
Les prix du pétrole ont chuté brusquement, le nombre de cas de COVID-19 continuant d’augmenter partout dans le monde. Kim Parlee et Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base, Valeurs Mobilières TD, discutent des perspectives pour le pétrole et d’autres produits de base alors que nous entamons une fois de plus une nouvelle phase de la pandémie.
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Bart, c’est toujours un plaisir de t’avoir avec nous. J’aimerais commencer par la volatilité du cours du pétrole. Nous observons actuellement un repli important. Je crois que le pétrole WTI a reculé de 6 % il y a quelques jours. Pourquoi? Que se passe-t-il?
Tout d’abord, je suis heureux d’être ici. Merci beaucoup de ton accueil. Le gros problème, bien sûr, c’est que les variants de la COVID-19 imposent la fermeture d’une bonne partie de l’Europe. Ça limite les perspectives de croissance de la demande pour les trois prochains mois. Le deuxième trimestre ne sera pas aussi solide que nous le pensions du côté de la demande.
Du côté de l’offre, l’OPEP+ vient d’annoncer qu’elle augmentera lentement la production après les réductions importantes réalisées il y a quelque temps. Ils augmentent maintenant l’offre. La hausse de l’offre et les inquiétudes vis-à-vis de la demande ont poussé certains investisseurs ayant acheté à long terme ont commencé à vendre. De plus, nous avons un problème géopolitique. L’Iran pourrait très bien exporter beaucoup plus de pétrole brut vers la Chine, cette dernière résistant aux sanctions contre l’Iran. Et il pourrait y avoir une entente sur le dossier du nucléaire entre la Chine et le P5+1. Donc les inquiétudes liées à l’offre et à la demande augmentent, du moins temporairement.
C’est intéressant pour l’offre, j’y reviendrai, mais du côté de la demande et des confinements liés à la pandémie, Je crois que les gens pensent que c’est transitoire. On l’espère! Ceux qui vivent au Canada en ressentent encore les effets. Mais il semble que les marchés boursiers se remettent mieux des confinements que les marchés des produits de base. Et je ne sais pas tu partages cet avis ou si tu crains que la demande soit paralysée parce que nous sommes confinés.
Eh bien, la demande devrait augmenter d’environ 1 million de barils par jour au deuxième trimestre. La forte hausse aura lieu au trimestre suivant, au troisième trimestre. Nous observerons une augmentation de 3 millions de barils par jour. Cela va compliquer les choses. Tu as peut-être raison de dire que les marchés boursiers s’en sortent mieux mais il y a une raison à cela.
Les marchés des produits de base sont physiques. Le produit doit être bougé… comme il est au milieu de l’océan, sur un pétrolier, quand les stocks augmentent, vous devez trouver des solutions. Ce n’est pas le cas des actions ou des obligations, par exemple. Et c’est pourquoi nous avons vu des prix négatifs, il y a environ un an. Lorsque les stocks étaient très élevés et qu’il n’y avait nulle part où les mettre, il fallait payer les gens pour s’en débarrasser.
Excellent point. Alors, quelles sont tes perspectives? Comment vois-tu les choses pour le pétrole au cours des six prochains mois?
Eh bien, nous continuons de penser que le pétrole se portera assez bien, et se négociera probablement un peu au-dessus de 62 $, 60 $ le baril pour les six prochains mois environ. Notre raisonnement est que la demande va certainement s’améliorer considérablement. Nous pensons qu’en 2021, sur 12 mois, nous atteindrons environ 5,5 millions de barils par jour de plus qu’en 2020. L’OPEP est également très disciplinée dans sa façon d’écouler sa capacité excédentaire sur le marché.
Jusqu’à présent, elle a été exemplaire. Petite déception pour le marché en raison de la réduction de la baisse de production, mais, dans l’ensemble, l’OPEP a été très mesurée. Elle surveille de près les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande. Et nous pensons qu’elle déclenchera un léger déficit et gardera les prix assez élevés, mais pas au point que les producteurs de gaz de schiste en profitent à ses dépens.
Je veux maintenant passer à l’or. Il ne me reste que quelques minutes, Bart, mais je tiens à ce qu’on en parle. L’été dernier, je crois que le prix de l’or était à environ 2 000. Il est maintenant à environ 1 700. Et ce qui est fascinant, et probablement frustrant, pour beaucoup d’adeptes de l’or, c’est qu’on entend parler d’inflation et qu’on observe beaucoup d’inflation et les produits de base… l’or est traditionnellement une valeur refuge… mais cette stratégie n’a pas fonctionné. Alors que se passe-t-il avec l’or?
Eh bien, je ne suis pas certain que cela n’a pas fonctionné. À l’heure actuelle, l’or fait face à plusieurs obstacles… d’abord, les marchés des obligations. Nous avons observé une hausse assez marquée des taux… les taux à 10 ans dans cette partie de la courbe. Nous avons 170 points de base. C’est nettement plus qu’on ne le pensait il y a six mois. Le dollar américain est plus fort que prévu.
Généralement, il y a une relation inverse entre les deux. En même temps, l’appétit pour le risque était énorme. Les actions ont atteint des sommets, se portent très bien, et c’est aussi un coût d’opportunité pour l’or. Si vous pensez pouvoir gagner 10 %, 20 % ou 30 % en actions, vous ne voulez pas un actif à taux nul. Nous pensons que l’or se porte bien.
Un rebond est en cours, mais nous pensons que c’est à court terme. Je ne serais pas surpris que le prix soit à 1 760 ou 1 780 au cours des prochaines semaines, peut-être un mois… Au-delà, dans la dernière partie de l’année, nous estimons que 1 900 sera possible. La Fed maintiendra les taux à court terme à 0 % pendant des années… nous verrons combien de temps, mais pendant un certain temps. Nous saurons mieux ce qu’elle pense au moment du compte rendu.
Nous observons une certaine inflation. Les taux réels seront donc assez faibles. Et cela devrait aider l’or. Nous pensons qu’au bout du compte, le dollar cessera probablement d’être fort ou pourrait s’affaiblir un peu, car d’autres régions du monde commencent à vacciner, et auront de meilleurs résultats, relativement, par rapport à la situation actuelle. Et je ne suis pas certain que les marchés boursiers puissent durer éternellement. Il y aura un mouvement vers l’or comme protection, comme cela a toujours été le cas.
Mais je suis d’accord. Pour l’instant, il ne semble pas que ce soit le cas. Nous pensons que ça pourrait changer, du moins au cours des six prochains mois et après.
Excellents points. C’est de la matière à réflexion. Bart, c’est toujours un plaisir. Un grand merci.
Merci à toi.
[MUSIQUE]
Tout d’abord, je suis heureux d’être ici. Merci beaucoup de ton accueil. Le gros problème, bien sûr, c’est que les variants de la COVID-19 imposent la fermeture d’une bonne partie de l’Europe. Ça limite les perspectives de croissance de la demande pour les trois prochains mois. Le deuxième trimestre ne sera pas aussi solide que nous le pensions du côté de la demande.
Du côté de l’offre, l’OPEP+ vient d’annoncer qu’elle augmentera lentement la production après les réductions importantes réalisées il y a quelque temps. Ils augmentent maintenant l’offre. La hausse de l’offre et les inquiétudes vis-à-vis de la demande ont poussé certains investisseurs ayant acheté à long terme ont commencé à vendre. De plus, nous avons un problème géopolitique. L’Iran pourrait très bien exporter beaucoup plus de pétrole brut vers la Chine, cette dernière résistant aux sanctions contre l’Iran. Et il pourrait y avoir une entente sur le dossier du nucléaire entre la Chine et le P5+1. Donc les inquiétudes liées à l’offre et à la demande augmentent, du moins temporairement.
C’est intéressant pour l’offre, j’y reviendrai, mais du côté de la demande et des confinements liés à la pandémie, Je crois que les gens pensent que c’est transitoire. On l’espère! Ceux qui vivent au Canada en ressentent encore les effets. Mais il semble que les marchés boursiers se remettent mieux des confinements que les marchés des produits de base. Et je ne sais pas tu partages cet avis ou si tu crains que la demande soit paralysée parce que nous sommes confinés.
Eh bien, la demande devrait augmenter d’environ 1 million de barils par jour au deuxième trimestre. La forte hausse aura lieu au trimestre suivant, au troisième trimestre. Nous observerons une augmentation de 3 millions de barils par jour. Cela va compliquer les choses. Tu as peut-être raison de dire que les marchés boursiers s’en sortent mieux mais il y a une raison à cela.
Les marchés des produits de base sont physiques. Le produit doit être bougé… comme il est au milieu de l’océan, sur un pétrolier, quand les stocks augmentent, vous devez trouver des solutions. Ce n’est pas le cas des actions ou des obligations, par exemple. Et c’est pourquoi nous avons vu des prix négatifs, il y a environ un an. Lorsque les stocks étaient très élevés et qu’il n’y avait nulle part où les mettre, il fallait payer les gens pour s’en débarrasser.
Excellent point. Alors, quelles sont tes perspectives? Comment vois-tu les choses pour le pétrole au cours des six prochains mois?
Eh bien, nous continuons de penser que le pétrole se portera assez bien, et se négociera probablement un peu au-dessus de 62 $, 60 $ le baril pour les six prochains mois environ. Notre raisonnement est que la demande va certainement s’améliorer considérablement. Nous pensons qu’en 2021, sur 12 mois, nous atteindrons environ 5,5 millions de barils par jour de plus qu’en 2020. L’OPEP est également très disciplinée dans sa façon d’écouler sa capacité excédentaire sur le marché.
Jusqu’à présent, elle a été exemplaire. Petite déception pour le marché en raison de la réduction de la baisse de production, mais, dans l’ensemble, l’OPEP a été très mesurée. Elle surveille de près les paramètres fondamentaux de l’offre et de la demande. Et nous pensons qu’elle déclenchera un léger déficit et gardera les prix assez élevés, mais pas au point que les producteurs de gaz de schiste en profitent à ses dépens.
Je veux maintenant passer à l’or. Il ne me reste que quelques minutes, Bart, mais je tiens à ce qu’on en parle. L’été dernier, je crois que le prix de l’or était à environ 2 000. Il est maintenant à environ 1 700. Et ce qui est fascinant, et probablement frustrant, pour beaucoup d’adeptes de l’or, c’est qu’on entend parler d’inflation et qu’on observe beaucoup d’inflation et les produits de base… l’or est traditionnellement une valeur refuge… mais cette stratégie n’a pas fonctionné. Alors que se passe-t-il avec l’or?
Eh bien, je ne suis pas certain que cela n’a pas fonctionné. À l’heure actuelle, l’or fait face à plusieurs obstacles… d’abord, les marchés des obligations. Nous avons observé une hausse assez marquée des taux… les taux à 10 ans dans cette partie de la courbe. Nous avons 170 points de base. C’est nettement plus qu’on ne le pensait il y a six mois. Le dollar américain est plus fort que prévu.
Généralement, il y a une relation inverse entre les deux. En même temps, l’appétit pour le risque était énorme. Les actions ont atteint des sommets, se portent très bien, et c’est aussi un coût d’opportunité pour l’or. Si vous pensez pouvoir gagner 10 %, 20 % ou 30 % en actions, vous ne voulez pas un actif à taux nul. Nous pensons que l’or se porte bien.
Un rebond est en cours, mais nous pensons que c’est à court terme. Je ne serais pas surpris que le prix soit à 1 760 ou 1 780 au cours des prochaines semaines, peut-être un mois… Au-delà, dans la dernière partie de l’année, nous estimons que 1 900 sera possible. La Fed maintiendra les taux à court terme à 0 % pendant des années… nous verrons combien de temps, mais pendant un certain temps. Nous saurons mieux ce qu’elle pense au moment du compte rendu.
Nous observons une certaine inflation. Les taux réels seront donc assez faibles. Et cela devrait aider l’or. Nous pensons qu’au bout du compte, le dollar cessera probablement d’être fort ou pourrait s’affaiblir un peu, car d’autres régions du monde commencent à vacciner, et auront de meilleurs résultats, relativement, par rapport à la situation actuelle. Et je ne suis pas certain que les marchés boursiers puissent durer éternellement. Il y aura un mouvement vers l’or comme protection, comme cela a toujours été le cas.
Mais je suis d’accord. Pour l’instant, il ne semble pas que ce soit le cas. Nous pensons que ça pourrait changer, du moins au cours des six prochains mois et après.
Excellents points. C’est de la matière à réflexion. Bart, c’est toujours un plaisir. Un grand merci.
Merci à toi.
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