Les gens qui vivent dans les « zones bleues » sont plus susceptibles de devenir centenaires. Des chercheurs se sont intéressés à ces régions et ont découvert certaines caractéristiques communes sur le plan du mode de vie, de la santé et de la nutrition qui pourraient contribuer à la longévité de leurs habitants.
Non seulement ils vivent plus longtemps, mais ils vivent aussi MIEUX. Kim Parlee a rencontré l’auteur à succès de Blue Zones (zones bleues), Dan Buettner, au sommet sur le rendement individuel, à Toronto, parrainé par Gestion de patrimoine TD.
Bonjour et bienvenue à l’émission! Ici Kim Parlee. Ravie que vous soyez des nôtres!
Les habitants des zones bleues ont plus de chances que les autres de dépasser 100 ans. Selon les chercheurs, ces lieux ont en commun des caractéristiques de mode de vie, de santé et d’alimentation qui pourraient expliquer la longévité observée. Non seulement y vit-on plus vieux, mais on y vit mieux. J’ai rencontré Dan Buettner, auteur du best-seller Blue Zones, plus tôt au Personal Performance Summit, à Toronto, parrainé par Services privés, Gestion de patrimoine TD. Il m’a expliqué les zones bleues et ce que ces cultures savent que nous ne savons pas.
Nous les appelons zones bleues. C’est moins un phénomène géographique que culturel, car elles sont presque toutes en voie de disparition. Les hommes qui vivent le plus longtemps habitent les montagnes de la Sardaigne; les femmes qui vivent le plus longtemps, Okinawa, au Japon, l’île d’Ikaria en Grèce, au large des côtes de la Turquie, où l’on ne connaît pratiquement pas la démence; la péninsule de Nicoya, au Costa Rica, qui a la plus faible mortalité à 50 ans. Aux États-Unis... au Canada aussi probablement... les adventistes du 7e jour, des chrétiens traditionalistes, ont une grande longévité.
Et que font-ils? Si vous examiniez certaines de ces cultures, qu’y a-t-il dans ces cultures qui n’existe pas ailleurs?
Il y a un ensemble d’éléments, reliés entre eux, permettant de faire les bonnes choses assez longtemps pour prévenir les maladies chroniques. Parmi ces choses, il y a un régime composé principalement d’aliments d’origine végétale. Les gens se nourrissent d’aliments d’origine végétale parce que, là où ils vivent les fruits et les légumes sont ce qu’il y a de moins cher, haricots, céréales, noisettes, amandes, et de plus accessible. Leurs délicieux plats sont à base de légumes. Et ils se réunissent autour de ces plats. Vous entrevoyez déjà le faisceau d’éléments d’ordre social, environnemental, géographique et économique qui favorisent une bonne alimentation.
Ils ont des mots pour le but de la vie... Très important. Ils savent où ils s’en vont dans la vie. Ils vivent beaucoup moins de stress que les gens qui vont à la dérive.
Ils ont des amis sur qui ils peuvent compter. Les personnes solitaires, dans ce pays, vivent huit ans de moins environ que les personnes les mieux entourées. Nous oublions cela, car il n’y a rien que je puisse vous vendre qui concernerait le fait d’avoir un réseau de relations personnelles, mais être bien entouré est très important.
Ils sont généralement religieux. Les gens religieux vivent entre 4 et 14 ans de plus que les gens non religieux. Je pourrais entrer dans les raisons, je ne suis pas une personne particulièrement religieuse, mais ça semble fonctionner...
Ça fonctionne pour eux.
Ça fonctionne pour eux. Ça fonctionne vraiment.
Je me souviens d’une chose que vous avez mentionnée, à propos de la solidarité, au Japon, je pense. Je ne suis pas sûre de bien prononcer... moai.
« Mo-Ail »
« Mo-Ail ». Oui.
Qu’est-ce qu’un moai?
C’est formidable. Quand les gens sont jeunes, dans ce pays, on leur présente quatre ou cinq autres jeunes, et ensemble ils s’engagent à se soutenir tout au long de leur vie les uns les autres. Quand ça va bien, ils partagent les gains ou la bonne récolte. Par ailleurs, quand un parent meurt, un enfant est malade ou vous divorcez, ils sont entourés.
J’ai passé deux soirées avec cinq personnes âgées de 97 ans... de 102 ans plutôt, qui étaient ensemble depuis 97 ans, elles ont bu du saké, ont papoté et ont ergoté quant à laquelle était la préférée de tel beau mec en 1941.
Le deuxième jour, une des femmes n’est pas venue. Les quatre autres ont revêtu leur kimono et traversé le village pour se rendre chez elle. Si elle était tombée, s’était cogné la tête ou brisé une hanche, à 102 ans, et n’avait pas été secourue dans un délai de quelques heures, c’aurait été la fin. On a ici une structure sociale qui ne coûte rien à l’État, ne coûte rien à un employeur, ne leur coûte rien à elles, qui fait qu’elles veillent les unes sur les autres toute leur vie.
Je pense que c’est un concept beaucoup plus important qu’on le croit dans ce pays. Il y a tellement de solitude, notamment du fait que nous sommes rivés à nos appareils. Il y a 20 ans, le Nord-Américain moyen avait trois bons amis. Aujourd’hui, nous avons à peine un bon ami. Nous migrons vers les banlieues et passons de plus en plus de temps dans nos autos, de plus en plus de temps en ligne et devant la télé, si bien que nous n’avons plus le contact humain que vous et moi avons en ce moment.
Parlez-moi de votre livre : Blue Zones of Happiness. Quelles sont ces zones heureuses?
Encore une fois, c’est un concept. Ce n’est pas un lieu. La zone bleue est une technique au moyen de laquelle on repère les populations les plus extraordinaires sur la base de faits mesurables et détermine par rétro-ingénierie ce qu’elles font. Le travail sur la longévité a consisté à trouver les lieux où l’on vit le plus vieux, et celui sur le bonheur, les lieux où l’on est, statistiquement, le plus heureux, puis à déterminer ce que l’on y fait.
S’agissant du bonheur, le point de départ est de savoir que bonheur est un mot dépourvu de sens sur le plan scientifique. Vous ne pouvez le mesurer. Conséquemment, vous ne pouvez le gérer, mais une enquête peut mesurer la satisfaction dans la vie : sur une échelle de 1 à 10, jusqu’à quel point vous êtes satisfait? Si vous posez cette question, c’est très intéressant. Deuxième point, les émotions agréables au cours des 24 dernières heures... combien de fois avez-vous ri, souri, éprouvé de la joie, du stress, etc. Troisièmement, votre but... Utilisez-vous quotidiennement vos aptitudes pour faire ce que vous faites de mieux? Et c’est mesuré internationalement.
Les enquêtes comptent entre 70 et 80 questions portant sur votre profil démographique, vos valeurs, ce que vous faites de votre vie. À l’aide de cet outil statistique astucieux qu’on appelle l’analyse de régression, vous pouvez déterminer quels comportements se rattachent à chacune des trois facettes mesurables du bonheur.
Pour Blue Zones Happiness, et c’est aussi un article dans le numéro de novembre du National Geographic, j’ai repéré les endroits où l’on observe les niveaux les plus élevés de satisfaction dans la vie, d’émotions quotidiennes agréables et d’existence d’un but dans la vie.
Les gens aiment entendre une histoire. Je pourrais citer toute la journée des statistiques, vous auriez un regard absent, tout le monde écouterait, le regard absent, mais si je vous raconte l’histoire d’un type au Costa Rica, qui se lève le matin, passe huit heures par jour avec ses amis. Sa religion est très importante pour lui. Le sens de la famille est très important pour lui et il a le sens du partage. Ça semble être l’histoire d’une personne, mais on retrouve 80 % environ de ce qui fait le bonheur des hommes, là, dans ce personnage.
Pour le livre, vous êtes allé à cet endroit. Vous avez raconté qui est cet homme heureux qui représente tout cela et, par rétro-ingénierie, ce que je dois faire ou ce que le lecteur doit retenir de cela. Comment puis-je agir autrement?
Si le bonheur était une recette de gâteau...
Oui.
... être avec la bonne personne, très important!
Oui!
Il vous faut de la nourriture, un abri, des soins de santé, un certain niveau d’instruction, un travail qui a du sens. La plupart des gens aiment avoir l’impression de rendre ce qu’ils ont reçu.
L’ingrédient le plus important est le lieu où vous vivez. C’est l’élément qui a la plus grande variabilité. Vous prenez des habitants de lieux comme la Moldavie et les installez au Danemark, ou des gens d’Afrique et les installez au Canada... et cela a été mesuré. John Helliwell, un économiste canadien, brillant, l’homme le plus charmant qui soit, a dirigé une enquête remarquable portant sur 500 000 immigrants provenant de lieux à faible niveau de bonheur qui se sont installés au Canada, 7e pays au palmarès mondial du bonheur.
Au bout d’un an, alors que leur âge était plus ou moins le même, leur sexe, le même, leur préférence sexuelle, la même, et leur niveau d’instruction, plus ou moins le même, ils ont commencé à déclarer le niveau de bonheur du pays occupant le 7e rang au classement mondial. Ils n’avaient fait que changer de lieu.
Ça illustre une chose. Si vous voulez être plus heureux, n’essayez pas de changer de votre comportement. C’est un bon moyen de développer une névrose. Me concentrer sur moi, moi, moi. Je vais faire des efforts, garder à l’esprit cette technique d’attitude positive. Vous ne le faites jamais.
Oui.
Vous y pensez trois semaines, puis vous oubliez, mais si vous vous créez un environnement semblable aux lieux où l’on observe le bien-être recherché, le bonheur va s’ensuivre. Ce n’est pas une chose qu’il faut poursuivre. Il s’agit de créer des écosystèmes où cela se produit.
Vous avez parlé, pour l’individu, d’imiter ce qui peut rendre heureux. Quelles sont les choses citées dans le livre, certains des six moyens mentionnés?
Dans Blue Zones of Happiness, j’ai essayé de cerner les domaines que nous pouvons aménager dans nos vies. L’un d’eux est notre maison. Les personnes les plus heureuses en fréquentent d’autres 5 ou 6 heures par jour. Il est bon d’avoir une maison qui favorise les rencontres... une véranda sur le devant, non à l’arrière.
Les moments agréables sont un ingrédient du bonheur que l’on sous-estime souvent. Cette idée m’a été inspirée par Ed Diener, mais d’avoir sur un mur devant lequel vous passez souvent des photos d’êtres chers, de vos enfants, de récompenses obtenues, de votre lieu de villégiature préféré, chaque fois que vous passerez là... hum, hum, ça compte.
La verdure. Nous sommes génétiquement liés à notre verdure préférée. Si vous pouvez avoir une fenêtre donnant sur un espace vert, c’est génial. Si ce n’est pas possible, ayez beaucoup de plantes d’intérieur. Ça fonctionne!
Sur le plan financier, c’est important si vous voulez être heureux, il vaut mieux faire des placements, rembourser votre emprunt hypothécaire, avoir une assurance ou un plan d’épargne automatique que de consommer des choses. Si vous achetez un nouveau manteau ou un nouveau gadget, vous en retirerez une satisfaction liée à son utilité pendant quelques mois, puis l’effet nouveauté s’estompera, alors que la sécurité financière subsistera pendant des années ou des décennies, contribuera beaucoup plus à votre niveau global de satisfaction dans la vie.
En ce qui a trait à nos relations, nous choisissons souvent nos amis selon leur utilité sur le plan professionnel. En fait, vous devriez vous trouver un groupe de quatre ou cinq amis qui sont heureux : le bonheur est contagieux. Chaque nouvel ami... un ami heureux qui s’ajoute à votre groupe augmente votre bonheur de 15 %.
Il est bon d’avoir trois amis qui répondent aux critères suivants. Primo, vous pouvez avoir des conversations intéressantes avec eux. Secundo, vous pouvez les appeler quand ça va mal : ils seront à l’écoute. Ils ne vous aiment pas uniquement parce que vous êtes un journaliste célèbre. Tertio, vous les aimez. Il est bon qu’ils soient proches, pour avoir des échanges en personne, mais nous négligeons cela.
La plupart d’entre nous allons à tâtons dans la vie, et nos amis sont nos amis, mais de choisir les membres du moai dont nous avons parlé...
Et de s’en occuper.
De s’en occuper. Ça ne va pas de soi dans notre culture. Il faut travailler à cela. C’est tellement important. Nous négligeons tellement cela.
Enfin, je ne mentionnerai qu’une chose à propos de la vie professionnelle. Nous faisons souvent fausse route. Premièrement, nous passons la plus grande partie de nos journées à travailler. C’est tellement important. Je ne sais pas comme c’est au Canada, mais aux États-Unis seulement 30 % des Américains aiment leur travail. Les autres 70 % travaillent pour pouvoir acheter des conneries et/ou réaliser un objectif financier qui va, pensent-ils, leur apporter le bonheur. Ce n’est généralement pas le cas. La passion est plus importante que la paie.
Vous avez probablement entendu dire que les émotions plafonnent à 75 000 $ par année. Si vous pouvez réussir à gagner cela... Vous n’avez même pas besoin d’autant. Vous n’avez besoin que de 40 000 $ environ pour répondre à vos besoins essentiels et pouvoir vous gâter un peu.
Vous, pas les enfants.
Oui, oui. C’est un peu selon l’endroit où vous vivez.
Oui.
Faire tous les jours un travail qui vous permet d’utiliser vos aptitudes, de mettre à profit vos passions. On voit cela au Danemark, l’endroit où les gens sont les plus heureux. On ne glorifie pas l’ambition, là-bas. On ne glorifie pas le standing. Les besoins sont comblés. L’impôt opère une régression vers la moyenne.
Qu’est-ce que les gens font? Ils choisissent un travail qu’ils aiment. Ils passent la journée à faire de beaux meubles et du design, de l’architecture, créer des technologies de pointe, des choses qu’ils aiment. Ils ne travaillent que 36 heures, ensuite ils se rendent à un club pour y vivre une autre passion. C’est ainsi qu’il faut vivre.
Au travail, le principal élément qui détermine si vous aimez votre travail... devinez ce que c’est...
Les gens?
Vous êtes proche.
Votre patron?
Proche... moins proche.
Moins proche.
Le critère le plus important pour déterminer si vous aimez votre travail... ça provient de 2 millions de sondages... avez-vous un ami proche au travail? Et les conneries dont nous nous préoccupons au travail... La première semaine, trouvez quelqu’un qui partage vos intérêts et vos valeurs et prenez l’initiative d’en faire votre ami. Il ne deviendra peut-être pas votre meilleur ami... ou faites-vous en trois ou quatre, mais, au travail, vous devez réellement avoir le sentiment que quelqu’un vous soutient et aimer sa compagnie, pas juste travailler, travailler.
Entretien fascinant avec M. Buettner! Toutes les choses auxquelles il faut prêter attention pour être heureux. Certaines, étonnantes, mais auxquelles il faut assurément prêter attention.