Bref…
La courbe des taux, comme les économistes l’appellent, est une représentation visuelle de la différence entre les taux d’intérêt d’obligations qui n’ont pas la même échéance (par exemple, 3 mois vs 10 ans). Dans une économie stable, plus l’échéance est loin, plus la courbe des taux monte. Parfois, mais pas toujours, une inversion de cette courbe est le signe d’une récession à venir.
En pratique :
Techniquement, on pourrait tracer une courbe des taux pour n’importe quelle série de placements qui n’ont pas les mêmes dates d’échéance (c’est-à-dire la durée pendant laquelle une obligation ou un placement doit être remboursé). Les économistes qui utilisent cette expression font habituellement référence au Trésor américain, qui émet des titres de créance garantis par le gouvernement. La courbe compare les taux d’intérêt d’obligations du gouvernement américain de qualité semblable à des échéances précises : 3 mois, 2 ans, 5 ans, 10 ans et 30 ans.
Normalement, quand on prête de l’argent pour un mois, on ne s’attend pas à ce qu’il perde de son pouvoir d’achat pendant cette période, et donc le taux d’intérêt appliqué est habituellement plus bas que pour une échéance plus longue. C’est la même chose si vous prêtez 1 000 $ à un ami qui doit vous les rendre un mois plus tard. Quand vous récupérez vos 1 000 $, vous vous attendez à ce qu’ils vous permettent d’acheter à peu près la même quantité de biens qu’au moment où vous les avez prêtés. Par contre, à plus long terme, disons cinq ans, il y a davantage de risque que le prix des biens et des services augmente au cours de la période du prêt. Avec l’inflation, quand vous récupérerez vos 1 000 $, ils ne vaudront peut-être plus autant. Pour compenser le pouvoir d’achat perdu, les obligations à plus long terme du Trésor américain rapportent plus d’intérêt. Le taux, c’est ce qu’un acheteur gagnera sur son placement s’il le garde jusqu’à l’échéance. Il est fondé sur l’offre et la demande et, à l’origine, est établi par une enchère. Les économistes s’attendent normalement à ce que la courbe des taux à court et à long terme monte, ce qui annonce une stabilité.
Quand elle « s’inverse », ça fait les gros titres. C’est à ce moment-là que l’intérêt d’une obligation à cinq ans, par exemple, est plus intéressant que celui d’une obligation à 30 ans. Historiquement, une telle inversion est suivie d’une récession, même si ce n’est pas une vérité absolue. On peut s’attendre à ce que les taux d’intérêt grimpent avant de redescendre et de se stabiliser à un niveau inférieur. En quelque sorte, c’est un drapeau jaune.
Dans la vie, et dans le monde des titres à revenu fixe, l’avenir n’est pas toujours certain. Si vous prêtez de l’argent (c’est ce que vous faites quand vous achetez des obligations du Trésor américain), vous vous attendez à ce que cette incertitude soit prise en compte. Et la logique s’inverse quand les intervenants sur le marché pensent que le court terme est plus risqué que le long terme. C’est pour ça qu’au moment d’établir des plans d’investissement ou financiers sur plus de 12 mois les gouvernements, les entreprises et les particuliers se fient souvent à la courbe des taux – qu’elle soit normale ou inversée – pour prédire si l’avenir de l’économie s’annonce stable ou incertain.