Le ratio idéal entre l’épargne et les dépenses fait l’objet de nombreux débats. En 2005, la sénatrice américaine Elizabeth Warren a proposé la règle des 50/30/20, selon laquelle il est recommandé de consacrer 50 % de ses revenus après impôt à ses frais de subsistance, 30 % à ses envies et 20 % à son épargne. Depuis des années, cette règle aide les gens à gérer leur budget, mais s’applique-t-elle toujours au Canada, compte tenu de l’inflation actuelle?
Nicole Ewing, directrice, Planification fiscale et successorale, Gestion de patrimoine TD, en doute. Elle comprend à quel point il peut être difficile d’épargner, surtout en ce moment. « Les gens savent s’ils vivent au-dessus de leurs moyens par choix ou parce que tout coûte plus cher, précise-t-elle. Difficile de demander au locataire qui peine à payer son studio de réduire davantage ses dépenses. »
Plutôt que d’appliquer la règle des 50/30/20, Mme Ewing estime qu’il vaut mieux épargner partout où c’est possible, même si le montant paraît négligeable. « Le moindre sou épargné vous donne plus de contrôle sur votre vie et votre sécurité », affirme-t-elle.
Elle parle en tant que professionnelle des services financiers, mais aussi par expérience. Quand elle a loué son premier appartement, elle arrivait à joindre les deux bouts avec un budget de 20 $ par semaine en surveillant ses achats à l’épicerie. De cette expérience, elle a surtout retenu l’importance d’épargner et d’éliminer les dettes. « Je me félicite d’avoir remboursé mes dettes », précise-t-elle, avant d’ajouter que faire le ménage de son bilan lui avait ouvert des possibilités financières.
Il n’y a pas de ratio idéal pour savoir comment répartir ses revenus après impôt, mais Mme Ewing suggère des habitudes réalistes pour préserver votre santé financière.
Trouvez une façon réaliste d’épargner
En ligne, vous trouverez toutes sortes de ratios : 80 % pour les dépenses non discrétionnaires, 10 % pour l’épargne et 10 % pour les organismes de bienfaisance, ou 40 % pour les besoins quotidiens, 30 % pour les envies et 20 % pour l’épargne. Mais les règles ne fonctionnent que si l’on peut épargner, et certaines personnes ont l’impression qu’il ne leur reste rien une fois les besoins de base comblés.
Selon un rapport publié en 2023 par Rent Panda, nombre de ménages consacrent plus de 45 % de leurs revenus au logement1. Dans certaines grandes villes, le loyer absorbe plus de 60 % des revenus. Pour certaines personnes, c’est encore plus difficile; le loyer peut représenter de 70 % à 100 % des revenus ou même plus.
Comme les besoins de base grugent une bonne partie des revenus après impôt, votre stratégie d’épargne pourrait s’écarter de la règle des 50/30/20. Pouvez-vous épargner 3 % de vos revenus après impôt? Si oui, alors l’objectif est réaliste.
Sachez reconnaître la tentation d’une gratification immédiate
Comme la vie coûte cher, il reste souvent moins d’argent pour les achats discrétionnaires et l’épargne. L’argent est une ressource limitée. Une fois indépendante, Mme Ewing a renoncé aux récompenses à court terme, comme des vacances, pour se bâtir une vie meilleure. Cette décision l’a conduite à dépenser autrement et à réfléchir froidement aux commerces fréquentés, à ses achats et aux sources d’économie.
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Le moindre sou épargné vous donne plus de contrôle sur votre vie
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Songez à investir dans des comptes enregistrés
En tenant compte de l’état actuel de vos finances, il peut être tout aussi important de connaître les outils d’épargne à votre disposition et d’en tirer parti. Mme Ewing discute souvent avec des personnes qui ignorent l’existence des comptes assortis d’avantages fiscaux : régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER), comptes d’épargne libre d’impôt (CELI) et comptes d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) ou des divers instruments de placement : fonds négociés en bourse (FNB), actions ou certificats de placement garanti (CPG).
Bien des épargnants s’étonnent de voir leur argent fructifier si rapidement quand ils commencent à investir, confie Mme Ewing. Les rendements ne sont pas garantis, mais si vous épargnez 100 $ par mois dans un compte enregistré pendant 10 ans à un taux de 5 % par année, vous ajouterez 3 437 $ aux 12 000 $ investis durant cette période2.
Lancez-vous et corrigez le tir au besoin
Quand on épargne, il ne faut éliminer aucune option, prévient Mme Ewing. Par exemple, dans un CELI, vous pouvez effectuer des retraits à l’abri de l’impôt en tout temps, au besoin. Même si vous cherchez avant tout à constituer un fonds d’urgence, vous pourriez conserver cet argent en placements liquides dans votre CELI. Lorsque vos objectifs seront mieux définis, vous pourrez transférer une partie des fonds dans un REER ou dans un CELIAPP, explique-t-elle. Investir dans des comptes qui offrent des avantages fiscaux accroît l’efficacité financière : l’impôt économisé peut servir à bonifier vos placements.
Sachez comment votre tolérance au risque influence vos placements
Mme Ewing conseille d’éviter les solutions rapides offertes par les placements spéculatifs, mais estime que certains investisseurs pèchent aussi par excès de prudence. Vous devez comprendre les rendements auxquels il faudra renoncer si vous préférez réduire votre risque, surtout si vous êtes jeune et profitez d’un horizon de placement à long terme, ajoute-t-elle.
Maîtrisez les règles de retrait et optimisez les comptes enregistrés
C’est bien de se fixer un certain pourcentage d’épargne, mais il faut aussi comprendre comment fonctionnent les comptes d’épargne et de placement. Par exemple, il y a différentes façons d’utiliser les comptes qui réduisent l’impôt.
Pour Mme Ewing, il faut penser aux rendements en dollars après impôt. De fait, le type de placement et le moment du retrait vont influencer vos impôts et votre situation financière. L’argent qui autrement serait imposé constitue une autre forme de revenu que vous pouvez ajouter à votre épargne, rappelle-t-elle. De ce point de vue, le compte dans lequel vous détenez vos placements peut jouer sur ce qui va rester dans vos poches.
Tenez-vous au fait de l’impôt sur les placements étrangers
Par exemple, si vous touchez des dividendes d’entreprises à l’extérieur du Canada, il vaudrait mieux ne pas les conserver dans votre CELI; ils sont assujettis à un impôt de 15 %. Cet argent vous passe sous le nez parce qu’il est retenu à la source; vous n’en voyez pas la couleur, explique Mme Ewing. Si vous avez placé par mégarde des actions étrangères à dividendes dans votre CELI, vous pourriez les transférer dans un autre compte, comme un REER, où vous pouvez conserver les paiements et bonifier de 15 % le rendement de ces actions. « Cet argent tombe du ciel », considère-t-elle.
Il peut être encore plus difficile d’épargner si vous ne comptez que sur vous-même. Mme Ewing veut que tout le monde sache qu’il existe de l’aide, peu importe le montant que vous avez à placer. Si vous avez des questions, vous trouverez de nombreux outils de formation pour créer votre propre parcours de placement en consultant Placements directs TD et NégociTitres TD.
Que vos dépenses absorbent 50 % ou 80 % de vos revenus, trouver des moyens d’épargner au moins quelques dollars peut améliorer votre situation financière au fil du temps. La première étape consiste toutefois à déposer votre argent, souligne Mme Ewing. « Ouvrez un compte pour éviter de toucher à ces fonds, conseille-t-elle. Une fois votre argent déposé, cherchez à en tirer le maximum. »
- Rent Panda, Canadian Monthly Rental Report – Apr 2023, https://rentpanda.ca/rental-reports/apr-2023-rental-report, consulté le 8 février 2024 ↩
- Calculateur d’intérêts composés, https://www.td.com/ca/fr/services-bancaires-personnels/placements-personnels/calculateur-interets-composes, consulté le 8 février 2024 ↩