Les propriétaires d’entreprise font souvent face à un dilemme courant : laisser l’argent dans l’entreprise ou en retirer pour épargner en vue de la retraite. Le choix d’un REER ou d’un CELI dépend de plusieurs facteurs. Kim Parlee reçoit Pierre Létourneau, conseiller en succession d’entreprise à Gestion de patrimoine TD, pour discuter du rôle du revenu et des entrées et sorties d’argent dans le choix d’un type de compte.
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Si vous êtes propriétaire d’entreprise, vous vous posez peut-être la question suivante : Dois-je investir davantage dans mon entreprise, ou retirer cet argent de l’entreprise pour l’investir dans mon fonds de retraite? La question des REER et CELI est importante pour tout le monde, mais les propriétaires d’entreprise doivent tenir compte de certaines particularités. Pierre Létourneau est conseiller en succession d’entreprise à Gestion de patrimoine TD. Comment allez-vous?
Ça va bien. Et vous?
Ça va, merci. Bonne année!
Bonne année!
Quand un propriétaire d’entreprise doit prendre cette décision, j’imagine qu’il choisit par défaut son entreprise. Je vais investir davantage dans mon entreprise. C’est ce que vous constatez au fil des ans?
Oui. Tout dépend bien sûr de la nature de l’entreprise, mais il est vrai qu’on a parfois tendance à oublier la retraite.
Oui. Expliquez-nous un peu pourquoi. Tout le monde connaît les REER et le CELI et comprend bien les avantages. Pourriez-vous en parler rapidement? Mais les propriétaires d’entreprise doivent aussi réfléchir à un point bien précis.
Oui, pour les propriétaires d’entreprise, ces comptes offrent les mêmes types d’avantages que pour les particuliers. Mais lorsqu’un propriétaire d’entreprise exerce ses activités par l’intermédiaire d’une société, c’est-à-dire une entité juridique distincte qui génère un revenu, il est intéressant de laisser ces fonds dans la société afin de profiter du report d’impôt. Le taux d’imposition des sociétés est plus faible. Si vous retirez cet argent pour le placer sur un compte personnel, vous devrez payer plus d’impôt personnel.
Il faut donc trouver l’équilibre avec les avantages liés à ces types de comptes. Ils procurent surtout un avantage d’ordre fiscal. Ils fonctionnent un peu différemment. On va commencer par le REER. Le REER est un instrument à imposition différée. Lorsque vous cotisez à un REER, vous profitez d’une déduction fiscale. Vous prenez des fonds avant impôt, et vous les investissez. Comme vous n’avez pas payé d’impôt sur ces fonds, vous avez plus d’argent à investir et vous générez un revenu supérieur. Par ailleurs, ce revenu n’est pas imposable non plus. Vous ne payez de l’impôt qu’à partir du moment où vous retirez des fonds du compte. Le CELI est un instrument libre d’impôt. Vous investissez de l’argent après impôt. Il faut donc tenir compte de l’impôt personnel que vous allez payer sur ces fonds. Par contre, les revenus de placement générés dans ce compte ne seront jamais imposables. Et vous pouvez facilement retirer des fonds du compte pour financer des dépenses, puis recommencer ensuite à cotiser. Le CELI offre une grande souplesse du point de vue des entrées et sorties de fonds.
Parlons un peu des questions qu’un propriétaire d’entreprise devrait se poser, compte tenu de tous ces critères, pour savoir comment répartir ces fonds.
D’accord. Tout d’abord, quels sont vos besoins personnels en matière de revenus? Comment tirez-vous des revenus de l’entreprise? Est-ce que vous recevez des dividendes? Un salaire? Cet aspect va jouer sur votre décision. D’autre part, dans quelle tranche d’imposition vous situez-vous? Avez-vous un revenu élevé? Un faible revenu? Ces questions vont influencer votre décision.
Et il faut aussi regarder du côté de l’entreprise. Quels types d’investissements détenez-vous dans l’entreprise? Je suis déjà venu à l’émission pour parler des règles sur le revenu de placement passif. Ces règles font varier le taux d’imposition appliqué au revenu d’entreprise si la société génère un revenu passif trop élevé. C’est un autre aspect qui peut entrer en ligne de compte. Il faut donc prendre tous ces différents facteurs en considération.
OK. Je vous propose de parler plus précisément de chaque type de compte. Pour les REER, quels avantages faut-il garder à l’esprit? Comme vous l’avez dit, vous investissez en dollars avant impôt.
Oui, tout à fait. Tout d’abord, est-ce que vous avez créé des droits de cotisation? Avez-vous des droits de cotisation? Ces droits dépendent de votre revenu. Ils s’élèvent à 18 % de votre revenu, jusqu’à concurrence de 31 560 $ pour 2024. C’est votre plafond de cotisation si vos revenus sont assez élevés.
Mais certains types de revenus ne créent pas de droits de cotisation. Par exemple, les dividendes que vous retirez d’une société ne créent pas de droits de cotisation. C’est le salaire qui ouvre ces droits. Le type de revenu que vous tirez de l’entreprise aura des répercussions. Il faut aussi tenir compte de votre tranche d’imposition. Si vous êtes dans une tranche d’imposition élevée, la déduction des cotisations au titre des REER est bien plus intéressante.
En effet.
Et comment allez-vous utiliser ces fonds? Il suffit de regarder le nom. C’est un régime enregistré d’épargne-retraite. Donc, en général, le REER sert à financer la retraite. Dans de rares exceptions, vous pouvez utiliser les fonds pour d’autres dépenses, par exemple dans le cadre du régime d’accession à la propriété pour acheter votre première maison. Le régime d’encouragement à l’éducation permanente permet aussi de retirer de l’argent d’un REER pour financer des études, sous certaines conditions. Mais en général, les fonds sont destinés à la retraite.
Et le CELI?
Le CELI... Là encore, il faut penser aux conséquences fiscales. Comme vous placez de l’argent après impôt, si vous vous situez dans une tranche d’imposition plus élevée, ce n’est peut-être pas la solution la plus intéressante. Si vous vous situez dans une tranche d’imposition inférieure, le coût des cotisations est moins élevé, d’un point de vue fiscal.
Les droits de cotisation ne dépendent pas du type de revenu. Le CELI est offert aux personnes de 18 ans et plus qui résident au Canada. Le plafond de cotisation est de 7 000 $ en 2024. Là aussi, l’utilisation des fonds est une question importante. Le CELI offre beaucoup plus de souplesse, car vous pouvez effectuer un retrait et récupérer les droits de cotisation au cours de l’année civile suivante. Il y a donc une certaine souplesse. Vous n’êtes pas obligé d’utiliser les fonds pour la retraite.
Mais là on vous épingle, c’est que vous faites des cotisations après impôt.
Oui. Vous payez de l’impôt sur les fonds que vous retirez de la société.
Je suppose qu’on donne la priorité à l’un ou l’autre selon le revenu, et peut-être selon la volatilité des entrées et sorties d’argent.
Excellente remarque. Quand vous prenez ce genre de décision, il faut voir à plus long terme.
Oui.
Il faut tenir compte de votre situation actuelle, de votre tranche d’imposition actuelle, mais aussi de votre tranche d’imposition future. Si vous êtes dans une tranche basse, mais que vous allez sans doute passer dans une tranche supérieure, le REER n’est pas forcément le bon instrument pour le moment. Il vaut peut-être mieux garder vos droits de cotisation inutilisés pour plus tard et vous concentrer sur votre CELI dans l’immédiat.
Si vous n’avez pas de droits de cotisation à un CELI, vous pouvez quand même cotiser à votre REER et profiter peut-être de la déduction ultérieurement. Vous pouvez reporter la déduction à une année ultérieure, même si vous cotisez aujourd’hui. Il y a donc beaucoup de cas de figure, beaucoup de points à considérer avant de privilégier l’un ou l’autre de ces types de comptes.
Je pense qu’il faut aussi parler à un conseiller, à quelqu’un qui vous connaît. Beaucoup de propriétaires d’entreprise sont passionnés par leur activité, et ils veulent continuer à investir dedans.
C’est vrai. Et ils n’ont pas nécessairement le temps de se concentrer là-dessus. C’est là qu’un conseiller peut offrir une perspective inestimable. Travaillez avec un conseiller, et pas n’importe lequel. Il doit être à l’aise avec les propriétaires d’entreprise. Et faites appel à un bon fiscaliste. Faites-vous aussi accompagner d’un bon comptable qui vous aidera à prendre ces décisions.
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Si vous êtes propriétaire d’entreprise, vous vous posez peut-être la question suivante : Dois-je investir davantage dans mon entreprise, ou retirer cet argent de l’entreprise pour l’investir dans mon fonds de retraite? La question des REER et CELI est importante pour tout le monde, mais les propriétaires d’entreprise doivent tenir compte de certaines particularités. Pierre Létourneau est conseiller en succession d’entreprise à Gestion de patrimoine TD. Comment allez-vous?
Ça va bien. Et vous?
Ça va, merci. Bonne année!
Bonne année!
Quand un propriétaire d’entreprise doit prendre cette décision, j’imagine qu’il choisit par défaut son entreprise. Je vais investir davantage dans mon entreprise. C’est ce que vous constatez au fil des ans?
Oui. Tout dépend bien sûr de la nature de l’entreprise, mais il est vrai qu’on a parfois tendance à oublier la retraite.
Oui. Expliquez-nous un peu pourquoi. Tout le monde connaît les REER et le CELI et comprend bien les avantages. Pourriez-vous en parler rapidement? Mais les propriétaires d’entreprise doivent aussi réfléchir à un point bien précis.
Oui, pour les propriétaires d’entreprise, ces comptes offrent les mêmes types d’avantages que pour les particuliers. Mais lorsqu’un propriétaire d’entreprise exerce ses activités par l’intermédiaire d’une société, c’est-à-dire une entité juridique distincte qui génère un revenu, il est intéressant de laisser ces fonds dans la société afin de profiter du report d’impôt. Le taux d’imposition des sociétés est plus faible. Si vous retirez cet argent pour le placer sur un compte personnel, vous devrez payer plus d’impôt personnel.
Il faut donc trouver l’équilibre avec les avantages liés à ces types de comptes. Ils procurent surtout un avantage d’ordre fiscal. Ils fonctionnent un peu différemment. On va commencer par le REER. Le REER est un instrument à imposition différée. Lorsque vous cotisez à un REER, vous profitez d’une déduction fiscale. Vous prenez des fonds avant impôt, et vous les investissez. Comme vous n’avez pas payé d’impôt sur ces fonds, vous avez plus d’argent à investir et vous générez un revenu supérieur. Par ailleurs, ce revenu n’est pas imposable non plus. Vous ne payez de l’impôt qu’à partir du moment où vous retirez des fonds du compte. Le CELI est un instrument libre d’impôt. Vous investissez de l’argent après impôt. Il faut donc tenir compte de l’impôt personnel que vous allez payer sur ces fonds. Par contre, les revenus de placement générés dans ce compte ne seront jamais imposables. Et vous pouvez facilement retirer des fonds du compte pour financer des dépenses, puis recommencer ensuite à cotiser. Le CELI offre une grande souplesse du point de vue des entrées et sorties de fonds.
Parlons un peu des questions qu’un propriétaire d’entreprise devrait se poser, compte tenu de tous ces critères, pour savoir comment répartir ces fonds.
D’accord. Tout d’abord, quels sont vos besoins personnels en matière de revenus? Comment tirez-vous des revenus de l’entreprise? Est-ce que vous recevez des dividendes? Un salaire? Cet aspect va jouer sur votre décision. D’autre part, dans quelle tranche d’imposition vous situez-vous? Avez-vous un revenu élevé? Un faible revenu? Ces questions vont influencer votre décision.
Et il faut aussi regarder du côté de l’entreprise. Quels types d’investissements détenez-vous dans l’entreprise? Je suis déjà venu à l’émission pour parler des règles sur le revenu de placement passif. Ces règles font varier le taux d’imposition appliqué au revenu d’entreprise si la société génère un revenu passif trop élevé. C’est un autre aspect qui peut entrer en ligne de compte. Il faut donc prendre tous ces différents facteurs en considération.
OK. Je vous propose de parler plus précisément de chaque type de compte. Pour les REER, quels avantages faut-il garder à l’esprit? Comme vous l’avez dit, vous investissez en dollars avant impôt.
Oui, tout à fait. Tout d’abord, est-ce que vous avez créé des droits de cotisation? Avez-vous des droits de cotisation? Ces droits dépendent de votre revenu. Ils s’élèvent à 18 % de votre revenu, jusqu’à concurrence de 31 560 $ pour 2024. C’est votre plafond de cotisation si vos revenus sont assez élevés.
Mais certains types de revenus ne créent pas de droits de cotisation. Par exemple, les dividendes que vous retirez d’une société ne créent pas de droits de cotisation. C’est le salaire qui ouvre ces droits. Le type de revenu que vous tirez de l’entreprise aura des répercussions. Il faut aussi tenir compte de votre tranche d’imposition. Si vous êtes dans une tranche d’imposition élevée, la déduction des cotisations au titre des REER est bien plus intéressante.
En effet.
Et comment allez-vous utiliser ces fonds? Il suffit de regarder le nom. C’est un régime enregistré d’épargne-retraite. Donc, en général, le REER sert à financer la retraite. Dans de rares exceptions, vous pouvez utiliser les fonds pour d’autres dépenses, par exemple dans le cadre du régime d’accession à la propriété pour acheter votre première maison. Le régime d’encouragement à l’éducation permanente permet aussi de retirer de l’argent d’un REER pour financer des études, sous certaines conditions. Mais en général, les fonds sont destinés à la retraite.
Et le CELI?
Le CELI... Là encore, il faut penser aux conséquences fiscales. Comme vous placez de l’argent après impôt, si vous vous situez dans une tranche d’imposition plus élevée, ce n’est peut-être pas la solution la plus intéressante. Si vous vous situez dans une tranche d’imposition inférieure, le coût des cotisations est moins élevé, d’un point de vue fiscal.
Les droits de cotisation ne dépendent pas du type de revenu. Le CELI est offert aux personnes de 18 ans et plus qui résident au Canada. Le plafond de cotisation est de 7 000 $ en 2024. Là aussi, l’utilisation des fonds est une question importante. Le CELI offre beaucoup plus de souplesse, car vous pouvez effectuer un retrait et récupérer les droits de cotisation au cours de l’année civile suivante. Il y a donc une certaine souplesse. Vous n’êtes pas obligé d’utiliser les fonds pour la retraite.
Mais là on vous épingle, c’est que vous faites des cotisations après impôt.
Oui. Vous payez de l’impôt sur les fonds que vous retirez de la société.
Je suppose qu’on donne la priorité à l’un ou l’autre selon le revenu, et peut-être selon la volatilité des entrées et sorties d’argent.
Excellente remarque. Quand vous prenez ce genre de décision, il faut voir à plus long terme.
Oui.
Il faut tenir compte de votre situation actuelle, de votre tranche d’imposition actuelle, mais aussi de votre tranche d’imposition future. Si vous êtes dans une tranche basse, mais que vous allez sans doute passer dans une tranche supérieure, le REER n’est pas forcément le bon instrument pour le moment. Il vaut peut-être mieux garder vos droits de cotisation inutilisés pour plus tard et vous concentrer sur votre CELI dans l’immédiat.
Si vous n’avez pas de droits de cotisation à un CELI, vous pouvez quand même cotiser à votre REER et profiter peut-être de la déduction ultérieurement. Vous pouvez reporter la déduction à une année ultérieure, même si vous cotisez aujourd’hui. Il y a donc beaucoup de cas de figure, beaucoup de points à considérer avant de privilégier l’un ou l’autre de ces types de comptes.
Je pense qu’il faut aussi parler à un conseiller, à quelqu’un qui vous connaît. Beaucoup de propriétaires d’entreprise sont passionnés par leur activité, et ils veulent continuer à investir dedans.
C’est vrai. Et ils n’ont pas nécessairement le temps de se concentrer là-dessus. C’est là qu’un conseiller peut offrir une perspective inestimable. Travaillez avec un conseiller, et pas n’importe lequel. Il doit être à l’aise avec les propriétaires d’entreprise. Et faites appel à un bon fiscaliste. Faites-vous aussi accompagner d’un bon comptable qui vous aidera à prendre ces décisions.
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