Bien qu’on ait beaucoup parlé de la remontée des actions américaines, les marchés canadiens ont aussi atteint des sommets records. Michael O’Brien, directeur général et chef de l’équipe des actions canadiennes de base, Gestion de Placements TD Inc., discute de certains différents facteurs alimentant les gains au Canada et des perspectives du marché.
Print Transcript
Les grands titres sont dominés par la remontée des actions américaines, mais les marchés canadiens ont eux aussi atteint des sommets. Est-ce que cela peut se poursuivre? Michael O'Brien de Gestion de placements TD nous rejoint. Bonjour, Michael.
Bonjour, Greg.
Quand on songe à la remontée tranquille, aujourd'hui, nous avons crevé le plafond des 2 400 pour la toute première fois. Il s'agit de nouveaux sommets pour les marchés canadiens. Ça n'a peut-être pas été le cas dans la même mesure que le marché américain, qui a été très en vue.
C'est une approche typiquement canadienne, on procède de façon discrète, mais on y arrive. Ça a été une excellente année pour les actions canadiennes. Quand on se demande d'où cela provient, il y a toutes sortes de secteurs différents qui y ont contribué. En début d'année, les actions de pétrole et de gaz étaient en tête au premier trimestre. Ça s'est un peu refroidi, les gens sont un peu moins certains de l'évolution des cours du pétrole, mais d'autres secteurs ont repris le témoin. Les banques ont également bien progressé, alors que remonte la confiance quant à la possibilité que les pertes sur créances ne soient pas aussi importantes que prévu. Les actions aurifères ont connu une forte croissance. Et puis enfin, les plus récents participants, ce sont les titres sensibles aux taux d'intérêt qui ont bénéficié du début du cycle de réduction de taux au Canada comme aux États-Unis avec la réduction de taux de la Fed de 50 points de base la semaine dernière. Donc, les secteurs qui offrent traditionnellement un rendement se sont très bien portés depuis quelque temps. Il y a vraiment eu une rotation dans le leadership du marché d'un jour à l'autre.
Quand on considère la progression du marché, c'était surtout la technologie aux États-Unis. Est-ce que notre marché est différent?
Oui. Il y a eu un certain élargissement, une plus grande ampleur aux États-Unis. L'indice S&P atteint toujours de nouveaux sommets, mais si vous considérez les sept magnifiques, c'est-à-dire NVIDIA, Microsoft, Amazon, toutes ces actions sont toujours en deçà de leurs sommets atteints jusqu'ici cette année. Il y a eu un élargissement sur ce marché. C'est plus prononcé sur le marché canadien, parce qu'il y a moins des sept magnifiques et beaucoup plus d'autres types d'actions. Il s'agit d'un phénomène nord-américain, mais qui a davantage d'effet au Canada compte tenu de la composition du marché.
Les trois réductions de taux, la Banque du Canada, qui a commencé au mois de juin, la Fed a enfin entamé ses réductions la semaine dernière avec 50 points de base; compte tenu des attentes à l'égard des nouvelles réductions, comment les marchés seront-ils affectés?
C'est une des raisons pour lesquelles les marchés atteignent des sommets, parce que les investisseurs l'attendent, le prévoient, ils salivent en attendant les réductions de taux, qui sont enfin arrivées. C'est comme un chien qui court après une voiture. Maintenant qu'il l'a attrapée, que va-t-il faire? Il y a le débat sur les coupures de taux, qui est terminé. Selon moi, la prochaine remontée, s'il doit y avoir des gains sur le marché, il faudra que cela provienne de la confirmation que nous allons avoir un atterrissage en douceur. Il faut que nous revenions aux données fondamentales, il faut que la prochaine remontée, la prochaine phase de la remontée, soit impulsée par la croissance, la bonne vieille croissance des bénéfices. Il faut que les données économiques nous rassurent, non pas à l'idée que les choses sont excellentes aujourd'hui, mais qu'elles n'empireront pas et que les coupures de taux auront le temps de faire leur effet, de relancer l'économie. Si cela se produit, nous pouvons attendre le deuxième semestre de 2025 et début 2026, être rassuré quant aux perspectives de bénéfice de ces entreprises, puisque les réductions de taux pourront, on peut l'espérer, relancer l'économie.
Relancer l'économie, mais vous et moi en avons parlé, on a attendu ces réductions de taux, une fois qu'on commence à voir la Banque du Canada qui réduit son taux directeur, peut-être certaines de ces actions axées sur le rendement, sans procurer le rendement qu'on obtenait dans les CPG et les produits d'épargne, certaines des actions qui procurent un rendement seront plus intéressantes.
Oui, les investisseurs l'attendent, il y a une légion de gens, y compris moi, si on avait quelques milliers de dollars, il y a un an, un an et demi, on le place dans un juteux CPG qui rapporte 5 % ou 6 % sans risque. Il n'y a rien à cela, beaucoup de gens l'ont fait. Il y a beaucoup d'argent qui est garé dans ces investissements à court terme, semblables à des liquidités, et à haut rendement. Ce qui va se produire, et on l'attend avec beaucoup d'enthousiasme, c'est que le CPG que vous avez acheté à 5,5 %, quand vous le renouvellerez, il procurera peut-être 3,5 ou 3. Je crois que ce genre d'investisseur peut trouver non pas seulement les actions de technologie aux États-Unis, mais de bonnes vieilles actions de services publics, de télécommunications, car ils veulent un rendement, et un rendement relativement sécuritaire. Cela offre une possibilité au niveau des fonds. Il pourrait y avoir pas mal d'argent qui affluera d'ici un an, un an et demi, tant que ce cycle de réduction de taux se poursuit, et qui pourrait trouver un nouveau foyer dans certains de ces secteurs du marché boursier qui sont plus stables.
Oui, ces actions à cause du rendement pourraient paraître plus intéressantes. Les télécommunications, les banques, certains des autres secteurs sont très sensibles à l'économie. Il faut parvenir à l'atterrissage en douceur pour que tout se conjugue, pour que les conditions du succès soient réunies.
Si vous ventilez les différents secteurs de l'indice TSX composé, il y a un groupe, c'est la plus importante corbeille du TSX, ce sont les services financiers, banques et compagnies d'assurances, qui sont très sensibles aux taux d'intérêt mais qui sont en pointe. Ils ont besoin d'une économie florissante, d'un atterrissage en douceur pour mettre fin au cycle des pertes sur créances, pour relancer la croissance des bénéfices. Il y a donc cette corbeille-là. Et puis, il y a les actions défensives plus traditionnelles, les FPI, les pipelines, les services publics réglementés. Traditionnellement, les investisseurs les considèrent comme une bonne option dans un marché où le goût du risque n'est plus au rendez-vous. Ce sont des positionnements plus défensifs. Celles-ci bénéficient également de la baisse des taux d'intérêt qui va engendrer une fuite des capitaux qui avaient été garés dans des CPG. Est-ce qu'on veut mettre le pied sur le frein ou l'accélérateur? Il y a des solutions potentielles pour l'un ou l'autre.
Bon, il y a eu une remontée, c'est curieux de poser la question, mais est-ce que le Canada pourrait surclasser à court terme?
Ce qui a joué en faveur du Canada depuis le début de l'année, c'est qu'on n'a pas fait attention à nous. C'était au sud de la frontière qu'il se passait des choses beaucoup plus intéressantes: l'intelligence artificielle, les voitures autonomes, l'avenir, bref. C'est là où les marchés concentrent leurs efforts. Il y a un degré de confiance très mitigé par rapport aux actions canadiennes, mais quand on investit à contre-courant, c'est exactement ce que l'on recherche. Si vous considérez les valorisations au sud de la frontière et que l'on compare à l'indice TSX composé, les investisseurs demandent beaucoup moins de l'indice TSX composé pour exaucer cet espoir que le Canada surclasse les États-Unis. Je pense que le marché canadien doit satisfaire à des attentes moins exigeantes, mais il s'agit d'un marché traditionnellement cyclique. Il y a les banques, les compagnies d'assurances, le complexe des ressources, les producteurs d'énergie, les mines. Il faut avoir un contexte économique favorable pour que ces secteurs se relancent durablement. La première phase, c'était les valorisations qui sont passées de niveaux très bas à ce que j'appellerais des niveaux relatifs. La deuxième phase doit être alimentée par la croissance.
Bonjour, Greg.
Quand on songe à la remontée tranquille, aujourd'hui, nous avons crevé le plafond des 2 400 pour la toute première fois. Il s'agit de nouveaux sommets pour les marchés canadiens. Ça n'a peut-être pas été le cas dans la même mesure que le marché américain, qui a été très en vue.
C'est une approche typiquement canadienne, on procède de façon discrète, mais on y arrive. Ça a été une excellente année pour les actions canadiennes. Quand on se demande d'où cela provient, il y a toutes sortes de secteurs différents qui y ont contribué. En début d'année, les actions de pétrole et de gaz étaient en tête au premier trimestre. Ça s'est un peu refroidi, les gens sont un peu moins certains de l'évolution des cours du pétrole, mais d'autres secteurs ont repris le témoin. Les banques ont également bien progressé, alors que remonte la confiance quant à la possibilité que les pertes sur créances ne soient pas aussi importantes que prévu. Les actions aurifères ont connu une forte croissance. Et puis enfin, les plus récents participants, ce sont les titres sensibles aux taux d'intérêt qui ont bénéficié du début du cycle de réduction de taux au Canada comme aux États-Unis avec la réduction de taux de la Fed de 50 points de base la semaine dernière. Donc, les secteurs qui offrent traditionnellement un rendement se sont très bien portés depuis quelque temps. Il y a vraiment eu une rotation dans le leadership du marché d'un jour à l'autre.
Quand on considère la progression du marché, c'était surtout la technologie aux États-Unis. Est-ce que notre marché est différent?
Oui. Il y a eu un certain élargissement, une plus grande ampleur aux États-Unis. L'indice S&P atteint toujours de nouveaux sommets, mais si vous considérez les sept magnifiques, c'est-à-dire NVIDIA, Microsoft, Amazon, toutes ces actions sont toujours en deçà de leurs sommets atteints jusqu'ici cette année. Il y a eu un élargissement sur ce marché. C'est plus prononcé sur le marché canadien, parce qu'il y a moins des sept magnifiques et beaucoup plus d'autres types d'actions. Il s'agit d'un phénomène nord-américain, mais qui a davantage d'effet au Canada compte tenu de la composition du marché.
Les trois réductions de taux, la Banque du Canada, qui a commencé au mois de juin, la Fed a enfin entamé ses réductions la semaine dernière avec 50 points de base; compte tenu des attentes à l'égard des nouvelles réductions, comment les marchés seront-ils affectés?
C'est une des raisons pour lesquelles les marchés atteignent des sommets, parce que les investisseurs l'attendent, le prévoient, ils salivent en attendant les réductions de taux, qui sont enfin arrivées. C'est comme un chien qui court après une voiture. Maintenant qu'il l'a attrapée, que va-t-il faire? Il y a le débat sur les coupures de taux, qui est terminé. Selon moi, la prochaine remontée, s'il doit y avoir des gains sur le marché, il faudra que cela provienne de la confirmation que nous allons avoir un atterrissage en douceur. Il faut que nous revenions aux données fondamentales, il faut que la prochaine remontée, la prochaine phase de la remontée, soit impulsée par la croissance, la bonne vieille croissance des bénéfices. Il faut que les données économiques nous rassurent, non pas à l'idée que les choses sont excellentes aujourd'hui, mais qu'elles n'empireront pas et que les coupures de taux auront le temps de faire leur effet, de relancer l'économie. Si cela se produit, nous pouvons attendre le deuxième semestre de 2025 et début 2026, être rassuré quant aux perspectives de bénéfice de ces entreprises, puisque les réductions de taux pourront, on peut l'espérer, relancer l'économie.
Relancer l'économie, mais vous et moi en avons parlé, on a attendu ces réductions de taux, une fois qu'on commence à voir la Banque du Canada qui réduit son taux directeur, peut-être certaines de ces actions axées sur le rendement, sans procurer le rendement qu'on obtenait dans les CPG et les produits d'épargne, certaines des actions qui procurent un rendement seront plus intéressantes.
Oui, les investisseurs l'attendent, il y a une légion de gens, y compris moi, si on avait quelques milliers de dollars, il y a un an, un an et demi, on le place dans un juteux CPG qui rapporte 5 % ou 6 % sans risque. Il n'y a rien à cela, beaucoup de gens l'ont fait. Il y a beaucoup d'argent qui est garé dans ces investissements à court terme, semblables à des liquidités, et à haut rendement. Ce qui va se produire, et on l'attend avec beaucoup d'enthousiasme, c'est que le CPG que vous avez acheté à 5,5 %, quand vous le renouvellerez, il procurera peut-être 3,5 ou 3. Je crois que ce genre d'investisseur peut trouver non pas seulement les actions de technologie aux États-Unis, mais de bonnes vieilles actions de services publics, de télécommunications, car ils veulent un rendement, et un rendement relativement sécuritaire. Cela offre une possibilité au niveau des fonds. Il pourrait y avoir pas mal d'argent qui affluera d'ici un an, un an et demi, tant que ce cycle de réduction de taux se poursuit, et qui pourrait trouver un nouveau foyer dans certains de ces secteurs du marché boursier qui sont plus stables.
Oui, ces actions à cause du rendement pourraient paraître plus intéressantes. Les télécommunications, les banques, certains des autres secteurs sont très sensibles à l'économie. Il faut parvenir à l'atterrissage en douceur pour que tout se conjugue, pour que les conditions du succès soient réunies.
Si vous ventilez les différents secteurs de l'indice TSX composé, il y a un groupe, c'est la plus importante corbeille du TSX, ce sont les services financiers, banques et compagnies d'assurances, qui sont très sensibles aux taux d'intérêt mais qui sont en pointe. Ils ont besoin d'une économie florissante, d'un atterrissage en douceur pour mettre fin au cycle des pertes sur créances, pour relancer la croissance des bénéfices. Il y a donc cette corbeille-là. Et puis, il y a les actions défensives plus traditionnelles, les FPI, les pipelines, les services publics réglementés. Traditionnellement, les investisseurs les considèrent comme une bonne option dans un marché où le goût du risque n'est plus au rendez-vous. Ce sont des positionnements plus défensifs. Celles-ci bénéficient également de la baisse des taux d'intérêt qui va engendrer une fuite des capitaux qui avaient été garés dans des CPG. Est-ce qu'on veut mettre le pied sur le frein ou l'accélérateur? Il y a des solutions potentielles pour l'un ou l'autre.
Bon, il y a eu une remontée, c'est curieux de poser la question, mais est-ce que le Canada pourrait surclasser à court terme?
Ce qui a joué en faveur du Canada depuis le début de l'année, c'est qu'on n'a pas fait attention à nous. C'était au sud de la frontière qu'il se passait des choses beaucoup plus intéressantes: l'intelligence artificielle, les voitures autonomes, l'avenir, bref. C'est là où les marchés concentrent leurs efforts. Il y a un degré de confiance très mitigé par rapport aux actions canadiennes, mais quand on investit à contre-courant, c'est exactement ce que l'on recherche. Si vous considérez les valorisations au sud de la frontière et que l'on compare à l'indice TSX composé, les investisseurs demandent beaucoup moins de l'indice TSX composé pour exaucer cet espoir que le Canada surclasse les États-Unis. Je pense que le marché canadien doit satisfaire à des attentes moins exigeantes, mais il s'agit d'un marché traditionnellement cyclique. Il y a les banques, les compagnies d'assurances, le complexe des ressources, les producteurs d'énergie, les mines. Il faut avoir un contexte économique favorable pour que ces secteurs se relancent durablement. La première phase, c'était les valorisations qui sont passées de niveaux très bas à ce que j'appellerais des niveaux relatifs. La deuxième phase doit être alimentée par la croissance.