
Pour le marché des actions, le dernier trimestre passera dans les annales et semble marquer l’aube d’un nouveau monde, selon Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD. Il discute avec Kim Parlee de ses attentes pour les marchés dans les 12 à 18 prochains mois.
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Mon prochain invité dit que le dernier trimestre restera dans les annales, et j’ai l’impression que nous sommes à l’aube d’une nouvelle frontière. Brad Simpson est ici pour nous parler de cela et des attentes du marché pour les 12 à 18 prochains mois. Il est stratège en chef à Gestion de patrimoine TD. Brad, comme toujours, c’est un plaisir de vous voir.
Pouvons-nous commencer par ce qui s’est passé? Nous avons été témoins d’une forte remontée du risque au dernier trimestre, et dans votre plus récent rapport, vous indiquez que nous semblons être au beau milieu d’une importante transition. De quelle transition parlez-vous?
Je pense parfois que je devrais dire le mot « changement » autant de fois que je le peux, parce que c’est à cette vitesse que les choses changent. Bienvenue à l’ère de la théorie monétaire moderne... ou quelque chose de très proche, ou ce que nous appelons la politique monétaire de troisième génération. Je sais que c’est parfois un peu fatigant d’entendre ça, mais la cause d’une grande partie de ce que nous avons vu au cours des trois ou quatre derniers mois, c’est que nous entrons dans une ère où les banques centrales, en plus d’établir la politique monétaire et les taux d’intérêt, commencent à agir comme un banquier qui aide le gouvernement à stimuler l’économie.
Nous n’avons jamais rien fait ni rien vu de semblable. Par exemple, lors des réunions de Jackson Hole la semaine dernière, la Réserve fédérale américaine a indiqué qu’il n’y a rien qu’elle ne ferait pas pour faire avancer les choses, que ce soit par l’entremise du contrôle des taux, du ciblage de l’inflation ou de l’assouplissement quantitatif.
Mais, en tant qu’investisseurs, je crois qu’il est essentiel de commencer à réfléchir au fait que, comme pour l’utilisation de la technologie, ce que nous faisons aujourd’hui, cette crise a eu pour effet d’accélérer le recours à la politique monétaire de troisième génération. Nous vivons à une époque où la conjoncture économique change parce que les intrants ont changé. Ce qui se passe, c’est que la dynamique de l’économie change - la façon dont les entreprises font concurrence change et la façon dont elles travaillent ensemble change également. C’est vraiment positif.
Mais la façon dont nous percevons ces choses doit commencer à changer pour que nous puissions en tirer parti - faire de l’argent et protéger le capital. Il y a des aspects positifs qui en découlent, comme nous le constatons, mais il y a aussi des aspects négatifs. Nous savons une chose... quelque part, quelqu’un va commencer à payer pour ça. L’un des aspects négatifs de tout ça, c’est que nous allons probablement devoir payer plus d’impôt.
Si l’on regarde les taux d’imposition de la BCE depuis 2006, ils sont passés de 27 % à 23 %. Je pense qu’ils vont commencer à remonter. Et cela va entraîner des difficultés, lesquelles commenceront à influer sur le fonctionnement des entreprises, la façon dont elles font de l’argent, le type de revenu qu’elles génèrent et les dividendes qu’elles versent. Et je pense qu’il faut commencer à penser aux facteurs positifs et négatifs, et à la façon dont nous allons interagir avec ces facteurs.
Parlons-en de ces facteurs positifs et négatifs, Brad. Parce que je trouve intéressant le fait que la prise de décisions ait changé à plusieurs endroits, en raison du nouveau contexte dans lequel nous nous trouvons actuellement. J’ai ici un graphique qui est tiré de votre dernier rapport. Il présente les cotes du régime de risque de marché. Pourriez-vous me rappeler de quoi il s’agit et ce que le graphique montre?
C’est un peu comme un graphique, mais qui montre en temps quasi réel ce dont on parle, soit ce qui se passe quand les banques centrales et les gouvernements du monde entier commencent à travailler ensemble en période de crise. On commence à voir des effets positifs. Tout d’abord, il y a une ligne qui représente l’indice S&P 500, qui est de retour au-dessus des deux autres lignes, et au-dessus de son niveau de février.
Ensuite, la ligne suivante, tout en bas, montre où nous en sommes par rapport à ce que nous appelons le régime de risque, et où se situerait ce régime de risque si aucune de ces politiques n’avait été adoptée. On pourrait y mettre des chiffres, mais, pour simplifier, on serait dans une période qui ressemble beaucoup à une dépression, ce qui ne serait pas très amusant.
Je pense qu’on peut s’entendre là-dessus. La ligne du milieu, qui suit l’indice S&P 500, est la cote du régime de risque qui comprend toutes les mesures mises en œuvre. Et ce n’est pas une coïncidence - il y a une corrélation très étroite entre les deux. Et je pense que ce qu’il y a de bien avec ça, c’est que ça montre les effets des mesures et, en fin de compte, comment l’économie réagit. Mais ce que l’on constate ici, c’est la corrélation directe entre l’interaction entre les gouvernements et les banques centrales et l’évolution de l’indice S&P 500.
Et certains diraient que ce n’est que de l’argent qui fait grimper le cours des actions, mais c’est bien plus que ça. C’est une économie qui commence à fonctionner différemment et le marché reflète cela et se demande quelles seront les répercussions à long terme? C’est le concept derrière le titre de notre rapport stratégique trimestriel : Le reflet de notre époque.
C’est-à-dire que vous devez élaborer une stratégie qui reflète le contexte actuel. Et je crains que beaucoup d’investisseurs et même de gestionnaires de portefeuille vivent et pensent toujours en fonction d’un monde qui n’existe plus. Voilà l’ampleur de cette transition. Et si c’était le cas, il faudrait commencer à penser à la façon dont nous allons investir différemment.
Eh bien, voyons cela de plus près, parce que dans ce dernier rapport, vous parlez de se placer devant un miroir. Vous avez évalué toutes les catégories d’actif et il ne nous reste qu’environ une minute, Brad. Nous allons présenter le tableau, et je remarque que vous sous-pondérez les actions canadiennes, surpondérez les actions américaines et avez une position neutre à l’égard des marchés émergents hors Chine. On peut aussi voir les facteurs liés aux actions, au risque de change et à l’alpha. Peut-être pourriez-vous me parler des actions, ce qui mérite vraiment notre attention?
Eh bien, je pense que certaines autres choses ressortent aussi. L’une des choses que nous avons vues au début de cette crise, c’est que les gens étaient prêts à payer un prix excessif pour la croissance. Dans un monde où les banques centrales affirment que la croissance sera difficile à atteindre et qu’elles vont tout faire pour l’obtenir, les portefeuilles continueront de miser sur les titres de croissance. Si les gouvernements et les banques centrales travaillent ensemble, ils vont réaliser des projets d’infrastructures.
Une annonce importante a été faite aujourd’hui à Vancouver à propos d’un nouveau projet qui sera réalisé là-bas. Nous allons voir d’autres projets liés aux actifs réels et aux infrastructures, alors que l’économie commence à se redresser; assurez-vous d’avoir une exposition à certains de ces titres de valeur, qui n’ont vraiment pas la cote. En Europe, l’économie commence à se déployer; la région a accusé un retard de près de 50 % sur l’indice S&P 500 au cours des 10 dernières années.
Les dirigeants font le même genre de choses qu’aux États-Unis et au Canada. Ce sera un endroit très intéressant où investir sur le marché boursier.
D’excellents points, Brad. C’est toujours un plaisir. Nous avons hâte de parler un peu plus de ce contexte en constante évolution. C’était Brad Simpson, stratège en chef à Gestion de patrimoine TD, de Victoria.
[INDICATIF MUSICAL]
Pouvons-nous commencer par ce qui s’est passé? Nous avons été témoins d’une forte remontée du risque au dernier trimestre, et dans votre plus récent rapport, vous indiquez que nous semblons être au beau milieu d’une importante transition. De quelle transition parlez-vous?
Je pense parfois que je devrais dire le mot « changement » autant de fois que je le peux, parce que c’est à cette vitesse que les choses changent. Bienvenue à l’ère de la théorie monétaire moderne... ou quelque chose de très proche, ou ce que nous appelons la politique monétaire de troisième génération. Je sais que c’est parfois un peu fatigant d’entendre ça, mais la cause d’une grande partie de ce que nous avons vu au cours des trois ou quatre derniers mois, c’est que nous entrons dans une ère où les banques centrales, en plus d’établir la politique monétaire et les taux d’intérêt, commencent à agir comme un banquier qui aide le gouvernement à stimuler l’économie.
Nous n’avons jamais rien fait ni rien vu de semblable. Par exemple, lors des réunions de Jackson Hole la semaine dernière, la Réserve fédérale américaine a indiqué qu’il n’y a rien qu’elle ne ferait pas pour faire avancer les choses, que ce soit par l’entremise du contrôle des taux, du ciblage de l’inflation ou de l’assouplissement quantitatif.
Mais, en tant qu’investisseurs, je crois qu’il est essentiel de commencer à réfléchir au fait que, comme pour l’utilisation de la technologie, ce que nous faisons aujourd’hui, cette crise a eu pour effet d’accélérer le recours à la politique monétaire de troisième génération. Nous vivons à une époque où la conjoncture économique change parce que les intrants ont changé. Ce qui se passe, c’est que la dynamique de l’économie change - la façon dont les entreprises font concurrence change et la façon dont elles travaillent ensemble change également. C’est vraiment positif.
Mais la façon dont nous percevons ces choses doit commencer à changer pour que nous puissions en tirer parti - faire de l’argent et protéger le capital. Il y a des aspects positifs qui en découlent, comme nous le constatons, mais il y a aussi des aspects négatifs. Nous savons une chose... quelque part, quelqu’un va commencer à payer pour ça. L’un des aspects négatifs de tout ça, c’est que nous allons probablement devoir payer plus d’impôt.
Si l’on regarde les taux d’imposition de la BCE depuis 2006, ils sont passés de 27 % à 23 %. Je pense qu’ils vont commencer à remonter. Et cela va entraîner des difficultés, lesquelles commenceront à influer sur le fonctionnement des entreprises, la façon dont elles font de l’argent, le type de revenu qu’elles génèrent et les dividendes qu’elles versent. Et je pense qu’il faut commencer à penser aux facteurs positifs et négatifs, et à la façon dont nous allons interagir avec ces facteurs.
Parlons-en de ces facteurs positifs et négatifs, Brad. Parce que je trouve intéressant le fait que la prise de décisions ait changé à plusieurs endroits, en raison du nouveau contexte dans lequel nous nous trouvons actuellement. J’ai ici un graphique qui est tiré de votre dernier rapport. Il présente les cotes du régime de risque de marché. Pourriez-vous me rappeler de quoi il s’agit et ce que le graphique montre?
C’est un peu comme un graphique, mais qui montre en temps quasi réel ce dont on parle, soit ce qui se passe quand les banques centrales et les gouvernements du monde entier commencent à travailler ensemble en période de crise. On commence à voir des effets positifs. Tout d’abord, il y a une ligne qui représente l’indice S&P 500, qui est de retour au-dessus des deux autres lignes, et au-dessus de son niveau de février.
Ensuite, la ligne suivante, tout en bas, montre où nous en sommes par rapport à ce que nous appelons le régime de risque, et où se situerait ce régime de risque si aucune de ces politiques n’avait été adoptée. On pourrait y mettre des chiffres, mais, pour simplifier, on serait dans une période qui ressemble beaucoup à une dépression, ce qui ne serait pas très amusant.
Je pense qu’on peut s’entendre là-dessus. La ligne du milieu, qui suit l’indice S&P 500, est la cote du régime de risque qui comprend toutes les mesures mises en œuvre. Et ce n’est pas une coïncidence - il y a une corrélation très étroite entre les deux. Et je pense que ce qu’il y a de bien avec ça, c’est que ça montre les effets des mesures et, en fin de compte, comment l’économie réagit. Mais ce que l’on constate ici, c’est la corrélation directe entre l’interaction entre les gouvernements et les banques centrales et l’évolution de l’indice S&P 500.
Et certains diraient que ce n’est que de l’argent qui fait grimper le cours des actions, mais c’est bien plus que ça. C’est une économie qui commence à fonctionner différemment et le marché reflète cela et se demande quelles seront les répercussions à long terme? C’est le concept derrière le titre de notre rapport stratégique trimestriel : Le reflet de notre époque.
C’est-à-dire que vous devez élaborer une stratégie qui reflète le contexte actuel. Et je crains que beaucoup d’investisseurs et même de gestionnaires de portefeuille vivent et pensent toujours en fonction d’un monde qui n’existe plus. Voilà l’ampleur de cette transition. Et si c’était le cas, il faudrait commencer à penser à la façon dont nous allons investir différemment.
Eh bien, voyons cela de plus près, parce que dans ce dernier rapport, vous parlez de se placer devant un miroir. Vous avez évalué toutes les catégories d’actif et il ne nous reste qu’environ une minute, Brad. Nous allons présenter le tableau, et je remarque que vous sous-pondérez les actions canadiennes, surpondérez les actions américaines et avez une position neutre à l’égard des marchés émergents hors Chine. On peut aussi voir les facteurs liés aux actions, au risque de change et à l’alpha. Peut-être pourriez-vous me parler des actions, ce qui mérite vraiment notre attention?
Eh bien, je pense que certaines autres choses ressortent aussi. L’une des choses que nous avons vues au début de cette crise, c’est que les gens étaient prêts à payer un prix excessif pour la croissance. Dans un monde où les banques centrales affirment que la croissance sera difficile à atteindre et qu’elles vont tout faire pour l’obtenir, les portefeuilles continueront de miser sur les titres de croissance. Si les gouvernements et les banques centrales travaillent ensemble, ils vont réaliser des projets d’infrastructures.
Une annonce importante a été faite aujourd’hui à Vancouver à propos d’un nouveau projet qui sera réalisé là-bas. Nous allons voir d’autres projets liés aux actifs réels et aux infrastructures, alors que l’économie commence à se redresser; assurez-vous d’avoir une exposition à certains de ces titres de valeur, qui n’ont vraiment pas la cote. En Europe, l’économie commence à se déployer; la région a accusé un retard de près de 50 % sur l’indice S&P 500 au cours des 10 dernières années.
Les dirigeants font le même genre de choses qu’aux États-Unis et au Canada. Ce sera un endroit très intéressant où investir sur le marché boursier.
D’excellents points, Brad. C’est toujours un plaisir. Nous avons hâte de parler un peu plus de ce contexte en constante évolution. C’était Brad Simpson, stratège en chef à Gestion de patrimoine TD, de Victoria.
[INDICATIF MUSICAL]