
De nombreux titres du secteur des soins de santé ont subi des pressions cette année. Tarik Aeta, analyste du secteur mondial de la santé, Gestion de Placements TD, explique à Greg Bonnell pourquoi il pense qu’il y a des signes indiquant que le secteur pourrait être prêt à afficher de solides gains.
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De nombreux titres du secteur des soins de santé ont reculé par rapport aux sommets atteints plus tôt cette année. Toutefois, selon notre invité d’aujourd’hui, le secteur devrait connaître une croissance plus rapide que celle de l’ensemble du marché. Tarik Aeta, analyste du secteur mondial de la santé à Gestion de Placements TD, se joint à nous. Tarik, c’est un plaisir de vous avoir avec nous aujourd’hui. On va commencer. Quelle est la thèse? Quelle est l’opinion selon laquelle le secteur des soins de santé pourrait surpasser l’ensemble du marché? Oui, si on regarde de façon générale et qu’on va même au-delà des répercussions sur les placements, notre santé personnelle, c’est notre plus grand atout. Une bonne santé nous donne de l’espoir. Elle nous permet aussi de cultiver nos passions et de profiter pleinement de la vie. Et quand on applique ça au monde des placements, les soins de santé profitent de plusieurs qualités intéressantes, notamment une demande inélastique et une forte croissance. Et ce qui alimente une forte croissance des soins de santé, ce sont deux choses très, très simples. La première, c’est la croissance et le vieillissement de la population mondiale. Au Canada, par exemple, la croissance de la population est d’environ 1 % par année; chez les adultes de plus de 65 ans, elle est trois fois plus importante. Et en vieillissant, on a tous besoin de plus de services de santé. Le deuxième moteur de croissance des soins de santé, c’est l’innovation. Tout comme dans le secteur des technologies, l’innovation permet aux entreprises de continuer à vendre plus de produits au fil du temps. Qu’on parle de l’implantation transcathéter de valvules cardiaques, d’aligneurs transparents, de génomique ou de médicaments oncologiques, beaucoup de ces produits-là n’existaient pas ou à peine il y a 20 ans, et sont depuis devenus d’importants générateurs de revenus. Donc, comme le secteur continue d’investir dans la recherche et le développement, sa croissance va rester robuste pendant de nombreuses années. Il y a donc deux facteurs clés, notamment, bien sûr, le vieillissement de la population et l’effet des baby-boomers à chaque étape de leur vie, et maintenant qu’ils sont bien ancrés dans l’âge d’or. Qu’en est-il de la récente période d’annonce des bénéfices? Quel a été le portrait de la situation au cours des trois derniers mois? Oui, donc, dans l’ensemble, les bénéfices du secteur des soins de santé ont été solides. Les revenus ont augmenté de 10 % sur 12 mois. Les bénéfices ont aussi augmenté de 9 %, 84 % des sociétés ayant dépassé ou atteint les estimations. Quand on regarde un peu plus loin, le secteur le plus performant du trimestre, ça a été celui des sociétés pharmaceutiques. Les ventes de produits pharmaceutiques ont donc augmenté de 15 % sur 12 mois, mais 80 % de cette croissance-là est attribuable à Pfizer, grâce à son médicament antiviral contre la COVID. Au deuxième rang, nous avons les compagnies d’assurance maladie aux États-Unis. Elles ont progressé de 14 %, portées par la forte demande pour Medicare Advantage, soit l’assurance maladie pour les personnes âgées de plus de 65 ans. En troisième place, on a les entreprises d’outils des sciences de la vie. Elles profitent de la forte demande soutenue pour les outils et les services nécessaires pour découvrir et fabriquer des médicaments. Et le secteur qui a éprouvé des difficulté ce trimestre-ci, c’est celui des entreprises d’appareils médicaux. Les ventes n’ont augmenté que de 4 %. Et ça s’explique par la pénurie de personnel dans les hôpitaux qui a freiné les chirurgies électives. En nous expliquant tout ça comme vous l’avez fait, ça nous donne un aperçu des termes. Les gens vont dire qu’il faut investir dans le secteur des soins de santé. Mais si on commence à répartir les entreprises par catégories, on se rend compte qu’il y a différents types d’entreprises qui exercent leurs activités dans ce secteur-là. Alors comment, en tant qu’investisseur, abordez-vous la question? Oui. En tant qu’investisseur, il faut seulement examiner les paramètres fondamentaux de chacune de ces cagégories-là. Par exemple, quand je regarde ce secteur-là, il y a trois grandes catégories. Il y a des entreprises qui découvrent des médicaments, d’autres qui développent des widgets et d’autres qui donnent des services, et je les appelle les trois D des soins de santé. Alors oui, pour les entreprises qui découvrent des médicaments, ce sont les sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques. Bien que les grandes sociétés à mégacapitalisation procurent beaucoup de stabilité, elles versent des dividendes supérieurs à la moyenne et, à long terme, elles ont eu du mal à surpasser le marché en raison de leur dépendance constante à l’égard des médicaments et de l’expiration des brevets. La deuxième catégorie importante du secteur, c’est celle des sociétés qui développent des widgets, notamment les entreprises d’appareils médicaux et d’outils des sciences de la vie. Elles profitent des mêmes facteurs démographiques favorables et des mêmes innovations dont on a parlé. Mais contrairement aux sociétés pharmaceutiques, il n’y a pas les risques extrêmes liés à l’expiration des brevets et à la recherche et au développement. Il y a donc des sociétés de qualité supérieure dans cette catégorie-là. Et les dernières et non les moindres, les sociétés qui donnent des services. Ça comprend les grandes compagnies d’assurance maladie aux États-Unis, les sociétés de télémédecine, les hôpitaux et les cliniques de dialyse. On y trouve un peu de tout. Mais ce qui est bien dans ce secteur, c’est qu’il y a des segments, comme les compagnies d’assurance, qui profitent de facteurs démographiques favorables à long terme, comme le vieillissement de la population, et ça les aide à long terme. Y a-t-il beaucoup de prévisions pour certaines de ces différentes sociétés et différentes catégories, par rapport à ce à quoi pourrait ressembler le deuxième semestre de cette année? Oui, alors si on regarde les prévisions pour l’ensemble de l’année 2022... Les prévisions de revenus ont légèrement augmenté au cours du trimestre. Et puis, oui, quand on regarde les prévisions de BPA, ces chiffres ont diminué un peu, sous l’effet de pressions sur les marges. Alors oui, il y a les sociétés comme les entreprises d’appareils médicaux, dont les ventes ont augmenté, mais dont les coûts ont augmenté, notamment les salaires, les coûts des produits de base et les frais d’expédition plus élevés. De plus, elles vendent à des hôpitaux en vertu de contrats d’un à trois ans. Elles éprouvent donc quelques difficultés. Mais, oui, si on regarde d’autres sociétés comme les entreprises d’outils des sciences de la vie, elles ont été favorisées, non seulement parce que leurs ventes ont été solides, mais aussi parce qu’elles ont été en mesure de transmettre ces pressions inflationnistes à leurs clients, grâce à leur modèle d’affaires qui n’est pas basé sur des contrats à long terme, et c’est facile de transférer ces prix plus élevés aux prix courants. Tarik, je pense à certains des critères soulevés, à la fois comme espace d’innovation, évidemment, et il y a beaucoup d’argent investi dans la recherche et le développement, et bien sûr, il y a les facteurs démographiques. À mesure que les baby-boomers changeaient tout dans la société, ils ont aussi changé les soins de santé. On parle vraiment de placements à long terme, concentrés sur le long terme. Des placements qu’on garde très longtemps, si vous croyez à cette thèse-là. Oui, je veux dire, dans les soins de santé, il faut investir à long terme, juste parce qu’un grand nombre de ces cycles-là prennent beaucoup de temps. Quand des médicaments sont découverts et mis sur le marché, et je sais qu’avec les vaccins contre la COVID, ça s’est produit très rapidement. Mais, en général, ce sont de longs cycles qui prennent de nombreuses années à se dérouler. Et c’est la même chose. Quand il y a d’importantes innovations et qu’on essaie de les faire adopter par les professionnels de la santé, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Habituellement, c’est un processus qui s’étend sur quelques années. Alors oui, pour un investisseur dans le secteur des soins de santé, il faut être axé sur le long terme, et ça permet de vraiment profiter des avantages des placements à long terme. [MUSIQUE]