
Anthony Okolie récapitule les faits saillants de la journée, faisant le point sur la COVID-19, puis Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, parle de récession, de reprise et du plancher sur les marchés.
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Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien COVID-19 MoneyTalk du mercredi 15 avril. Je m’appelle Anthony Okolie. Dans quelques minutes, Kim Parlee discutera avec Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, de certaines des questions les plus pressantes qu’ont les investisseurs ces jours-ci. Mais voici d’abord un résumé des nouvelles sur les marchés d’aujourd’hui.
Selon Statistique Canada, le PIB du pays a chuté d’environ 9 % en mars, ce qui représente la plus forte baisse mensuelle depuis au moins 1961. Cette chute démontre une fois de plus les conséquences financières de la propagation du coronavirus sur l’économie.
Comme prévu, la Banque du Canada a maintenu son taux d’intérêt exceptionnellement bas, à 0,25 %.
Le président Donald Trump a annoncé que les États-Unis suspendaient le financement accordé à l’Organisation mondiale de la Santé, critiquant la réponse de l’agence à la pandémie de COVID-19.
Parallèlement, l’OMS a publié des lignes directrices pour lever les restrictions, mais a déclaré que l’assouplissement trop rapide des mesures pourrait entraîner une recrudescence mortelle du virus. L’Autriche et le Danemark comptent parmi les pays qui commencent à réduire les mesures de confinement.
Enfin, les prix du pétrole brut américain sont sous pression aujourd’hui, après que l’Agence internationale de l’énergie ait annoncé qu’elle prévoyait une chute de la demande mondiale de 29 millions de barils par jour en avril. La demande atteindra ainsi son niveau le plus bas en plus de 20 ans.
C’était le résumé des nouvelles du jour sur les marchés. Kim Parlee et Brad Simpson prendront maintenant la parole.
Brad, allons-y avec la première question. Y aura-t-il une récession? Et si oui, de quelle ampleur?
Commençons par le début avec un oui catégorique. Et pour ce qui est d’évaluer l’ampleur de la récession – c’est vraiment difficile. Voyons un peu le point de vue des Services économiques TD… Il y a quelques semaines beaucoup, il y avait beaucoup de révisions à la baisse pour ce qui est de l’économie mondiale.
Maintenant, concernant les prévisions aux États-Unis, on a retranché environ 3,6 %. Le Canada est un peu dans le même bateau. Du côté de l’Europe, c’est quelques centaines de points de base de plus.
Je pense qu’il faut examiner ces données dans un contexte comme celui-ci. L’économie ralentit, on connaît peut-être le ralentissement le plus rapide depuis celui qui a conduit à la Grande Dépression. On n’en est pas là, mais c’est le genre de ralentissement qui semble être en branle.
L’élément intéressant, c’est que… L’un des facteurs clés du repli, c’est sa rapidité. Et on pense que ce repli brutal va aussi… De l’autre côté, on assistera à un redressement des plus rapides – du jamais vu, encore une fois.
Tout à coup, on reprend les données négatives et on les examine en anticipant dans un an que l’économie canadienne va croître de 4 % et que l’économie américaine, aussi, au même niveau. Regardons l’économie chinoise, tombée, je crois, à environ 3,5 %... Le tout passera sûrement à 8 % quand les choses reprendront en 2021. L’horizon est un peu sombre maintenant, mais s’éclaircira avec le temps.
Pouvez-vous nous dire comment l’événement actuel se compare aux autres? Et j’imagine que la différence, c’est l’importance du soutien.
Oui, bien sûr. Vous savez, j’essaie toujours d’envisager les choses du point de vue des facteurs clés de ralentissement. Prenez, par exemple, 1987 pour le déclin économique marqué, ajoutez-y le 11 septembre, où une source externe vient ébranler l’économie, et ajoutez à ça la crise de l’endettement de 2008. Mélangez ces trois ingrédients et vous obtenez la situation actuelle. Et vous serez sûrement d’accord que si on avait à mettre trois choses ensemble, on ne prendrait pas ces trois-là.
En revanche, on se dit que s’il faut vivre une crise, on a l’avantage d’en avoir vécu trois comme ça avant, on a appris beaucoup. C’est une des forces de l’humain : on apprend en cours de route. Et on a préparé certaines stratégies pour gérer ces trois types de scénarios. Il y a beaucoup d’action en ce sens actuellement.
Tout d’abord, les banques centrales déploient des mesures extraordinaires dans l’ensemble de l’économie. Mais le plus important, c’est l’emploi. On va voir… La semaine dernière, on a vu le chômage grimper à 6 millions. Et on aura probablement quatre semaines comme ça, peut-être des pertes d’emploi supplémentaires aux États-Unis, de l’ordre de 20 millions. Tous ces gens sans emploi peuvent dresser un portrait plutôt effrayant de l’économie.
Nous l’avons vu par le passé, n’est-ce pas? Alors on a déployé des mesures d’aide et de soutien au revenu. C’est une période dévastatrice pour les PME, les petits commerces. Toutes sortes de choses sont mises en œuvre pour soutenir et aider ces acteurs économiques également.
Et bien sûr, pour ce qui est des grandes sociétés, elles ont aussi à composer avec plusieurs obstacles de taille. Tant les banques centrales que nos dirigeants politiques - on n’était pas très proactifs en 2008… On voit beaucoup plus d’interventions des dirigeants politiques maintenant.
J’ai d’autres questions ici pour vous. C’est complexe, je sais, mais les gens en parlent… Les gens étaient prêts. Ils ne s’en réjouissaient pas, mais ils s’attendaient à une baisse des marchés, une baisse des marchés boursiers. Ils s’interrogent tout de même sur la baisse des titres à revenu fixe. C’était en quelque sorte leur protection…
Oui, je pense que c’est une chose que les investisseurs ont vraiment du mal à comprendre ou à saisir. Au départ, on évolue dans une culture où les marchés boursiers et les placements en actions sont à l’avant-scène. Parallèlement, il y a un marché incroyable de placements à revenu fixe, composé de plusieurs volets et structuré bien différemment.
Si on a des placements à revenu fixe, je pense qu’on est beaucoup à voir ces titres à revenu fixe comme une couverture pour notre portefeuille en actions. On se dit en gros, j’ai des obligations gouvernementales, la plupart du temps elles sont garanties, bien sûr, par un État qui les a émises via une banque centrale. Et ces placements sont vraiment prudents vu que les gouvernements peuvent percevoir des taxes.
Une fois qu’on s’écarte d’un titre garanti par le gouvernement… avouons-le, on parle ici des bons du Trésor américain, des placements garantis canadiens, de gros joueurs en Europe - Allemagne, France, Royaume-Uni – et bien sûr du Japon, toutes des obligations gouvernementales très sûres…
Mais il existe d’autres placements à revenu fixe émis par les sociétés, qui s’accompagnent de notations variées du point de vue de la qualité. Il est donc possible d’avoir une obligation de qualité investissement, soit la meilleure notation, considérée comme la plus sûre. Ensuite, ça descend, sur une base de structure du capital, si vous voulez.
En bref, si on regarde… On va sûrement considérer le 19 mars de cette année comme le début d’un scénario très comparable à celui de 2008. Les marchés du crédit ont l’habitude de fluctuer en fonction de l’argent qui y circule. Et vers 2008, ils ont figé.
On était en pleine crise de financement, et cette crise de financement a affecté toutes les obligations gouvernementales. Comme on l’a vu pour le bon du Trésor américain, par exemple, qui est passé de 130 points de base à 30 points de base pour finalement revenir à 130 points de base en 72 heures, un mouvement inusité, attribuable au dénouement des placements à fort effet de levier reposant sur les titres du Trésor.
Ce dénouement a gagné le marché des obligations de sociétés. On pouvait donc voir de très bonnes obligations de qualité investissement se retrouver sur quelques semaines terriblement mal évaluées. Dans le rendement élevé – on trouvait même des titres de qualité évalués de la sorte.
Et pour remettre tout ça en contexte, je dis qu’en termes de placements en actions, il faut se rappeler l’adage : Quand la marée se retire, on voit celui qui nage nu. En d’autres mots, même les titres médiocres se portent bien dans un marché solide. Pour les placements à revenu fixe, c’est exactement le contraire. On arrive à voir les gains seulement quand la marée revient.
Avec la différence de prix observée ici, il faudra songer à… Quand les marchés du crédit prendront du mieux et que les fonds se remettront en mouvement. C’est là qu’il faudra regarder les placements à revenu fixe et évaluer réellement comment vont les titres non garantis, ceux qui ne sont pas garantis par le gouvernement.
L’un des aspects qu’on a abordés concerne la politique de la banque centrale fédérale. Jeudi dernier était incroyable pour les mesures touchant les obligations de sociétés.
KIM PARLEE : Je veux poursuivre dans cette veine pour parler un peu des banques parce que beaucoup de gens détiennent des titres bancaires canadiens. Qu’est-ce que tout ça implique pour des actions des banques canadiennes?
La question numéro un des investisseurs canadiens : qu’est-ce que… Pour les Canadiens, les banques font grandement partie de la vie, du point de vue de l’emploi, de l’hypothèque et du logement et de l’immobilier commercial. Bien sûr, elles forment une grosse partie de l’indice, on a amplement de souvenirs, encore une fois… La dernière fois que j’ai vu une crise de l’endettement, c’était en 2008 et 2009 – l’effet a été dévastateur pour le prix des actions bancaires.
Alors beaucoup d’investisseurs se mettent immédiatement à penser à ça et se disent Mais que va-t-il donc se passer avec mes titres de sociétés? Et je ne veux rien minimiser, mais en comparaison avec l’époque, pas grand-chose. Depuis 2008 et 2009, bien des changements ont eu lieu du point de vue de la structure des banques, de leurs activités et du type de levier qu’elles sont en mesure d’utiliser.
Si on regarde juste ce qu’on fait, si je pense au travail de Valeurs mobilières TD, je dirais qu’on a une très bonne équipe d’analystes. Leur analyse de l’ensemble du secteur bancaire canadien montre que les banques sont nettement en forme et très bien placées pour composer avec l’environnement.
La deuxième question des investisseurs canadiens : Mais que va-t-il se passer avec mes dividendes? À ce jour, les dividendes sont plutôt à l’abri. Et on ne pense pas que c’est appelé à changer prochainement.
La seule conséquence, l’élément à surveiller, selon moi, c’est que plusieurs Canadiens, au moment de composer leur portefeuille de placements, accordent trop d’importance à ce secteur. Il serait peut-être temps d’en profiter pour revoir la diversification et s’assurer que le portefeuille n’est pas trop exposé de ce côté – car c’est un fait, beaucoup d’autres obstacles attendent les banques au cours des prochains trimestres.
D’accord, Brad, j’ai deux questions importantes, mais juste quelques minutes. Je vous les donne donc en rafales. L’impact immédiat et à long terme de l’accord pétrolier entre les Saoudiens et les Russes, dont le marché a pratiquement fait fi?
Oui. L’impact immédiat est très faible. On retire 9,8 millions de barils du marché, alors qu’on en a tellement… les réserves sont pleines. Et il n’y a nulle part où les stocker. Et à l’autre bout, la demande est quasi inexistante.
À court terme, ça signifie… Laissez-moi vous donner des chiffres étonnants… En Europe, en ce moment, on évalue la baisse des émissions de CO2 à 60 % parce que la circulation routière se fait rare, et il faudra attendre encore un moment avant que les choses changent.
Disons qu’on sort les trois quarts. Je pense qu’on commence à voir une petite diminution des réserves… Il faut s’attendre à une période ardue pour les prix du pétrole à court terme. Si on épuise un peu plus les réserves, dans environ huit mois, on pourrait les voir remonter un peu, c’est certain.
Dernière question – et je pense que c’est ce qui intéresse le plus de gens - avons-nous atteint le plancher?
C’est la question déterminante, on veut tous avoir la réponse. Je pense… Je vais essayer d’adopter divers points de vue. Beaucoup de gens autour aiment bien s’attarder à l’analyse technique. On a eu cette grosse chute. Normalement, au terme d’un marché baissier, on observe deux gros creux.
Je ne suis pas adepte de l’analyse technique, je pense que dans le scénario actuel il est peu probable qu’on observe une deuxième chute, essentiellement en raison du grand nombre de mesures budgétaires et fiscales en place dans l’économie, qui gagnent graduellement le marché. J’imagine que tout ça rend l’espèce de double creux très improbable.
Deuxièmement, je pense qu’on veut voir – et qu’on commence à voir beaucoup de… Généralement, le marché baissier prend fin quand des sociétés ouvertes arrivent et cessent de revoir à la baisse leur bénéfice par action. Je parle d’une tournure très ferme.
On commence à en voir, mais il reste encore du chemin à faire. Selon moi, lorsqu’on verra les choses prendre cette tournure, c’est là qu’on sera en mesure de mieux interpréter les chiffres.
Bien sûr, le dernier facteur qui peut nous faire dévier dans les circonstances, le facteur prépondérant dans tout ça, c’est la COVID-19. À quand l’absence de nouveaux cas, une forte baisse pour commencer à remonter la pente? C’est vraiment à ce moment qu’on verra la lumière. Mais il est difficile d’imaginer le marché regagner les creux qu’on a vus.
Brad, merci beaucoup.
Merci.
Selon Statistique Canada, le PIB du pays a chuté d’environ 9 % en mars, ce qui représente la plus forte baisse mensuelle depuis au moins 1961. Cette chute démontre une fois de plus les conséquences financières de la propagation du coronavirus sur l’économie.
Comme prévu, la Banque du Canada a maintenu son taux d’intérêt exceptionnellement bas, à 0,25 %.
Le président Donald Trump a annoncé que les États-Unis suspendaient le financement accordé à l’Organisation mondiale de la Santé, critiquant la réponse de l’agence à la pandémie de COVID-19.
Parallèlement, l’OMS a publié des lignes directrices pour lever les restrictions, mais a déclaré que l’assouplissement trop rapide des mesures pourrait entraîner une recrudescence mortelle du virus. L’Autriche et le Danemark comptent parmi les pays qui commencent à réduire les mesures de confinement.
Enfin, les prix du pétrole brut américain sont sous pression aujourd’hui, après que l’Agence internationale de l’énergie ait annoncé qu’elle prévoyait une chute de la demande mondiale de 29 millions de barils par jour en avril. La demande atteindra ainsi son niveau le plus bas en plus de 20 ans.
C’était le résumé des nouvelles du jour sur les marchés. Kim Parlee et Brad Simpson prendront maintenant la parole.
Brad, allons-y avec la première question. Y aura-t-il une récession? Et si oui, de quelle ampleur?
Commençons par le début avec un oui catégorique. Et pour ce qui est d’évaluer l’ampleur de la récession – c’est vraiment difficile. Voyons un peu le point de vue des Services économiques TD… Il y a quelques semaines beaucoup, il y avait beaucoup de révisions à la baisse pour ce qui est de l’économie mondiale.
Maintenant, concernant les prévisions aux États-Unis, on a retranché environ 3,6 %. Le Canada est un peu dans le même bateau. Du côté de l’Europe, c’est quelques centaines de points de base de plus.
Je pense qu’il faut examiner ces données dans un contexte comme celui-ci. L’économie ralentit, on connaît peut-être le ralentissement le plus rapide depuis celui qui a conduit à la Grande Dépression. On n’en est pas là, mais c’est le genre de ralentissement qui semble être en branle.
L’élément intéressant, c’est que… L’un des facteurs clés du repli, c’est sa rapidité. Et on pense que ce repli brutal va aussi… De l’autre côté, on assistera à un redressement des plus rapides – du jamais vu, encore une fois.
Tout à coup, on reprend les données négatives et on les examine en anticipant dans un an que l’économie canadienne va croître de 4 % et que l’économie américaine, aussi, au même niveau. Regardons l’économie chinoise, tombée, je crois, à environ 3,5 %... Le tout passera sûrement à 8 % quand les choses reprendront en 2021. L’horizon est un peu sombre maintenant, mais s’éclaircira avec le temps.
Pouvez-vous nous dire comment l’événement actuel se compare aux autres? Et j’imagine que la différence, c’est l’importance du soutien.
Oui, bien sûr. Vous savez, j’essaie toujours d’envisager les choses du point de vue des facteurs clés de ralentissement. Prenez, par exemple, 1987 pour le déclin économique marqué, ajoutez-y le 11 septembre, où une source externe vient ébranler l’économie, et ajoutez à ça la crise de l’endettement de 2008. Mélangez ces trois ingrédients et vous obtenez la situation actuelle. Et vous serez sûrement d’accord que si on avait à mettre trois choses ensemble, on ne prendrait pas ces trois-là.
En revanche, on se dit que s’il faut vivre une crise, on a l’avantage d’en avoir vécu trois comme ça avant, on a appris beaucoup. C’est une des forces de l’humain : on apprend en cours de route. Et on a préparé certaines stratégies pour gérer ces trois types de scénarios. Il y a beaucoup d’action en ce sens actuellement.
Tout d’abord, les banques centrales déploient des mesures extraordinaires dans l’ensemble de l’économie. Mais le plus important, c’est l’emploi. On va voir… La semaine dernière, on a vu le chômage grimper à 6 millions. Et on aura probablement quatre semaines comme ça, peut-être des pertes d’emploi supplémentaires aux États-Unis, de l’ordre de 20 millions. Tous ces gens sans emploi peuvent dresser un portrait plutôt effrayant de l’économie.
Nous l’avons vu par le passé, n’est-ce pas? Alors on a déployé des mesures d’aide et de soutien au revenu. C’est une période dévastatrice pour les PME, les petits commerces. Toutes sortes de choses sont mises en œuvre pour soutenir et aider ces acteurs économiques également.
Et bien sûr, pour ce qui est des grandes sociétés, elles ont aussi à composer avec plusieurs obstacles de taille. Tant les banques centrales que nos dirigeants politiques - on n’était pas très proactifs en 2008… On voit beaucoup plus d’interventions des dirigeants politiques maintenant.
J’ai d’autres questions ici pour vous. C’est complexe, je sais, mais les gens en parlent… Les gens étaient prêts. Ils ne s’en réjouissaient pas, mais ils s’attendaient à une baisse des marchés, une baisse des marchés boursiers. Ils s’interrogent tout de même sur la baisse des titres à revenu fixe. C’était en quelque sorte leur protection…
Oui, je pense que c’est une chose que les investisseurs ont vraiment du mal à comprendre ou à saisir. Au départ, on évolue dans une culture où les marchés boursiers et les placements en actions sont à l’avant-scène. Parallèlement, il y a un marché incroyable de placements à revenu fixe, composé de plusieurs volets et structuré bien différemment.
Si on a des placements à revenu fixe, je pense qu’on est beaucoup à voir ces titres à revenu fixe comme une couverture pour notre portefeuille en actions. On se dit en gros, j’ai des obligations gouvernementales, la plupart du temps elles sont garanties, bien sûr, par un État qui les a émises via une banque centrale. Et ces placements sont vraiment prudents vu que les gouvernements peuvent percevoir des taxes.
Une fois qu’on s’écarte d’un titre garanti par le gouvernement… avouons-le, on parle ici des bons du Trésor américain, des placements garantis canadiens, de gros joueurs en Europe - Allemagne, France, Royaume-Uni – et bien sûr du Japon, toutes des obligations gouvernementales très sûres…
Mais il existe d’autres placements à revenu fixe émis par les sociétés, qui s’accompagnent de notations variées du point de vue de la qualité. Il est donc possible d’avoir une obligation de qualité investissement, soit la meilleure notation, considérée comme la plus sûre. Ensuite, ça descend, sur une base de structure du capital, si vous voulez.
En bref, si on regarde… On va sûrement considérer le 19 mars de cette année comme le début d’un scénario très comparable à celui de 2008. Les marchés du crédit ont l’habitude de fluctuer en fonction de l’argent qui y circule. Et vers 2008, ils ont figé.
On était en pleine crise de financement, et cette crise de financement a affecté toutes les obligations gouvernementales. Comme on l’a vu pour le bon du Trésor américain, par exemple, qui est passé de 130 points de base à 30 points de base pour finalement revenir à 130 points de base en 72 heures, un mouvement inusité, attribuable au dénouement des placements à fort effet de levier reposant sur les titres du Trésor.
Ce dénouement a gagné le marché des obligations de sociétés. On pouvait donc voir de très bonnes obligations de qualité investissement se retrouver sur quelques semaines terriblement mal évaluées. Dans le rendement élevé – on trouvait même des titres de qualité évalués de la sorte.
Et pour remettre tout ça en contexte, je dis qu’en termes de placements en actions, il faut se rappeler l’adage : Quand la marée se retire, on voit celui qui nage nu. En d’autres mots, même les titres médiocres se portent bien dans un marché solide. Pour les placements à revenu fixe, c’est exactement le contraire. On arrive à voir les gains seulement quand la marée revient.
Avec la différence de prix observée ici, il faudra songer à… Quand les marchés du crédit prendront du mieux et que les fonds se remettront en mouvement. C’est là qu’il faudra regarder les placements à revenu fixe et évaluer réellement comment vont les titres non garantis, ceux qui ne sont pas garantis par le gouvernement.
L’un des aspects qu’on a abordés concerne la politique de la banque centrale fédérale. Jeudi dernier était incroyable pour les mesures touchant les obligations de sociétés.
KIM PARLEE : Je veux poursuivre dans cette veine pour parler un peu des banques parce que beaucoup de gens détiennent des titres bancaires canadiens. Qu’est-ce que tout ça implique pour des actions des banques canadiennes?
La question numéro un des investisseurs canadiens : qu’est-ce que… Pour les Canadiens, les banques font grandement partie de la vie, du point de vue de l’emploi, de l’hypothèque et du logement et de l’immobilier commercial. Bien sûr, elles forment une grosse partie de l’indice, on a amplement de souvenirs, encore une fois… La dernière fois que j’ai vu une crise de l’endettement, c’était en 2008 et 2009 – l’effet a été dévastateur pour le prix des actions bancaires.
Alors beaucoup d’investisseurs se mettent immédiatement à penser à ça et se disent Mais que va-t-il donc se passer avec mes titres de sociétés? Et je ne veux rien minimiser, mais en comparaison avec l’époque, pas grand-chose. Depuis 2008 et 2009, bien des changements ont eu lieu du point de vue de la structure des banques, de leurs activités et du type de levier qu’elles sont en mesure d’utiliser.
Si on regarde juste ce qu’on fait, si je pense au travail de Valeurs mobilières TD, je dirais qu’on a une très bonne équipe d’analystes. Leur analyse de l’ensemble du secteur bancaire canadien montre que les banques sont nettement en forme et très bien placées pour composer avec l’environnement.
La deuxième question des investisseurs canadiens : Mais que va-t-il se passer avec mes dividendes? À ce jour, les dividendes sont plutôt à l’abri. Et on ne pense pas que c’est appelé à changer prochainement.
La seule conséquence, l’élément à surveiller, selon moi, c’est que plusieurs Canadiens, au moment de composer leur portefeuille de placements, accordent trop d’importance à ce secteur. Il serait peut-être temps d’en profiter pour revoir la diversification et s’assurer que le portefeuille n’est pas trop exposé de ce côté – car c’est un fait, beaucoup d’autres obstacles attendent les banques au cours des prochains trimestres.
D’accord, Brad, j’ai deux questions importantes, mais juste quelques minutes. Je vous les donne donc en rafales. L’impact immédiat et à long terme de l’accord pétrolier entre les Saoudiens et les Russes, dont le marché a pratiquement fait fi?
Oui. L’impact immédiat est très faible. On retire 9,8 millions de barils du marché, alors qu’on en a tellement… les réserves sont pleines. Et il n’y a nulle part où les stocker. Et à l’autre bout, la demande est quasi inexistante.
À court terme, ça signifie… Laissez-moi vous donner des chiffres étonnants… En Europe, en ce moment, on évalue la baisse des émissions de CO2 à 60 % parce que la circulation routière se fait rare, et il faudra attendre encore un moment avant que les choses changent.
Disons qu’on sort les trois quarts. Je pense qu’on commence à voir une petite diminution des réserves… Il faut s’attendre à une période ardue pour les prix du pétrole à court terme. Si on épuise un peu plus les réserves, dans environ huit mois, on pourrait les voir remonter un peu, c’est certain.
Dernière question – et je pense que c’est ce qui intéresse le plus de gens - avons-nous atteint le plancher?
C’est la question déterminante, on veut tous avoir la réponse. Je pense… Je vais essayer d’adopter divers points de vue. Beaucoup de gens autour aiment bien s’attarder à l’analyse technique. On a eu cette grosse chute. Normalement, au terme d’un marché baissier, on observe deux gros creux.
Je ne suis pas adepte de l’analyse technique, je pense que dans le scénario actuel il est peu probable qu’on observe une deuxième chute, essentiellement en raison du grand nombre de mesures budgétaires et fiscales en place dans l’économie, qui gagnent graduellement le marché. J’imagine que tout ça rend l’espèce de double creux très improbable.
Deuxièmement, je pense qu’on veut voir – et qu’on commence à voir beaucoup de… Généralement, le marché baissier prend fin quand des sociétés ouvertes arrivent et cessent de revoir à la baisse leur bénéfice par action. Je parle d’une tournure très ferme.
On commence à en voir, mais il reste encore du chemin à faire. Selon moi, lorsqu’on verra les choses prendre cette tournure, c’est là qu’on sera en mesure de mieux interpréter les chiffres.
Bien sûr, le dernier facteur qui peut nous faire dévier dans les circonstances, le facteur prépondérant dans tout ça, c’est la COVID-19. À quand l’absence de nouveaux cas, une forte baisse pour commencer à remonter la pente? C’est vraiment à ce moment qu’on verra la lumière. Mais il est difficile d’imaginer le marché regagner les creux qu’on a vus.
Brad, merci beaucoup.
Merci.