
Anthony Okolie récapitule les faits saillants de la journée, notamment les dernières nouvelles sur la COVID-19. Puis, Kim Parlee et Rob Vanderhooft, chef des placements, Gestion de Placements TD, discutent de la situation des marchés financiers et des facteurs favorisant une reprise potentielle.
Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien de Parlons Argent sur la COVID-19 du mardi 7 avril. Je m’appelle Anthony Okolie. Dans quelques instants, Kim Parlee discutera de la volatilité extrême des marchés avec Rob Vanderhooft, chef des placements à Gestion de Placements TD. Mais d’abord, un résumé des nouvelles sur les marchés du jour.
L’entreprise 3M a conclu une entente avec la Maison-Blanche pour continuer d’envoyer d’indispensables masques N95 au Canada. Les livraisons avaient été bloquées par l’administration Trump, qui a tenté de forcer la société à prioriser la demande américaine.
Quelques signes d’espoir ont fait leur apparition dans les points chauds du monde. Pour la première fois depuis janvier, la Chine n’a signalé aucun nouveau décès lié au coronavirus. Entre-temps, la Corée du Sud a connu moins de 50 nouvelles infections pour une deuxième journée consécutive.
Le prix du pétrole se négocie à la hausse, porté par l’optimisme que l’Arabie saoudite et la Russie pourraient s’entendre sur une réduction de production lors d’une réunion qui aura lieu jeudi.
La COVID-19 pourrait modifier les habitudes des téléspectateurs. Maintenant qu’il n’y a plus d’événements sportifs à regarder, les consommateurs américains ont coupé dans leurs forfaits de télévision coûteux et optent plutôt pour des services indépendants à large bande.
Aussi, un peu d’aide de nos amis. Des chercheurs britanniques entraînent des chiens dotés d’un odorat très fin à dépister la COVID-19. Le groupe espère mettre les chiens au travail en aussi peu que deux mois.
Voici qui met fin aux nouvelles sur les marchés du jour. Voici Kim Parlee et Rob Vanderhooft qui discutent de l’extrême volatilité des marchés et de ce que les investisseurs devraient faire en cette période d’incertitude.
[TRAME MUSICALE]
Rob, je voudrais d’abord brosser un portait global de la situation. Le pire trimestre depuis la crise financière de 2008 vient de se terminer. Où en sommes-nous d’après votre évaluation?
À l’échelle mondiale, le PIB a encaissé un recul spectaculaire au deuxième trimestre. Aux États-Unis, le repli pourrait atteindre 50 % selon certaines estimations. De toute évidence, le coup porte durement. Par contre, la bonne nouvelle dans tout cela, c’est que la courbe de progression du virus s’aplatit dans un certain nombre de pays. Le gouverneur Cuomo est sorti l’autre jour pour annoncer que New York approchait peut-être du sommet de la courbe. Les marchés ont commencé à prendre acte de ces nouvelles relativement encourageantes.
Je dirais que les marchés boursiers sont volatils – et c’est peu dire. Mais je sais que bien des investisseurs parlent d’arbitrage temporel et se demandent s’ils devraient en profiter maintenant ou attendre. Cette expression un peu obscure désigne le fait de chercher à anticiper le marché. Quelle est votre inquiétude de ce point de vue?
Il est très difficile d’anticiper le marché. L’indice S&P 500 a dévissé d’environ 35 % par rapport à son sommet. Déjà nous avons repris 19 % ou 20 % depuis ce creux. Mais, à notre avis, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Le risque demeure important, mais le défi consiste à l’anticiper.
Les mouvements étaient assez négatifs au creux de la vague. Et bien des investisseurs qui ont alors vendu leurs titres cherchent maintenant à réintégrer le marché. Mais, c’est difficile.
Nous préférons maintenir pour nos clients une répartition de l’actif à long terme. Dans les cas où nous gérons cette répartition, nous avons entrepris un rééquilibrage. En réalité, c’est ce que nous avons fait sur les marchés boursiers au cours de la semaine dernière ou à peu près. Nous avons effectué des achats pour permettre aux clients de revenir à leur répartition de l’actif à long terme. Nous tâchons de faire preuve de cohérence et de conserver une perspective à long terme.
Voyons plus en détail votre répartition de l’actif. Vous venez de parler des actions et du rééquilibrage entrepris, mais j’aimerais insister sur les catégories d’actif : les actions, les placements non traditionnels et les titres à revenu fixe. Dans le cas des actions, ce n’est pas une partie de plaisir actuellement. Les évaluations jouent un rôle important et s’appuient elles-mêmes sur les prévisions, ce qui ne simplifie rien.
Oui, et nous sommes continuellement à l’affût de renseignements pour nous faire rapidement une idée de ce que seront les bénéfices pour les entreprises et pour l’ensemble du marché également. Nous nous attendons à une reprise, qui devrait s’amorcer dans un avenir relativement proche. Là encore, nous tenons compte des attentes et des évaluations avant de prendre des décisions concernant les actions.
Aussi dans ce contexte, nous nous assurons de conserver une perspective à long terme dans la répartition de l’actif, tout en analysant les actions par rapport aux titres à revenu fixe et aux placements non traditionnels.
Rob, à propos du rééquilibrage, peut-être pourriez-vous nous donner un aperçu du point de vue de la répartition de l’actif en insistant sur les actions, les placements non traditionnels et les titres à revenu fixe.
Sous l’angle de la répartition de l’actif, comme nous en avons déjà parlé, notre position favorise très peu le risque actuellement. Nous pensons que les actions pourraient être, d’ici les 12 à 18 prochains mois, relativement plus avantageuses que les titres à revenu fixe. De toute évidence, les taux d’intérêt sont extrêmement faibles à l’heure actuelle. Ils devraient remonter au fur et à mesure que nous sortirons de la crise.
Dans le cas des placements non traditionnels, je pense qu’ils rapporteront probablement un modeste revenu à court terme. Mais, comme il s’agit d’actifs à très long terme, ils ont aussi en général une corrélation positive avec les taux d’intérêt. Par conséquent, en raison de la baisse des taux d’intérêt, la nature à plus long terme de ces actifs en augmente la valeur par rapport à un revenu modeste à plus court terme. Aussi, nous voyons encore d’un bon œil les placements non traditionnels; ils peuvent occuper une portion importante des portefeuilles.
Il y a tellement de monde qui cherche à savoir à quoi risque de ressembler la reprise économique. Dans sa forme la plus simple, ressemblera-t-elle à un « V » ou à un « W »? Ou d’autres vagues du virus pourraient-elles transformer la normalité pour un certain temps? Avez-vous une idée du scénario de base qui se dessine?
Nous ne voyons pas le scénario d’une reprise en « V ». Je pense que les dommages infligés aux petites et moyennes entreprises sont lourds, même si la presse financière n’y prête peut-être pas autant attention. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a réalisé un sondage selon lequel 32 % des petites entreprises risquent de ne pas se relever de la crise. Cette statistique est très inquiétante. Les dommages à l’économie sous-jacente sont importants. Nous croyons à une reprise, mais elle sera lente et n’aura pas la forme d’un « V ».
Je dirais aussi que, par rapport aux États-Unis, le Canada subit des répercussions majeures en raison des prix du pétrole. À cette crise s’ajoute en quelque sorte une guerre des prix du pétrole entre la Russie et l’Arabie saoudite. Ça nuit énormément à la croissance économique dans l’Ouest canadien et par conséquent, dans le reste du Canada.
Une dernière question, Rob. Dire que notre façon de faire des affaires est perturbée constitue à tout le moins un euphémisme. Nous l’avons tous appris. Mais, du point de vue des clients, il ne faut pas perdre de vue leurs objectifs. C’est important de les poursuivre parce qu’ils n’ont pas changé.
Non, ils n’ont pas changé. Et nous continuons à investir pour les clients, tout en conservant une vision à très long terme afin d’évaluer en permanence l’évolution du marché et de prendre les décisions en ce sens.
Nous sommes aussi témoins d’une transformation profonde de notre façon de faire des affaires. Pour la plupart, nous travaillons maintenant de la maison. Sur les quelque 800 employés de Gestion de Placements TD, il n’y en a plus beaucoup qui se rendent au bureau actuellement. C’est un point tournant.
En bonne partie, les pratiques mises en place pour la gestion de la continuité des activités ne prévoyaient pas nécessairement les mesures de distanciation sociale requises. Je pense que nous nous sommes adaptés et que nous travaillons très efficacement.
Merci de cet entretien, Rob. Au plaisir de se reparler sous peu.
Je vous en prie.
[TRAME MUSICALE]