Actions / Devises / Économie / Énergie / Canada / International / Idées de placement / Nouvelles / Vue d’ensemble
La Réserve fédérale américaine a réitéré que sa priorité demeure la lutte contre l’inflation. Mais à mesure que des signes de ralentissement de la croissance économique se manifestent, sa stratégie changera-t-elle? Greg Bonnell discute de la prochaine décision que pourrait prendre la Fed avec Alexandra Gorewicz, gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe à gestion active, Gestion de Placements TD.
Print Transcript
Les investisseurs digèrent toujours les décisions de la Fed, essayant de déterminer si Jerome Powell va ralentir le rythme des hausses de taux à l’approche de l’automne. Alors qu’est-ce que le marché obligataire nous dit? Et à quoi peut-on s’attendre de manière réaliste à l’avenir? Alex Gorewicz est gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe à gestion active, Gestion de Placements TD. Alex, c’est toujours un plaisir de vous recevoir à l’émission. J’ai encore l’impression que le monde essaie de comprendre exactement ce qu’on a entendu hier. On l’a tous entendu. Et on a entendu les mots. Mais l’idée selon laquelle la Fed pourrait se rapprocher de la fin de ce cycle de hausse musclée des taux est-elle réaliste? Écoutez, Powell a beaucoup mis l’accent sur les données non inflationnistes pendant la période de questions. Et je pense que c’est là que les marchés ont commencé à penser que c’est peut-être un peu plus équilibré. Certains ont peut-être même interprété ça comme un discours conciliant. Donc, en conclusion, la Fed ne relèvera peut-être pas les taux aussi rapidement qu’elle le mentionne. En revanche, il a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le meilleur plan qu’ils ont établi quant à la direction que la politique monétaire va prendre à la fin de l’année, puis même au début de l’année prochaine, avait déjà été établi à leur réunion de juin, où ils nous ont présenté leurs projections économiques mises à jour et complètes avec des graphiques à points. Essentiellement, il a dit que la Fed allait s’en tenir à ça. On pense toujours que c’est approprié. Et depuis cette mise à jour des projections économiques, l’inflation, en fait, a surpris à la hausse, même si la croissance s’est affaiblie. Encore une fois, l’accent mis sur la croissance a amené le marché à adopter une approche un peu plus conciliante. Mais ce qu’il dit, en fait, c’est que notre inflation est... oh, pardon, notre mandat est axé sur l’inflation. Et c’est toujours problématique. Il est donc question d’une hausse de taux de 75 points de base en septembre. Un peu plus de 3 % en ce qui concerne le taux directeur, qui pourrait atteindre 3,25 %, 3,5% d’ici la fin de l’année, est ce qui a été démontré en juin. Ils sont encore en réflexion là-dessus, et ils envisagent même de relever encore plus les taux en 2023. Le marché a donc probablement entendu ce qu’il voulait entendre plutôt que ce qui s’est vraiment dit. Oui. J’aime ce que vous avez dit. C’est comme en première année d’université, où on rédige une dissertation [INAUDIBLE]... Jerome Powell se fait souvent demander, et il se l’est fait encore demander hier après-midi : « Essayez-vous de créer une récession? Le ralentissement a-t-il pour effet de plonger l’économie dans une récession? » Bien sûr, ils disent qu’ils ne veulent pas en arriver là, mais on ne peut pas exclure cette possibilité-là. Et aujourd’hui, il y a le PIB. Et on ne vas pas débattre sur l’utilisation du mot « récession » en raison de tel ou tel facteur, mais le fait est qu’au premier semestre de cette année, l’économie américaine n’a pas progressé, et l’inflation est exceptionnellement élevée. Où tout ça va-t-il nous mener? Entre l’arbre et l’écorce. C’est probablement la meilleure façon de caractériser ça. Et ce qui est intéressant, c’est quand on regarde les chiffres du PIB aux premier et deuxième trimestres, et maintenant, à l’approche du troisième trimestre, il y avait pour chacun des trimestres une source de faiblesse différente. Au premier trimestre, c’était une source externe. Et c’est pourquoi tout le monde s’est dit : « Il ne faut pas en faire tout un plat, car l’économie nationale est toujours solide. » Aujourd’hui, si on entre dans les détails, ça a eu un effet nuisible sur les stocks. Les sociétés ont accumulé beaucoup de stocks au deuxième semestre de l’année dernière et au premier trimestre de cette année, et maintenant on peut constater que ça a été un frein, même s’il y a eu une certaine faiblesse des investissements résidentiels, qui sont, encore une fois, un facteur national. OK. Donc peut-être que du côté des marges, les choses ne sont pas seulement externes, en termes de ralentissement de la croissance économique. Et puis, un autre élément qu’on a remarqué, c’est que la consommation des ménages, bien qu’elle soit toujours positive et qu’elle contribue au PIB, a constamment diminué chaque trimestre au cours des trois derniers trimestres. Pourrait-elle être nulle au troisième trimestre ou même négative? Ça serait une vraie surprise. Dans la mesure où chaque trimestre supplémentaire montre que la faiblesse du PIB provient de facteurs intérieurs, c’est beaucoup plus difficile pour la Fed de dire : « On pourrait débattre des aspects techniques de ce qu’est une récession. » Toutefois, du côté de l’inflation, pour répondre à cette partie de votre question, elle demeure très élevée. Il y a des signes qui indiquent que ça se renverse, en particulier en ce qui concerne l’inflation de base, même si on sait que le mandat officiel de la Fed doit tenir compte de l’actualité, ce qui signifie que des facteurs comme les prix de l’énergie et des aliments sont pris en compte dans les données inflationnistes qu’elle doit tenter de réduire. Mais le problème avec la forte inflation en ce moment, selon la Fed, c’est que le marché de l’emploi est trop serré. Et ça, Powell l’a répété hier. Il aimerait que le marché de l’emploi fléchisse, ce qui, selon lui, réduirait la pression sur les prix. Donc, compte tenu de ce qu’on a entendu de la part de la Fed hier et de Jerome Powell, compte tenu de ce qu’on voit de l’économie américaine, qu’est-ce que le marché obligataire nous dit sur l’orientation qu’on s’apprête à prendre? J’ai en quelque sorte fait allusion à la façon dont les investisseurs... GREG BONNELL : Ils entendent ce qu’ils veulent entendre, n’est-ce pas? Le marché obligataire est censé être plus intelligent que ça, non? Oui, en effet. Eh bien, techniquement, la courbe des taux s’est inversée, mais pas à chaque point de la courbe. Les prévisions de récession sur trois mois à 10 ans pour le marché obligataire, que privilégie la Fed de New York, demeurent légèrement positives. Mais si on considère l’ensemble de la courbe des taux, plus de 50 % est déjà inversée et ce, depuis un certain temps. Donc le marché obligataire se dit : « Eh bien, on peut se féliciter d’avoir été aussi intelligents. » On se dit depuis un certain temps que ça allait arriver. Mais lorsqu’on pense au fait que les actions se sont redressées hier et que la volatilité implicite des actions et des titres à revenu fixe a diminué, ce sont habituellement des éléments positifs. Les écarts de taux se sont resserrés... encore une fois, c’est une bonne nouvelle. Donc la plupart des investisseurs se disent : « Eh bien, la réaction est, dans l’ensemble, positive, parce que la Fed ne va pas effectuer un resserrement excessif et ne sera pas nécessairement la cause de cette récession-là. » Et, en fait, on pourrait aussi penser que beaucoup d’investisseurs se disent : « Eh bien, peut-être que le virage de la Fed va se produire beaucoup plus tôt que ce qu’elle suggère en ce moment. » Et c’est ce qui se produit lorsqu’on se dit qu’on ne va plus donner d’indications prospectives. Maintenant, on va vraiment se fier aux données. On va prendre les décisions d’une réunion à l’autre. Ensuite, les investisseurs vont analyser les données. Et en ce moment, ce que les investisseurs disent, en moyenne, c’est que la croissance est plus un facteur. Les taux d’intérêt ont donc diminué. Les écarts de taux se sont rétrécis. La remontée du risque n’a généralement pas eu lieu hier. Mais ce qui était intéressant et dont peu de gens ont parlé, c’est le point d’équilibre de l’inflation, qui correspond essentiellement aux attentes d’inflation du marché. Ça a en fait augmenté. Il se peut donc que certains investisseurs spécialisés disent qu’il vaut mieux attendre. Même si l’inflation montre des signes de repli, où ce repli se produit-il? Se fait-il assez rapidement? Et qu’est-ce que cela signifie pour la Fed si on entre en récession, mais que l’inflation est encore loin de sa cible? Quel genre d’assouplissement pourrait-elle offrir? Et si elle effectue un assouplissement, est-ce que c’est en fait une erreur, et est-ce que les attentes d’inflation devraient augmenter? [MUSIQUE]