Les premières fois que vous recevez un remboursement d’impôt, c’est un peu la fête. Après avoir pris sa part sur vos revenus toute l’année, l’Agence du revenu du Canada (ARC) vous envoie un chèque par la poste ou un courriel sympathique : elle vous rend une partie de cet argent que vous avez durement gagné.

Selon Statistique Canada1, le gouvernement canadien a remis 37,3 milliards de dollars en remboursements répartis entre 17,8 millions de personnes après la période des impôts de 2021. Le remboursement d’impôt, qui s’élevait en moyenne à 2 093 $ l’an dernier, représente la plus importante entrée d’argent de l’année pour bon nombre de gens. En cette période de hausse des taux d’intérêt et d’incertitude quant à l’inflation, il peut être difficile de décider quoi en faire, surtout si vous venez tout juste d’intégrer le marché du travail.
De nombreuses personnes reçoivent un remboursement, car elles ont cotisé à un régime enregistré d’épargne-retraite (REER), réduisant ainsi leur revenu imposable. D’autres déclarent des dons à des organismes de bienfaisance ou certaines dépenses médicales pour obtenir des crédits ou bénéficier de déductions. Si vous payez vos impôts tout au long de l’année, vous pourriez constater que vous en avez trop payé une fois l’ensemble des déductions et des crédits pris en compte. Vous recevrez donc un remboursement.
La question qui se pose ensuite est : que devriez-vous faire de ce versement forfaitaire? Si vous l’ignorez, sachez que vous êtes plusieurs dans cette situation. Un sondage du Groupe Banque TD2 a révélé que plus du tiers de la population canadienne n’est pas sûre de comprendre comment fonctionne l’impôt sur le revenu ni la façon dont les placements peuvent influer sur le remboursement d’impôt.

À la réception du dépôt automatique, la tentation d’aller magasiner, de partir en vacances ou de faire une virée en ville peut être grande. Toutefois, Nicole Ewing, directrice, Planification fiscale et successorale, Gestion de patrimoine TD, vous met en garde contre le fait de voir cet argent comme une aubaine. « Ce n’est pas le gouvernement qui vous donne de l’argent. C’est plutôt vous qui lui avez accordé un prêt sans intérêt pendant l’année qui vient de s’écouler. Mieux vaut résister à la tentation de croire que c’est un cadeau tombé du ciel. »
Si elle déconseille de dépenser inutilement le remboursement, elle ne recommande pas non plus de le laisser dans un compte-chèques où il ne rapportera pas beaucoup d’intérêts. Au contraire, elle vous encourage à utiliser ces fonds pour épargner en vue d’atteindre vos objectifs à long terme. Voici quelques autres idées pour utiliser votre argent.
Éliminez vos dettes
Une des premières choses à regarder, ce sont vos dettes. Si vous avez un solde sur une carte de crédit avec récompenses à taux d’intérêt élevé, les intérêts peuvent s’accumuler à un taux annuel de 20 %. De nos jours, même les intérêts sur les lignes de crédit sont plus élevés en raison de la hausse des taux. « J’ai vraiment un penchant pour le remboursement des dettes à taux d’intérêt élevé, car il est très difficile de s’en défaire, prévient Mme Ewing. Avoir des dettes, c’est perdre de l’argent. »
Et selon elle, rembourser ses dettes a un autre avantage : « Avec une belle rentrée d’argent, vous réduisez non seulement le montant de vos dettes, mais vous créez une dynamique positive qui vous donne envie de continuer à les voir baisser. »
Investissez en vous
Une fois que vous avez réglé vos dettes à intérêt élevé, il est temps de faire fructifier votre argent. Plutôt que de dépenser votre remboursement, songez à le réinvestir dans votre REER. « Vous recevez de l’argent, vous profitez d’une déduction, vous allez recevoir un autre remboursement et vous pourrez utiliser ces fonds pour vous rapprocher de vos objectifs. »
Mme Ewing indique également que vous pourriez verser votre remboursement dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), un instrument d’épargne « incroyablement sous-utilisé ». Comme dans un REER, l’argent fructifie à l’abri de l’impôt. Par contre, vous n’avez rien à payer à l’ARC au moment du retrait des fonds, ce qui en fait une solution utile pour les objectifs d’épargne à court terme. « Les modalités des CELI sont très souples, poursuit-elle. Vous pouvez y mettre de l’argent ou en retirer, et ce, sans pénalités. »
Remboursez votre prêt hypothécaire
En raison de la hausse des taux d’intérêt, les coûts hypothécaires ont atteint des niveaux qu’on n’avait pas vus depuis des années. Si vos versements deviennent trop élevés, vous pourriez envisager d’utiliser une partie ou la totalité de votre remboursement pour réduire votre solde. « Cette année, le paiement de votre prêt hypothécaire pourrait être une priorité, avance Mme Ewing. Selon les modalités, vous avez peut-être la possibilité d’effectuer un versement supplémentaire ou d’augmenter vos mensualités. À long terme, vous pourriez maximiser considérablement la valeur de ces fonds. »
Savoir, c’est pouvoir
Plus vous en savez sur vos impôts (crédits, déductions et comptes de placement), meilleures seront vos décisions concernant votre remboursement. Apprenez-en plus sur les crédits d’impôt et les déductions fiscales que vous ne voudrez pas manquer ici.
Le gouvernement du Canada propose des outils financiers pour aider les contribuables de tous âges à comprendre leurs options, y compris les déductions potentielles et les autres avantages qu’ils pourraient ignorer. Il existe aussi beaucoup d’allégements fiscaux. Les nombreux Canadiens qui se sont lancés dans l’économie à la demande, par exemple, peuvent déduire certaines de leurs dépenses lorsqu’ils produisent leur déclaration de revenus. Il est aussi possible de bénéficier d’un crédit d’impôt pour le télétravail et même d’un incitatif à agir pour le climat, un crédit offert à la population de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta pour récupérer une partie des coûts de carburant.
Bien sûr, il est toujours facile de succomber à la tentation de dépenser un peu de votre remboursement lors d’une séance de thérapie par le magasinage. Certes, il n’y a rien de mal à se faire plaisir, mais réfléchissez d’abord à ce que ces 100 $ pourraient valoir dans 30 ans si vous les laissez fructifier à l’abri de l’impôt dans un REER. « Quand on est jeune, toutes ces années qu’on a devant soi sont autant de belles occasions de profiter de l’intérêt composé, dit Mme Ewing. À juste titre, chaque dollar compte. »