Bien qu’aucun changement aux taux d’imposition sur le revenu des sociétés ou des particuliers n’ait été annoncé dans le budget du Québec de cette année, Suzanne Tremblay, Cheffe Régionale, Québec et Atlantique, Gestion de patrimoine TD et Kevin Quach, Conseiller en succession d’entreprise, Gestion de patrimoine TD, passent en revue les points importants et discutent de l’importance pour les entrepreneurs et les particuliers de planifier de manière proactive en vue d’une hausse potentielle des impôts.
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Suzanne Tremblay:
Kevin, bon matin!
Kevin Quach:
Bob matin, Suzanne!
Suzanne Tremblay:
Bonjour Kevin. J'aimerais revenir sur les éléments de la semaine dernière. Évidemment, on a beaucoup parlé du budget, beaucoup d'informations ont été transmises sur les nouvelles mesures du budget de la semaine dernière. J'aimerais ce matin vraiment prendre un moment avec toi pour revenir sur les faits marquants et également prendre un moment pour discuter des éléments de planification fiscale et vraiment financière en lien avec ces éléments-là. Et pour commencer, si on pouvait parler des mesures fiscales qui touchent particulièrement du côté des particuliers. Est-ce que tu es en mesure de nous présenter, de nous partager quels sont les éléments marquants qui, selon toi, sont ressortis du budget de la semaine dernière?
Kevin Quach:
Oui, bien sûr, Suzanne, donc pas grand changement, je dirais, au niveau des particuliers. Donc le budget cette année n’a annoncé aucun changement au taux d'imposition de revenus sur les particuliers. Alors au Québec, on parle d'un taux marginal, le plus élevé de 25.75 % encore.
Du côté des crédits d'impôt personnels, là, on voit quelques changements positifs pour les personnes en situation d'invalidité. Donc pour les familles, il y a une modification à l'allocation aux familles. Les changements qui sont apportés visent les suppléments pour les enfants handicapés. Donc, ce qui va permettre plus de souplesse à ces familles-là pour réclamer le crédit d'impôt. Du côté des aînés, dès le 1ᵉʳ janvier 2025, ceux en situation d'invalidité pourront profiter pleinement de leur rente de retraite à compter de 65 ans, ce qui n'était pas le cas auparavant, parce qu'il y avait une réduction au montant de la rente de retraite pour ceux et celles qui réclamaient déjà une rente d'invalidité.
Suzanne Tremblay:
Justement, Kevin, sur cette dernière mesure, concernant les aînés qui sont en situation d'invalidité, on sait que cette mesure a été vraiment bien accueillie. Est-ce que tu pourrais nous partager une situation de planification financière ou fiscale qu'on peut traiter en lien avec cette nouvelle mesure-là?
Kevin Quach:
Oui, bien sûr. Donc, en pratique, on aperçoit souvent que la planification financière pour les personnes en situation d'invalidité, ce n'est pas nécessairement une tâche facile parce qu'il y a plusieurs mesures, autant du côté fédéral que du côté provincial. Donc, par exemple, je vous rappelle qu’il y a le régime enregistré d'invalidité d'épargnes, donc le REEI, qui donne une croissance à impôt reportée pour des cotisations jusqu'à un maximum de 200 000 $ et qui peut aussi rapporter en même temps des subventions et des bons fédéraux jusqu'à un montant de 90 000 $, qui est assez significatif.
Sinon d'un point de vue de planification successorale, on a recours souvent à la stratégie de la fiducie Henson, qui permet à des héritiers en situation d'invalidité de pouvoir bénéficier à la fois d'un héritage et aussi en même temps, des prestations gouvernementales. Donc, pour ceux et celles qui se retrouvent dans ces situations, je recommanderais de discuter avec votre conseiller financier fiscal pour vous assister avec ses complexités.
Suzanne Tremblay:
Merci, c'est intéressant Kevin! Puis, du côté des entreprises, on a entendu beaucoup le terme la semaine dernière : optimisation. Le gouvernement a parlé d'optimisation pour justement augmenter les revenus, réduire les dépenses, on comprend que c’est en lien avec certains crédits. Est-ce que tu peux nous partager à haut niveau les mesures qui toucheraient vraiment les entreprises qui ont été annoncées la semaine dernière?
Kevin Quach:
Le budget de cette année, du côté des sociétés, ils n’ont annoncé aucun changement non plus au taux d'imposition sur le revenu pour les sociétés. Alors, au Québec, le taux d'imposition pour les petites entreprises demeure à 3.2 % et ensuite à 11.5 % dans les autres cas. Comme tu l'as mentionné Suzanne, les plus grands changements, je dirais cette année, sont les modifications au crédit d'impôt pour les entreprises.
Alors, premièrement, du côté de l'industrie cinématographique et télévisuelle, il y a une bonne nouvelle, le gouvernement offre une bonification au crédit d'impôt afin d'encourager les activités liées à ce secteur. De l'autre côté, il y a des resserrements dans certaines industries. On pense entre autres au crédit d'impôt pour le développement des affaires électroniques, le CDAE. Donc, le budget annonce des changements pour vraiment recentrer l'aide apportée à ces entreprises-là, mais qui offre spécifiquement des emplois à plus haute valeur ajoutée.
Alors on va voir que les critères d'admissibilité viseront des salaires plus élevés. En vue aussi du contexte de pénurie de main-d'œuvre, le ministre a annoncé l'élimination du crédit pour le maintien en emploi des travailleurs d'expérience. Auparavant, on pense à l'aide à l'embauche des aînés, donc plus spécifiquement aux particuliers âgés de 60 ans et plus.
Alors, ce qu'on remarque ici, c'est que le gouvernement fait effectivement un ménage des crédits d'impôt pour venir réallouer les ressources à des crédits qui ont vraiment des répercussions sur la croissance économique du Québec. Donc, c'est important pour les entrepreneurs ici de bien analyser les programmes disponibles présentement et même dans les prochaines années qui s'en viennent avec leur comptable avant de se lancer dans un nouveau projet.
Suzanne Tremblay:
Merci Kevin. Je trouve ça intéressant, surtout ce sujet-là. Évidemment en lien avec ça maintenant. J'aurais le goût de profiter de ton expertise pour voir d'un point de vue planification. Là, on entend un des éléments marquants de la semaine dernière, c’est qu’on apprenait que l'équilibre budgétaire allait être reporté de quelques années, on parle d'environ cinq ans. Selon toi, quels seraient les éléments de planification qu'on pourrait… quelles sont les discussions qu'on pourrait entamer en lien avec, par exemple, au niveau des taux d'impôt? On sait qu’on a parlé qu'il n'y aurait pas d’austérité. On a mentionné ça, mais on ne peut pas faire autrement que penser que possiblement, il pourrait y avoir des hausses de taux dans les prochaines années. Dans un contexte de hausse de taux, est-ce que tu peux nous partager quelles pourraient être les stratégies fiscales que les particuliers et les entreprises pour mettre de l'avant?
Kevin Quach:
Effectivement, si je mets mon chapeau de comptable, c'est sûr que lorsqu'on observe des budgets avec des déficits par précaution, on peut toujours envisager une hausse potentielle des taux d'impôt pour être en mesure de balancer le budget. Alors l'important, je dirais, c'est vraiment de revoir les stratégies de planification financières et fiscales.
Donc les révisions de plans financiers en prévision d'une telle hausse. Pour les plus jeunes, on parle vraiment de la gestion budgétaire, la gestion d’épargnes. Pour ceux qui approchent la retraite, c'est vraiment de revoir l'effet sur leur plan de retraite et aussi le plan de décaissement également de leurs placements.
D'un point de vue de planification fiscale, c'est vraiment de tirer le maximum de votre revenu en maximisant des régimes fiscalement avantageux. Là, je pense à envisager de cotiser annuellement au compte CELI, qui est d'ailleurs cette année avec un plafond de cotisation de 95 000 $. Il y a aussi le REER, donc faire croître le REER, fructifier le REER à l'abri de l'impôt le plus longtemps dans la mesure du possible, lorsqu'on dispose de revenus provenant d'autres sources.
Et finalement, pour ceux et celles qui ont un conjoint avec un revenu moins élevé, il peut possiblement considérer la stratégie de REER au conjoint pour fractionner le revenu et ultimement, réduire les impôts combinés pour la famille.
Suzanne Tremblay:
Et puis, il y a un élément qui revient souvent. On sait que le gouvernement va devoir trouver des solutions pour augmenter les revenus, réduire les dépenses. Ils ont mentionné qu'il allait se mettre à la table pour trouver et travailler différents programmes. On entend souvent parler le taux d'inclusion du gain en capital qui revient régulièrement. De ce côté-là, s'il y avait des changements éventuels, est-ce que tu peux nous partager certaines stratégies qui pourraient être discutées en lien avec le taux d'inclusion du gain en capital?
Kevin Quach:
Oui, effectivement! C'est une rumeur qui court depuis quelques années parce qu'on l'a vu déjà dans le passé, que le taux d'inclusion des gains en capital comme on le connaît aujourd'hui à 50 %, il a déjà été à 66 et 2/3% et même à 75 % à un moment donné.
Donc je dirais que pour ceux et celles qui ont des actifs avec des gains en capital importants qui sont non réalisés, par exemple des placements, ils peuvent considérer le moment opportun de faire un rééquilibrage du portefeuille et de cristalliser certains gains en capital. Là, naturellement, ça va causer un prépaiement d'impôt. Mais bien évidemment, il faudra s'assurer que le rééquilibrage se justifie bien aussi d'un point de vue placement, et non seulement d'un point de vue fiscal.
Sinon, d'autres stratégies possibles qu'on va regarder avec nos clients avant la date du prochain budget où on pense qu'il y aurait possibilité d'une hausse du taux d'inclusion des gains en capital, c'est le transfert de titres à un conjoint ou une conjointe, ou même un transfert à une société de portefeuille. Parce que dans la loi de l'impôt sur le revenu, il y a des choix spécifiques qui peuvent être faits pour donner aux contribuables une flexibilité. Donc l'option de déclencher ou non un gain en capital dans un certain délai. Alors ça, c'est des stratégies qui sont un peu plus complexes, mais qui nécessitent une bonne planification avant de procéder.
Finalement, là, je pense, en parlant de gains en capital pour les entrepreneurs qui souhaitent vendre leur entreprise prochainement. Là, il faut se rappeler que les impôts à payer au moment d'une vente d'entreprise, ça peut être la plus importante dépense qu'ils auront à payer de leur vivant. Alors on peut imaginer donc qu’une hausse potentielle du taux d'inclusion des gains en capital peut avoir un impact très significatif pour les entrepreneurs.
Alors, je vais peut-être répondre ici avec des questions à se poser, Suzanne, par exemple : est-ce que votre structure corporative actuelle vous permet de profiter et même de multiplier l'exonération du gain en capital? Qui est d'ailleurs en 2024 au-dessus de 1 million de dollars. Sinon, est-ce que la mise en place d'une fiducie familiale a déjà été considérée? Est-ce que ça peut être utile dans votre contexte? Si la fiducie est déjà existante, est-ce qu'elle a déjà été révisée ou est-ce qu'elle s'approche de son 21ᵉ anniversaire? Et il y a aussi la stratégie du RRI, qui est le régime de retraite individuel. Est-ce que cette stratégie a été considérée? Parce que c'est une stratégie qui peut faciliter aussi la vente de l'entreprise dans certains cas.
Alors je vais terminer mon point ici avec ce que je disais souvent à nos clients. Ce n'est jamais trop tôt pour commencer à se préparer pour la vente de votre entreprise. Je dirais même que dans certains cas, il faudrait un minimum de deux ans pour être en mesure de mettre en place des stratégies fiscales possibles pour réduire la facture d'impôt au moment de la vente.
Alors, ce que je recommande aux entrepreneurs, c'est vraiment de prendre le temps de discuter avec votre conseiller fiscal pour vous guider dans ce processus.
Suzanne Tremblay:
Donc, sur ce dernier élément, Kevin, on sait à quel point il y a vraiment une tendance au Québec, justement, de l'intérêt de la vente entreprise. On parle juste au Québec, environ 60 % des propriétaires d'entreprises qui ont l'intention de transférer ou vendre leur entreprise dans les prochaines 5 à 10 ans, ce qui est énorme. Donc ça fera certainement l'objet d’un sujet ensemble, d'une capsule, j'aimerais en rediscuter avec toi. Pour ce matin, je tiens vraiment à te dire merci, Kevin, merci de tes lumières. Merci de nous avoir partagé ton expertise et de nous avoir bien fait ressortir les points marquants du dernier budget et des éléments de discussion qu'on peut avoir avec notre conseiller. Je tiens à mentionner également du côté de gestion de patrimoine TD, toutes les équipes-conseils sont en mesure de vous accompagner pour avoir ces discussions de planification. Alors, un grand merci de l'entretien ce matin et une bonne journée.
Kevin Quach:
Ça me fait très plaisir. Merci.
Kevin, bon matin!
Kevin Quach:
Bob matin, Suzanne!
Suzanne Tremblay:
Bonjour Kevin. J'aimerais revenir sur les éléments de la semaine dernière. Évidemment, on a beaucoup parlé du budget, beaucoup d'informations ont été transmises sur les nouvelles mesures du budget de la semaine dernière. J'aimerais ce matin vraiment prendre un moment avec toi pour revenir sur les faits marquants et également prendre un moment pour discuter des éléments de planification fiscale et vraiment financière en lien avec ces éléments-là. Et pour commencer, si on pouvait parler des mesures fiscales qui touchent particulièrement du côté des particuliers. Est-ce que tu es en mesure de nous présenter, de nous partager quels sont les éléments marquants qui, selon toi, sont ressortis du budget de la semaine dernière?
Kevin Quach:
Oui, bien sûr, Suzanne, donc pas grand changement, je dirais, au niveau des particuliers. Donc le budget cette année n’a annoncé aucun changement au taux d'imposition de revenus sur les particuliers. Alors au Québec, on parle d'un taux marginal, le plus élevé de 25.75 % encore.
Du côté des crédits d'impôt personnels, là, on voit quelques changements positifs pour les personnes en situation d'invalidité. Donc pour les familles, il y a une modification à l'allocation aux familles. Les changements qui sont apportés visent les suppléments pour les enfants handicapés. Donc, ce qui va permettre plus de souplesse à ces familles-là pour réclamer le crédit d'impôt. Du côté des aînés, dès le 1ᵉʳ janvier 2025, ceux en situation d'invalidité pourront profiter pleinement de leur rente de retraite à compter de 65 ans, ce qui n'était pas le cas auparavant, parce qu'il y avait une réduction au montant de la rente de retraite pour ceux et celles qui réclamaient déjà une rente d'invalidité.
Suzanne Tremblay:
Justement, Kevin, sur cette dernière mesure, concernant les aînés qui sont en situation d'invalidité, on sait que cette mesure a été vraiment bien accueillie. Est-ce que tu pourrais nous partager une situation de planification financière ou fiscale qu'on peut traiter en lien avec cette nouvelle mesure-là?
Kevin Quach:
Oui, bien sûr. Donc, en pratique, on aperçoit souvent que la planification financière pour les personnes en situation d'invalidité, ce n'est pas nécessairement une tâche facile parce qu'il y a plusieurs mesures, autant du côté fédéral que du côté provincial. Donc, par exemple, je vous rappelle qu’il y a le régime enregistré d'invalidité d'épargnes, donc le REEI, qui donne une croissance à impôt reportée pour des cotisations jusqu'à un maximum de 200 000 $ et qui peut aussi rapporter en même temps des subventions et des bons fédéraux jusqu'à un montant de 90 000 $, qui est assez significatif.
Sinon d'un point de vue de planification successorale, on a recours souvent à la stratégie de la fiducie Henson, qui permet à des héritiers en situation d'invalidité de pouvoir bénéficier à la fois d'un héritage et aussi en même temps, des prestations gouvernementales. Donc, pour ceux et celles qui se retrouvent dans ces situations, je recommanderais de discuter avec votre conseiller financier fiscal pour vous assister avec ses complexités.
Suzanne Tremblay:
Merci, c'est intéressant Kevin! Puis, du côté des entreprises, on a entendu beaucoup le terme la semaine dernière : optimisation. Le gouvernement a parlé d'optimisation pour justement augmenter les revenus, réduire les dépenses, on comprend que c’est en lien avec certains crédits. Est-ce que tu peux nous partager à haut niveau les mesures qui toucheraient vraiment les entreprises qui ont été annoncées la semaine dernière?
Kevin Quach:
Le budget de cette année, du côté des sociétés, ils n’ont annoncé aucun changement non plus au taux d'imposition sur le revenu pour les sociétés. Alors, au Québec, le taux d'imposition pour les petites entreprises demeure à 3.2 % et ensuite à 11.5 % dans les autres cas. Comme tu l'as mentionné Suzanne, les plus grands changements, je dirais cette année, sont les modifications au crédit d'impôt pour les entreprises.
Alors, premièrement, du côté de l'industrie cinématographique et télévisuelle, il y a une bonne nouvelle, le gouvernement offre une bonification au crédit d'impôt afin d'encourager les activités liées à ce secteur. De l'autre côté, il y a des resserrements dans certaines industries. On pense entre autres au crédit d'impôt pour le développement des affaires électroniques, le CDAE. Donc, le budget annonce des changements pour vraiment recentrer l'aide apportée à ces entreprises-là, mais qui offre spécifiquement des emplois à plus haute valeur ajoutée.
Alors on va voir que les critères d'admissibilité viseront des salaires plus élevés. En vue aussi du contexte de pénurie de main-d'œuvre, le ministre a annoncé l'élimination du crédit pour le maintien en emploi des travailleurs d'expérience. Auparavant, on pense à l'aide à l'embauche des aînés, donc plus spécifiquement aux particuliers âgés de 60 ans et plus.
Alors, ce qu'on remarque ici, c'est que le gouvernement fait effectivement un ménage des crédits d'impôt pour venir réallouer les ressources à des crédits qui ont vraiment des répercussions sur la croissance économique du Québec. Donc, c'est important pour les entrepreneurs ici de bien analyser les programmes disponibles présentement et même dans les prochaines années qui s'en viennent avec leur comptable avant de se lancer dans un nouveau projet.
Suzanne Tremblay:
Merci Kevin. Je trouve ça intéressant, surtout ce sujet-là. Évidemment en lien avec ça maintenant. J'aurais le goût de profiter de ton expertise pour voir d'un point de vue planification. Là, on entend un des éléments marquants de la semaine dernière, c’est qu’on apprenait que l'équilibre budgétaire allait être reporté de quelques années, on parle d'environ cinq ans. Selon toi, quels seraient les éléments de planification qu'on pourrait… quelles sont les discussions qu'on pourrait entamer en lien avec, par exemple, au niveau des taux d'impôt? On sait qu’on a parlé qu'il n'y aurait pas d’austérité. On a mentionné ça, mais on ne peut pas faire autrement que penser que possiblement, il pourrait y avoir des hausses de taux dans les prochaines années. Dans un contexte de hausse de taux, est-ce que tu peux nous partager quelles pourraient être les stratégies fiscales que les particuliers et les entreprises pour mettre de l'avant?
Kevin Quach:
Effectivement, si je mets mon chapeau de comptable, c'est sûr que lorsqu'on observe des budgets avec des déficits par précaution, on peut toujours envisager une hausse potentielle des taux d'impôt pour être en mesure de balancer le budget. Alors l'important, je dirais, c'est vraiment de revoir les stratégies de planification financières et fiscales.
Donc les révisions de plans financiers en prévision d'une telle hausse. Pour les plus jeunes, on parle vraiment de la gestion budgétaire, la gestion d’épargnes. Pour ceux qui approchent la retraite, c'est vraiment de revoir l'effet sur leur plan de retraite et aussi le plan de décaissement également de leurs placements.
D'un point de vue de planification fiscale, c'est vraiment de tirer le maximum de votre revenu en maximisant des régimes fiscalement avantageux. Là, je pense à envisager de cotiser annuellement au compte CELI, qui est d'ailleurs cette année avec un plafond de cotisation de 95 000 $. Il y a aussi le REER, donc faire croître le REER, fructifier le REER à l'abri de l'impôt le plus longtemps dans la mesure du possible, lorsqu'on dispose de revenus provenant d'autres sources.
Et finalement, pour ceux et celles qui ont un conjoint avec un revenu moins élevé, il peut possiblement considérer la stratégie de REER au conjoint pour fractionner le revenu et ultimement, réduire les impôts combinés pour la famille.
Suzanne Tremblay:
Et puis, il y a un élément qui revient souvent. On sait que le gouvernement va devoir trouver des solutions pour augmenter les revenus, réduire les dépenses. Ils ont mentionné qu'il allait se mettre à la table pour trouver et travailler différents programmes. On entend souvent parler le taux d'inclusion du gain en capital qui revient régulièrement. De ce côté-là, s'il y avait des changements éventuels, est-ce que tu peux nous partager certaines stratégies qui pourraient être discutées en lien avec le taux d'inclusion du gain en capital?
Kevin Quach:
Oui, effectivement! C'est une rumeur qui court depuis quelques années parce qu'on l'a vu déjà dans le passé, que le taux d'inclusion des gains en capital comme on le connaît aujourd'hui à 50 %, il a déjà été à 66 et 2/3% et même à 75 % à un moment donné.
Donc je dirais que pour ceux et celles qui ont des actifs avec des gains en capital importants qui sont non réalisés, par exemple des placements, ils peuvent considérer le moment opportun de faire un rééquilibrage du portefeuille et de cristalliser certains gains en capital. Là, naturellement, ça va causer un prépaiement d'impôt. Mais bien évidemment, il faudra s'assurer que le rééquilibrage se justifie bien aussi d'un point de vue placement, et non seulement d'un point de vue fiscal.
Sinon, d'autres stratégies possibles qu'on va regarder avec nos clients avant la date du prochain budget où on pense qu'il y aurait possibilité d'une hausse du taux d'inclusion des gains en capital, c'est le transfert de titres à un conjoint ou une conjointe, ou même un transfert à une société de portefeuille. Parce que dans la loi de l'impôt sur le revenu, il y a des choix spécifiques qui peuvent être faits pour donner aux contribuables une flexibilité. Donc l'option de déclencher ou non un gain en capital dans un certain délai. Alors ça, c'est des stratégies qui sont un peu plus complexes, mais qui nécessitent une bonne planification avant de procéder.
Finalement, là, je pense, en parlant de gains en capital pour les entrepreneurs qui souhaitent vendre leur entreprise prochainement. Là, il faut se rappeler que les impôts à payer au moment d'une vente d'entreprise, ça peut être la plus importante dépense qu'ils auront à payer de leur vivant. Alors on peut imaginer donc qu’une hausse potentielle du taux d'inclusion des gains en capital peut avoir un impact très significatif pour les entrepreneurs.
Alors, je vais peut-être répondre ici avec des questions à se poser, Suzanne, par exemple : est-ce que votre structure corporative actuelle vous permet de profiter et même de multiplier l'exonération du gain en capital? Qui est d'ailleurs en 2024 au-dessus de 1 million de dollars. Sinon, est-ce que la mise en place d'une fiducie familiale a déjà été considérée? Est-ce que ça peut être utile dans votre contexte? Si la fiducie est déjà existante, est-ce qu'elle a déjà été révisée ou est-ce qu'elle s'approche de son 21ᵉ anniversaire? Et il y a aussi la stratégie du RRI, qui est le régime de retraite individuel. Est-ce que cette stratégie a été considérée? Parce que c'est une stratégie qui peut faciliter aussi la vente de l'entreprise dans certains cas.
Alors je vais terminer mon point ici avec ce que je disais souvent à nos clients. Ce n'est jamais trop tôt pour commencer à se préparer pour la vente de votre entreprise. Je dirais même que dans certains cas, il faudrait un minimum de deux ans pour être en mesure de mettre en place des stratégies fiscales possibles pour réduire la facture d'impôt au moment de la vente.
Alors, ce que je recommande aux entrepreneurs, c'est vraiment de prendre le temps de discuter avec votre conseiller fiscal pour vous guider dans ce processus.
Suzanne Tremblay:
Donc, sur ce dernier élément, Kevin, on sait à quel point il y a vraiment une tendance au Québec, justement, de l'intérêt de la vente entreprise. On parle juste au Québec, environ 60 % des propriétaires d'entreprises qui ont l'intention de transférer ou vendre leur entreprise dans les prochaines 5 à 10 ans, ce qui est énorme. Donc ça fera certainement l'objet d’un sujet ensemble, d'une capsule, j'aimerais en rediscuter avec toi. Pour ce matin, je tiens vraiment à te dire merci, Kevin, merci de tes lumières. Merci de nous avoir partagé ton expertise et de nous avoir bien fait ressortir les points marquants du dernier budget et des éléments de discussion qu'on peut avoir avec notre conseiller. Je tiens à mentionner également du côté de gestion de patrimoine TD, toutes les équipes-conseils sont en mesure de vous accompagner pour avoir ces discussions de planification. Alors, un grand merci de l'entretien ce matin et une bonne journée.
Kevin Quach:
Ça me fait très plaisir. Merci.