Les criminels s’en prennent souvent à nos émotions pour nous arnaquer. Il s’avère maintenant que certains exploitent les craintes liées à la COVID-19 et l’espoir entourant la vaccination. Kim Parlee et Tammy McKinnon, première vice-présidente du groupe Crimes financiers et Gestion des fraudes, Groupe Banque TD, discutent de la façon dont nous pouvons assurer notre protection et celle de nos renseignements financiers.
Vous vous croyez peut-être alerte pour repérer les fraudes et les escroqueries. Par exemple, vous ne cliqueriez probablement pas sur un courriel qui dit que vous venez de gagner un million de dollars. Vous savez que vous ne verrez probablement jamais ce million de dollars. Mais est-ce que vous cliqueriez sur un courriel qui vous donne l’heure de votre vaccin contre la COVID-19? Vous pourriez vous faire prendre au dépourvu.
Mars, c’est le Mois de la prévention de la fraude. Tammy McKinnon est avec nous pour nous aider à nous protéger. Elle est première vice-présidente, Crimes financiers et Gestion des fraudes à la TD. Tammy, c’est un plaisir de t’avoir avec nous. Merci beaucoup.
Merci, Kim.
C’est incroyable. Je n’arrive pas à croire que les gens commencent à cibler le monde en utilisant la vaccination contre la COVID-19. Est-ce que les fraudeurs s’adaptent vraiment aussi rapidement pour exploiter ces types de situations?
Oui. Les fraudeurs sont vraiment en train de profiter de la pandémie. Au cours de la dernière année, nous sommes nombreux à avoir changé nos comportements. On passe plus de temps en ligne. Les fraudeurs profitent de ces nouveaux comportements.
À cause du confinement, beaucoup de personnes se sentent plus isolées socialement. Ça fait en sorte qu’elles sont plus vulnérables parce qu’elles n’ont peut-être pas accès à un réseau de soutien pour discuter des fraudes potentielles. Selon un sondage de la TD, plus de 60 % des Canadiens ont l’impression que l’isolement entraîne une vulnérabilité à la fraude. Je vais vous donner quelques exemples.
Vous pourriez recevoir un courriel qui dit que vous allez recevoir un colis. Beaucoup de personnes reçoivent des colis durant la pandémie. Le courriel invite la personne à cliquer sur un lien pour connaître l’heure de livraison. Ou vous pourriez recevoir un courriel prétendant provenir du gouvernement concernant la vaccination ou un traitement contre la COVID-19. Le but, c’est de vous faire cliquer sur les liens pour recueillir vos renseignements. C’est pourquoi tout le monde doit faire preuve de scepticisme.
Quand vous recevez un courriel qui vous semble louche, ne cliquez pas sur les liens. Si vous recevez un courriel d’une source inhabituelle, parlez-en à un ami ou à un proche. Si vous croyez être la cible d’un fraudeur ou si vous êtes victime de fraude, communiquez avec le Centre antifraude du Canada. Plus on parle des fraudes, plus c’est difficile pour les fraudeurs d’agir.
Oui. C’est important d’avoir un certain niveau de scepticisme en ce moment. Tu soulèves un bon point. Ça me choque tellement qu’ils utilisent la vaccination contre la COVID-19 et ces genres de choses. C’est pire que jamais.
D’après ce que j’ai entendu au sujet des ordinateurs, la meilleure façon de se protéger est d’avoir un très bon mot de passe. C’est vrai? Est-ce que c’est encore la meilleure défense?
Oui. Les mots de passe sont la meilleure façon de se protéger parce qu’ils sont nécessaires pour accéder aux différents comptes de votre ordinateur. Les plus importants, ce sont ceux pour votre ordinateur ou vos comptes financiers. N’oubliez pas que les malfaiteurs utilisent des technologies très avancées. Il faut rendre ça difficile pour eux.
En raison de la façon dont les malfaiteurs tentent d’accéder à vos comptes, les mots de passe doivent être difficiles à déchiffrer. Les malfaiteurs ont des technologies qui leur permettent d’essayer des millions de combinaisons. Évitez les choses comme votre anniversaire, le nom de votre chien, le mot « mot de passe » ou les variantes de ce mot. Il vous faut un mot de passe très fort, qui a plusieurs caractères, des lettres majuscules et minuscules, des chiffres et des symboles. Il y a donc des billions de combinaisons. Ça rend la tâche très difficile pour les fraudeurs ou les malfaiteurs.
Gardez vos mots de passe confidentiels et sécurisés. Il ne faut pas les donner à qui que ce soit. Utilisez des mots de passe distincts pour vos différents comptes et modifiez-les souvent. N’entrez pas de mots de passe, par exemple, dans un réseau Wi-Fi public. Il ne faut pas se fier à la sécurité de ce type de réseau qui pourrait être infecté par un logiciel malveillant.
Certains ordinateurs permettent d’enregistrer vos mots de passe. Une fenêtre contextuelle s’affiche vous demandant d’enregistrer votre mot de passe. Ça rend les choses plus faciles parce que vous n’avez pas à le rentrer constamment. Mais c’est mieux de refuser.
Quand c’est possible, choisissez l’authentification à deux facteurs. C’est une protection supplémentaire qui fournit un code de vérification à usage unique à entrer quand vous ouvrez une session dans votre compte. Aussi, on a de nombreux appareils connectés dans nos maisons, comme des thermostats, des caméras et des assistants virtuels. Même si ce n’est que pour un aspirateur robot, utilisez un bon mot de passe.
Une chose dont on ne parle probablement pas assez souvent, c’est l’aspect émotionnel de la fraude. Beaucoup de fraudes jouent sur les émotions des gens.
Je me souviens d’avoir reçu, il y a plusieurs années, un appel de l’Agence du revenu du Canada disant que j’allais me faire arrêter si je ne répondais pas dans une minute. C’est très déstabilisant. Beaucoup de gens se font bombarder par ces genres d’appels. Certaines personnes en reçoivent plusieurs par jour.
Oui. Elles reçoivent des appels prétendant provenir de l’Agence du revenu du Canada, du gouvernement, des sociétés de cartes de crédit et même de leur petit-enfant en difficulté. C’est une question de chiffres pour les malfaiteurs parce qu’ils utilisent la technologie. Même si une seule personne sur 100 000 est dupée, c’est quand même rentable. Lorsqu’un fraudeur prend contact par téléphone, on appelle ça de l’hameçonnage vocal.
Le but est de créer un sentiment d’urgence. C’est une tactique agressive. Ils prétendent agir au nom du gouvernement, d’une banque. Ils menacent même d’appeler la police si vous n’envoyez pas de l’argent ou si vous ne fournissez pas vos renseignements personnels. Ils jouent sur les émotions et ont recours à l’intimidation pour vous convaincre.
La meilleure chose est de raccrocher, de communiquer directement avec l’institution en utilisant les sources traditionnelles, comme le numéro inscrit au verso de votre carte ou le site Web de l’institution. C’est la nature humaine d’être aidant et coopératif. C’est sur ça que les fraudeurs comptent. Encore une fois, soyez sceptique et pensez avant d’agir.
Je sais que vous travaillez très fort ces derniers temps pour créer des outils qui aident les gens à repérer les opérations frauduleuses. Est-ce que vous pouvez nous en parler un peu?
Oui. De nombreuses institutions financières offrent des options dans leur application en ligne qui vous avisent de toute activité potentiellement frauduleuse dans vos comptes. Ils ont aussi des applications qui vous aident à faire le suivi de vos dépenses pour repérer plus facilement les opérations douteuses ou inhabituelles.
La vérification en deux temps; une protection supplémentaire pour émettre un code de vérification à usage unique. Ça aide à vérifier que c’est vous qui accédez à votre compte. Et maintenant, de nombreuses cartes de crédit offrent des contrôles de cartes pour verrouiller votre carte si vous la perdez.
Qu’est-ce qu’il faut faire si on pense être victime de fraude? Quelles sont les mesures à prendre?
Comme je l’ai dit, la meilleure chose à faire est de le signaler. Appelez la police, appelez la banque, avisez le Centre antifraude du Canada. Il y a un sentiment de honte qui entre en jeu pour les gens. J’en entends parler tout le temps. Mais si personne ne signale les crimes, c’est très difficile d’y mettre fin.
Tammy, merci beaucoup d’avoir été des nôtres.
Merci, Kim.
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