Il va sans dire que la décision d’avoir un enfant est l’une des plus importantes d’une vie. Toutefois, contrairement à d’autres décisions importantes, comme le choix de carrière ou de l’endroit où habiter, celle-ci se fonde souvent sur les émotions. Par exemple, on se questionnera plus spontanément sur sa capacité à être un bon parent que sur ses options de garde d’enfant.
Voici d’ailleurs une question à laquelle vous n’avez peut-être pas beaucoup réfléchi : Comment ferez-vous pour vous occuper financièrement de ce nouveau bébé?
On dresse souvent des plans détaillés pour les étapes importantes de la vie. Que ce soit pour acheter une maison ou se préparer pour la retraite, on doit d’abord mettre de l’ordre dans ses finances. Pourquoi pas pour un bébé? Il peut s’avérer très utile de se poser quelques questions d’ordre pratique… un peu comme si on vérifiait qu’il y a bel et bien du sucre dans le garde-manger avant de préparer un gâteau.
Selon une étude des Services économiques TD menée en 2013, le coût pour élever un enfant dépasse facilement les 233 000 $, à raison d’environ 13 000 $ par année. 1 Aujourd’hui, en tenant compte de l’inflation, il se situe probablement autour de 14 000 $ à 15 000 $ par année. Il peut être important de comprendre d’où viennent ces chiffres et leur incidence potentielle sur ses finances pour se préparer à cette prochaine étape de sa vie.
Nous avons discuté de la question avec des parents qui ont déjà vécu l’impact financier de l’arrivée d’un enfant, en demandant leurs conseils pour ceux qui s’apprêtent à accueillir un premier (ou deuxième) enfant. Voici ce qu’ils avaient à dire.
Acheter de nouveaux articles : pas forcément nécessaire
Internet regorge de conseils parentaux. Que l’on parle du type de poussette à acheter ou de la nécessité ou non de langer son nouveau-né, tout le monde semble avoir une opinion. En vous préparant à accueillir votre petit bout de chou, vous pourriez vous sentir dépassés devant l’énorme quantité de produits offerts sur le marché. Vous les faut-il vraiment tous?
Selon les parents à qui nous avons parlé, la réponse est un non catégorique. « De nos jours, on vit tellement le phénomène de la maman blogueuse, dit Lindsay, une mère de 33 ans vivant à Toronto. Et comme les produits tendance qu’elle vante seraient “super sécuritaires”, on se laisse tenter et on achète. » Selon Lindsay, il vaut mieux parler à des mères qu’on connaît personnellement : « Je n’ai peut-être pas visé dans le mille pour chaque achat, mais j’ai quand même réussi à éviter le pire en me fiant aux conseils de parents qui étaient déjà passés par là. »
Quant aux choses dont on a réellement besoin, les parents qui nous ont répondu s’entendent pour dire qu’acheter d’occasion est souvent une bonne option, surtout pour les articles très chers comme une poussette ou une chaise berçante. Sinon, il est aussi possible d’emprunter des articles à des amis ou à des membres de sa famille.
Se préparer à un resserrement financier
La plupart des Canadiens peuvent s’attendre à recevoir un certain soutien financier de la part du gouvernement pendant leur première année en tant que parents. En effet, le programme fédéral d’assurance-emploi offre des prestations de maternité et des prestations parentales allant jusqu’à 55 % de son salaire actuel pendant 12 mois (jusqu’à concurrence de 650 $ par semaine), ou jusqu’à 33 % si on choisit de prendre congé pendant 18 mois (maximum hebdomadaire de 390 $). Bien que ce soutien soit plus généreux que ce que l’on offre dans de nombreux pays, le congé parental peut entraîner une diminution substantielle du revenu de votre ménage.
Et ce n’est pas tout : aux achats majeurs que l’on fait avant l’arrivée du bébé se greffent les nombreuses petites dépenses que l’on fait au quotidien après sa naissance. La facture peut vite devenir salée. Écoutons David, dont le fils a maintenant 12 ans : « L’impact financier pendant le congé de maternité nous a vraiment pris de court. Et les dépenses qu’on ressentait le plus, c’était les petites dépenses récurrentes, par exemple, des couches trois fois par semaine, des bouteilles et du lait artificiel. »
Pour en atténuer l’impact, il peut être bon d’établir un budget et de vous exercer à vivre à faible revenu dans les mois précédant la naissance de votre enfant. Il se peut même que l’exercice vous aide à trouver des occasions de réduire vos dépenses discrétionnaires.
Continuer d’épargner, même à budget serré
Même s’il semble parfois difficile d’épargner, le faire dans la mesure du possible peut vous aider à atteindre vos objectifs à long terme et vous offrir un coussin financier pour traverser des périodes difficiles. Après tout, la responsabilité financière inhérente au fait d’être parent ne se limite pas aux premières années. Selon un sondage d’Ipsos, seulement 29 % des parents canadiens considèrent que la situation financière de leur ménage est bonne ou excellente. 2 Autrement dit, cette pression financière se maintiendra probablement pendant des années. Par conséquent, si vous arrêtez d’épargner maintenant, qui sait quand vous pourrez recommencer?
En dépit des difficultés financières des premières années, David affirme qu’il est heureux que sa femme et lui aient continué d’épargner et d’investir : « Nous n’avons jamais arrêté de cotiser à notre REER [régime enregistré d’épargne-retraite] ni à notre CELI [compte d’épargne libre d’impôt]. » David attribue cette bonne habitude à une méthode d’épargne qui consiste essentiellement à programmer des déductions automatiques coïncidant avec le jour de sa paie : on les programme, puis on n’y pense plus. Même si vous ne pouvez épargner ou investir qu’un peu, votre épargne fructifiera au fil du temps grâce aux intérêts composés.
Résultat en fin de compte? Des années plus tard, David s’est penché de près sur les finances de sa famille, pour découvrir qu’en réalité, sa femme et lui étaient en bien meilleure posture qu’ils le croyaient. « Même si nous avions l’impression de ne plus avoir un sou, notre CELI et notre REER se portaient bien. »
Profiter des programmes gouvernementaux
En plus des prestations pour congé parental, le gouvernement fédéral offre également l’Allocation canadienne pour enfants. Il s’agit d’un versement mensuel libre d’impôt pour aider à couvrir les frais qu’implique l’éducation des enfants. Le montant que vous recevrez dépendra de votre état matrimonial, du nombre d’enfants que vous avez, de leur âge et de votre revenu. Cela étant, la prestation pourrait s’élever à plusieurs centaines de dollars par mois. L’Allocation canadienne pour enfants comprend également la prestation pour enfants handicapés ainsi que les programmes provinciaux et territoriaux connexes. Pour en savoir plus sur le programme et la présentation d’une demande, visitez le site Web de l’Agence du revenu du Canada.
Un autre programme auquel les parents devraient songer est le régime enregistré d’épargne-études, ou REEE, qui permet d’épargner à l’abri de l’impôt en vue des études postsecondaires. Dans le cadre du programme, la Subvention canadienne pour l’épargne-études offre une contribution de contrepartie de 20 % pour la première tranche de 2 500 $ de dépôts annuels. Pour en savoir plus.
Réfléchir tôt à la question des services de garde d’enfants
L’une des plus grosses dépenses auxquelles vous devrez faire face commencera dès votre retour au travail : la garde de votre enfant. Même si l’engagement récent du gouvernement fédéral à offrir des services de garde à 10 $ par jour a permis de réduire considérablement les frais dans de nombreuses provinces, le coût demeure élevé. Avant le lancement du programme, chaque mois, les parents payaient en moyenne 2 029 $ par enfant dans les grandes villes. 3Ce montant représente 24 348 $ par année, et ce, uniquement pour la garde d’enfants! Maintenant, ce montant avoisine les 1 200 $ par mois dans bien des cas.
Pour Carly, une mère de 32 ans vivant à Kamloops, en Colombie-Britannique, il était insensé de retourner au travail simplement pour être en mesure de couvrir le coût élevé des services de garde. « Je me disais que si je retournais au travail, je sacrifierais du temps avec ma famille, et tout ça, juste pour confier la garde de mon enfant à quelqu’un d’autre, en lui versant essentiellement la totalité de mon chèque de paie », dit-elle. Après avoir fait des calculs, Carly et son mari ont plutôt jugé qu’il était logique qu’elle reste à la maison pour s’occuper de leur fils.
Bien que l’arrivée du travail hybride et la nouvelle subvention pour la garde d’enfants aient permis à beaucoup plus de parents de retourner sur le marché du travail, il demeure difficile d’accéder à des services de garde. Pour mettre les chances de leur côté, Lindsay suggère aux parents de s’inscrire tôt sur la liste d’attente de plusieurs garderies. « Peu après avoir appris que j’étais enceinte, nous avons présenté une demande auprès d’une douzaine de garderies, explique-t-elle. Heureusement, une place s’est libérée peu de temps avant que notre fille ait un an. »
Pour ceux qui peuvent se le permettre, l’embauche d’une gardienne est une autre option. C’est plus cher, mais cela peut réduire les frais de déplacement (entre la garderie et la maison) et pourrait même être une source d’aide pour les tâches ménagères.
Se préparer aux imprévus
Malgré les efforts, personne n’est à l’abri des mauvaises surprises. C’est pourquoi le fait de posséder un fonds d’urgence et un testament à jour est un bon point de départ. Les parents qui souhaitent pouvoir accéder facilement à leur fonds d’urgence peuvent opter pour un CELI ou un compte d’épargne à intérêt élevé.
C’est vrai, un enfant, ça coûte cher. Mais élargir sa famille est aussi très gratifiant, et beaucoup choisiront de le faire malgré les coûts. Comme l’exprime David : « C’est vrai que certaines choses disparaissent du budget. Les premières années, on n’a pas vraiment vu de film, et nos vacances étaient très minimalistes. Mais les enfants sont aussi très divertissants, alors on passe beaucoup plus de fins de semaine à visiter notre famille et à observer les enfants, à les regarder grandir. »
Pour ce qui est des dépenses supplémentaires, il suffit de s’en tenir au nécessaire et d’éviter le superflu. « En fin de compte, les bébés ont besoin de très peu de choses au début. Tout ce qu’il leur faut, c’est un endroit où dormir, quelque chose à manger et des parents qui les aiment, affirme Lindsay. Si on voit les choses sous cet angle, je pense qu’on peut vraiment réduire ses dépenses. »
- « Les enfants qui grandissent peuvent faire grimper les factures, mais il est possible de s’en sortir en épargnant tôt », Services économiques TD, 5 novembre 2013, https://td.fr.mediaroom.com/2013-11-05-Les-enfants-qui-grandissent-peuvent-faire-grimper-les-factures-mais-il-est-possible-de-sen-sortir-en-pargnant-t-t. ↩
- « Saines habitudes financières : êtes-vous un bon exemple pour vos enfants? Beaucoup se posent la question », Actualités TD, 29 octobre 2021, https://actualites.td.com/ca/fr/article/saines-habitudes-financi%C3%A8res-%C3%AAtes-vous-un-bon-exemple-pour-vos-enfants-beaucoup-se-posent-la-question?lang=swap. ↩
- « L’écart entre nous », Services économiques TD, 20 juin 2023, https://economics.td.com/fr-space-between-us. ↩