La baisse des taux d’intérêt aux États-Unis pourrait amener certains investisseurs à examiner de plus près le marché des obligations à rendement élevé. Anthony Imbesi, vice-président et directeur, Gestion de portefeuille, Titres à rendement élevé, Gestion de Placements TD, discute des occasions et des risques potentiels avec Greg Bonnell de Parlons Argent.
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Dans un contexte de baisse des taux d'intérêt, les investisseurs doivent envisager les opportunités potentielles offertes par les titres à revenu fixe. Anthony Imbesi, de gestion de placements TD nous rejoint pour nous expliquer comment les choses se présentent dans le secteur des titres à haut rendement. Bonjour Anthony. Bienvenue à l'émission.
Bonjour, Greg.
C'est la première fois que vous passez à l'antenne. Nous vous demandons donc de vous présenter un peu, ainsi que votre tâche à la banque dans le cadre de la stratégie de celle-ci.
Je suis gestionnaire de portefeuille. Je travaille chez gestion de placements TD depuis huit ans et demi. Je suis responsable des mandats de titres à revenu fixe, en particulier à rendement élevé, dans le secteur des titres à revenu fixe à gestion active.
Le secteur des titres à haut rendement est peut-être mal compris par les investisseurs. Pourriez-vous nous donner un survol du marché des titres à revenu fixe?
Le marché des titres à revenu fixe est constitué essentiellement de tout titre de créance, obligation ou prêt, qui n'est pas de première qualité. Tout titre à cote BBB ou inférieur est considéré comme un titre à haut rendement ou à levier. Le marché américain représente 1,2 billion si on inclut les titres à rendement élevé libellés en euros. Les marchés émergents et les prêts, on arrive à 3 billions. Avec les prêts directs, on arrive à 5 billions ou davantage. C'est un marché important, significatif, qu'il convient de ne pas ignorer.
Lorsqu'on fait allusion au marché des titres à haut rendement, on obtient souvent les obligations de pacotille.
Les médias emploient beaucoup ce terme, mais cela peut être trompeur. Bon nombre de ces entreprises... dans toute catégorie d'actifs comportent des entreprises de meilleure ou de moindre qualité et les titres à rendement élevé ne font pas exception. Dans ce secteur, on peut trouver de bonnes entreprises qui ont peut-être une cote de crédit à haut rendement, mais qui trouvent leur place dans un portefeuille de titres à revenu fixe. Quand on considère le marché des titres à haut rendement, on exclut les titres de moindre qualité potentiellement, grâce à nos analyses, mais en fait, il s'agit d'un marché qui devrait être considéré pour tout investisseur dans son portefeuille. Encore une fois, lorsqu'on parle d'obligation de pacotille, c'est un marché important pour les émetteurs. Si vous ne pouvez pas émettre des titres de première qualité, voilà le marché où les entreprises peuvent accéder aux capitaux et développer leurs activités. Certaines entreprises sont devenues des entreprises de première qualité au fil du temps, d'autres sont demeurées des entreprises aux obligations à rendement élevé. Il n'y a pas de honte à cela. Je vais citer quelques entreprises. Ford Motor Credit, Kraft Heinz, T-mobile, Netflix, Uber, Tesla, aux États-Unis. Et au Canada: la Banque Nationale, la Banque Laurentienne, Air Canada, Bombardier, Rogers, Quebecor... Toutes ces entreprises à un moment donné ont émis des titres à rendement élevé.
Je suis étonné de l'entendre, ce sont de grandes entreprises.
Tout à fait. Donc si on condamne une catégorie d'actifs toute entière, on rate des occasions. Songez-y, beaucoup d'investisseurs pourraient détenir les actions, directement ou indirectement, de ces entreprises, les institutions détiennent les actions de ces entreprises, mais si les choses tournaient mal et qu'une de ces entreprises faisait faillite ou était en restructuration, il vaut mieux détenir les obligations que les actions, puisque les détenteurs d'obligations sont remboursés d'abord, avant qu'une valeur résiduelle ne soit attribuée aux détenteurs d'actions. Sur le marché des titres à rendement élevé, les fonds de pension y investissent, les fonds de richesse souveraine, les compagnies d'assurances, et ce, afin d'accroître le revenu, et d'améliorer le rendement.
Très bien. Merci pour cette description. Beaucoup de gens se diront qu'ils n'avaient aucune idée que certaines des entreprises que vous avez citées se situaient sur ce marché. Vous avez des graphiques, je pense, pour nous montrer le comportement, le rendement de ce secteur.
Il y a des occasions importantes, dans ce secteur. Le rendement, c'est très important. Les obligations à rendement élevé, historiquement à rendement très élevé, qui dépassent toutes les catégories d'actifs. Les obligations sur la gauche de ce graphique pour vous montrer la comparaison avec le secteur réputé plus sécuritaire des obligations de première qualité, les obligations de sociétés ou même les bons du Trésor, les obligations d'État. Considérons la première qualité par rapport au rendement élevé. Au fil du temps, sur 20 ans, annuellement, vous pouvez obtenir jusqu'à 200 points de base de plus où le marché fournit un rendement excédentaire de 200 points de base ou davantage. Si vous capitalisez cela, cela peut vraiment faire une grosse différence dans le résultat d'un portefeuille. Beaucoup de gens diront: Mais que dire du risque? Oui, le rendement est plus élevé, mais il y a la volatilité des cours? Ce graphique montre qu'il est possible de corriger. Voici le rendement pour quelques catégories d'actifs et la volatilité, et puis le ratio. Comme vous pouvez le constater, les prêts à levier et les obligations à rendement élevé font mieux que les autres catégories d'actifs. Autrement dit, vous obtenez un rendement meilleur pour cette volatilité, ce qui, encore une fois, en fait un argument beaucoup plus convaincant pour envisager les prêts à effet de levier, et les obligations à rendement élevé dans votre portefeuille. Avions-nous deux ou trois graphiques? Oui, c'est ça, oui. Le rendement est le principal avantage, mais il y a aussi la diversification. Si vous vous limitez aux obligations de sociétés de première qualité canadiennes, vous vous limitez à un marché beaucoup plus restreint. Mais si vous incluez les titres à rendement élevé, vous vous donnez accès à un marché qui a quatre fois et demie la taille. Bon, plus de trois fois la taille, mais plus de quatre fois et demie d'entreprises. Par exemple les titres de première qualité au Canada sont à 30 % des titres de secteur financier. Si vous ajoutez les services publics, ça fait 50 et puis l'énergie, ça fait presque les deux tiers. On ne peut pas diversifier un portefeuille de cette façon. Les titres à rendement élevé vous en offrent l'occasion. Il y a la duration aussi. La duration est beaucoup plus réduite dans les obligations à rendement élevé que dans les obligations de première qualité. La raison en est que typiquement les obligations à rendement élevé ont une échéance à 5 ou 10 ans et ne parviennent vraiment jamais à cette maturité. Il y a une duration plus courte et donc une moindre sensibilité aux taux d'intérêt.
Parlons des risques. Le rendement reflète en général le risque. C'est une prime de risque. Le rendement est élevé, que faut-il savoir?
Comme toute catégorie d'actifs, il y a toujours des risques. Des obligations à rendement élevé en particulier, le risque de crédit est le principal. Vous assumez un risque de crédit en investissant des obligations. À un moment donné, quand on parle de risque de crédit, il y a plusieurs volets, le risque de défaillance... Le risque de défaillance, c'est le risque qu'une entreprise ne verse pas un coupon et ne puisse rembourser le principal à échéance. D'autres types de défaillances qui sont plus fréquentes ces jours-ci, ce sont les échanges de dettes défaillantes. Quand une compagnie propose d'échanger ses obligations existantes, les obligations étant cotées à des niveaux très bas, contre de nouvelles obligations, cela encourage les détenteurs d'obligations à accepter cet échange, faute de quoi, on peut entamer un processus de restructuration dont le résultat est parfois pire, parfois meilleur pour les détenteurs d'obligations. Mais ces derniers ont la possibilité de valoriser la proposition en se disant: bon, nous allons aujourd'hui accepter un rabais, la compagnie va rester en vie, nous prolongeons la maturité des obligations, la compagnie pourra demeurer en existence afin de ne pas devoir subir une restructuration.
Bonjour, Greg.
C'est la première fois que vous passez à l'antenne. Nous vous demandons donc de vous présenter un peu, ainsi que votre tâche à la banque dans le cadre de la stratégie de celle-ci.
Je suis gestionnaire de portefeuille. Je travaille chez gestion de placements TD depuis huit ans et demi. Je suis responsable des mandats de titres à revenu fixe, en particulier à rendement élevé, dans le secteur des titres à revenu fixe à gestion active.
Le secteur des titres à haut rendement est peut-être mal compris par les investisseurs. Pourriez-vous nous donner un survol du marché des titres à revenu fixe?
Le marché des titres à revenu fixe est constitué essentiellement de tout titre de créance, obligation ou prêt, qui n'est pas de première qualité. Tout titre à cote BBB ou inférieur est considéré comme un titre à haut rendement ou à levier. Le marché américain représente 1,2 billion si on inclut les titres à rendement élevé libellés en euros. Les marchés émergents et les prêts, on arrive à 3 billions. Avec les prêts directs, on arrive à 5 billions ou davantage. C'est un marché important, significatif, qu'il convient de ne pas ignorer.
Lorsqu'on fait allusion au marché des titres à haut rendement, on obtient souvent les obligations de pacotille.
Les médias emploient beaucoup ce terme, mais cela peut être trompeur. Bon nombre de ces entreprises... dans toute catégorie d'actifs comportent des entreprises de meilleure ou de moindre qualité et les titres à rendement élevé ne font pas exception. Dans ce secteur, on peut trouver de bonnes entreprises qui ont peut-être une cote de crédit à haut rendement, mais qui trouvent leur place dans un portefeuille de titres à revenu fixe. Quand on considère le marché des titres à haut rendement, on exclut les titres de moindre qualité potentiellement, grâce à nos analyses, mais en fait, il s'agit d'un marché qui devrait être considéré pour tout investisseur dans son portefeuille. Encore une fois, lorsqu'on parle d'obligation de pacotille, c'est un marché important pour les émetteurs. Si vous ne pouvez pas émettre des titres de première qualité, voilà le marché où les entreprises peuvent accéder aux capitaux et développer leurs activités. Certaines entreprises sont devenues des entreprises de première qualité au fil du temps, d'autres sont demeurées des entreprises aux obligations à rendement élevé. Il n'y a pas de honte à cela. Je vais citer quelques entreprises. Ford Motor Credit, Kraft Heinz, T-mobile, Netflix, Uber, Tesla, aux États-Unis. Et au Canada: la Banque Nationale, la Banque Laurentienne, Air Canada, Bombardier, Rogers, Quebecor... Toutes ces entreprises à un moment donné ont émis des titres à rendement élevé.
Je suis étonné de l'entendre, ce sont de grandes entreprises.
Tout à fait. Donc si on condamne une catégorie d'actifs toute entière, on rate des occasions. Songez-y, beaucoup d'investisseurs pourraient détenir les actions, directement ou indirectement, de ces entreprises, les institutions détiennent les actions de ces entreprises, mais si les choses tournaient mal et qu'une de ces entreprises faisait faillite ou était en restructuration, il vaut mieux détenir les obligations que les actions, puisque les détenteurs d'obligations sont remboursés d'abord, avant qu'une valeur résiduelle ne soit attribuée aux détenteurs d'actions. Sur le marché des titres à rendement élevé, les fonds de pension y investissent, les fonds de richesse souveraine, les compagnies d'assurances, et ce, afin d'accroître le revenu, et d'améliorer le rendement.
Très bien. Merci pour cette description. Beaucoup de gens se diront qu'ils n'avaient aucune idée que certaines des entreprises que vous avez citées se situaient sur ce marché. Vous avez des graphiques, je pense, pour nous montrer le comportement, le rendement de ce secteur.
Il y a des occasions importantes, dans ce secteur. Le rendement, c'est très important. Les obligations à rendement élevé, historiquement à rendement très élevé, qui dépassent toutes les catégories d'actifs. Les obligations sur la gauche de ce graphique pour vous montrer la comparaison avec le secteur réputé plus sécuritaire des obligations de première qualité, les obligations de sociétés ou même les bons du Trésor, les obligations d'État. Considérons la première qualité par rapport au rendement élevé. Au fil du temps, sur 20 ans, annuellement, vous pouvez obtenir jusqu'à 200 points de base de plus où le marché fournit un rendement excédentaire de 200 points de base ou davantage. Si vous capitalisez cela, cela peut vraiment faire une grosse différence dans le résultat d'un portefeuille. Beaucoup de gens diront: Mais que dire du risque? Oui, le rendement est plus élevé, mais il y a la volatilité des cours? Ce graphique montre qu'il est possible de corriger. Voici le rendement pour quelques catégories d'actifs et la volatilité, et puis le ratio. Comme vous pouvez le constater, les prêts à levier et les obligations à rendement élevé font mieux que les autres catégories d'actifs. Autrement dit, vous obtenez un rendement meilleur pour cette volatilité, ce qui, encore une fois, en fait un argument beaucoup plus convaincant pour envisager les prêts à effet de levier, et les obligations à rendement élevé dans votre portefeuille. Avions-nous deux ou trois graphiques? Oui, c'est ça, oui. Le rendement est le principal avantage, mais il y a aussi la diversification. Si vous vous limitez aux obligations de sociétés de première qualité canadiennes, vous vous limitez à un marché beaucoup plus restreint. Mais si vous incluez les titres à rendement élevé, vous vous donnez accès à un marché qui a quatre fois et demie la taille. Bon, plus de trois fois la taille, mais plus de quatre fois et demie d'entreprises. Par exemple les titres de première qualité au Canada sont à 30 % des titres de secteur financier. Si vous ajoutez les services publics, ça fait 50 et puis l'énergie, ça fait presque les deux tiers. On ne peut pas diversifier un portefeuille de cette façon. Les titres à rendement élevé vous en offrent l'occasion. Il y a la duration aussi. La duration est beaucoup plus réduite dans les obligations à rendement élevé que dans les obligations de première qualité. La raison en est que typiquement les obligations à rendement élevé ont une échéance à 5 ou 10 ans et ne parviennent vraiment jamais à cette maturité. Il y a une duration plus courte et donc une moindre sensibilité aux taux d'intérêt.
Parlons des risques. Le rendement reflète en général le risque. C'est une prime de risque. Le rendement est élevé, que faut-il savoir?
Comme toute catégorie d'actifs, il y a toujours des risques. Des obligations à rendement élevé en particulier, le risque de crédit est le principal. Vous assumez un risque de crédit en investissant des obligations. À un moment donné, quand on parle de risque de crédit, il y a plusieurs volets, le risque de défaillance... Le risque de défaillance, c'est le risque qu'une entreprise ne verse pas un coupon et ne puisse rembourser le principal à échéance. D'autres types de défaillances qui sont plus fréquentes ces jours-ci, ce sont les échanges de dettes défaillantes. Quand une compagnie propose d'échanger ses obligations existantes, les obligations étant cotées à des niveaux très bas, contre de nouvelles obligations, cela encourage les détenteurs d'obligations à accepter cet échange, faute de quoi, on peut entamer un processus de restructuration dont le résultat est parfois pire, parfois meilleur pour les détenteurs d'obligations. Mais ces derniers ont la possibilité de valoriser la proposition en se disant: bon, nous allons aujourd'hui accepter un rabais, la compagnie va rester en vie, nous prolongeons la maturité des obligations, la compagnie pourra demeurer en existence afin de ne pas devoir subir une restructuration.