La Réserve fédérale américaine a relevé les taux d’intérêt de 75 points de base dans le but de freiner l’inflation élevée, et a indiqué que d’autres hausses de taux seraient à venir. Anthony Okolie discute avec James Marple, économiste principal, Groupe Banque TD, des conséquences pour l’économie américaine.
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[MUSIQUE]
La Fed a relevé les taux d’intérêt de 75 points de base pour une deuxième fois de suite. Et elle a indiqué qu’il y en aura d’autres. James, qu’est-ce qui a retenu votre attention aujourd’hui?
Eh bien, il n’y a pas grand-chose de dtrès ifférent dans cette déclaration par rapport à la dernière fois. Bien sûr, les taux avaient alors été relevés de 75 pdb, alors que le marché prévoyait 50. Cette fois-ci, les 75 pdb étaient entièrement prévus. Leurs commentaires sur l’économie reflétaient ce que nous voyons tous dans les données, l’activité économique a apparemment ralenti; tant dans les dépenses que dans la production. Mais le marché de l’emploi est encore très serré. Le taux de chômage est encore proche de son plus bas niveau en 50 ans. Et on continue de voir une croissance de l’emploi très, très robuste. Cela figurait dans la déclaration. La Fed a évidemment mentionné de nouveau que l’inflation était élevée, une répercussion de la guerre en Ukraine. Par contre, la Fed ne parle plus du confinement lié à la COVID en Chine. Peut-être qu’il y a un aspect positif du fait qu’elle se penche sur certains des facteurs à l’origine de l’inflation. Mais, de toute évidence, l’inflation est centrale, même si ça représente un ralentissement supplémentaire de l’activité économique.
D’accord, je veux parler de pla conférence de resse qui a suivi, parce que le président de la Fed a déclaré lors de cette conférence de presse que les effets des hausses de taux passées n’ont pas été pleinement ressenties par l’économie. Comment les marchés obligataires ont-ils réagi à ce commentaire?
Eh bien, c’était intéressant, qcar je pense u’au début on s’attendait à d’autres hausses de taux dans la même mesure, soit 75 points de base de plus. Et cette réflexion montre que la Fed est peut-être plus en mode attente. Il a fait écho à ça dans d’autres commentaires en disant que la Fed allait surveiller l’évolution des données économiques durant des huit prochaines semaines. De toute évidence, on va avoir deux autres rapports sur l’inflation. On va aussi avoir deux autres rapports sur le marché du travail, ce qui indique vraiment que la Fed se fie beaucoup aux données en ce moment. Elle a indiqué qu’elle prévoyait que d’autres hausses de taux seraient nécessaires, mais, de toute évidence, ça dépendra grandement de l’évolution de l’économie. Et il faut reconnaître qu’elle a augmenté les taux assez rapidement, plus que jamais, et elle a fait passer le niveau des taux d’intérêt à un point où elle pense qu’ils sont largement conformes avec son taux neutre qui n’est ni favorable ni défavorable à la croissance. Je pense que ça signifie qu’elle pourrait aller un peu plus lentement et être beaucoup plus sensible à la façon dont les données réagissent à ses hausses de taux à ce jour.
Vous avez parlé d’éléments qu’elle va surveiller de près. Qu’est-ce que la Fed examinera de près, selon vous qui l’amènerait à changer de cap en matière de politique monétaire?
Bien sûr, comme on l’a vu, l’inflation vest raiment le principal indicateur. Et quand l’augmentation de juin prévue à 50 points de base est passée à 75 points, c’est encore une fois parce que l’inflation a été plus forte que prévu. Ce facteur a été moins pris en compte dans le dernier rapport sur l’inflation. Elle devrait commencer à voir des signes indiquant que le taux d’inflation global, au moins, commence à ralentir. C’est ce qui s’est produit avec les prix des produits de base, qui agissent en temps réel. Ça figurera dans le rapport sur l’inflation du mois prochain. Mais je pense qu’elle surveillera ça et les indicateurs du marché de l’emploi. Nous avons observé une croissance solide et soutenue de l’emploi. Le marché de l’emploi demeure très serré. Si la Fed commence à voir des signes d’un changement négatif dans ce marché, ça pourrait aussi ralentir leurs efforts.
Je veux parler de l’inflation aparce que vous vez mentionné que les prix des produits de base ont diminué. Et nous en avons vu des signes. Ma question est : est-ce que l’inflation a atteint un sommet? Si oui, qu’est-ce que ça signifie pour la politique de la Fed à l’avenir?
Eh bien, je pense qu’en ce qui concerne le taux d’inflation global, il y a de bonnes chances qu’on ait vu les niveaux les plus élevés, simplement par ce qu’on a vu dans le secteur de l’énergie en particulier. Je veux dire l’écart entre les prix de base et les prix officiels de l’énergie ont enregistré une croissance extraordinairement rapide. Et ça devrait s’inverser dans le prochain rapport du mois. Mais au-delà du sommet du taux officiel, je pense que le taux de base n’a pas atteint un sommet ou qu’il restera relativement élevé et c’est parce qu’il y a des indicateurs du secteur des services qui ont tendance à être plus constants, en particulier les loyers. Et les indicateurs du marché ne reflètent pas encore la croissance élevée des loyers. Il y a habituellement un délai. Je pense donc que même au-delà de la question de la politique, l’inflation restera élevée. Il faudra certainement beaucoup de temps avant qu’elle ne se rapproche de la cible de 2 %. Et ça signifie que la Fed devra continuer d’être vigilante en ce qui concerne la hausse des taux d’intérêt.
Il ne fait donc aucun doute que la Fed spoursuivra a politique monétaire énergique.
Oui.
J’aimerais aussi parler du dollar américain. Vous le savez, il est à son plus haut depuis 20 ans par rapport à un panier de devises et il demeure à un niveau élevé. À votre avis, comment le dollar américain va-t-il se comporter à court terme?
Je pense que par rapport au dollar canadien, du moins, le dollar canadien pourrait se raffermir un peu. Je pense que nous avons vu que la Fed a été audacieuse, eh bien la Banque du Canada a été tout aussi audacieuse. Ce que je veux dire, c’est qu’il faudra voir, tout dépendant de quelle économie ralentit plus rapidement. Et à l’heure actuelle, il semble qu’au-delà du marché canadien de l’habitation, où nous avons clairement observé des signes de ralentissement, l’économie canadienne pourrait s’en sortir un peu mieux. La hausse des produits de base représente un important gain de revenu, surtout dans les régions productrices d’énergie du pays. Cela devrait être positif à court terme. Je pense qu’il faut peut-être donner un petit coup de pouce au huard. Par rapport à l’euro, il y a beaucoup d’inquiétudes, je pense encore à la pénurie persistante de gaz naturel. Et la BCE est moins audacieuse que la Fed. Je ne crois donc pas qu’il y aura un grand changement de cap. Mais par rapport à une vaste gamme de devises, le dollar a été si solide que cela aurait du sens pour moi de voir un peu de soutien en ce sens.
James, merci beaucoup pour vos observations et merci de vous joindre à nous.
Je vous en prie. C’est un plaisir d’être là. [MUSIQUE]
La Fed a relevé les taux d’intérêt de 75 points de base pour une deuxième fois de suite. Et elle a indiqué qu’il y en aura d’autres. James, qu’est-ce qui a retenu votre attention aujourd’hui?
Eh bien, il n’y a pas grand-chose de dtrès ifférent dans cette déclaration par rapport à la dernière fois. Bien sûr, les taux avaient alors été relevés de 75 pdb, alors que le marché prévoyait 50. Cette fois-ci, les 75 pdb étaient entièrement prévus. Leurs commentaires sur l’économie reflétaient ce que nous voyons tous dans les données, l’activité économique a apparemment ralenti; tant dans les dépenses que dans la production. Mais le marché de l’emploi est encore très serré. Le taux de chômage est encore proche de son plus bas niveau en 50 ans. Et on continue de voir une croissance de l’emploi très, très robuste. Cela figurait dans la déclaration. La Fed a évidemment mentionné de nouveau que l’inflation était élevée, une répercussion de la guerre en Ukraine. Par contre, la Fed ne parle plus du confinement lié à la COVID en Chine. Peut-être qu’il y a un aspect positif du fait qu’elle se penche sur certains des facteurs à l’origine de l’inflation. Mais, de toute évidence, l’inflation est centrale, même si ça représente un ralentissement supplémentaire de l’activité économique.
D’accord, je veux parler de pla conférence de resse qui a suivi, parce que le président de la Fed a déclaré lors de cette conférence de presse que les effets des hausses de taux passées n’ont pas été pleinement ressenties par l’économie. Comment les marchés obligataires ont-ils réagi à ce commentaire?
Eh bien, c’était intéressant, qcar je pense u’au début on s’attendait à d’autres hausses de taux dans la même mesure, soit 75 points de base de plus. Et cette réflexion montre que la Fed est peut-être plus en mode attente. Il a fait écho à ça dans d’autres commentaires en disant que la Fed allait surveiller l’évolution des données économiques durant des huit prochaines semaines. De toute évidence, on va avoir deux autres rapports sur l’inflation. On va aussi avoir deux autres rapports sur le marché du travail, ce qui indique vraiment que la Fed se fie beaucoup aux données en ce moment. Elle a indiqué qu’elle prévoyait que d’autres hausses de taux seraient nécessaires, mais, de toute évidence, ça dépendra grandement de l’évolution de l’économie. Et il faut reconnaître qu’elle a augmenté les taux assez rapidement, plus que jamais, et elle a fait passer le niveau des taux d’intérêt à un point où elle pense qu’ils sont largement conformes avec son taux neutre qui n’est ni favorable ni défavorable à la croissance. Je pense que ça signifie qu’elle pourrait aller un peu plus lentement et être beaucoup plus sensible à la façon dont les données réagissent à ses hausses de taux à ce jour.
Vous avez parlé d’éléments qu’elle va surveiller de près. Qu’est-ce que la Fed examinera de près, selon vous qui l’amènerait à changer de cap en matière de politique monétaire?
Bien sûr, comme on l’a vu, l’inflation vest raiment le principal indicateur. Et quand l’augmentation de juin prévue à 50 points de base est passée à 75 points, c’est encore une fois parce que l’inflation a été plus forte que prévu. Ce facteur a été moins pris en compte dans le dernier rapport sur l’inflation. Elle devrait commencer à voir des signes indiquant que le taux d’inflation global, au moins, commence à ralentir. C’est ce qui s’est produit avec les prix des produits de base, qui agissent en temps réel. Ça figurera dans le rapport sur l’inflation du mois prochain. Mais je pense qu’elle surveillera ça et les indicateurs du marché de l’emploi. Nous avons observé une croissance solide et soutenue de l’emploi. Le marché de l’emploi demeure très serré. Si la Fed commence à voir des signes d’un changement négatif dans ce marché, ça pourrait aussi ralentir leurs efforts.
Je veux parler de l’inflation aparce que vous vez mentionné que les prix des produits de base ont diminué. Et nous en avons vu des signes. Ma question est : est-ce que l’inflation a atteint un sommet? Si oui, qu’est-ce que ça signifie pour la politique de la Fed à l’avenir?
Eh bien, je pense qu’en ce qui concerne le taux d’inflation global, il y a de bonnes chances qu’on ait vu les niveaux les plus élevés, simplement par ce qu’on a vu dans le secteur de l’énergie en particulier. Je veux dire l’écart entre les prix de base et les prix officiels de l’énergie ont enregistré une croissance extraordinairement rapide. Et ça devrait s’inverser dans le prochain rapport du mois. Mais au-delà du sommet du taux officiel, je pense que le taux de base n’a pas atteint un sommet ou qu’il restera relativement élevé et c’est parce qu’il y a des indicateurs du secteur des services qui ont tendance à être plus constants, en particulier les loyers. Et les indicateurs du marché ne reflètent pas encore la croissance élevée des loyers. Il y a habituellement un délai. Je pense donc que même au-delà de la question de la politique, l’inflation restera élevée. Il faudra certainement beaucoup de temps avant qu’elle ne se rapproche de la cible de 2 %. Et ça signifie que la Fed devra continuer d’être vigilante en ce qui concerne la hausse des taux d’intérêt.
Il ne fait donc aucun doute que la Fed spoursuivra a politique monétaire énergique.
Oui.
J’aimerais aussi parler du dollar américain. Vous le savez, il est à son plus haut depuis 20 ans par rapport à un panier de devises et il demeure à un niveau élevé. À votre avis, comment le dollar américain va-t-il se comporter à court terme?
Je pense que par rapport au dollar canadien, du moins, le dollar canadien pourrait se raffermir un peu. Je pense que nous avons vu que la Fed a été audacieuse, eh bien la Banque du Canada a été tout aussi audacieuse. Ce que je veux dire, c’est qu’il faudra voir, tout dépendant de quelle économie ralentit plus rapidement. Et à l’heure actuelle, il semble qu’au-delà du marché canadien de l’habitation, où nous avons clairement observé des signes de ralentissement, l’économie canadienne pourrait s’en sortir un peu mieux. La hausse des produits de base représente un important gain de revenu, surtout dans les régions productrices d’énergie du pays. Cela devrait être positif à court terme. Je pense qu’il faut peut-être donner un petit coup de pouce au huard. Par rapport à l’euro, il y a beaucoup d’inquiétudes, je pense encore à la pénurie persistante de gaz naturel. Et la BCE est moins audacieuse que la Fed. Je ne crois donc pas qu’il y aura un grand changement de cap. Mais par rapport à une vaste gamme de devises, le dollar a été si solide que cela aurait du sens pour moi de voir un peu de soutien en ce sens.
James, merci beaucoup pour vos observations et merci de vous joindre à nous.
Je vous en prie. C’est un plaisir d’être là. [MUSIQUE]