
Anthony Okolie récapitule l’actualité du jour, notamment les dernières nouvelles sur la COVID-19, puis Kim Parlee et Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD, discutent des perspectives de la grande catégorie d’actif la plus performante dans la dernière année, y compris de la raison pour laquelle l’or atteint des niveaux historiques.
Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien COVID-19 MoneyTalk du lundi 25 mai. Je m’appelle Anthony Okolie. Dans quelques minutes, Kim Parlee s’entretiendra avec Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD, de la possibilité que l’or atteigne 2 000 $ l’once. Mais tout d’abord, voici un survol rapide des nouvelles du jour.
Les frais de télécommunication pourraient-ils diminuer? Les entreprises de télécommunications, y compris les trois grandes entreprises canadiennes, subissent des pressions pour rendre l’accès à Internet et à la téléphonie mobile plus abordable pour les Canadiens les plus pauvres dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Par ailleurs, les géants de la technologie, comme Google, Facebook et Amazon, pourraient être contraints de payer des impôts plus élevés en Europe, alors que les gouvernements cherchent de nouveaux revenus pour faire face à la crise actuelle du coronavirus.
Les États-Unis interdiront l’entrée de la plupart des citoyens non américains qui arrivent du Brésil, où les cas de coronavirus se situent au deuxième rang dans le monde, ce qui élargira les restrictions déjà imposées aux visiteurs de la Chine et de l’Europe. Enfin, le projet SpaceX d’Elon Musk se prépare à devenir la première entreprise privée à envoyer un astronaute dans l’espace.
La mission de mercredi serait la première en sol américain depuis près de dix ans et amènera les astronautes à la Station spatiale internationale. C’était le résumé des nouvelles du jour. Voici maintenant la discussion entre Kim Parlee et Bart Melek.
Bart, vous avez récemment produit un rapport indiquant que l’or pourrait atteindre 2 000 $, mais que cette voie pourrait s’annoncer difficile. Qu’en est-il de la hausse du prix de l’or? Il a déjà augmenté d’environ 30 %.
Eh bien, on aime l’or à long terme. Et on pense qu’il pourrait facilement dépasser 2 000 $. La clé, selon moi, ce sont les faibles taux d’intérêt. Plus précisément, on pense qu’au fil du temps, les taux d’intérêt seront négatifs.
Cette situation-là s’explique en partie par le fait que l’inflation sera plus élevée en raison d’une mondialisation moins importante, probablement un choc négatif sur l’offre mondiale à cause de la COVID-19. Cette quantité phénoménale de liquidités et d’impression de billets de banque va entraîner une inflation. Mais les banques centrales vont probablement maintenir les taux d’intérêt bas. À notre avis, ça justifie le prix élevé de l’or.
KIM PARLEE : Je veux décortiquer tout ça, parce que vous venez de donner beaucoup d’informations sur toutes ces raisons-là. Mais c’est intéressant, parce que si je repense à la crise financière de 2008 ou à n’importe quelle autre crise, il y a eu beaucoup de demandes pour que l’or atteigne 2 000 $ ou plus. Est-ce que tout ce dont vous parlez est sensiblement différent ou est-ce que ça va se produire à cette période-ci de l’année?
Eh bien, vous savez, je dirais qu’en dollars d’aujourd’hui, le prix le plus élevé, après la crise financière, était en fait supérieur à 2 000 $, selon nos calculs. En dollars d’aujourd’hui et en dollars de 2020, c’était environ 2 100 $.
Le passage à 2 000 $ n’est donc pas très représentatif d’un précédent historique basé sur ce qui s’est produit. Je crois que cette fois-ci, la création de capitaux par les banques centrales va être encore plus vigoureuse et que diverses banques centrales vont continuer d’acheter des obligations d’État et, en effet, d’autres obligations, des obligations de sociétés. Et cela comprend, bien sûr, la Réserve fédérale. Et la Banque du Canada le fait aussi. Et ça pourrait se poursuivre dans un avenir prévisible.
Vous avez cependant mentionné que ça serait une voie difficile. Et vous avez aussi dit récemment dans votre rapport que le contexte n’est pas encore tout à fait propice à une percée. Expliquez-moi ce qui se passe, pourquoi, et ce qui va se produire par la suite.
Ce n’est certainement pas un point de vue particulièrement populaire chez certains de mes abonnés qui sont optimistes. Mais je crois qu’à court terme, le risque est la désinflation. Il est fort probable que les données de mai soient très, très mauvaises. Le taux de chômage sera extrêmement élevé, pas seulement en Amérique du Nord, bien sûr, mais partout dans le monde.
Et je pense qu’au moins temporairement, on pourrait voir des pressions déflationnistes. On a déjà vu l’IPC en territoire négatif. Et je pense que cela pourrait se poursuivre à mesure que le chômage augmente, que les gens perdent leur revenu et qu’ils sont très à court de liquidités. Les gens risquent de devenir insolvables.
Et une grande partie de la population ne paie pas de loyer. Les petites entreprises ne paient pas de loyer. Cette situation-là pourrait être très déflationniste. Cela signifie qu’en supposant que la Réserve fédérale et les autres banques centrales n’imposeront pas nécessairement des taux encore plus faibles, en fait, la Réserve fédérale est catégorique en disant qu’elle ne les ramènera qu’à zéro et non en territoire négatif.
Pour l’instant, les taux réels pourraient très bien augmenter. Et cela n’a pas été particulièrement bon pour l’or. Et on continue de voir des marchés à risque assez robustes où il n’y a pas le même type de mesures incitatives pour les amener vers l’or pour l’instant.
Une chose que je trouve fascinante dans cette discussion, c’est justement la transition entre la période de désinflation dont vous parlez en raison du chômage, et de ce fait la banque centrale qui nous amène vers un contexte inflationniste et, peut-être, en raison des tensions commerciales et de la démondialisation de ce qui se passe. Mais vous pourriez peut-être me dire comment vous entrevoyez cette transition. Je veux dire, quel sera le point tournant, où et à quel moment?
Eh bien, je pense qu’au fur et à mesure que l’économie mondiale va se stabiliser, que l’Amérique du Nord va se stabiliser, et qu’on va atteindre la normalité, je pense qu’il va y avoir un choc négatif assez important sur l’offre. Essentiellement, je crois qu’une part importante de la capacité de production va disparaître, tout simplement. Et ça, ça devrait faire grimper les prix.
On entend déjà parler de la réintégration de nombreuses chaînes d’approvisionnement essentielles. C’est un phénomène mondial. Ça comprend les produits médicaux, les produits pharmaceutiques et certaines technologies clés. Il est probable que tout ça entraîne une hausse des prix. On travaille au pays avec une main-d’œuvre plus importante et des coûts des intrants plus élevés. Il va donc y avoir un choc négatif sur l’offre.
Et il y aura des autorités monétaires et de nombreux gouvernements qui vont dépenser pour tenter de ramener l’économie à son plein potentiel. Et cela permettrait de compenser le choc négatif, qui pourrait, à mon avis, entraîner une inflation. Certains craignent que ces taux négatifs entraînent une baisse du taux de change à long terme.
Et c’est probablement vrai. Vos dollars achèteront moins au fil du temps si l’inflation est supérieure à zéro et que les taux sont à zéro. Presque par définition, les détenteurs d’obligations vont donc avoir moins. Et pour l’or, le rendement nominal est nul. Mais bien souvent, c’est mieux qu’un rendement négatif. Et on voit encore des rendements négatifs offerts par de très nombreux titres à l’heure actuelle, pas vraiment les titres du Trésor américain, mais d’autres titres.
D’accord, ça a été très intéressant, comme toujours.
Merci beaucoup de vous être joint à nous.
Ça a été un plaisir.
[MUSIQUE]