
Les femmes continuent d’être fortement sous-représentées dans le milieu du capital de risque. Kim Parlee s’entretient avec Caroline Kassie, qui s’est associée à Chelsea Clinton pour créer une société de capital-risque, Metrodora Ventures, axée sur les secteurs de la santé et de l’apprentissage au Canada et aux États-Unis.
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Le 8 mars est la Journée internationale des femmes, et c’est une journée qui vise à souligner les importantes réalisations économiques, politiques et culturelles des femmes et des filles partout dans le monde, ainsi qu’à sensibiliser la population. Il reste donc encore beaucoup de travail à faire.
Ma première invitée s’est aventurée dans un domaine fortement sous-représenté par les femmes. Caroline Kassie est investisseuse en capital risque et avocate. Elle s’est récemment jointe à Chelsea Clinton à titre d’associée commanditée à Metrodora Ventures. Elle se joint à nous maintenant. Caroline, merci beaucoup de vous joindre à nous. Je vais commencer tout de suite. Vous êtes établie à New York. Je crois comprendre que vous venez de Toronto et que vous avez commencé votre carrière comme avocate. Parlez-nous un peu de la façon dont vous avez commencé à investir dans le capital risque.
Bien sûr. Et merci beaucoup de m’avoir invitée aujourd’hui. J’ai donc commencé ma carrière chez Skadden Arps dans les groupes de fusions et acquisitions et de placements privés. Mais pendant que j’étais à la faculté de droit, j’ai fait ce stage incroyable pour le chef du développement interne chez Spotify. Spotify est et a toujours été une entreprise guidée par une mission. Et j’ai adoré en faire partie et je savais que je voulais mener une carrière où j’allais jouer un rôle pour aider à réparer et à améliorer le monde, et un cabinet d’avocats ne semblait pas le meilleur endroit pour le faire.
Donc, alors que je travaillais chez Spotify, l’entreprise a obtenu du financement de TCV, grâce aux titres de série F, qui est un placement à l’étape de la croissance, et je n’ai pas travaillé dans ce domaine par la suite, mais cela m’a fait découvrir l’écosystème du capital risque, et ça m’a vraiment enthousiasmée.
Donc, quand j’ai vu qu’il y avait un emploi dans une société de placement qui venait d’ouvrir, j’ai sauté sur l’occasion. Et le premier poste d’investisseuse en capital risque que j’ai occupé, c’était dans une société appelée Beanstox. Je devais investir dans des entreprises en démarrage du secteur de la technologie de détail et de la vente directe aux consommateurs, et les incuber. J’ai ensuite fait partie d’une nouvelle société de placement appelée Blockchange, qui investit dans le domaine des chaînes de blocs et des cryptomonnaies. Et actuellement, je travaille pour Metrodora, une société qui a été créée l’année dernière et qui se concentre sur les entreprises en début de croissance dans le domaine de la santé et de l’apprentissage.
Pouvez-vous me parler un peu de ce que c’est? Vous avez mentionné... c’est bien d’entendre que Spotify a contribué au lancement de votre carrière. C’est bien de voir... je vais appeler ça des « retombées pour la carrière », qui viennent de grandes sociétés technologiques en croissance au Canada. Mais je regardais certaines statistiques, et je crois qu’actuellement, environ 4,9 % des personnes qui travaillent dans le capital risque sont des femmes. C’est un chiffre étonnamment bas. Vous pourriez peut-être nous expliquer pourquoi, selon vous, le capital risque est si dominé par les hommes.
Oui. Je crois qu’il y a quelques problèmes techniques qui expliquent pourquoi si peu de femmes sont des associées fondatrices ou des gestionnaires émergentes de sociétés de capital risque. La fondation d’une société de capital risque comporte un énorme fardeau financier. Les gestionnaires doivent renoncer à un salaire pendant au moins un an pendant qu’ils amassent des fonds, et ils doivent aussi s’engager à effectuer un placement personnel correspondant à un pourcentage de la taille totale du fonds, ou ce qu’on appelle l’engagement de marché public. Et malheureusement, historiquement, il n’y a pas eu beaucoup de femmes et de minorités qui ont disposé d’une telle réserve de capital.
Je crois que les sociétés, du moins de façon anecdotique, ont fait beaucoup mieux en se concentrant sur la diversité et en embauchant des investisseuses aux premiers échelons et aux échelons intermédiaires au cours de la dernière décennie. Malheureusement, les femmes représentent toujours une très faible proportion des décideurs en matière de capital risque. Et l’une de ces conséquences directes de cette situation est le manque de capital alloué aux femmes entrepreneures. En fait, seulement 2,2 % des 130 milliards de dollars investis en 2018 sont allés à des fondatrices.
C’est problématique, car si on pense à la façon dont les sociétés de capital risque rencontrent les entreprises et prennent des décisions, il y a un biais de sélection. Et cela crée un cycle de renforcement qui exclut du marché des talents diversifiés. Et ce que nous avons appris, c’est que les femmes et les minorités pensent différemment, gèrent les entreprises différemment et communiquent différemment. Et les femmes sont plus susceptibles d’identifier des segments du marché en raison de leur empathie. Et c’est difficile d’y arriver s’il n’y a pas de femmes et de décideurs diversifiés au sein des comités de placement ou des conseils d’administration.
Vous ne pouvez probablement pas voir que je hoche vigoureusement la tête à tout ce que vous dites au sujet du biais de sélection et de l’énorme occasion inexploitée de mieux servir les femmes avec des produits adaptés pour elles, ce que les fondatrices réussissent à reconnaître, et de tout ce dont vous avez parlé.
Pouvez-vous me parler un peu de Metrodora Ventures? J’ai mentionné, bien sûr, que vous avez uni vos forces à celles de Chelsea Clinton pour fonder cette société. Mais de quoi s’agit-il? Sur quoi est-elle axée? Peut-être pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce dont vous venez de parler et ce sur quoi les investissements de Metrodora vont porter.
Oui, donc Chelsea et moi avons lancé Metrodora Ventures pour investir dans des entreprises en début de croissance dans le domaine de la santé et de l’apprentissage. Je me suis intéressée au secteur de la santé des consommateurs après avoir eu un problème de santé personnel où je me suis retrouvée la consommatrice et la patiente de nombreuses entreprises en démarrage soutenues par du capital risque, dans le domaine de la santé des femmes. Et ma propre expérience de patiente m’a fait connaître ma vision de ce domaine et où je voyais des occasions.
Chelsea, pendant la plus grande partie de sa carrière, s’est concentrée sur la santé et l’éducation, ces environnements très complexes et fortement réglementés, et elle apporte à Metrodora une expertise approfondie en la matière. Ce que nous faisons avec Metrodora, c’est que nous nous concentrons vraiment sur la recherche d’entreprises et de fondateurs qui bâtissent en vue de la désintermédiation de la prestation des soins, des compétences ou de l’information, et nous nous engageons vraiment à le faire.
Il ne me reste qu’environ 30 secondes, Caroline, et je m’en excuse. Mais je sais qu’Alula est l’une des entreprises dans lesquelles vous investissez, et il s’agit de votre plus récent investissement. Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit?
Oui, donc Alula a été la première entreprise dans laquelle nous avons investi. C’est une plateforme dédiée au rétablissement après un cancer. La fondatrice a passé par ce qu’elle appelle deux années de recherche et de développement qu’elle ne souhaitait pas, d’abord comme proche aidante pour sa mère, qui suivait un traitement contre le cancer du sein, puis comme patiente elle-même après avoir reçu un diagnostic de forme rare de lymphome non hodgkinien. L’activité principale d’Alula, c’est un marché centralisé pour les produits et services dont on peut avoir besoin en tant que proche aidant ou patient en cancérologie. Mais ce qui nous enthousiasme vraiment, la grande vision, c’est de rendre le cancer moins solitaire en créant une plateforme et un réseau social qui productise de nombreux défis qu’on peut avoir à surmonter avec une maladie chronique.
Caroline, quelle conversation inspirante! Nous serions ravis de vous inviter de nouveau et d’en savoir plus.
Merci beaucoup de m’avoir invitée.
[MUSIQUE]
Ma première invitée s’est aventurée dans un domaine fortement sous-représenté par les femmes. Caroline Kassie est investisseuse en capital risque et avocate. Elle s’est récemment jointe à Chelsea Clinton à titre d’associée commanditée à Metrodora Ventures. Elle se joint à nous maintenant. Caroline, merci beaucoup de vous joindre à nous. Je vais commencer tout de suite. Vous êtes établie à New York. Je crois comprendre que vous venez de Toronto et que vous avez commencé votre carrière comme avocate. Parlez-nous un peu de la façon dont vous avez commencé à investir dans le capital risque.
Bien sûr. Et merci beaucoup de m’avoir invitée aujourd’hui. J’ai donc commencé ma carrière chez Skadden Arps dans les groupes de fusions et acquisitions et de placements privés. Mais pendant que j’étais à la faculté de droit, j’ai fait ce stage incroyable pour le chef du développement interne chez Spotify. Spotify est et a toujours été une entreprise guidée par une mission. Et j’ai adoré en faire partie et je savais que je voulais mener une carrière où j’allais jouer un rôle pour aider à réparer et à améliorer le monde, et un cabinet d’avocats ne semblait pas le meilleur endroit pour le faire.
Donc, alors que je travaillais chez Spotify, l’entreprise a obtenu du financement de TCV, grâce aux titres de série F, qui est un placement à l’étape de la croissance, et je n’ai pas travaillé dans ce domaine par la suite, mais cela m’a fait découvrir l’écosystème du capital risque, et ça m’a vraiment enthousiasmée.
Donc, quand j’ai vu qu’il y avait un emploi dans une société de placement qui venait d’ouvrir, j’ai sauté sur l’occasion. Et le premier poste d’investisseuse en capital risque que j’ai occupé, c’était dans une société appelée Beanstox. Je devais investir dans des entreprises en démarrage du secteur de la technologie de détail et de la vente directe aux consommateurs, et les incuber. J’ai ensuite fait partie d’une nouvelle société de placement appelée Blockchange, qui investit dans le domaine des chaînes de blocs et des cryptomonnaies. Et actuellement, je travaille pour Metrodora, une société qui a été créée l’année dernière et qui se concentre sur les entreprises en début de croissance dans le domaine de la santé et de l’apprentissage.
Pouvez-vous me parler un peu de ce que c’est? Vous avez mentionné... c’est bien d’entendre que Spotify a contribué au lancement de votre carrière. C’est bien de voir... je vais appeler ça des « retombées pour la carrière », qui viennent de grandes sociétés technologiques en croissance au Canada. Mais je regardais certaines statistiques, et je crois qu’actuellement, environ 4,9 % des personnes qui travaillent dans le capital risque sont des femmes. C’est un chiffre étonnamment bas. Vous pourriez peut-être nous expliquer pourquoi, selon vous, le capital risque est si dominé par les hommes.
Oui. Je crois qu’il y a quelques problèmes techniques qui expliquent pourquoi si peu de femmes sont des associées fondatrices ou des gestionnaires émergentes de sociétés de capital risque. La fondation d’une société de capital risque comporte un énorme fardeau financier. Les gestionnaires doivent renoncer à un salaire pendant au moins un an pendant qu’ils amassent des fonds, et ils doivent aussi s’engager à effectuer un placement personnel correspondant à un pourcentage de la taille totale du fonds, ou ce qu’on appelle l’engagement de marché public. Et malheureusement, historiquement, il n’y a pas eu beaucoup de femmes et de minorités qui ont disposé d’une telle réserve de capital.
Je crois que les sociétés, du moins de façon anecdotique, ont fait beaucoup mieux en se concentrant sur la diversité et en embauchant des investisseuses aux premiers échelons et aux échelons intermédiaires au cours de la dernière décennie. Malheureusement, les femmes représentent toujours une très faible proportion des décideurs en matière de capital risque. Et l’une de ces conséquences directes de cette situation est le manque de capital alloué aux femmes entrepreneures. En fait, seulement 2,2 % des 130 milliards de dollars investis en 2018 sont allés à des fondatrices.
C’est problématique, car si on pense à la façon dont les sociétés de capital risque rencontrent les entreprises et prennent des décisions, il y a un biais de sélection. Et cela crée un cycle de renforcement qui exclut du marché des talents diversifiés. Et ce que nous avons appris, c’est que les femmes et les minorités pensent différemment, gèrent les entreprises différemment et communiquent différemment. Et les femmes sont plus susceptibles d’identifier des segments du marché en raison de leur empathie. Et c’est difficile d’y arriver s’il n’y a pas de femmes et de décideurs diversifiés au sein des comités de placement ou des conseils d’administration.
Vous ne pouvez probablement pas voir que je hoche vigoureusement la tête à tout ce que vous dites au sujet du biais de sélection et de l’énorme occasion inexploitée de mieux servir les femmes avec des produits adaptés pour elles, ce que les fondatrices réussissent à reconnaître, et de tout ce dont vous avez parlé.
Pouvez-vous me parler un peu de Metrodora Ventures? J’ai mentionné, bien sûr, que vous avez uni vos forces à celles de Chelsea Clinton pour fonder cette société. Mais de quoi s’agit-il? Sur quoi est-elle axée? Peut-être pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce dont vous venez de parler et ce sur quoi les investissements de Metrodora vont porter.
Oui, donc Chelsea et moi avons lancé Metrodora Ventures pour investir dans des entreprises en début de croissance dans le domaine de la santé et de l’apprentissage. Je me suis intéressée au secteur de la santé des consommateurs après avoir eu un problème de santé personnel où je me suis retrouvée la consommatrice et la patiente de nombreuses entreprises en démarrage soutenues par du capital risque, dans le domaine de la santé des femmes. Et ma propre expérience de patiente m’a fait connaître ma vision de ce domaine et où je voyais des occasions.
Chelsea, pendant la plus grande partie de sa carrière, s’est concentrée sur la santé et l’éducation, ces environnements très complexes et fortement réglementés, et elle apporte à Metrodora une expertise approfondie en la matière. Ce que nous faisons avec Metrodora, c’est que nous nous concentrons vraiment sur la recherche d’entreprises et de fondateurs qui bâtissent en vue de la désintermédiation de la prestation des soins, des compétences ou de l’information, et nous nous engageons vraiment à le faire.
Il ne me reste qu’environ 30 secondes, Caroline, et je m’en excuse. Mais je sais qu’Alula est l’une des entreprises dans lesquelles vous investissez, et il s’agit de votre plus récent investissement. Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit?
Oui, donc Alula a été la première entreprise dans laquelle nous avons investi. C’est une plateforme dédiée au rétablissement après un cancer. La fondatrice a passé par ce qu’elle appelle deux années de recherche et de développement qu’elle ne souhaitait pas, d’abord comme proche aidante pour sa mère, qui suivait un traitement contre le cancer du sein, puis comme patiente elle-même après avoir reçu un diagnostic de forme rare de lymphome non hodgkinien. L’activité principale d’Alula, c’est un marché centralisé pour les produits et services dont on peut avoir besoin en tant que proche aidant ou patient en cancérologie. Mais ce qui nous enthousiasme vraiment, la grande vision, c’est de rendre le cancer moins solitaire en créant une plateforme et un réseau social qui productise de nombreux défis qu’on peut avoir à surmonter avec une maladie chronique.
Caroline, quelle conversation inspirante! Nous serions ravis de vous inviter de nouveau et d’en savoir plus.
Merci beaucoup de m’avoir invitée.
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