
Le secteur des soins de santé, surpassé seulement par le secteur technologique, a connu certains des meilleurs rendements dans les trois dernières décennies. Kim Parlee discute avec Tarik Aeta, analyste du secteur des soins de santé, Gestion de Placements TD de ce qui pourrait faire en sorte que ces excellents résultats se poursuivent.
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Dans les 30 dernières années, le secteur des soins de santé a été de ceux qui ont procuré des rendements relativement bons et constants aux investisseurs. Maintenant, la question est de savoir si ces rendements vont se poursuivre et ce qui va les générer. Pour discuter de ses perspectives sur le sujet, nous recevons Tarik Aeta. Il est, bien évidemment, de Gestion de Placements TD, où il est analyse du secteur des soins de santé. Tarik, c’est un plaisir de vous avoir avec nous. J’aimerais qu’on commence, si possible, avec un graphique qui va s’afficher à l’écran. Et on peut voir par ce graphique à quel point le secteur des soins de santé a rapporté aux investisseurs dans les trois dernières décennies, ce qui est significatif. Selon vous, qu’est-ce qui pourrait faire en sorte que ce genre de rendements se poursuive?
Oui, Kim, vous avez parfaitement raison. Si on regarde le graphique, on voit que ce secteur a été le deuxième secteur du S&P 500 à afficher le meilleur rendement dans les deux dernières décennies. Il est seulement supplanté par le secteur technologique. Si on prend du recul et qu’on examine la situation dans son ensemble, on s’aperçoit qu’il y a deux choses très, très simples qui sont à l’origine de la forte croissance du secteur, et je m’attends à ce que ces choses ne changent pas pendant encore un certain temps. Premièrement, et c’est quelque chose que tout le monde sait, à l’échelle mondiale, on assiste à une croissance démographique et au vieillissement de la population. Par exemple, ici, au Canada, tandis que l’ensemble de la croissance démographique est d’environ 1 % annuellement, pour les adultes de plus de 65 ans, elle est en fait trois fois plus rapide et se situe à 3 % par an. Et à mesure qu’on vieillit, on consomme davantage de services de santé. Deuxièmement, le deuxième facteur de croissance, qui est sans doute encore plus important, a été l’innovation. La raison pour laquelle l’innovation a eu un effet aussi majeur dans le secteur des soins de santé est la même que dans le cas du secteur technologique : elle ouvre de nouveaux marchés dans lesquels les besoins des consommateurs ne sont pas satisfaits. Et si le secteur des soins de santé continue d’investir chaque année de plus en plus dans la recherche et le développement, le pipeline d’innovation va demeurer solide et continuer à générer de solides rendements.
Parlons de ce thème clé qu’est l’innovation, parce que je sais que vous vous concentrez entre autres là-dessus. Si on examine un des FNB auquel je sais que vous contribuez, le FNB indiciel de chefs de file mondiaux des soins de santé TD, on voit qu’il s’attarde sur certaines catégories d’innovation. Je crois que nous avons un graphique que nous pouvons montrer à ce sujet. Six de ces catégories sont particulièrement intéressantes selon vous, on a en déjà parlé. On n’a pas le temps de couvrir toutes les six, mais je sais qu’il y en a une que vous vouliez souligner.
Oui. Prenons beaucoup de recul un moment. Comme tout le monde s’en souvient, j’en suis sûr, des cours de biologie de secondaire, le domaine de la génomique connaît une croissance rapide et le génome est tout simplement un mot sophistiqué qui fait référence à tout notre ADN. Par extension, la médecine génomique renvoie simplement au fait d’utiliser la science de la génomique dans le cadre des soins cliniques aux patients. Comme l’innovation s’est vraiment accélérée dans les dernières années, elle a entraîné une diminution majeure des coûts liés au séquençage de l’ADN, qui est, dans les grandes lignes, le processus consistant à lire toutes les lettres de l’ADN de quelqu’un. Il a fallu treize ans et trois milliards de dollars pour faire le séquençage du premier génome humain en 2003, dans le cadre du projet du génome humain. Aujourd’hui, c’est quelque chose qu’on peut faire en quelques heures pour moins de 700 $. Et une des applications les plus prometteuses de cette technologie consiste en la mise au point d’un test de dépistage précoce du cancer. Il s’agit d’un développement encore plus important du fait que le cancer est la deuxième cause de mortalité à l’échelle mondiale. Comme on peut le voir dans ce graphique, malgré des dizaines d’années de recherche, on a encore beaucoup de chemin à faire pour découvrir de meilleurs traitements contre le cancer et également de meilleures méthodes simplement pour le dépister. Vous savez, par contraste, si on regarde les maladies cardiovasculaires, on voit que les progrès des dernières décennies semblent avoir été bien plus importants. Si on se penche sur les chiffres ici, au Canada, une statistique bouleverse beaucoup de gens : près d’un Canadien sur deux va recevoir un diagnostic de cancer au cours de sa vie et un sur quatre va mourir de cette maladie. Donc, à l’aide des futurs diagnostiques basés sur la génomique effectués dans le cadre des examens physiques annuels, on pourra peut-être faire des prélèvements sanguins qui nous permettront de détecter la présence de microfragments de gènes cancéreux qui flottent dans le sang. On va ainsi être capable de dépister plus de cancers rapidement. Ils vont donc être plus faciles à traiter, ce qui pourrait améliorer de beaucoup les taux de survie. De la même manière que les mammographies ont réduit la mortalité associée au cancer du sein depuis les années 1980, ces tests basés sur la génomique, on l’espère, pourront permettre de dépister des cancers plus rapidement, par exemple le cancer des ovaires, du pancréas, de l’estomac et des poumons. On parle ici des cancers pour lesquels il n’existe pas actuellement de tests de dépistage précoce. Le premier test du genre, en fait, a été mis sur le marché aux États-Unis cet été par l’entreprise GRAIL. Le test vise actuellement les adultes de plus de 50 ans qui sont à risque élevé de souffrir d’un cancer et peut dépister plus de 50 types de cancers. Cela dit, le test est loin d’être parfait. Cette technologie de première génération peut seulement dépister les cancers à des stades précoces 44 % du temps. Mais comme la technologie continue de s’améliorer, je m’attends à ce que le secteur crée des tests plus performants. À mesure que cette sensibilité va augmenter, cette technologie va être de plus en plus adoptée partout dans le monde.
Les possibilités sont emballantes. On peut penser à cette idée de biopsie liquide par laquelle, juste avec des prélèvements sanguins, il serait possible de savoir ce qui ne va pas. Tarik, il ne me reste que 30 secondes environ, mais je sais qu’une entreprise, qui je crois fait partie du FNB indiciel de chefs de file mondiaux des soins de santé TD, attire particulièrement votre attention : Illumina. Que fait-elle exactement?
Oui. Donc, si on regarde l’ensemble du monde de la génomique, on voit que le fonds détient des titres de plusieurs entreprises, mais la principale à surveiller, comme vous l’avez mentionné, est Illumina, une entreprise basée en Californie. Dans les grandes lignes, Illumina est le chef de file mondial en séquençage génétique et sa machine séquence environ 90 % de tout le matériel génétique traité tous les jours à l’échelle mondiale. Ce qu’Illumina a d’unique, c’est qu’elle profite de la croissance à long terme du domaine de la génomique, peu importe quelle entreprise de diagnostiques met au point le prochain grand test et peu importe quelle université fait la prochaine grande découverte. En fait, en fin de compte, la majorité du secteur dépend des machines d’Illumina. Donc, tant que les volumes de séquençage continuent d’augmenter d’une année à l’autre, Illumina est en bonne posture pour que la croissance de ses revenus se poursuive.
C’était une conversation intéressante, Tarik. Merci beaucoup, c’est toujours un plaisir de vous recevoir.
Merci, Kim.
Oui, Kim, vous avez parfaitement raison. Si on regarde le graphique, on voit que ce secteur a été le deuxième secteur du S&P 500 à afficher le meilleur rendement dans les deux dernières décennies. Il est seulement supplanté par le secteur technologique. Si on prend du recul et qu’on examine la situation dans son ensemble, on s’aperçoit qu’il y a deux choses très, très simples qui sont à l’origine de la forte croissance du secteur, et je m’attends à ce que ces choses ne changent pas pendant encore un certain temps. Premièrement, et c’est quelque chose que tout le monde sait, à l’échelle mondiale, on assiste à une croissance démographique et au vieillissement de la population. Par exemple, ici, au Canada, tandis que l’ensemble de la croissance démographique est d’environ 1 % annuellement, pour les adultes de plus de 65 ans, elle est en fait trois fois plus rapide et se situe à 3 % par an. Et à mesure qu’on vieillit, on consomme davantage de services de santé. Deuxièmement, le deuxième facteur de croissance, qui est sans doute encore plus important, a été l’innovation. La raison pour laquelle l’innovation a eu un effet aussi majeur dans le secteur des soins de santé est la même que dans le cas du secteur technologique : elle ouvre de nouveaux marchés dans lesquels les besoins des consommateurs ne sont pas satisfaits. Et si le secteur des soins de santé continue d’investir chaque année de plus en plus dans la recherche et le développement, le pipeline d’innovation va demeurer solide et continuer à générer de solides rendements.
Parlons de ce thème clé qu’est l’innovation, parce que je sais que vous vous concentrez entre autres là-dessus. Si on examine un des FNB auquel je sais que vous contribuez, le FNB indiciel de chefs de file mondiaux des soins de santé TD, on voit qu’il s’attarde sur certaines catégories d’innovation. Je crois que nous avons un graphique que nous pouvons montrer à ce sujet. Six de ces catégories sont particulièrement intéressantes selon vous, on a en déjà parlé. On n’a pas le temps de couvrir toutes les six, mais je sais qu’il y en a une que vous vouliez souligner.
Oui. Prenons beaucoup de recul un moment. Comme tout le monde s’en souvient, j’en suis sûr, des cours de biologie de secondaire, le domaine de la génomique connaît une croissance rapide et le génome est tout simplement un mot sophistiqué qui fait référence à tout notre ADN. Par extension, la médecine génomique renvoie simplement au fait d’utiliser la science de la génomique dans le cadre des soins cliniques aux patients. Comme l’innovation s’est vraiment accélérée dans les dernières années, elle a entraîné une diminution majeure des coûts liés au séquençage de l’ADN, qui est, dans les grandes lignes, le processus consistant à lire toutes les lettres de l’ADN de quelqu’un. Il a fallu treize ans et trois milliards de dollars pour faire le séquençage du premier génome humain en 2003, dans le cadre du projet du génome humain. Aujourd’hui, c’est quelque chose qu’on peut faire en quelques heures pour moins de 700 $. Et une des applications les plus prometteuses de cette technologie consiste en la mise au point d’un test de dépistage précoce du cancer. Il s’agit d’un développement encore plus important du fait que le cancer est la deuxième cause de mortalité à l’échelle mondiale. Comme on peut le voir dans ce graphique, malgré des dizaines d’années de recherche, on a encore beaucoup de chemin à faire pour découvrir de meilleurs traitements contre le cancer et également de meilleures méthodes simplement pour le dépister. Vous savez, par contraste, si on regarde les maladies cardiovasculaires, on voit que les progrès des dernières décennies semblent avoir été bien plus importants. Si on se penche sur les chiffres ici, au Canada, une statistique bouleverse beaucoup de gens : près d’un Canadien sur deux va recevoir un diagnostic de cancer au cours de sa vie et un sur quatre va mourir de cette maladie. Donc, à l’aide des futurs diagnostiques basés sur la génomique effectués dans le cadre des examens physiques annuels, on pourra peut-être faire des prélèvements sanguins qui nous permettront de détecter la présence de microfragments de gènes cancéreux qui flottent dans le sang. On va ainsi être capable de dépister plus de cancers rapidement. Ils vont donc être plus faciles à traiter, ce qui pourrait améliorer de beaucoup les taux de survie. De la même manière que les mammographies ont réduit la mortalité associée au cancer du sein depuis les années 1980, ces tests basés sur la génomique, on l’espère, pourront permettre de dépister des cancers plus rapidement, par exemple le cancer des ovaires, du pancréas, de l’estomac et des poumons. On parle ici des cancers pour lesquels il n’existe pas actuellement de tests de dépistage précoce. Le premier test du genre, en fait, a été mis sur le marché aux États-Unis cet été par l’entreprise GRAIL. Le test vise actuellement les adultes de plus de 50 ans qui sont à risque élevé de souffrir d’un cancer et peut dépister plus de 50 types de cancers. Cela dit, le test est loin d’être parfait. Cette technologie de première génération peut seulement dépister les cancers à des stades précoces 44 % du temps. Mais comme la technologie continue de s’améliorer, je m’attends à ce que le secteur crée des tests plus performants. À mesure que cette sensibilité va augmenter, cette technologie va être de plus en plus adoptée partout dans le monde.
Les possibilités sont emballantes. On peut penser à cette idée de biopsie liquide par laquelle, juste avec des prélèvements sanguins, il serait possible de savoir ce qui ne va pas. Tarik, il ne me reste que 30 secondes environ, mais je sais qu’une entreprise, qui je crois fait partie du FNB indiciel de chefs de file mondiaux des soins de santé TD, attire particulièrement votre attention : Illumina. Que fait-elle exactement?
Oui. Donc, si on regarde l’ensemble du monde de la génomique, on voit que le fonds détient des titres de plusieurs entreprises, mais la principale à surveiller, comme vous l’avez mentionné, est Illumina, une entreprise basée en Californie. Dans les grandes lignes, Illumina est le chef de file mondial en séquençage génétique et sa machine séquence environ 90 % de tout le matériel génétique traité tous les jours à l’échelle mondiale. Ce qu’Illumina a d’unique, c’est qu’elle profite de la croissance à long terme du domaine de la génomique, peu importe quelle entreprise de diagnostiques met au point le prochain grand test et peu importe quelle université fait la prochaine grande découverte. En fait, en fin de compte, la majorité du secteur dépend des machines d’Illumina. Donc, tant que les volumes de séquençage continuent d’augmenter d’une année à l’autre, Illumina est en bonne posture pour que la croissance de ses revenus se poursuive.
C’était une conversation intéressante, Tarik. Merci beaucoup, c’est toujours un plaisir de vous recevoir.
Merci, Kim.