Au cours des deux dernières années, les actions-mèmes ont suscité bien des convoitises, alors qu’elles s’apparentent davantage à un jeu de hasard qu’à une stratégie de constitution de patrimoine bien réfléchie. Des entreprises qui ne faisaient pas de bénéfices et dont les perspectives de croissance étaient peu reluisantes ont vu le cours de leur action grimper en flèche simplement grâce à la publicité qu’elles recevaient dans les médias sociaux. Plusieurs investisseurs ont cédé aux sirènes des forums en ligne, pensant réussir un gros coup, mais pour certains, cette erreur a été coûteuse. Bon nombre de ces actions sont en effet rentrées dans le rang sans que leur décollage fulgurant en 2020 ait rapporté grand-chose.
Mais alors, si les forums en ligne ne sont pas le bon endroit, où les investisseurs devraient-ils aller chercher leurs idées de placement?
On s’imagine parfois qu’il faut un diplôme en finances pour bâtir un portefeuille, pourtant les recherches sur les sociétés ne sont pas aussi compliquées qu’on le croirait. On vous explique ce qu’il faut regarder et comment vous y prendre.
Comment les investisseurs chevronnés s’y prennent-ils pour trouver des actions qui leur conviennent?
Certaines personnes s’en remettent à la sagesse de Peter Lynch, célèbre gestionnaire de fonds connu pour avoir supervisé plus de 12 milliards de dollars américains de fonds. Pendant ses 13 années à la tête du fonds Magellan, le rendement de celui-ci a été plus de deux fois supérieur à celui de l’indice S&P 500. Il a beau être l’un des gestionnaires de fonds communs de placement les mieux réputés, il a toujours pensé que n’importe quel investisseur pouvait avoir autant de succès avec ses propres portefeuilles d’actions. Et il y a une recommandation qu’il a souvent faite aux personnes qu’il conseillait, c’est de s’intéresser aux sociétés qu’elles connaissent.
Vous avez peut-être remarqué qu’il y a souvent une longue file dans les boutiques d’une chaîne de cafés ou que les produits de votre entreprise ou du secteur dans lequel vous travaillez sont de plus en plus demandés. À votre place, M. Lynch se renseignerait sur l’histoire de la société et s’en servirait comme guide pour la suite de ses recherches. Un fin limier peut utiliser cette approche ascendante pour mener son enquête. En clair, cela signifie qu’il faut prêter attention aux sociétés dans lesquelles vous pourriez vouloir investir en fonction de vos observations et de votre propre expertise. Selon lui, vous n’avez pas forcément besoin d’une stratégie très élaborée. Avec cette approche, vous choisissez une par une les actions et vous ne les incluez dans votre portefeuille qu’après avoir fait des recherches approfondies.
- Lynch n’est d’ailleurs pas le seul à utiliser cette méthode : c’est aussi le cas Warren Buffett, surnommé l’oracle d’Omaha parce qu’il fait d’excellents placements depuis près de 60 ans et du fait qu’il dirige son entreprise loin du célèbre centre financier new-yorkais. Sa bonhomie et son approche très simple des placements renforcent l’idée que bien choisir ses placements est une compétence qui s’apprend. Pour lui, quand on veut investir, il faut aspirer à se bâtir ce qu’il appelle un « cercle de compétences ». Il a expliqué ce concept dans sa lettre annuelle aux actionnaires :
« Pas besoin de connaître parfaitement toutes les sociétés, ni même d’en connaître beaucoup parfaitement. Il faut seulement être capable d’évaluer celles qui sont dans votre cercle de compétences. La taille de ce cercle importe peu, mais il est crucial d’en connaître les limites.»
Peter Lynch et Warren Buffett recommandent d’investir dans ce qu’on connaît. Pour déterminer si un placement convient à votre portefeuille, la clé c’est de bien comprendre les perspectives d’affaires de la société et les risques auxquels elle est exposée.
Qu’est-ce qu’il faut regarder quand on fait des recherches sur des actions?
Il peut être judicieux de s’intéresser à des sociétés susceptibles de maintenir leur rentabilité sur une longue période. Voici quelques données qui peuvent être un bon point de départ pour votre enquête :
- Bénéfices année par année : Consultez les résultats historiques pour voir à quel point ils sont stables et constants.Comme le cours d’une action est directement lié aux bénéfices de la société, si ces derniers ont tendance à augmenter, c’est peut-être un signe de stabilité.
- Ratio cours/bénéfice (C/B) : Le potentiel de bénéfices est une facette importante de la valeur d’une société. Il mesure le cours de l’action par rapport aux bénéfices annuels. Si ce ratio est élevé, cela suggère que les investisseurs sont prêts à payer le prix pour détenir des parts de la société. S’il est bas, mieux vaut poursuivre les recherches pour déterminer si l’entreprise est sous-évaluée. Ce ratio peut vous aider à mieux comprendre le lien entre le cours de l’action et le bénéfice par action.
- Dividendes et ratio dividendes/bénéfices : M. Buffett adore les sociétés qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires. Elles ne le font pas toutes; celles qui le font sont généralement de grandes entreprises bien établies. En effet, comme elles ont moins besoin de dépenser dans les bâtiments ou l’équipement (ce qu’on appelle l’investissement en capital), elles peuvent se permettre de distribuer une partie de leurs profits annuels sous forme de dividendes aux actionnaires. Le ratio dividendes/bénéfices mesure le pourcentage de ses bénéfices qu’une société reverse à ses actionnaires sous forme de dividendes.
Répétez après nous : Les états financiers ne sont pas ennuyeux
La qualité de vos recherches fondamentales dépendra des données que vous trouverez dans les états financiers des sociétés. C’est ce qui décourage beaucoup des personnes quand elles se lancent dans les placements. Warren Buffett a fait son premier placement à 11 ans, alors cela fait très longtemps qu’il lit des états financiers! Même s’il est vrai que ces documents peuvent paraître rebutants de prime abord, il ne faut pas rester sur cette impression. Voici quelques conseils pour apprendre à les lire comme un professionnel, voire comme un oracle.
Dans leur forme la plus élémentaire, les états financiers comportent deux volets : l’état des résultats et le bilan. Les deux donnent des indices importants sur la santé et la rentabilité de la société, mais c’est utile de savoir quoi chercher.
Comment lire un état des résultats
Pour comprendre un état des résultats, le plus simple, c’est de penser à votre propre ménage, que nous appellerons ici la société « Chez vous ». La ligne tout en haut représente l’ensemble de vos revenus avant toute dépense (loyer, transport, divertissement, taxes). Les sociétés fonctionnent à peu près pareil : Commencez en haut, puis descendez en soustrayant les dépenses. Pour la société « Chez vous », la ligne du bas, c’est ce qui reste après toutes vos dépenses. Vous espérez qu’il y ait un bénéfice net, mais ça peut être une ou des pertes nettes. Tous les ménages ont des dépenses différentes et c’est la même chose pour les secteurs d’activité. Un fabricant de vêtements a une source de dépenses principale : le tissu, alors que les coûts sont tout autres pour un fabricant d’ordinateurs. Quand vous commencerez à comparer différentes sociétés, vous prêterez attention à ces différences.
Comment lire un bilan
Le second élément incontournable de tout état financier d’une entreprise, c’est le bilan. Pour la société « Chez vous », le bilan est un aperçu de ce que vous possédez et de ce que vous devez. Ce que vous possédez, ce sont vos actifs. Ce que vous devez, c’est – évidemment – votre dette. Dans ce que vous possédez, il peut y avoir votre compte d’épargne libre d’impôt (CELI), votre régime enregistré d’épargne-retraite (REER), votre voiture ou une collection de cartes Pokémon rares (de préférence celles sur lesquelles vous n’avez pas écrit votre nom). Dans ce que vous devez, il peut y avoir votre prêt étudiant, votre prêt auto et le solde de votre carte de crédit. Faites la somme des deux côtés du bilan pour avoir d’un côté le total des actifs et de l’autre, le total de la dette. Une fois que vous avez soustrait ce que vous devez (votre dette) de ce que vous possédez (vos actifs), vous avez vos capitaux propres. Vous pouvez faire le même calcul avec le bilan d’une société.
Voici quelques exemples de ratios qui utilisent les données des états financiers. Ils peuvent vous donner une idée de la santé financière d’une société.
- Ratio de liquidité générale : Actif à court terme divisé par le passif à court terme. Cette mesure peut vous aider à évaluer à quel point une société gère facilement les dépenses liées à ses activités quotidiennes. C’est ce qu’on appelle la liquidité.
- Ratio de couverture des intérêts : Revenu d’exploitation divisé par les frais d’intérêts. Il s’agit d’un ratio de levier financier, c’est-à-dire qu’il mesure l’utilisation de la dette par une société. Il peut vous aider à déterminer si les revenus qu’il lui reste une fois ses dépenses d’exploitation payées sont suffisants pour couvrir ses paiements d’intérêts.
- Rendement des capitaux propres : Résultat net divisé par le total des capitaux propres. Il mesure les bénéfices générés par l’argent investi par les actionnaires. Il s’agit d’un ratio de rentabilité exprimé en pourcentage.
Les ratios peuvent être particulièrement parlants lorsqu’on compare des sociétés similaires ou une même société au cours d’une période donnée. Ils aident à repérer les changements dans le rendement.
Les états financiers brossent-ils un portrait complet de la situation?
En un mot, non. Les états financiers sont le point de départ de toute bonne recherche fondamentale, mais ils ne disent pas tout. Vous avez aussi besoin de connaître les changements qui pourraient avoir des répercussions sur les bénéfices et la rentabilité de la société. Vous ne les trouverez pas dans les rapports financiers d’une entreprise, mais vous pouvez trouver des indices dans plusieurs sources. Vous devriez commencer par observer les habitudes de dépenses des membres de votre famille et de vos amis. Vous remarquez qu’ils vont souvent dans votre café préféré? Vos enfants vous réclament régulièrement une marque précise de souliers de course? Ce sont peut-être des signes que ces entreprises seraient de bons placements. Il y a d’autres endroits où trouver de l’information qui pourrait influer sur le rendement de placements potentiels :
- Articles de presse qui parlent des ventes et des bénéfices
- Sorties de nouveaux produits
- Indicateurs économiques, comme les tendances des dépenses de consommation
- Nouvelles tendances, comme l’engouement pour les services de diffusion de vidéos en continu au détriment du cinéma
- Pénuries de ressources ou des perturbations de l’approvisionnement qui pourraient être provoquées par des guerres
OK, je me sens capable de faire mes propres recherches. Par où je commence?
Les investisseurs autonomes qui réussissent sont des gens qui se renseignent activement. Le Centre d’apprentissage de Placements directs TD propose de nombreuses vidéos qui peuvent vous aider à consolider vos connaissances – et à rehausser votre confiance – pour devenir un spécialiste des placements. Celle-ci par exemple :
Faire des recherches sur les actions de valeur dans CourtierWeb
Les clients de la TD peuvent utiliser ces outils pour déterminer si un placement de valeur leur convient.