Les marchés boursiers américains ont connu un excellent premier semestre, l’indice S&P 500 atteignant de nouveaux sommets. John Eade, président d’Argus Research, présente trois scénarios possibles quant à la façon dont les marchés pourraient se comporter d’ici la fin de l’année.
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Les marchés ont atteint de nouveaux sommets cette année grâce aux performances des grandes entreprises technologiques, mais cette tendance va-t-elle se poursuivre jusqu'à la fin de l'année? John Eade, président de Argus Research, nous rejoint pour discuter. John, bonjour, ça me fait plaisir de m'entretenir avec vous une nouvelle fois.
Bonjour Anthony, à moi aussi.
Pourquoi ne pas commencer par un rapide récapitulatif de ce que nous avons vu au cours du premier semestre?
Aux États-Unis, Anthony, l'année a très bien commencé pour les investisseurs dans les différents paliers du secteur de la technologie. L'indice Nasdaq a progressé de près de 15 %. Ça, c'est une excellente année. Et de parvenir à ce résultat pendant le premier semestre, c'est remarquable. Quelques facteurs ont dû être réunis pour engendrer ces rendements. De bons progrès dans la lutte contre l'inflation. Aux États-Unis, l'inflation, quoiqu'elle ne soit pas aussi faible que la Fed l'espérerait, évolue dans la bonne direction. Les taux d'intérêt vont baisser en prévision de réductions du taux directeur par la Fed. Des faibles taux d'intérêt, c'est une bonne chose. L'économie poursuit son expansion, pas aussi rapidement qu'au deuxième semestre de 2023. Anthony, nous avons enregistré une croissance moyenne du PIB pendant le deuxième semestre de l'an dernier de quelque 3,5 % ou 4 %. Ça, ce n'est pas durable. Mais ce qui est durable, c'est une croissance d'environ 2 %, et je pense que c'est là où nous sommes à l'heure actuelle. Il y a donc eu une baisse des taux d'intérêt, une baisse de l'inflation, une bonne croissance économique, et nous voici à la saison des annonces de bénéfices d'entreprises. L'annonce des bénéfices du deuxième semestre commence à peine, du deuxième trimestre, plutôt, et nous prévoyons une croissance supérieure à 10 %. Donc taux d'intérêt faibles, bonne croissance économique, bénéfices solides, engendrant un bon premier semestre pour les investisseurs américains en 2024.
Très bien. Dans ce contexte, vous avez publié un rapport qui présente trois scénarios sur la façon dont les choses pourraient évoluer à partir d'aujourd'hui. Commençons par votre scénario de base pour les marchés.
Le scénario de base prévoit que plusieurs tendances actuelles se poursuivent sans changement. Les données importantes sur la consommation et l'inflation, l'indice des prix à la consommation, l'indice de consommation personnelle, ces mesures-là sont entre 2,5 % et 3 % d'inflation. Il y a deux ans, elles auraient plutôt laissé escompter un taux d'inflation de 7 % ou 9 %. Il y a donc eu un très net recul. Notre scénario de base consiste à une prolongation de la tendance vers les 2 %. Peut-être qu'il n'y aura pas de baisse tous les mois, mais avec le temps, on se rapprochera de 2 % d'ici la fin de l'année. Nous pensons que la réserve fédérale est bien placée pour apporter certaines coupures de taux d'intérêt. Comme vous le savez, la Fed a relevé les taux d'intérêt à court terme de 0 % à plus de 5,5 % au milieu de l'an dernier. Les taux sont demeurés élevés, entre 5,25 % et 5,5 %. Entre-temps, les mesures d'inflation ont reflué, jusqu'à environ 2,5 %. La Fed est donc en avance sur la courbe de l'inflation. C'est une bonne nouvelle. La Fed peut commencer à desserrer la vis, à assouplir sa politique monétaire très serrée, tout en maintenant l'économie sur une trajectoire de croissance. Notre scénario de base prévoit que la Fed pourrait réduire les taux d'ici septembre malgré tout. Et après l'élection présidentielle, en décembre peut-être. Il y aura donc deux coupures de taux cette année.
Bon, alors donc, voilà pour le scénario de base. Et si les choses se passent mieux que prévu, quel serait l'argument en faveur d'une hausse?
Eh bien, compte tenu de ce scénario de base, je conclurai en disant: le S&P 500 était en hausse de 15 % pendant le premier semestre. Peut-être ajoutera-t-il encore 5 %, ce qui porterait l'indice S&P 500 à environ 5800. Il en est à 5600 aujourd'hui. Il s'agit d'une croissance modeste, mais il s'agit toujours d'un marché haussier et il s'agit toujours un rendement positif au deuxième semestre de l'année. Un scénario positif envisagerait que le S&P 500 irait jusqu'à 6000. Pour parvenir à cet objectif, je ne crois pas, Anthony, qu'il y aura plus de deux coupures de taux en 2024, mais la Fed a quelques autres réunions et elle aurait la possibilité de laisser entendre qu'il y aurait des coupures de taux supplémentaires en 2025. À l'heure actuelle, la Fed laisse croire qu'il y en aura une ou deux. Si elle commence à laisser entendre aux marchés qu'elle pourrait réduire les taux trois ou quatre fois en 2025, je pense que ce serait une bonne nouvelle et que cela contribuerait à faire remonter les actions au-delà même de notre scénario de base. Si les bénéfices des entreprises sont un peu supérieurs aux prévisions, nous prévoyons une croissance supérieure à 10 %. Si la croissance commence à tutoyer les 15 % pendant le deuxième semestre, il y a des bénéfices excellents et records, pour soutenir des cours plus élevés pour les différents niveaux du secteur de la technologie, ce serait positif car cela laisserait envisager davantage de coupures de taux en 2025.
Très bien. Et maintenant, que dire de l'hypothèse baissière?
L'hypothèse baissière, nous commençons toujours cet entretien, Anthony, en parlant d'inflation et de la Fed car il s'agit des facteurs économiques les plus importants aujourd'hui et maintenant. Donc dans un scénario baissier, ces tendances d'inflation à la baisse s'arrêteraient et les prix des loyers commenceraient à remonter une nouvelle fois. Ce serait peut-être sous forme de loyer ou bien sous forme de coûts de transport qui augmentent d'un an sur l'autre à raison de 10 %. Donc nous avons arrêté, ou plutôt nous arrêterions, dans ce scénario, de progresser dans la lutte contre l'inflation, ce qui amènerait la Fed à attendre pour réduire les taux. Voilà le scénario baissier. Et si la Fed ne peut pas réduire les taux d'intérêt et que l'environnement du marché, l'environnement des taux d'intérêt demeure serré, il se pourrait qu'il y ait un chômage plus élevé. Nous n'en avons pas encore parlé, le taux de chômage est très avantageux aux États-Unis, à 4,1 %, c'est-à-dire en hausse par rapport à 3,5 % l'an dernier. 4,1 %, c'est toujours très bas, mais si nous constatons que l'inflation va se diriger vers les 5 %, la réserve fédérale devra peut-être se précipiter pour réduire les taux mais elle s'inquiéterait de réduire les taux, rappelez-vous, parce que dans les scénarios haussiers, la tendance sur l'inflation n'est plus au rendez-vous. Donc la Fed est prise entre deux feux. Et puis, il y a une élection présidentielle qui s'en vient en novembre, et s'il n'y a pas de résultat concluant et que les tribunaux s'en mêlent, cela va ajouter une incertitude encore plus importante. Dans ce genre de scénario baissier, les marchés vont peut-être devoir subir une correction. Les actions reculeront. Une correction, ce n'est pas un marché baissier, une correction baisse de 10 %, mais une correction pourrait ramener le S&P 500 jusque vers 5000. Ce serait le scénario baissier.
Bonjour Anthony, à moi aussi.
Pourquoi ne pas commencer par un rapide récapitulatif de ce que nous avons vu au cours du premier semestre?
Aux États-Unis, Anthony, l'année a très bien commencé pour les investisseurs dans les différents paliers du secteur de la technologie. L'indice Nasdaq a progressé de près de 15 %. Ça, c'est une excellente année. Et de parvenir à ce résultat pendant le premier semestre, c'est remarquable. Quelques facteurs ont dû être réunis pour engendrer ces rendements. De bons progrès dans la lutte contre l'inflation. Aux États-Unis, l'inflation, quoiqu'elle ne soit pas aussi faible que la Fed l'espérerait, évolue dans la bonne direction. Les taux d'intérêt vont baisser en prévision de réductions du taux directeur par la Fed. Des faibles taux d'intérêt, c'est une bonne chose. L'économie poursuit son expansion, pas aussi rapidement qu'au deuxième semestre de 2023. Anthony, nous avons enregistré une croissance moyenne du PIB pendant le deuxième semestre de l'an dernier de quelque 3,5 % ou 4 %. Ça, ce n'est pas durable. Mais ce qui est durable, c'est une croissance d'environ 2 %, et je pense que c'est là où nous sommes à l'heure actuelle. Il y a donc eu une baisse des taux d'intérêt, une baisse de l'inflation, une bonne croissance économique, et nous voici à la saison des annonces de bénéfices d'entreprises. L'annonce des bénéfices du deuxième semestre commence à peine, du deuxième trimestre, plutôt, et nous prévoyons une croissance supérieure à 10 %. Donc taux d'intérêt faibles, bonne croissance économique, bénéfices solides, engendrant un bon premier semestre pour les investisseurs américains en 2024.
Très bien. Dans ce contexte, vous avez publié un rapport qui présente trois scénarios sur la façon dont les choses pourraient évoluer à partir d'aujourd'hui. Commençons par votre scénario de base pour les marchés.
Le scénario de base prévoit que plusieurs tendances actuelles se poursuivent sans changement. Les données importantes sur la consommation et l'inflation, l'indice des prix à la consommation, l'indice de consommation personnelle, ces mesures-là sont entre 2,5 % et 3 % d'inflation. Il y a deux ans, elles auraient plutôt laissé escompter un taux d'inflation de 7 % ou 9 %. Il y a donc eu un très net recul. Notre scénario de base consiste à une prolongation de la tendance vers les 2 %. Peut-être qu'il n'y aura pas de baisse tous les mois, mais avec le temps, on se rapprochera de 2 % d'ici la fin de l'année. Nous pensons que la réserve fédérale est bien placée pour apporter certaines coupures de taux d'intérêt. Comme vous le savez, la Fed a relevé les taux d'intérêt à court terme de 0 % à plus de 5,5 % au milieu de l'an dernier. Les taux sont demeurés élevés, entre 5,25 % et 5,5 %. Entre-temps, les mesures d'inflation ont reflué, jusqu'à environ 2,5 %. La Fed est donc en avance sur la courbe de l'inflation. C'est une bonne nouvelle. La Fed peut commencer à desserrer la vis, à assouplir sa politique monétaire très serrée, tout en maintenant l'économie sur une trajectoire de croissance. Notre scénario de base prévoit que la Fed pourrait réduire les taux d'ici septembre malgré tout. Et après l'élection présidentielle, en décembre peut-être. Il y aura donc deux coupures de taux cette année.
Bon, alors donc, voilà pour le scénario de base. Et si les choses se passent mieux que prévu, quel serait l'argument en faveur d'une hausse?
Eh bien, compte tenu de ce scénario de base, je conclurai en disant: le S&P 500 était en hausse de 15 % pendant le premier semestre. Peut-être ajoutera-t-il encore 5 %, ce qui porterait l'indice S&P 500 à environ 5800. Il en est à 5600 aujourd'hui. Il s'agit d'une croissance modeste, mais il s'agit toujours d'un marché haussier et il s'agit toujours un rendement positif au deuxième semestre de l'année. Un scénario positif envisagerait que le S&P 500 irait jusqu'à 6000. Pour parvenir à cet objectif, je ne crois pas, Anthony, qu'il y aura plus de deux coupures de taux en 2024, mais la Fed a quelques autres réunions et elle aurait la possibilité de laisser entendre qu'il y aurait des coupures de taux supplémentaires en 2025. À l'heure actuelle, la Fed laisse croire qu'il y en aura une ou deux. Si elle commence à laisser entendre aux marchés qu'elle pourrait réduire les taux trois ou quatre fois en 2025, je pense que ce serait une bonne nouvelle et que cela contribuerait à faire remonter les actions au-delà même de notre scénario de base. Si les bénéfices des entreprises sont un peu supérieurs aux prévisions, nous prévoyons une croissance supérieure à 10 %. Si la croissance commence à tutoyer les 15 % pendant le deuxième semestre, il y a des bénéfices excellents et records, pour soutenir des cours plus élevés pour les différents niveaux du secteur de la technologie, ce serait positif car cela laisserait envisager davantage de coupures de taux en 2025.
Très bien. Et maintenant, que dire de l'hypothèse baissière?
L'hypothèse baissière, nous commençons toujours cet entretien, Anthony, en parlant d'inflation et de la Fed car il s'agit des facteurs économiques les plus importants aujourd'hui et maintenant. Donc dans un scénario baissier, ces tendances d'inflation à la baisse s'arrêteraient et les prix des loyers commenceraient à remonter une nouvelle fois. Ce serait peut-être sous forme de loyer ou bien sous forme de coûts de transport qui augmentent d'un an sur l'autre à raison de 10 %. Donc nous avons arrêté, ou plutôt nous arrêterions, dans ce scénario, de progresser dans la lutte contre l'inflation, ce qui amènerait la Fed à attendre pour réduire les taux. Voilà le scénario baissier. Et si la Fed ne peut pas réduire les taux d'intérêt et que l'environnement du marché, l'environnement des taux d'intérêt demeure serré, il se pourrait qu'il y ait un chômage plus élevé. Nous n'en avons pas encore parlé, le taux de chômage est très avantageux aux États-Unis, à 4,1 %, c'est-à-dire en hausse par rapport à 3,5 % l'an dernier. 4,1 %, c'est toujours très bas, mais si nous constatons que l'inflation va se diriger vers les 5 %, la réserve fédérale devra peut-être se précipiter pour réduire les taux mais elle s'inquiéterait de réduire les taux, rappelez-vous, parce que dans les scénarios haussiers, la tendance sur l'inflation n'est plus au rendez-vous. Donc la Fed est prise entre deux feux. Et puis, il y a une élection présidentielle qui s'en vient en novembre, et s'il n'y a pas de résultat concluant et que les tribunaux s'en mêlent, cela va ajouter une incertitude encore plus importante. Dans ce genre de scénario baissier, les marchés vont peut-être devoir subir une correction. Les actions reculeront. Une correction, ce n'est pas un marché baissier, une correction baisse de 10 %, mais une correction pourrait ramener le S&P 500 jusque vers 5000. Ce serait le scénario baissier.