La Réserve fédérale américaine a peut-être évoqué une éventuelle baisse de taux en septembre, mais les négociateurs obligataires misent sur plus d’une baisse. Hafiz Noordin, vice-président et directeur de la gestion active des portefeuilles de titres à revenu fixe à Gestion de Placements TD, discute avec Greg Bonnell de MoneyTalk des récentes données économiques qui pourraient pointer vers plus d’une réduction de taux.
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La réserve fédérale américaine a donné l'indice que les investisseurs attendaient, à savoir que si l'inflation se maintient, une réduction en septembre est envisagée. Hafiz Noordin de Gestion de placements TD nous rejoint pour en discuter. -Hafiz, bonjour. -Bonjour, Greg.
Alors, nous avons entendu la Fed hier. Il y a beaucoup d'information aujourd'hui sur ce qui se passe dans l'économie américaine. Le suspense ne cesse d'augmenter quant à une réduction de taux en septembre. Commençons par là. Les marchés cherchaient le clin d'œil de la Fed, ils l'ont obtenu.
Oui, tout à fait. On ne s'attendait aucunement à ce que le taux directeur change hier, mais c'était plutôt le discours de la Fed que l'on attendait de voir infléchir pendant la conférence de presse. Les marchés prévoyaient déjà à 100 % une réduction de taux en septembre. La Fed n'avait pas grand-chose à dire, mais essentiellement, elle n'a pas riposté au consensus du marché. Il s'agissait essentiellement d'un feu vert au marché. Jerome Powell ne pouvait pas le dire explicitement, mais l'évolution du langage de la Fed, lequel est désormais beaucoup plus équilibré en ce qui concerne les risques de l'inflation et les risques pour l'emploi, il est sans doute très vraisemblable que la première coupure de taux interviendra en septembre.
Il y a eu encore davantage d'information. On parle du risque pour l'emploi que la Fed est disposée à reconnaître à l'heure actuelle dans son changement de discours. Le nombre de demandes d'assurance-chômage a paru aujourd'hui, les données sur le secteur manufacturier. Les nouvelles ne sont pas positives et les marchés ne les accueillent pas positivement.
Oui. Il s'agit vraiment d'une réduction de la tolérance au risque. Les rendements obligataires ont diminué pour refléter le fait que les demandes de l'assurance-chômage sont supérieures de deux points de base à ce qu'on prévoyait. Ce sont des données importantes, elles sont hebdomadaires, à fréquence élevée. On n'est pas obligé d'attendre les chiffres de l'emploi non agricole mensuels, qui paraissent demain d'ailleurs, mais il y a eu un certain nombre d'indicateurs du marché du travail qui commencent à faiblir même dans les données d'enquête. Le taux de démission est maintenant inférieur à ce qu'il était avant la pandémie, donc les travailleurs ne sont pas optimistes quant à leurs perspectives. Les mauvaises nouvelles vont peut-être redevenir de mauvaises nouvelles pour les marchés boursiers. C'est le cas aujourd'hui. Mais pour en revenir à la Fed, celle-ci a prévu la situation. Il faudrait vraiment un revirement spectaculaire des données, mis à part la faiblesse de l'inflation et la faiblesse du marché du travail, pour éviter une réduction de taux. Il semble bien que ce soit ce que les marchés attendent.
Après cette fin de semaine, les données sur l'emploi et la Fed, le mois d'août est un mois plutôt tranquille, surtout en attente de la réunion de septembre. Quelles sont les possibilités que d'ici la réunion de septembre il y ait un faiblissement considérable, peut-être supérieur aux prévisions?
Cela pourrait se produire. Ce qui est intéressant, quand on considère les prix escomptés par les marchés pour le mois de septembre, une réduction de 25 points de base est déjà prévue à 100 %. Si des données faibles comme celles d'aujourd'hui se répètent, il se pourrait que les marchés escomptent une réduction de 50 points de base. On a posé la question au président Powell, 5 à 10 % de probabilité des marchés envisagent une réduction de taux de 50 points de base. On lui a posé la question, il a dit non, on n'en a pas parlé. Mais les marchés sont les marchés. Ils vont envisager ce qui leur paraît avoir du bon sens. Si les données sur l'emploi sont mauvaises aujourd'hui, beaucoup d'investisseurs vont peut-être penser que la Fed devrait avoir réduit les taux cette semaine. Nous verrons. Ce sont les données qui primeront. La Fed l'a toujours déclaré, elle se repose sur les données. Nous verrons comment les choses se déroulent ici la fin d'août. Nous aurons eu la réunion de Jackson Hole, qui sera pour Jerome Powell une possibilité de donner des pronostics plus affinés.
Septembre, les marchés prévoient une réduction de taux de 25 points à 100 %. Ce sera le début d'un cycle de réductions de taux. Comment se déroulera-t-il par la suite?
À l'heure actuelle, compte tenu de l'évolution des données d'ici quelques semaines, on prévoit qu'il y aura des réductions de taux en novembre et en décembre, les deux autres réductions de taux. Les marchés s'attendent à trois réductions de taux, à chacune des trois réunions qu'il reste cette année. Et en 2025 et 2026, on prévoit encore cinq réductions de taux. Donc au total, il y aura eu huit réductions de taux d'ici deux ans, ce qui amènerait le taux directeur de cinq et demi à environ trois et demi. Le taux passerait donc d'un niveau restrictif à ce que le marché estime à l'heure actuelle être le taux neutre pour l'avenir. Des réductions significatives sont prévues par les marchés. Ce qui pourrait changer cela, ce serait la possibilité que la perspective d'un atterrissage en douceur se transforme en pronostic un peu moins reluisant.
Voilà pour les États-Unis et pour la réserve fédérale, la banque centrale dont on pourrait soutenir qu'elle est la plus influente dans le monde, mais il y a d'autres banques centrales qui font les manchettes aujourd'hui, y compris la banque d'Angleterre: que se passe-t-il là-bas?
La banque d'Angleterre a également réduit son taux directeur. C'est la première réduction de taux du cycle. Ce qui est intéressant, ce n'est pas tellement la réduction du taux, mais c'est que le vote était cinq à quatre. C'était intéressant. Les attentes en matière d'inflation ont été un peu plus persistantes au Royaume-Uni par rapport à d'autres marchés développés. Je crois que l'on s'attendait à ce que ce ne serait pas une question tranchée. Cela a été confirmé par le décompte des votes. Mais dans l'avenir, il s'agit toujours de la même tendance générale. Affaiblissement du marché du travail, recul de l'inflation. L'Europe, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada vont dans la même direction, à un rythme un peu différent, et je pense que cela est confirmé par ce que nous ont dit les banques centrales.
À présent, les conséquences pour le marché obligataire. Les investisseurs attendent, sur le marché obligataire en tout cas, attendent depuis longtemps de voir ce que nous voyons aujourd'hui.
Oui, il a fallu faire preuve de patience dans l'attente d'une réduction du rendement obligataire, mais c'est ce qui se produit. Cela commençait déjà, puisque les données montraient la voie. Il y a eu davantage de rendement à court terme sur 2 ans par rapport à 10 ans. Il y a eu une inversion de la courbe de rendement. À l'heure actuelle, la courbe a tendance à devenir plus abrupte, ce qui a tendance à se produire pendant cette phase du cycle économique pendant laquelle nous pouvons avec confiance prévoir que les banques centrales vont réduire les taux. Ce qui est intéressant, vous avez parlé des banques centrales, c'est qu'il y a une exception, celle du Japon. Cette semaine, la banque centrale a rehaussé les taux pour la deuxième fois pendant le cycle. La banque du Japon vient de mettre fin à sa politique de taux négatif. Cette semaine, elle a augmenté les taux pour la deuxième fois. Dans certains marchés spécifiques, les taux pourraient encore augmenter, mais cela ne va sans doute pas faire dérailler ce qui se passe aux États-Unis et au Canada. Cela n'engendre pas une contagion de hausses et de rendements obligataires aux États-Unis et au Canada. Ici, nous pouvons continuer d'attendre à ce que les données économiques intérieures vont primer, et les obligations jouent un rôle important dans un portefeuille diversifié.
Alors, nous avons entendu la Fed hier. Il y a beaucoup d'information aujourd'hui sur ce qui se passe dans l'économie américaine. Le suspense ne cesse d'augmenter quant à une réduction de taux en septembre. Commençons par là. Les marchés cherchaient le clin d'œil de la Fed, ils l'ont obtenu.
Oui, tout à fait. On ne s'attendait aucunement à ce que le taux directeur change hier, mais c'était plutôt le discours de la Fed que l'on attendait de voir infléchir pendant la conférence de presse. Les marchés prévoyaient déjà à 100 % une réduction de taux en septembre. La Fed n'avait pas grand-chose à dire, mais essentiellement, elle n'a pas riposté au consensus du marché. Il s'agissait essentiellement d'un feu vert au marché. Jerome Powell ne pouvait pas le dire explicitement, mais l'évolution du langage de la Fed, lequel est désormais beaucoup plus équilibré en ce qui concerne les risques de l'inflation et les risques pour l'emploi, il est sans doute très vraisemblable que la première coupure de taux interviendra en septembre.
Il y a eu encore davantage d'information. On parle du risque pour l'emploi que la Fed est disposée à reconnaître à l'heure actuelle dans son changement de discours. Le nombre de demandes d'assurance-chômage a paru aujourd'hui, les données sur le secteur manufacturier. Les nouvelles ne sont pas positives et les marchés ne les accueillent pas positivement.
Oui. Il s'agit vraiment d'une réduction de la tolérance au risque. Les rendements obligataires ont diminué pour refléter le fait que les demandes de l'assurance-chômage sont supérieures de deux points de base à ce qu'on prévoyait. Ce sont des données importantes, elles sont hebdomadaires, à fréquence élevée. On n'est pas obligé d'attendre les chiffres de l'emploi non agricole mensuels, qui paraissent demain d'ailleurs, mais il y a eu un certain nombre d'indicateurs du marché du travail qui commencent à faiblir même dans les données d'enquête. Le taux de démission est maintenant inférieur à ce qu'il était avant la pandémie, donc les travailleurs ne sont pas optimistes quant à leurs perspectives. Les mauvaises nouvelles vont peut-être redevenir de mauvaises nouvelles pour les marchés boursiers. C'est le cas aujourd'hui. Mais pour en revenir à la Fed, celle-ci a prévu la situation. Il faudrait vraiment un revirement spectaculaire des données, mis à part la faiblesse de l'inflation et la faiblesse du marché du travail, pour éviter une réduction de taux. Il semble bien que ce soit ce que les marchés attendent.
Après cette fin de semaine, les données sur l'emploi et la Fed, le mois d'août est un mois plutôt tranquille, surtout en attente de la réunion de septembre. Quelles sont les possibilités que d'ici la réunion de septembre il y ait un faiblissement considérable, peut-être supérieur aux prévisions?
Cela pourrait se produire. Ce qui est intéressant, quand on considère les prix escomptés par les marchés pour le mois de septembre, une réduction de 25 points de base est déjà prévue à 100 %. Si des données faibles comme celles d'aujourd'hui se répètent, il se pourrait que les marchés escomptent une réduction de 50 points de base. On a posé la question au président Powell, 5 à 10 % de probabilité des marchés envisagent une réduction de taux de 50 points de base. On lui a posé la question, il a dit non, on n'en a pas parlé. Mais les marchés sont les marchés. Ils vont envisager ce qui leur paraît avoir du bon sens. Si les données sur l'emploi sont mauvaises aujourd'hui, beaucoup d'investisseurs vont peut-être penser que la Fed devrait avoir réduit les taux cette semaine. Nous verrons. Ce sont les données qui primeront. La Fed l'a toujours déclaré, elle se repose sur les données. Nous verrons comment les choses se déroulent ici la fin d'août. Nous aurons eu la réunion de Jackson Hole, qui sera pour Jerome Powell une possibilité de donner des pronostics plus affinés.
Septembre, les marchés prévoient une réduction de taux de 25 points à 100 %. Ce sera le début d'un cycle de réductions de taux. Comment se déroulera-t-il par la suite?
À l'heure actuelle, compte tenu de l'évolution des données d'ici quelques semaines, on prévoit qu'il y aura des réductions de taux en novembre et en décembre, les deux autres réductions de taux. Les marchés s'attendent à trois réductions de taux, à chacune des trois réunions qu'il reste cette année. Et en 2025 et 2026, on prévoit encore cinq réductions de taux. Donc au total, il y aura eu huit réductions de taux d'ici deux ans, ce qui amènerait le taux directeur de cinq et demi à environ trois et demi. Le taux passerait donc d'un niveau restrictif à ce que le marché estime à l'heure actuelle être le taux neutre pour l'avenir. Des réductions significatives sont prévues par les marchés. Ce qui pourrait changer cela, ce serait la possibilité que la perspective d'un atterrissage en douceur se transforme en pronostic un peu moins reluisant.
Voilà pour les États-Unis et pour la réserve fédérale, la banque centrale dont on pourrait soutenir qu'elle est la plus influente dans le monde, mais il y a d'autres banques centrales qui font les manchettes aujourd'hui, y compris la banque d'Angleterre: que se passe-t-il là-bas?
La banque d'Angleterre a également réduit son taux directeur. C'est la première réduction de taux du cycle. Ce qui est intéressant, ce n'est pas tellement la réduction du taux, mais c'est que le vote était cinq à quatre. C'était intéressant. Les attentes en matière d'inflation ont été un peu plus persistantes au Royaume-Uni par rapport à d'autres marchés développés. Je crois que l'on s'attendait à ce que ce ne serait pas une question tranchée. Cela a été confirmé par le décompte des votes. Mais dans l'avenir, il s'agit toujours de la même tendance générale. Affaiblissement du marché du travail, recul de l'inflation. L'Europe, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada vont dans la même direction, à un rythme un peu différent, et je pense que cela est confirmé par ce que nous ont dit les banques centrales.
À présent, les conséquences pour le marché obligataire. Les investisseurs attendent, sur le marché obligataire en tout cas, attendent depuis longtemps de voir ce que nous voyons aujourd'hui.
Oui, il a fallu faire preuve de patience dans l'attente d'une réduction du rendement obligataire, mais c'est ce qui se produit. Cela commençait déjà, puisque les données montraient la voie. Il y a eu davantage de rendement à court terme sur 2 ans par rapport à 10 ans. Il y a eu une inversion de la courbe de rendement. À l'heure actuelle, la courbe a tendance à devenir plus abrupte, ce qui a tendance à se produire pendant cette phase du cycle économique pendant laquelle nous pouvons avec confiance prévoir que les banques centrales vont réduire les taux. Ce qui est intéressant, vous avez parlé des banques centrales, c'est qu'il y a une exception, celle du Japon. Cette semaine, la banque centrale a rehaussé les taux pour la deuxième fois pendant le cycle. La banque du Japon vient de mettre fin à sa politique de taux négatif. Cette semaine, elle a augmenté les taux pour la deuxième fois. Dans certains marchés spécifiques, les taux pourraient encore augmenter, mais cela ne va sans doute pas faire dérailler ce qui se passe aux États-Unis et au Canada. Cela n'engendre pas une contagion de hausses et de rendements obligataires aux États-Unis et au Canada. Ici, nous pouvons continuer d'attendre à ce que les données économiques intérieures vont primer, et les obligations jouent un rôle important dans un portefeuille diversifié.