
À la suite d’un récent léger repli des marchés boursiers, le S&P 500 et le Nasdaq ont retrouvé leurs niveaux records. Kim Parlee s’entretient avec Damian Fernandes, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, pour savoir si les cours boursiers continueront de monter ou s’ils sont prêts pour une baisse.
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[MUSIQUE D’INTRO]
Damian, c’est un plaisir de vous accueillir. Je dois commencer par vous interroger sur ce qui se passe sur les marchés. Pourquoi connaissent-ils une croissance constante?
Merci, Kim. C’est un plaisir de discuter avec vous. C’est une question qu’on nous pose tout le temps. Qu’est-ce qui explique ça?
Si vous prenez un peu de recul pour envisager la situation dans son ensemble, il y a plusieurs facteurs en jeu. Tout d’abord, nous en sommes au début d’une reprise économique. Le deuxième trimestre de l’année dernière a été marqué par la mise en quarantaine. Depuis, la croissance économique s’est accélérée tous les trimestres.
Cette année, avec les vaccins, dont nous savons maintenant qu’ils sont efficaces, la croissance économique se poursuit. En fait, compte tenu de la demande de consommation refoulée, de l’ampleur des mesures de relance, on pourrait connaître l’une des meilleures années de croissance du PIB depuis deux décennies. Voilà pour le premier point.
Deuxièmement, nous ne nous y attendions pas. Nous sommes en pleine reprise des bénéfices. Ceux du quatrième trimestre ont en fait été positifs sur 12 mois. Si on exclut le secteur de l’énergie et les secteurs qui ont été touchés par la pandémie, les actions des sociétés aériennes et les détaillants, ils étaient en fait nettement positifs avec des rendements à un chiffre élevés. Nous avons parlé de reprise économique, de bénéfices, du vaccin, des données très solides pour le vaccin.
Je terminerai en disant que l’assouplissement monétaire demeure extrêmement facile. La Fed achète encore pour 120 milliards de dollars d’obligations par mois. Ce sont des chiffres énormes.
Si je vous avais cité ces quatre éléments et que je vous avais demandé ce que vous pensiez de la situation des marchés, ni vous ni moi n’aurions été surpris si vous aviez répondu que les marchés continuent de grimper. Et, comme les gens s’habituent à ces grandes variables macroéconomiques, je crois que c’est ce qu’il se passe.
KIM PARLEE : Regardons ce graphique que vous nous avez aidés à établir. C’est une représentation, je crois, de l’effervescence que nous constatons en ce moment. Si on l’envisage du point de vue du ratio cours/bénéfice, il semble nous nous rapprochons de ce que nous avons connu en 2000. Parlez-moi de ce que nous voyons à l’écran.
DAMIAN FERNANDES : Avec plaisir. C’est un graphique du ratio C/B de l’indice S&P 500 sur quelques décennies. Oui, il semble que la tendance soit à la hausse. Prenons un peu de recul et envisageons plusieurs concepts comme une bulle, le surachat et des conditions vraiment effervescentes.
On parle de bulle quand un actif se négocie au-dessus de sa valeur réelle. Et quand on regarde ce qu’est un ratio C/B, c’est un élément heuristique, pour l’évaluation.
La première chose à prendre en considération est : qu’est-ce qui sous-tend l’évaluation? Ce sont les taux, non? Lorsque vous comparez le ratio C/B actuel au ratio C/B de la fin des années 90, du début des années 2000 dans cette bulle technologique, les taux étaient de 5 % et 6 %. Aujourd’hui, ils sont de 1 % aux États-Unis et au Canada.
Il faut voir les choses ainsi. À 1 %, combien de temps faut-il pour récupérer votre capital? Il faut 100 ans, n’est-ce pas? 1 %, 100 ans pour récupérer votre argent.
Aujourd’hui, le ratio C/B est de 23, soit 23 ans. Je sais que dans l’absolu, ça semble très cher et élevé. Mais en comparaison des taux des titres à revenu fixe, c’est assez intéressant d’un point de vue historique.
C’est une autre façon de dire que si vous, en tant que participant, pensez que les taux vont rester très bas pour un bon moment encore, je pense que la voie la plus naturelle est celle qui voit le marché boursier grimper et générer des bénéfices. Et peut-être que le ratio n’augmentera pas, mais il est amplement justifié à ces niveaux. Et je ne serais pas surpris que les gens soient convaincus que les taux restent très bas et même... ce n’est pas impossible qu’ils augmentent. Je parle des ratios.
Oui, le ratio. C’est un très bon point. Je pense que quand on examine les graphiques, il faut regarder quelles étaient les variables au moment où ces événements se sont produits. Et avec les taux dont vous parlez, à 5 %, 6 % en 2000 par rapport à aujourd’hui, on a une bonne idée.
Vous avez un peu parlé des bénéfices, Damian. Vous avez dit qu’ils étaient meilleurs que prévu. J’aimerais passer aux secteurs et aux actions. Qu’allez-vous surveiller alors que nous entrons, croisons les doigts, dans un cycle de réouverture?
Oui. Je croise les doigts des deux mains, Kim. Je pense que le plus important, c’est de savoir si le comportement du consommateur va fondamentalement changer à la réouverture. À l’heure actuelle, nous savons qu’il y a une forte demande refoulée. Nous savons qu’il y a beaucoup de mesures de relance, que les gens ont hâte de sortir et de dépenser, de dépenser et de réaliser ce qu’ils n’ont pas été en mesure de faire, de dépenser de l’argent pour des vacances, des services personnels, etc.
Il faut voir si ça va continuer. Parce que si cette demande refoulée se poursuit, c’est comme un ressort qui s’ajoute à ce que nous voyons pour les dépenses en infrastructures et la reconstruction des stocks. Si ça se poursuit, je pense que c’est un contexte favorable, c’est généralement un contexte favorable pour les actions.
Mais si le virus a fondamentalement changé le comportement des consommateurs, si on a une augmentation au départ, puis un recul par la suite, ou, plus important encore, si nous sommes confrontés à différentes souches qui effraient de nouveau les consommateurs ou imposent une quarantaine, tous ces éléments peuvent peser dans la balance.
Mais pour l’instant, je suis optimiste. Je croise les doigts par rapport au vaccin. J’aime parler d’« inoculation et de rotation », car avec l’augmentation des vaccinations, nous pouvons prendre le chemin vers une certaine normalité. Et à mesure que l’économie s’ouvrira, vous verrez la consommation, la croissance des bénéfices, tous les éléments favorables au marché s’installer.
KIM PARLEE : Sans parler de votre concept d’inoculation et de rotation, qu’est-ce qui a changé? Quels secteurs ont été touchés?
Oui, inoculation et rotation. Je pense qu’il faut identifier les modèles d’affaires, les entreprises qui ont vu leurs bénéfices et leurs flux de trésorerie se dégrader temporairement, et qui, lors de la réouverture, si nous revenons à la normale, connaîtront un revirement. Il s’agit des sociétés financières, de cartes de crédit et même de pétrole et de gaz.
En quelque sorte, les sociétés de pétrole et de gaz ont imposé une discipline de capital. La demande de pétrole augmente. À un moment donné, le prix du WTI dépassait 60 $. Tous ces éléments sont très favorables aux secteurs cycliques.
Ce qui change… Il y a cette idée que la technologie ne donne peut-être pas de bons résultats. En fait, je crois que la pandémie a probablement accéléré certaines tendances, accéléré les paiements de transport, avec Visa, Mastercard et accéléré les tendances du commerce électronique. Au Canada, Shopify a beaucoup progressé.
Amazon a pratiquement anticipé toutes ces dépenses. Si vous n’étiez pas encore un client d’Amazon Prime l’an dernier, il est très probable que vous en soyez devenu un depuis. Et vous aurez de la difficulté à ne pas le rester une fois que vous aurez constaté la valeur de ces services.
Je pense donc que ce que les gens changent, ce n’est pas vraiment la technologie, mais plutôt les secteurs très défensifs comme les biens de consommation de base. Je plaisantais l’autre jour. Je suis à fond dans la désinfection ou les lingettes Lysol. Nous n’en aurons plus besoin quand nous serons revenus à la normale.
Les gens se sont rués vers des titres défensifs, mais je pense que ces valeurs sont maintenant en danger, car les gens observent où les flux de trésorerie augmentent. Et ils augmentent indéniablement dans les secteurs en phase de réouverture.
[MUSIQUE]
Damian, c’est un plaisir de vous accueillir. Je dois commencer par vous interroger sur ce qui se passe sur les marchés. Pourquoi connaissent-ils une croissance constante?
Merci, Kim. C’est un plaisir de discuter avec vous. C’est une question qu’on nous pose tout le temps. Qu’est-ce qui explique ça?
Si vous prenez un peu de recul pour envisager la situation dans son ensemble, il y a plusieurs facteurs en jeu. Tout d’abord, nous en sommes au début d’une reprise économique. Le deuxième trimestre de l’année dernière a été marqué par la mise en quarantaine. Depuis, la croissance économique s’est accélérée tous les trimestres.
Cette année, avec les vaccins, dont nous savons maintenant qu’ils sont efficaces, la croissance économique se poursuit. En fait, compte tenu de la demande de consommation refoulée, de l’ampleur des mesures de relance, on pourrait connaître l’une des meilleures années de croissance du PIB depuis deux décennies. Voilà pour le premier point.
Deuxièmement, nous ne nous y attendions pas. Nous sommes en pleine reprise des bénéfices. Ceux du quatrième trimestre ont en fait été positifs sur 12 mois. Si on exclut le secteur de l’énergie et les secteurs qui ont été touchés par la pandémie, les actions des sociétés aériennes et les détaillants, ils étaient en fait nettement positifs avec des rendements à un chiffre élevés. Nous avons parlé de reprise économique, de bénéfices, du vaccin, des données très solides pour le vaccin.
Je terminerai en disant que l’assouplissement monétaire demeure extrêmement facile. La Fed achète encore pour 120 milliards de dollars d’obligations par mois. Ce sont des chiffres énormes.
Si je vous avais cité ces quatre éléments et que je vous avais demandé ce que vous pensiez de la situation des marchés, ni vous ni moi n’aurions été surpris si vous aviez répondu que les marchés continuent de grimper. Et, comme les gens s’habituent à ces grandes variables macroéconomiques, je crois que c’est ce qu’il se passe.
KIM PARLEE : Regardons ce graphique que vous nous avez aidés à établir. C’est une représentation, je crois, de l’effervescence que nous constatons en ce moment. Si on l’envisage du point de vue du ratio cours/bénéfice, il semble nous nous rapprochons de ce que nous avons connu en 2000. Parlez-moi de ce que nous voyons à l’écran.
DAMIAN FERNANDES : Avec plaisir. C’est un graphique du ratio C/B de l’indice S&P 500 sur quelques décennies. Oui, il semble que la tendance soit à la hausse. Prenons un peu de recul et envisageons plusieurs concepts comme une bulle, le surachat et des conditions vraiment effervescentes.
On parle de bulle quand un actif se négocie au-dessus de sa valeur réelle. Et quand on regarde ce qu’est un ratio C/B, c’est un élément heuristique, pour l’évaluation.
La première chose à prendre en considération est : qu’est-ce qui sous-tend l’évaluation? Ce sont les taux, non? Lorsque vous comparez le ratio C/B actuel au ratio C/B de la fin des années 90, du début des années 2000 dans cette bulle technologique, les taux étaient de 5 % et 6 %. Aujourd’hui, ils sont de 1 % aux États-Unis et au Canada.
Il faut voir les choses ainsi. À 1 %, combien de temps faut-il pour récupérer votre capital? Il faut 100 ans, n’est-ce pas? 1 %, 100 ans pour récupérer votre argent.
Aujourd’hui, le ratio C/B est de 23, soit 23 ans. Je sais que dans l’absolu, ça semble très cher et élevé. Mais en comparaison des taux des titres à revenu fixe, c’est assez intéressant d’un point de vue historique.
C’est une autre façon de dire que si vous, en tant que participant, pensez que les taux vont rester très bas pour un bon moment encore, je pense que la voie la plus naturelle est celle qui voit le marché boursier grimper et générer des bénéfices. Et peut-être que le ratio n’augmentera pas, mais il est amplement justifié à ces niveaux. Et je ne serais pas surpris que les gens soient convaincus que les taux restent très bas et même... ce n’est pas impossible qu’ils augmentent. Je parle des ratios.
Oui, le ratio. C’est un très bon point. Je pense que quand on examine les graphiques, il faut regarder quelles étaient les variables au moment où ces événements se sont produits. Et avec les taux dont vous parlez, à 5 %, 6 % en 2000 par rapport à aujourd’hui, on a une bonne idée.
Vous avez un peu parlé des bénéfices, Damian. Vous avez dit qu’ils étaient meilleurs que prévu. J’aimerais passer aux secteurs et aux actions. Qu’allez-vous surveiller alors que nous entrons, croisons les doigts, dans un cycle de réouverture?
Oui. Je croise les doigts des deux mains, Kim. Je pense que le plus important, c’est de savoir si le comportement du consommateur va fondamentalement changer à la réouverture. À l’heure actuelle, nous savons qu’il y a une forte demande refoulée. Nous savons qu’il y a beaucoup de mesures de relance, que les gens ont hâte de sortir et de dépenser, de dépenser et de réaliser ce qu’ils n’ont pas été en mesure de faire, de dépenser de l’argent pour des vacances, des services personnels, etc.
Il faut voir si ça va continuer. Parce que si cette demande refoulée se poursuit, c’est comme un ressort qui s’ajoute à ce que nous voyons pour les dépenses en infrastructures et la reconstruction des stocks. Si ça se poursuit, je pense que c’est un contexte favorable, c’est généralement un contexte favorable pour les actions.
Mais si le virus a fondamentalement changé le comportement des consommateurs, si on a une augmentation au départ, puis un recul par la suite, ou, plus important encore, si nous sommes confrontés à différentes souches qui effraient de nouveau les consommateurs ou imposent une quarantaine, tous ces éléments peuvent peser dans la balance.
Mais pour l’instant, je suis optimiste. Je croise les doigts par rapport au vaccin. J’aime parler d’« inoculation et de rotation », car avec l’augmentation des vaccinations, nous pouvons prendre le chemin vers une certaine normalité. Et à mesure que l’économie s’ouvrira, vous verrez la consommation, la croissance des bénéfices, tous les éléments favorables au marché s’installer.
KIM PARLEE : Sans parler de votre concept d’inoculation et de rotation, qu’est-ce qui a changé? Quels secteurs ont été touchés?
Oui, inoculation et rotation. Je pense qu’il faut identifier les modèles d’affaires, les entreprises qui ont vu leurs bénéfices et leurs flux de trésorerie se dégrader temporairement, et qui, lors de la réouverture, si nous revenons à la normale, connaîtront un revirement. Il s’agit des sociétés financières, de cartes de crédit et même de pétrole et de gaz.
En quelque sorte, les sociétés de pétrole et de gaz ont imposé une discipline de capital. La demande de pétrole augmente. À un moment donné, le prix du WTI dépassait 60 $. Tous ces éléments sont très favorables aux secteurs cycliques.
Ce qui change… Il y a cette idée que la technologie ne donne peut-être pas de bons résultats. En fait, je crois que la pandémie a probablement accéléré certaines tendances, accéléré les paiements de transport, avec Visa, Mastercard et accéléré les tendances du commerce électronique. Au Canada, Shopify a beaucoup progressé.
Amazon a pratiquement anticipé toutes ces dépenses. Si vous n’étiez pas encore un client d’Amazon Prime l’an dernier, il est très probable que vous en soyez devenu un depuis. Et vous aurez de la difficulté à ne pas le rester une fois que vous aurez constaté la valeur de ces services.
Je pense donc que ce que les gens changent, ce n’est pas vraiment la technologie, mais plutôt les secteurs très défensifs comme les biens de consommation de base. Je plaisantais l’autre jour. Je suis à fond dans la désinfection ou les lingettes Lysol. Nous n’en aurons plus besoin quand nous serons revenus à la normale.
Les gens se sont rués vers des titres défensifs, mais je pense que ces valeurs sont maintenant en danger, car les gens observent où les flux de trésorerie augmentent. Et ils augmentent indéniablement dans les secteurs en phase de réouverture.
[MUSIQUE]