commencez pas parler de ce que vous ressentez par rapport à l’argent. L’aspect psychologique est très important. L’argent n’est pas un élément isolé dans nos vies. Donc, il est très important de discuter de nos problèmes, comme on le sait, de les nommer pour nous-mêmes puisque la guérison et les améliorations se produisent quand on fait preuve d’ouverture et qu’on discute. Il est difficile de résoudre un problème qu’on n’arrive même pas à nommer.
Comment les femmes devraient-elles en parler avec leur planificateur financier ou leur conseiller pour obtenir ce qu’elles veulent?
Oui. Je pense que la première chose à faire est de comprendre sa propre situation. Il faut dresser un inventaire de ce que vous avez : dettes, liquidités, économies. C’est ce qu’on appelle un égoportrait financier. On fait des égoportraits tout le temps, pourquoi pas un financier. En réalisant cet exercice, par contre, vous pourriez avoir certaines questions.
Est-ce que je rembourse bien mes dettes ou est-ce que mon fonds d’urgence serait suffisant en cas d’événement marquant imprévisible? À partir de ce point, vous pourrez faire des recherches et engager un professionnel. Il vous aidera à combler les lacunes et étudiera vos besoins pour vous créer un plan personnalisé.
Ensuite, il collaborera avec vous pour les années à venir afin de mettre en place ce plan. Donc, il est très important de passer votre professionnel en entrevue. Trouvez quelqu’un que vous appréciez et avec qui vous voudrez collaborer plusieurs années. Avec le programme Gestion de patrimoine TD pour les femmes, on forme nos conseillers pour en apprendre plus sur les femmes et leurs besoins spécifiques ainsi que les défis auxquels elles font face dans la vie et en matière financière.
J’étais à un séminaire récemment et, pour faire écho à ce que vous disiez sur les facteurs sociétaux, il y avait 20 femmes dans la pièce et une avait emmené sa mère; une autre, sa fille. Et on était censées assister à un séminaire d’éducation financière. Par contre, la rencontre s’est transformée en une superbe conversation lors de laquelle on a toutes parlé de notre histoire en s’offrant du soutien et des conseils.
Ces événements étaient incroyables. On est en toutes ressorties plus confiantes en matière de finances personnelles et un peu moins stressées. J’encourage donc tout le monde à participer aux événements locaux du genre.
Ce sont là d’excellents renseignements. Je crois que les gens feront des recherches à ce sujet. Jennifer, merci beaucoup. Dre Khatri, merci beaucoup.
Tout le plaisir est pour moi.
[MUSIQUE]
Eh bien, les femmes font face à trois catégories de facteurs de stress. Premièrement, on compte les facteurs financiers. Les écarts de richesse et de salaire entre les genres ont des conséquences majeures sur la richesse accumulée lors d’une carrière, ce qui peut créer du stress tout au long de la vie professionnelle. Deuxièmement, on compte les facteurs systémiques et sociétaux comme le sexisme, l’âgisme, le racisme et l’historique de mauvais traitements vu que les femmes sont plus susceptibles de subir des mauvais traitements lors de l’enfance et des violences tout au long de leur vie, ce qui a des répercussions majeures sur la santé mentale et crée des traumatismes.
Je pense aussi à d’autres forces systémiques comme les médias sociaux, qui ont tendance à avoir beaucoup plus d’effets sur les femmes, surtout les jeunes. Troisièmement, il existe des inégalités sur le plan de la santé du cerveau. On sait que la santé du cerveau dépend à la fois d’un sentiment de bien-être et de la santé cognitive. On sait aussi que les femmes reçoivent deux fois plus de diagnostics de dépression que
les hommes, et de démence aussi. On sait également que les gens qui ont des antécédents de dépression non traitée à n’importe quel point de leur vie sont deux fois plus susceptibles d’être atteints de démence que les autres. Il est donc particulièrement important pour les femmes de prendre soin de leur santé mentale pour préserver la santé de leur cerveau et leur santé cognitive à long terme.
Selon vous, les choses s’améliorent-elles pour les femmes en ce moment?
Je crois qu’elles commencent à s’améliorer. Pendant la pandémie, la vie des femmes était beaucoup plus stressante parce qu’elles jouaient de multiples rôles. Le stéréotype de la personne qui a des enfants encore à la maison et prend soin de parents âgés est une femme de 49 ans encore sur le marché du travail. C’est beaucoup de responsabilités.
Et on sait que les taux de base pour la dépression et l’anxiété sont supérieurs chez les femmes de toute façon. Il est donc important d’avoir conscience de ces faits et de savoir que ce stress est une expérience partagée. C’est naturel. Sur le plan financier, on commence à faire davantage preuve d’ouverture et à ne plus percevoir les discussions financières comme étant taboues. Je suis chercheuse et psychologue clinicienne depuis deux décennies, et on recueille souvent des données démographiques. Et la seule question que j’ai posée en tant que psychologue clinicienne ou que scientifique à laquelle des gens ont refusé de répondre était sur leur salaire ou leur niveau de richesse.
C’est incroyable, mais pas du tout surprenant de vous entendre dire cela. Mais c’est tout à fait incroyable. Jennifer, vous travaillez avec une équipe de conseillers, de planificateurs financiers et de banquiers. Et je sais que c’est une équipe qui compte de très nombreuses clientes. Je crois que vous avez une histoire révélatrice sur le tabou qu’est l’argent et sur les conséquences qu’il peut avoir.
Tout à fait. Une chose qu’on constate souvent est que le stress que vivent les gens ne provient pas autant des questions d’argent directement que des événements marquants de la vie. L’histoire que je vous raconte aujourd’hui porte sur une de nos clientes, une mère monoparentale qui venait de perdre son père. Elle nous rencontrait en compagnie de sa fille de 10 ans et de sa mère de 70 ans.
C’était son père qui s’occupait des finances et de l’argent de tout le monde. Et à présent, cette femme devait prendre les commandes des finances de tout le monde tout en étant un roc pour sa fille et sa mère. Elle devait aussi trouver le temps de gérer et de vivre son propre deuil. Je ne sais pas comment elle composait avec ce niveau de stress. Je ne peux même pas l’imaginer.
Ensuite, que s’est-il passé? Comment a-t-elle géré la situation?
Elle m’a répété plusieurs fois qu’elle aurait souhaité avoir parlé d’argent plus fréquemment avec son père. Elle aurait voulu en avoir discuté en famille. Donc, elle est venue nous voir à la recherche de soutien professionnel. On a fait en sorte qu’elle consulte des banquiers privés et des planificateurs. On a passé en revue ses activités bancaires pour les simplifier et on lui a créé un plan successoral.
Peu après, elle a reçu un diagnostic de cancer. Même si la situation était très difficile, elle est venue me voir pour me dire qu’elle était heureuse d’avoir un plan en place. Elle savait que, financièrement, sa mère et sa fille seraient prises en charge, et qu’elle pourrait donc se concentrer sur ses traitements. À présent, un an plus tard, elle est en rémission et en santé.
C’est fantastique. C’est une histoire difficile. Ce que vous avez dit sur le fait d’avoir un plan en place est tout à fait vrai. Elle savait que cette partie de sa vie était réglée, donc elle pouvait se concentrer sur ce qu’elle avait à faire. On sait qu’il est très important de parler d’argent ouvertement, mais que c’est également très difficile. Comment passer outre ces difficultés?
Selon moi, il faut commencer petit et en parler avec quelqu’un en qui vous avez confiance. Ce pourrait être votre conjoint, un ami ou un conseiller. Commencez pas parler de ce que vous ressentez par rapport à l’argent. L’aspect psychologique est très important. L’argent n’est pas un élément isolé dans nos vies. Donc, il est très important de discuter de nos problèmes, comme on le sait, de les nommer pour nous-mêmes puisque la guérison et les améliorations se produisent quand on fait preuve d’ouverture et qu’on discute. Il est difficile de résoudre un problème qu’on n’arrive même pas à nommer.
Comment les femmes devraient-elles en parler avec leur planificateur financier ou leur conseiller pour obtenir ce qu’elles veulent?
Oui. Je pense que la première chose à faire est de comprendre sa propre situation. Il faut dresser un inventaire de ce que vous avez : dettes, liquidités, économies. C’est ce qu’on appelle un égoportrait financier. On fait des égoportraits tout le temps, pourquoi pas un financier. En réalisant cet exercice, par contre, vous pourriez avoir certaines questions.
Est-ce que je rembourse bien mes dettes ou est-ce que mon fonds d’urgence serait suffisant en cas d’événement marquant imprévisible? À partir de ce point, vous pourrez faire des recherches et engager un professionnel. Il vous aidera à combler les lacunes et étudiera vos besoins pour vous créer un plan personnalisé.
Ensuite, il collaborera avec vous pour les années à venir afin de mettre en place ce plan. Donc, il est très important de passer votre professionnel en entrevue. Trouvez quelqu’un que vous appréciez et avec qui vous voudrez collaborer plusieurs années. Avec le programme Gestion de patrimoine TD pour les femmes, on forme nos conseillers pour en apprendre plus sur les femmes et leurs besoins spécifiques ainsi que les défis auxquels elles font face dans la vie et en matière financière.
J’étais à un séminaire récemment et, pour faire écho à ce que vous disiez sur les facteurs sociétaux, il y avait 20 femmes dans la pièce et une avait emmené sa mère; une autre, sa fille. Et on était censées assister à un séminaire d’éducation financière. Par contre, la rencontre s’est transformée en une superbe conversation lors de laquelle on a toutes parlé de notre histoire en s’offrant du soutien et des conseils.
Ces événements étaient incroyables. On est en toutes ressorties plus confiantes en matière de finances personnelles et un peu moins stressées. J’encourage donc tout le monde à participer aux événements locaux du genre.
Ce sont là d’excellents renseignements. Je crois que les gens feront des recherches à ce sujet. Jennifer, merci beaucoup. Dre Khatri, merci beaucoup.
Tout le plaisir est pour moi.
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