Il existe 86 000 organismes de bienfaisance au Canada, qui rivalisent tous pour votre soutien. Plusieurs donateurs recherchent toutefois des occasions de s’impliquer et de s’assurer que leurs dons ont un plus grand impact. Cet épisode spécial de MoneyTalk se penche sur le concept de donner au suivant en explorant les façons d’être plus près des causes que vous supportez et les moyens pour maximiser vos dons de bienfaisance et votre sentiment d’accomplissement.
Kim Parlee discute avec Jo-Anne Ryan, directrice générale de la Fondation de dons particuliers à Gestion de patrimoine TD, Paul Nazareth, vice-président de l’Association canadienne des professionnels en dons planifiés et Krishan Mehta, vice-président associé chargé de l’engagement à l’Université Ryerson.
Nous donnons près de 10 milliards de dollars par année et ce montant augmente constamment. De nombreux Canadiens cherchent néanmoins à faire plus, à contribuer davantage. Ce soir, on va rencontrer trois Canadiens qui défendent une cause qui leur tient à cœur et qui utilisent intelligemment leur argent pour les soutenir. Tout d’abord, Miranda, une directrice financière à la retraite qui soutient la Croix-Rouge canadienne avec beaucoup d’enthousiasme.
MIRANDA HUBBS : Je m’appelle Miranda. On m’a offert plusieurs occasions simplement parce que je suis une Canadienne. Je sais à quel point je suis privilégiée. L’un des organismes que je soutiens, qui contribue à faire du Canada un meilleur pays, est la Société canadienne de la Croix-Rouge.
Lorsque je fais un don, je m’assure que la mission de l’organisme de bienfaisance m’interpelle. Je veux vraiment ressentir un attachement pour sa mission. J’ai fait mon premier don important à la Croix-Rouge après le tremblement de terre en Haïti. Je pense que, comme pour un grand nombre de personnes, c’est l’ampleur de la dévastation qui m’a touchée. Près d’un quart de million de personnes ont perdu la vie. Elles vivaient largement sous le seuil de pauvreté. Mon entreprise avait mis en place un programme de dons de contrepartie pour Haïti. Encore une fois, on a voulu apporter de l’aide. On a évalué un certain nombre d’organismes, puis on a choisi la Croix-Rouge. Elle inspire confiance.
Le <i>Tiffany Circle</i> est une organisation de femmes philanthropes qui se sont engagées à soutenir la mission humanitaire de la Croix-Rouge canadienne. Voici une belle citation de l’auteure Laura Liswood à ce sujet : « Les femmes sont comme des flocons de neige. Seuls, ils fondent sur le pavé. Mais des millions d’entre eux peuvent bloquer la circulation. » C’est ce qu’on fait avec le <i>Tiffany Circle</i>.
Les femmes ne donnent pas de la même façon que les hommes. C’était écrit dans le rapport de la TD. Les femmes aisées sont plus susceptibles de donner que les hommes riches. Si vous tenez compte de la satisfaction à l’égard de la vie pour mesurer le bonheur, il semble que les femmes éprouvent une plus grande satisfaction lorsqu’elles font un don.
On organise l’événement <i>Behind the Red Vest</i>. On réalise alors une simulation pour montrer le travail d’un premier répondant de la Croix-Rouge. Les femmes veulent tisser des relations avec les organismes, les bénévoles et les personnes qui les entourent. Elles veulent en savoir plus sur ces organismes.
Le <i>Tiffany Circle</i> m’a donné l’occasion de voir de plus près le travail effectué par la Croix-Rouge canadienne et de mieux le comprendre. En fait, c’est rassurant. Ça peut vraiment approfondir votre relation avec l’organisme lorsque vous avez le temps et l’occasion de le faire.
L’histoire de Miranda est fantastique. Jo-Anne Ryan est ici pour mieux expliquer le contexte. Elle est directrice générale, Fondation de dons particuliers et vice-présidente, Philanthropie, Gestion de patrimoine TD. On est ravis que vous soyez ici aujourd’hui.
Je suis heureuse d’être ici.
KIM PARLEE : C’est une belle histoire. Elle s’associe davantage aux activités de l’organisme de bienfaisance. C’est bon pour elle et pour l’organisme.
Absolument.
Pourquoi pensez-vous que c’est mieux ainsi?
On a fait beaucoup de recherches sur les femmes et la philanthropie. Elles veulent entretenir une relation avec les organismes qu’elles soutiennent. Comme l’a dit Miranda, ça peut être avec le personnel, les bénévoles ou le conseil d’administration. Elles veulent s’impliquer. Elles veulent mettre la main à la pâte. Plus elles sont engagées, plus elles sont heureuses, et plus elles sont susceptibles de faire un don important.
Je pense aussi, compte tenu de cette étude, et du travail que vous avez fait, que les femmes ont aussi beaucoup plus à donner.
À tout le moins, c’est ce qu’on a observé. Les femmes sont de plus en plus riches au Canada. En 2016, elles contrôlaient 1,4 milliard de dollars au Canada. En 2026, ce montant bondira à 3,6 milliards de dollars. Donc, en 10 ans, leur contrôle sur leurs avoirs passera de 35 % à près de 50 %. Comme leur espérance de vie est supérieure à celle des hommes, elles reçoivent souvent deux héritages. Celui de leurs parents, puis celui de leur conjoint ou de leur partenaire. Elles ont donc beaucoup à donner et plusieurs causes leur tiennent vraiment à cœur.
C’est intéressant parce qu’elle en a parlé. La relation avec l’organisme de bienfaisance est souvent différente chez les femmes et chez les hommes. Le <i>Tiffany Circle</i> aide la Croix-Rouge à mobiliser les donateurs. Y a-t-il d’autres exemples d’organismes de bienfaisance qui font ce genre de choses?
Ils se rendent compte que les femmes peuvent faire des dons importants. Ils élaborent donc des stratégies pour les attirer. Certains d’entre eux ont créé des cercles de donateurs. Centraide a créé le groupe Elles Centraide. Les femmes se réunissent. Elles s’engagent à verser un montant minimal. Elles choisissent ensuite ensemble l’organisme qu’elles veulent soutenir.
D’autres organismes de bienfaisance réunissent aussi des femmes dans ce genre de cercles. Elles doivent parfois prendre un engagement financier. Parfois, elles veulent seulement en apprendre plus sur une cause qui leur tient à cœur.
À ce moment-là, bien entendu, elles peuvent mettre à profit leurs compétences. Miranda est un bel exemple. Au-delà de l’argent, elle a beaucoup à donner.
Absolument. Les femmes savent mieux se préparer. Elles se renseignent avant de faire un don important. Il faut donc plus de temps pour obtenir un don important d’une femme que d’un homme. Toutefois, quand la relation est établie, elles sont très, très engagées, comme Miranda.
Oui, c’est une belle histoire. Tout au long de l’entrevue et Jo–Anne va rester ici, les personnes qui sont avec moi donneront quelques conseils et préciseront certaines choses à garder à l’esprit concernant les organismes de bienfaisance. On va maintenant vous donner quelques conseils.
Le premier, qu’on peut voir à l’écran : renseignez-vous sur l’efficience fiscale.
JO-ANNE RYAN : Il y a des incitatifs fiscaux très généreux pour les dons de charité au Canada. Vous devez bien les connaître pour pouvoir en tirer le meilleur parti possible. Par exemple : les dons de titres et l’élimination des gains en capital. Renseignez-vous, et abordez ce sujet avec vos gestionnaires, Services financiers personnels.
KIM PARLEE : Deuxième conseil : n’évaluez pas le rendement d’un organisme de bienfaisance en fonction des frais d’administration. Certaines personnes ont tendance à se demander : À combien s’élèvent leurs dépenses? Eh bien, ne faites pas ça.
JO-ANNE RYAN : On ne peut pas dire que les meilleurs organismes de bienfaisance dépensent moins, versent de plus bas salaires, paient moins de frais d’administration, ou sont gérés à 100 % par des bénévoles. Ils ont besoin d’argent. Ils doivent bien payer leur personnel pour embaucher des personnes compétentes. Ils doivent faire du marketing pour faire connaître l’excellent travail qu’ils font. Concentrez-vous donc vraiment sur les répercussions de votre don au lieu de penser à l’argent dépensé en salaires et en frais d’administration.
Dernier conseil : donnez, tout simplement. N’attendez pas la fin de l’année pour prendre toutes ces décisions importantes.
JO-ANNE RYAN : Exactement. Le 31 décembre approche rapidement. N’attendez pas au 30 décembre. Un autre conseil : la période des Fêtes approche. S’il y a une personne sur votre liste qui ne manque de rien, pensez à faire un don au moyen du site Web CanaDon.org. Vous obtenez ainsi un reçu officiel de dons, et la personne peut choisir l’organisme de bienfaisance qui le recevra.
La prochaine personne qu’on va accueillir se préoccupe grandement du sort des mères célibataires et de leurs enfants et elle veut leur donner ce dont ils ont besoin. Elle a trouvé un moyen de récolter davantage de dons pour eux. Ruth est une agente immobilière et une professionnelle des placements. Voici comment elle utilise un fonds à vocation arrêtée pour soutenir le programme Homeward Bound.
Je m’appelle Ruth. Je travaille dans l’entreprise familiale. Je pense que je suis très éclectique et très féministe. Il y a quelques raisons pour lesquelles le programme Homeward Bound m’intéresse. Mon père était un enfant survivant de l’holocauste. Un de leurs anciens voisins avait caché sa famille durant cette épreuve. Grâce à lui, plusieurs membres de ma famille ont survécu. Cette histoire m’a incitée à beaucoup me soucier du sort des autres, et elle m’a aidé à comprendre qu’on a parfois besoin de l’aide d’autres personnes. Je ne l’oublierai jamais.
Ce qui me plaît dans le programme Homeward Bound, d’après ce que je comprends, c’est qu’il a été créé pour aider les mères célibataires et leurs enfants. Que ce soit avec la garderie, l’éducation, ou le logement. J’aime la façon dont ils essaient vraiment de fournir tout ce dont les femmes peuvent avoir besoin pour faire de leur mieux et transformer leur vie.
Au lieu de signer un chèque de façon ponctuelle, j’ai pu ouvrir un fonds à vocation arrêtée pour soutenir les organismes de bienfaisance de mon choix. Ce fonds me permet aussi de léguer un héritage. C’est un peu comme établir un budget. Si je gère ce fonds, moi, et mes enfants par la suite, nous pourrons l’utiliser pour continuer à faire des dons.
J’essaie de collaborer avec les organismes, au lieu de me contenter de faire un chèque, parce qu’ils me donnent parfois l’occasion d’approfondir mes connaissances. Je peux ainsi mieux comprendre un programme et ses avantages. Cet engagement, je pense, peut être bénéfique pour les bénéficiaires des dons, les personnes auxquelles elles viennent en aide, mais aussi pour moi personnellement.
Quand j’explique à mes enfants pourquoi je fais ce que je fais, et qui je suis, je leur dis souvent que les notions de « nous » et « eux » n’existent pas vraiment. On a besoin de beaucoup pour joindre les deux bouts dans ce monde. N’importe quelle personne, peu importe ce qu’elle peut sembler avoir à un moment donné, n’est qu’à une ou deux crises de se retrouver vraiment dans le besoin.
C’était Ruth. C’est une très belle histoire. C’est vraiment une personne remarquable. Nous connaissons Ruth. Elle est vraiment très généreuse. Jo-Anne Ryan, vice-présidente, Philanthropie, est toujours ici, et Paul Nazareth vient de se joindre à nous. Il travaille pour l’Association canadienne des professionnels en dons planifiés. Paul, on est heureux de vous recevoir.
Merci pour votre accueil.
Je veux parler un peu de […]. Ruth parlait constamment de « fonds à vocation arrêtée ». C’est quoi un « fonds à vocation arrêtée »?
KIM PARLEE : C’est une solution de rechange à une fondation privée, tout simplement. Vous n’avez donc pas besoin de consulter un avocat et de mettre en place une structure. C’est une fondation publique. Au sein de cette fondation publique, vous ouvrez un fonds. Vous pouvez lui donner un nom, comme pour une fondation privée, et vous devez verser une contribution initiale d’au moins 10 000 $ à la Fondation de dons particuliers de la TD. Vous faites un don. Vous donnez alors votre argent de façon irrévocable. Vous recevez un reçu officiel de dons. Au fil du temps, vous pouvez choisir les organismes de bienfaisance auxquels vous ferez des dons.
Ce qui est intéressant, bien sûr, c’est que vous pouvez déposer l’argent, attendre, et prendre le temps de bien réfléchir. Cet argent, s’il est bien investi, et vous pouvez travailler là-dessus, fructifie à l’abri de l’impôt.
Absolument.
Ce qui vous permettra de faire un don plus important à l’organisme de bienfaisance.
Pourquoi, à votre avis, un fonds à vocation arrêtée est une bonne façon de donner?
À l’Association canadienne des professionnels en dons planifiés, on a remarqué que les fonds à vocation arrêtée ont vraiment évolué d’une façon impressionnante. Ils ont permis de simplifier un processus qui était complexe.
KIM PARLEE : Est-ce que vous pouvez m’en dire un peu plus à ce sujet?
Il permet essentiellement de créer un fonds, de lancer l’idée d’une fondation, plus simplement. En fait, c’est un fonds de la fondation. Il aide les donateurs à se concentrer sur les impacts, sur la façon dont ils donnent, sur les organismes auxquels ils donnent, et sur ce qu’ils font.
Permettez-moi de vous poser quelques questions sur le mode de fonctionnement. Vous savez, il faut faire appel à un planificateur, à un conseiller pour créer un fonds et mettre en place une telle structure. Quel rôle jouent les planificateurs et les gestionnaires, Services financiers personnels?
PAUL NAZARETH : C’est une évolution intéressante. Les planificateurs et gestionnaires maximisent l’impact qu’une personne peut avoir. Ils s’assurent d’engager une véritable discussion analytique sur les impôts et les avantages, mais ils cherchent aussi à voir comment ils peuvent maximiser l’impact pour cette cause qui leur tient à cœur. Les valeurs et la planification réunies ont un impact significatif.
KIM PARLEE : Est-ce que n’importe quel planificateur ou conseiller peut nous aider dans ce domaine?
Eh bien, on les forme. Je contribue à la formation de conseiller tous les jours, pour les aider à engager des conversations avec leurs clients sur les valeurs et les passions qu’ils ont à cœur, les avantages fiscaux liés aux dons, et les différents instruments. Je pense que ces conversations deviennent de plus en plus importantes pour un conseiller. En fait, à Gestion de patrimoine TD, l’un de nos quatre piliers est l’héritage. On aide donc nos clients à laisser un héritage. Pour un bon nombre d’entre eux, c’est un legs caritatif.
KIM PARLEE : Je sais que vous avez discuté avec beaucoup de personnes pour les aider à bien comprendre leurs valeurs et leurs intérêts. C’est une question d’argent, mais il y a aussi un aspect psychologique, n’est-ce pas?
JO-ANNE RYAN : Oui, tout à fait. Maintenant, les deux tiers des Canadiens sont des clients nantis. C’est de l’argent frais. Ils n’ont donc pas appris à faire des dons et à être des philanthropes, mais ils sont en train d’en apprendre plus à ce sujet.
Très bien, nous avons donc trois conseils à donner. On va donc les examiner ensemble. Premier conseil : rendre les dons plus abordables (p. ex. dons mensuels).
Dons mensuels – Plusieurs personnes font un don en réponse à une demande. Parfois, elles donnent un certain montant. Il est peut-être important pour eux. Pour plusieurs personnes, un don mensuel s’avère plus abordable tout au long de l’année. Encore une fois, comme Jo-Anne l’a dit, le site Web CanaDon.org peut les aider à faire un don mensuel à n’importe quel organisme de bienfaisance.
KIM PARLEE : Deuxième conseil : Faire du bénévolat et des dons dans votre collectivité. Agissez à l’échelle locale.
PAUL NAZARETH : Vous savez, c’est souvent la partie la plus difficile. Les personnes font souvent des dons à de grands organismes, et elles se demandent toujours si leur argent est bien utilisé. Allez vérifier si c’est le cas. Vous savez, favorisez la participation d’autres personnes. Sollicitez la participation de votre famille, et faites des dons dans votre collectivité. Découvrez comment vous pouvez avoir un impact dans votre collectivité.
KIM PARLEE : Dernier conseil : pensez à ce qui vous tient à cœur. C’est plus difficile que vous le pensez.
PAUL NAZARETH : La plupart des personnes ne pensent pas à ça. Dans les histoires d’aujourd’hui, plusieurs ont dit : « quand je parle à mes enfants », « quand je parle à ma famille ». Lorsqu’on aborde davantage ce sujet, on leur permet d’affirmer leurs valeurs. On peut avoir un impact plus significatif lorsqu’ils y réfléchissent plus longuement.
Vous avez peut-être mangé dans la chaîne de restaurants libanais Paramount Fine Foods ou assisté à un match de hockey au Paramount Fine Foods Center de Mississauga, mais vous ne connaissez peut-être pas son propriétaire, Mohamad Fakih, et son histoire extraordinaire. Il y a 20 ans, il est arrivé au Canada après avoir quitté le Liban déchiré par la guerre.
Il a acheté un petit restaurant de shawarmas au bord de la faillite, et il l’a transformé en une chaîne de 70 restaurants connue dans le monde entier. Il a cependant dû travailler d’arrache-pied. Il veut maintenant faire de son mieux pour mettre ses connaissances et son argent au service des nouveaux arrivants qui, comme lui, veulent s’établir au Canada.
Je m’appelle Mohamad Fakih. Je suis le fondateur et le chef de l’exploitation de Paramount Fine Food. J’ai créé la Fakih Foundation. Je suis venu ici en tant que gemmologiste. J’ai une maîtrise en géologie, mais je vends des shawarmas. Je suis très heureux de dire qu’aujourd’hui, on a plus de 70 restaurants dans le monde.
Je suis arrivé au Canada en 1999. J’ai quitté le Liban à cause de la guerre. Les Libanais n’arrivaient pas à s’entendre. Les gens mouraient, alors je voulais vivre dans un milieu où je pourrais faire quelque chose et réussir, dans un pays accueillant.
J’ai entendu parler de la crise des réfugiés syriens, et j’ai appris à quel point c’était difficile pour eux. Ils ont dû fuir leur foyer, contre leur volonté. Les Syriens étaient très aisés dans leur pays. Ce sont des personnes très instruites et très compétentes. Je voulais me rendre compte par moi-même; alors je me suis rendu sur place.
Je n’oublierai jamais mon passage dans un des camps de réfugiés à la frontière entre le Liban et la Syrie. À mon arrivée, j’ai vu trois enfants. Ils étaient plus mignons que mes propres enfants. Sans chaussures, avec des vêtements déchirés. Ils jouaient dans le sable. Ils n’avaient pas de jouets, pas de vie, c’était insensé.
Je me suis alors dit qu’on peut faire beaucoup plus. On peut faire beaucoup plus en tant que pays. On peut faire beaucoup plus en tant qu’être humain. On peut faire beaucoup plus en tant que peuple. C’est à ce moment que j’ai promis d’embaucher plus de 100 réfugiés syriens. Plusieurs études montrent que les réfugiés n’ont pas besoin qu’on leur donne de l’argent. Ils ont besoin d’un travail. Ils ont besoin qu’on leur donne une chance. Ils ont besoin de retrouver leur dignité. Les réfugiés syriens qui travaillent pour nous sont nos meilleurs employés. Ils enrichissent la culture de notre entreprise et lui donnent une raison d’être.
Chaque fois que j’entre dans un restaurant et que je vois un réfugié syrien — ou un réfugié tout court, parce qu’on n’aide pas seulement des réfugiés syriens — ou un nouvel arrivant en train de se bâtir une vie meilleure et de devenir Canadien, ça m’inspire. Ça me donne envie d’en faire encore plus.
N’importe qui peut faire un chèque, mais il n’y a pas cet esprit d’unité. On ne ressent pas ce qu’ils ressentent. Le plus important, c’est de garder les pieds sur terre et de se souvenir d’où on vient.
L’histoire de Mohamad est fantastique. Je suis de retour avec Jo-Anne Ryan, vice-présidente de Gestion de patrimoine TD, et Krishan Mehta se joint à nous. Il est vice-président adjoint, Participation, à l’Université Ryerson. Il est génial. Les choses qu’il a faites sont tout simplement incroyables.
Il a fait tellement plus. Il a fait les manchettes récemment pour tout le soutien qu’il a apporté. Krishan, en plus d’être le vice-président adjoint, Participation, à l’Université Ryerson, vous avez obtenu un doctorat Félicitations!
Merci.
KIM PARLEE : portant sur les immigrants et les dons. L’histoire de Mohamad est-elle typique?
KRISHAN MEHTA : Eh bien, l’histoire de Mohamad est certainement digne de mention. En fait, il représente bien la façon dont plusieurs néo-Canadiens ayant vécu des expériences personnelles, avant de quitter leur pays ou après leur arrivée au Canada, défendent ensuite les intérêts d’organismes de bienfaisance avec passion. Les expériences vécues expliquent leur façon de faire des dons, leurs motivations, et leur niveau d’implication dans les organismes de bienfaisance. C’est une contribution très spéciale à l’histoire du Canada.
Je dois dire que Mohamad et d’autres nouveaux donateurs canadiens sont en train de changer notre façon de percevoir la philanthropie et les philanthropes. À quoi ressemblent-ils? Ils font vraiment évoluer notre façon de voir les bienfaiteurs et les bénéficiaires.
Absolument.
Vous savez, il y a un mythe qu’on doit déboulonner.
KIM PARLEE : Est-ce que vous pouvez m’en dire un peu plus à ce sujet? Quel est ce mythe que l’on doit briser?
Eh bien, Statistique Canada a fait un sondage récemment et publié un rapport qui démontre que les nouveaux immigrants, les néo-Canadiens, et les Canadiens nés ici sont tout aussi susceptibles de faire des dons. Les immigrants donnent en fait un peu plus que les autres. Lorsqu’on s’intéresse aux ménages es néo-Canadiens dont le revenu annuel est supérieur à 100 000 $, l’écart est significatif. Cette histoire de don est donc vraiment importante.
Ce que Mohamad fait, et ce que d’autres personnes comme lui font, c’est qu’ils nous permettent de réaliser que les immigrants, les néo-Canadiens, contribuent à la transformation d’une multitude de secteurs de nos collectivités, comme les arts et la culture, l’établissement des nouveaux arrivants, les soins de santé et l’éducation. C’est vraiment une histoire assez incroyable à raconter. Elle bénéficie à chacun de nous.
KIM PARLEE : C’est bien vrai. Ils sont vraiment généreux. Jo-Anne, Mohamad parle d’une fondation pour ce qu’il fait. Est-ce que c’est une façon efficace de donner de l’argent? C’est un autre exemple. Une personne qui a plus de moyens peut en créer une, n’est-ce pas?
Bien sûr. Une fondation, c’est une forme de don très structurée et très bien encadrée en matière de gouvernance. Certaines personnes préfèrent une fondation à un fonds à vocation arrêtée. Elles ont ainsi plus de souplesse quant aux placements qu’elles choisissent d’effectuer. Elles peuvent financer certains projets qu’elles pourraient difficilement financer au moyen d’un fonds à vocation arrêtée.
Si vous mettez en place une structure de gouvernance et vous avez beaucoup d’argent, une fondation privée est aussi une bonne option, comparativement à un fonds à vocation arrêtée, très simple et très facile à créer.
KIM PARLEE : D’accord. Je sais que vous avez récemment participé à quelques projets avec des clients qui ont fait des choses assez incroyables.
Oui, oui. Un grand nombre d’immigrants veulent redonner à leur pays d’origine. Comme Krishan l’a dit, ils sont très reconnaissants envers le Canada qui les a accueillis. Ce que je fais quand je rencontre des personnes qui veulent, par exemple, envoyer de l’argent en Inde […]. Un de nos clients a fait récemment un don très important à la fondation d’un hôpital de Singapour. Je vais essayer de voir s’il y a une manière fiscalement avantageuse pour lui de le faire, au lieu d’envoyer un montant après impôts à Singapour.
Nous travaillons donc avec, par exemple, la Charities Aid Foundation Canada. Cet organisme de bienfaisance enregistré au Canada peut faire un examen de diligence raisonnable, examiner le projet international, et établir l’accord du projet, afin que ces dons internationaux soient faits d’une manière avantageuse sur le plan fiscal.
Il ne me reste plus que 10 secondes, mais je voulais vous demander, en ce qui a trait à la façon dont les nouveaux immigrants font des dons, dans quelle mesure c’est un peu différent en termes de […]. Je sais qu’on a parlé d’efforts individuels ou collectifs.
Les immigrants jouent un rôle important dans la croissance du secteur de la bienfaisance, particulièrement en ce qui a trait à la diversification de notre base de donateurs. Je dois dire que les organismes de bienfaisance ont vraiment besoin de nouvelles voix pour pouvoir innover et susciter un sentiment d’appartenance non seulement pour eux, mais aussi pour les personnes qui bénéficient des dons.
[MUSIQUE]