On dit souvent que les marchés détestent l’incertitude. Bien des investisseurs ont peut-être le sentiment que les derniers mois n’ont eu que ça à offrir. Même si l’année qui s’en vient s’annonce tout aussi agitée, on y trouvera tout de même de bonnes occasions, mais aussi des risques.

En janvier, Gestion de patrimoine TD a rassemblé certains des meilleurs experts en économie et en marchés de la TD pour discuter de l’état actuel de la reprise économique, des perspectives des marchés et des répercussions possibles pour votre portefeuille.

Vous pouvez regarder l’enregistrement ici. Entretemps, nous vous présentons certains des principaux thèmes qui sont ressortis de cette discussion.

OPPORTUNITÉS

On ne dirait pas que c’est le cas, mais l’économie se redresse

« L’économie résiste bien, estime Beata Caranci, économiste en chef, Groupe Banque TD. À chaque nouvelle vague [de COVID-19], l’impact sur l’économie paraît moins prononcé. Chacune dure de moins en moins longtemps et sont de moins en moins marquées. » Elle souligne également que plus de personnes au Canada ont un emploi qu’avant la pandémie et que le nombre d’emplois à temps plein a augmenté. « En plus, les gens qui ont trouvé un emploi occupent des postes mieux rémunérés. »

Mme Caranci concède toutefois que la reprise de l’emploi n’a pas profité à tous et que cette inégalité risque de se poursuivre en 2022. Comme en témoigne le rapport de janvier sur l’emploi, on a recensé plus de 200 000 pertes d’emplois (essentiellement attribuables aux mesures sanitaires mises en place pour enrayer la propagation du variant Omicron), donc rien n’est certain.

Les bénéfices d’entreprise se raffermissent et les dividendes sont en hausse

« Ce que l’on constate, c’est que les entreprises aux États-Unis et au Canada sont en excellente santé, indique David Sykes, chef, Actions cotées à Gestion de Placements TD.

« Elles sont parvenues à refinancer leurs dettes à des taux beaucoup plus bas. » Leurs modèles d’affaires sont solides, constate-t-il, en précisant que les bénéfices ont été particulièrement élevés l’an dernier et qu’ils devraient croître en 2022. « Cette année, nous prévoyons une croissance des bénéfices de l’ordre de 8 % à 10 %. »

M. Sykes indique également que de plus en plus d’entreprises recommencent à augmenter leurs dividendes et à racheter des actions, après avoir conservé leurs liquidités au début de la pandémie. Cela pourrait profiter aux investisseurs.

Les actions canadiennes accusent du retard, mais cela pourrait bientôt changer

« Nous avons augmenté [notre pondération en actions canadiennes] pour deux raisons, explique Michael Craig, chef, Répartition des actifs et Produits dérivés à Gestion de Placements TD. La hausse des taux d’intérêt a un effet positif sur la marge des banques, dont les revenus hors réserves sont beaucoup plus rentables. C’est un énorme avantage pour les banques canadiennes. » Il estime également que le secteur canadien de l’énergie pourrait offrir des occasions, compte tenu de la hausse continue du prix du pétrole. « Le pétrole pourrait atteindre 100 $ US [le baril] cette année, ce qui fait de plus en plus consensus. »

RISQUES

L’ampleur de l’inflation reste problématique et on ignore comment les choses vont évoluer

« Il y a un an, on disait qu’il n’y aurait pas de hausse avant 2024, rappelle Michael Craig. Aujourd’hui, on parle de quatre à cinq [hausses] pour 2022. Les économistes ont du mal à prédire l’inflation. C’est difficile pour tout le monde, parce qu’on n’a jamais rien connu de tel auparavant, soit une hausse massive de la consommation associée à des problèmes d’approvisionnement. »

Mme Caranci est du même avis, et ajoute que bien des économistes sous-estiment également l’inflation. « Il reste à voir à quel point ils la sous-estiment. Nos prévisions misent sur quatre hausses pour la Banque du Canada et pour la Réserve fédérale. Il reste à savoir s’il faut ajouter [des hausses de taux] ou les ajouter plus tôt, ce qui pourrait ébranler la confiance des marchés. C’est un risque pour les prochains mois. »

Vers une année en dents de scie sur les marchés

« Au bout du compte, ce sont les paramètres fondamentaux qui dictent l’évolution du marché, estime M. Sykes. Nous sommes dans une pandémie mondiale. On ne sait pas avec certitude s’il y aura un nouveau variant. Et comment est-ce que les banques centrales vont réagir? »

Si on le savait avec précision, la volatilité s’en trouverait atténuée, selon M. Sykes, mais il ajoute que les banques centrales semblent en retard dans leurs prévisions, et qu’elles risquent donc de devoir augmenter les taux d’intérêt un peu plus rapidement ou un peu plus que prévu. « Est-ce qu’elles trouveront un moyen pour augmenter les taux d’intérêt juste assez, mais pas trop? C’est une véritable préoccupation et c’est ce que le marché boursier surveille. »

Attention aux variables inconnues

« La volatilité de l’inflation reste imprévisible, avertit M. Craig, mais ce qui est un peu plus inquiétant, selon moi, ce sont les tensions géopolitiques en Europe de l’Est et les affrontements entre la Russie, l’OTAN et l’Occident. La situation ne semble pas vouloir s’apaiser. C’est un risque réel pour le marché, et il est à mon avis largement sous-évalué, en particulier pour les actifs européens et l’euro. »

Il souligne également que, si la hausse du prix du pétrole peut être une bonne chose pour le secteur de l’énergie, elle pourrait nuire aux entreprises sensibles aux prix de l’énergie.

« Si vous avez des actions du secteur de l’énergie et que le pétrole dépasse les 100 $ US le baril, c’est bon pour vous, mais cela nuit à la croissance. La hausse des prix de l’énergie agit presque comme une taxe sur la croissance. Les entreprises qui utilisent beaucoup d’énergie vont en souffrir. C’est quelque chose dont le marché ne prend pas la pleine mesure. Si le pétrole atteint les 100 $ US, c’est une chose, mais s’il grimpe à 120 $ US ou à 130 $ US, ça pourrait déstabiliser le marché. »

Votre portefeuille est-il préparé?

Certaines perturbations peuvent faire des ravages dans un portefeuille. Pour vous protéger, vous pouvez notamment miser sur une stratégie de placement qui vous évitera de devoir réagir aux fluctuations des marchés, estime Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, qui participe à la gestion de portefeuilles avec des conseillers et des clients.

« Il y a une différence entre placement et spéculation », rappelle-t-il, en ajoutant que, même si vous ne savez pas ce que l’avenir vous réserve, vous pouvez tout de même vous doter d’un processus pour déterminer comment vous prendrez vos décisions.

« C’est important d’avoir une philosophie. À Gestion de patrimoine TD, nous nous appuyons sur ce que nous appelons la gestion prioritaire des risques. Elle nous permet de rester cohérents dans nos décisions. »

En définissant vos objectifs et en investissant en fonction de ces derniers, vous éliminez le bruit de fond. ».

Selon lui, il faut déterminer clairement vos objectifs à court, à moyen et à long terme et construire votre portefeuille en fonction de ces objectifs.

« Ça change radicalement la donne, explique-t-il. Plus votre horizon de placement est long, plus vos rendements ont de chances d’être bons et mieux c’est. »

DERRICK MCELHERON

PARLONS ARGENT ET VIE

ILLUSTRATION

DANESH MOHIUDDIN