
Récemment, deux des principaux acteurs du secteur canadien des télécommunications ont annoncé leur fusion, ce qui pourrait réduire de quatre à trois le nombre de grands joueurs dans la télécommunication sans fil. Anthony Okolie et Andriy Yastreb, analyste, Télécommunications et médias à Gestion de Placements TD, discutent des répercussions pour les consommateurs et le secteur.
Bonjour, Anthony. Je crois que l’entente porte principalement sur la 5G. Et Rogers était un peu désavantagée ici dans l’Ouest canadien, parce qu’elle ne possède pas de réseau de fibre optique en Alberta et en Colombie-Britannique. Ces réseaux dans ces deux provinces appartiennent à Shaw et à Telus. Et, à titre de rappel, Telus a conclu une entente de partage de réseau avec Bell, ce qui signifie que Rogers était la seule société qui n’avait pas ce type d’infrastructure là-bas.
Et Rogers avait deux options : construire cette infrastructure dans les deux provinces, ce qui coûterait assez cher de reproduire ce qui existe déjà, ou acquérir Shaw. Et c’est ce qu’elle a annoncé.
Et quelles sont les conséquences de cette fusion potentielle pour les consommateurs?
Je crois qu’il y a des éléments positifs et négatifs ici. Pour ce qui est des facteurs positifs, Rogers s’est engagée à investir davantage dans l’infrastructure des deux provinces. Elle s’est donc engagée à investir 2,5 milliards de dollars dans la 5G, essentiellement pour accélérer le déploiement de cette technologie. Elle s’est également engagée à investir 1 milliard de dollars dans l’accès à large bande en zone rurale en Alberta et en Colombie-Britannique, ce qui lui permettra d’offrir des services à large bande dans des régions qui ne disposent pas de cette infrastructure actuellement. Et je pense que, du point de vue de Rogers, il est préférable pour elle d’investir dans l’expansion des réseaux et dans la prestation de services aux gens qui n’en ont pas actuellement, plutôt que de dépenser des sommes semblables pour reproduire des actifs qui existent déjà, et qui appartiennent à Shaw.
En revanche, comme vous l’avez mentionné au début, il est évident que si l’entente est approuvée telle quelle, sur le marché du sans-fil, on passera de quatre à trois acteurs. Et Freedom Mobile de Shaw s’est montrée très dynamique dans l’augmentation de sa part de marché et a offert aux Canadiens des forfaits de téléphonie mobile à bas prix très intéressants. Donc, si l’entente est approuvée sans modification, il y aura moins de concurrence et moins d’options pour les Canadiens sur le marché de la téléphonie mobile.
Et qu’en est-il des questions antitrust et de l’approbation de l’entente par le gouvernement?
Eh bien, je pense que pour ce qui est des questions antitrust, cet aspect comporte deux volets. Du côté de la câblodistribution, qui représente essentiellement la plus grande partie des activités de Shaw, si on regarde ça d’un point de vue financier, Shaw et Rogers ne sont pas vraiment des concurrentes, parce qu’elles possèdent une infrastructure et qu’elles exercent leurs activités dans différentes provinces. Shaw exerce donc ses activités en Alberta et en Colombie-Britannique, et Rogers en Ontario et dans l’Est du Canada. Elles ne sont donc pas vraiment des concurrentes dans l’un ou l’autre des marchés locaux. Il ne devrait donc pas y avoir de problèmes réglementaires de ce côté-là.
Mais c’est différent du côté du sans-fil, car il y a quatre grands concurrents au Canada. Et ce regroupement réduirait ce nombre à trois. Comme je l’ai déjà mentionné, Freedom a été très dynamique et a connu beaucoup de succès sur ce marché, avec une part de marché croissante, et elle compte maintenant près de deux millions d’abonnés.
De mon point de vue, c’est difficile de voir comment cette entente sera approuvée du côté du sans-fil sans une sorte de dessaisissement ou de solution. Et comme il n’y a pas de problème du côté de la câblodistribution, la vraie question n’est pas de savoir si l’entente sera approuvée ou non. La vraie question est de savoir quelle partie des actifs et des abonnés de Freedom Mobile Rogers devra céder pour faire approuver cette entente.
Andriy, merci beaucoup pour vos explications.
Merci, Anthony. Ça m’a fait plaisir d’être ici.
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