
Le prix des métaux précieux a bondi cette année. L’or a récemment dépassé 1800 $ l’once, et les gains de l’argent ont été encore plus élevés au deuxième trimestre. Kim Parle s’entretient avec Bart Melek, Chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD, pour savoir si cette tendance haussière se poursuivra.
Eh bien, nous continuons d’apprécier l’or à long terme. Nous prévoyons qu’il sera à 2 000 $ ou plus l’an prochain. Pour l’instant, toutefois, je crois que nous allons renforcer notre position à ce niveau, peut-être même plus bas. On attend que la fourchette de négociation se situe à un peu moins de 1 800 $ à 1 810 $, 1 815 $. Je crois que nous allons rester sur cette position pendant un certain temps, jusqu’à ce que la politique monétaire de la Réserve fédérale soit encore plus accommodante ou jusqu’à ce que nous commencions à observer une certaine inflation ou peut-être une tolérance au risque moindre.
Mais pour l’instant, je crois que notre position est adéquate. Notre cible pour les contrats à terme est de 1 900 $, et nous attendons juste ça pour exécuter les ordres, et nous verrons après. On ne s’attend toutefois à rien d’extraordinaire à court terme.
Vous pourriez peut-être m’expliquer. Je comprends ce que vous dites, le fait de renforcer votre position à ces niveaux-là. Mais si l’on s’attend à ce que les niveaux soient plus élevés l’année prochaine et que la Fed soit plus conciliante, qu’est-ce qui va déclencher cette tendance-là, selon vous?
En fin de compte, on pense qu’il n’y aura pas beaucoup d’inflation à court terme et que l’or va rester là où il est actuellement. Mais quand la phase de reprise va commencer, à mesure que l’économie va reprendre, essentiellement, alors que la politique monétaire demeure extrêmement expansionniste, on pense que des pressions inflationnistes vont émerger. Rien de très important, mais alors que l’inflation commence à augmenter, et il ne faut pas oublier qu’on élimine beaucoup de modes d’approvisionnement à l’échelle internationale, essentiellement, les produits pharmaceutiques et d’autres produits, et sans politique monétaire expansionniste, il va y avoir sans aucun doute un choc négatif sur l’offre.
Pendant que tout ça se produit, il est très probable que la banque centrale américaine et d’autres banques centrales vont travailler très fort pour empêcher les taux à long terme d’augmenter, ce qui pourrait ralentir l’économie. À notre avis, cela va faire baisser encore plus les taux d’intérêt réels. Donc, à mesure que les prix vont commencer à se normaliser et qu’ils pourraient augmenter et que les taux vont rester bas artificiellement, ça signifie pour nous que les taux réels, qui sont l’un des principaux moteurs de l’or, devraient baisser, et ce contexte est très bon pour l’or. On pense aussi que le dollar américain ralentit.
On sait que... je dirais en temps normal, on voit souvent l’or et les actions prendre des directions opposées. Pensez-vous que cela va se reproduire?
En fin de compte, je crois que oui, mais ce qui est curieux dernièrement, ces dernières semaines, c’est qu’il y a eu une corrélation positive entre les deux. Lorsque les actions se sont bien comportées, l’or aussi. À notre avis, c’est en grande partie attribuable aux taux d’intérêt réels, car lorsque les investisseurs sont optimistes à l’égard du risque, ils sont d’avis que l’économie va se porter plutôt bien, et donc nos attentes inflationnistes à l’égard du seuil de rentabilité augmentent, ce qui tend à être positif pour l’or. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne habituellement, mais c’est ce qu’on voit aujourd’hui.
Qu’en est-il de l’argent et du cuivre? Commençons par l’argent. Je crois que l’argent a nettement surpassé l’or au dernier trimestre. Que se passe-t-il?
Oui, c’est le cas, et je dois dire que c’est l’un de mes métaux préférés. Nous aimons beaucoup l’argent. On pense qu’il dépasse 20 $. En fait, cela pourrait se produire plus tôt que prévu. Ça pourrait même se produire aujourd’hui. On s’attend à ce qu’il atteigne plus de 22 $, voire plus, et pourquoi? Parce qu’il a été à la traîne de l’or pendant très longtemps.
Il ne faut pas oublier que l’argent est un peu différent de l’or. Ce n’est pas le métal monétaire parfait. C’est aussi un métal très industriel. Jusqu’à récemment, nos perspectives pour l’économie et, par conséquent, l’activité industrielle, étaient très, très mauvaises. Eh bien, l’activité industrielle semble s’améliorer.
On ne va pas écrire de chansons là-dessus, mais ça semble reprendre. On voit également un nombre record d’achats de FNB par des investisseurs qui détiennent de l’argent, et ça a pour effet de resserrer les caractéristiques fondamentales.
Et n’oublions pas l’autre raison. Beaucoup de mines ont fermé en raison de la COVID, et personne ne s’y en attendait. En Amérique latine, des pays comme le Pérou et le Chili ferment leurs mines et maintiennent la production de nickel, de plomb, de cuivre et d’or à un niveau inférieur.
Vous vous demandez peut-être pourquoi c’est important pour l’argent? Eh bien, parce que la plus grande partie de l’argent est extraite comme sous-produit. Lorsqu’on extrait du cuivre, du plomb ou du zinc, on extrait aussi de l’argent. Et comme ces ressources sont décevantes et que les investisseurs continuent d’acheter et, qu’en même temps, il y a une certaine reprise de l’activité industrielle, eh bien, cela signifie pour nous des déficits potentiels et un resserrement des marchés, et donc un prix plus élevé de l’argent.
Je crois que nous allons devoir nous arrêter ici. Discussion fascinante, Bart. Allez-vous revenir?
Bien sûr que oui. Merci de m’avoir invité.
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