
La Chine a célébré le début de l’année du Bœuf, et le marché de Shanghai est certainement à la hausse. La croissance des actions chinoises continuera-t-elle d’être supérieure à celle des actions comprises dans l’indice S&P 500? Kim Parlee et Haining Zha, vice-président et gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, discutent des perspectives du marché chinois.
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[MUSIQUE]
Haining, merci beaucoup d’être avec nous. Commençons par ce que vous entendez par marché baissier à visage haussier.
Eh bien, laissez-moi vous citer quelques chiffres. Prenons un indice de référence couramment utilisé, par exemple le CSI 300 : son rendement depuis le début de l’année dépasse les 10 %, ce qui est fantastique, mais, le rendement boursier médian des 4 000 sociétés cotées en Chine a été de moins 10 % depuis le début de l’année, et dans les trois quarts des cas, le rendement enregistré depuis le début de l’année a été négatif ou nul.
L’indice n’est donc composé que d’un petit nombre de titres.
Qu’est-ce qui se produit? Je sais qu’il se passe des choses intéressantes sur le marché boursier chinois. Quelle est cette idée de destruction créatrice, alors que le gouvernement regarde sous le capot, si vous voulez, de certaines entreprises? C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles nous observons ces rendements?
Tout à fait. C’est ce que nous appelons la destruction créatrice. Côté création, on a modifié le processus de premier appel public à l’épargne, le PAPE, qui n’est plus fondé sur un système d’approbation, mais sur un système d’inscription, ce qui signifie que les organismes de réglementation confient de nouveau au libre jeu du marché la fixation des prix et l’évaluation des risques au moment d’un PAPE. Cela a permis à un plus grand nombre de sociétés de s’introduire en bourse : l’an dernier environ 400 sociétés se sont inscrites en bourse, recueillant ainsi 470 milliards de yuans soit la somme la plus élevée à l’échelle mondiale.
Côté destruction, les organismes de réglementation resserrent les règles de radiation et renforcent les obligations de communication d’informations. Plus de 20 sociétés ont été radiées de la cote l’an dernier. Résultat, les bonnes sociétés font leur entrée en bourse, tandis que les sociétés médiocres sont radiées. Le processus d’affectation des capitaux est ainsi beaucoup plus efficace.
Avec le temps, c’est très bon pour les marchés financiers.
Et cela fait travailler les gestionnaires qui pratiquent une gestion active, j’en suis sûre : ils s’efforcent de distinguer les bonnes sociétés de celles qui seront radiées.
J’aimerais vous poser quelques questions au sujet de Hong Kong et du Hang Seng. Je crois que cet indice a également beaucoup progressé, ce qui étonne un peu, vu les tensions que nous avons pu observer entre Hong Kong et la Chine.
C’est juste, mais dans l’ensemble ça n’a eu que peu d’effet sur les mouvements de capitaux. Depuis le début de l’année, les sorties de capitaux étrangers ont représenté environ 150 milliards de dollars de Hong Kong, mais elles ont été annulées par les entrées de capitaux provenant de la Chine continentale.
Et l’une des principales raisons, c’est que la composition de la bourse de Hong Kong a changé de façon radicale : il y a dix ans, elle était dominée par des titres de sociétés d’État du secteur de l’énergie ou des titres de sociétés du secteur des services financiers, comme PetroChina et ICBC. Aujourd’hui, la tranche de capitalisation boursière supérieure est essentiellement dominée par des sociétés technologiques comme Alibaba et Tencent. À mesure que la Bourse de Hong Kong poursuit sa réforme réglementaire, un nombre croissant de sociétés de technologie, de consommation et de soins de santé s’y inscrivent.
Pour miser sur certaines tendances technologiques à long terme ou sur une hausse de la consommation de la classe moyenne, la Bourse de Hong Kong est le lieu tout indiqué.
Hum. Fascinant. Qu’en est-il du cycle économique de façon générale? De toute évidence, la Chine a de l’avance... je ne sais pas si c’est le bon terme, mais je dirais qu’elle est à un stade plus avancé du cycle en ce qui concerne la COVID-19. Elle a été frappée plus tôt, elle s’en sort plus tôt. Si je ne m’abuse, elle est l’une des seules économies à éviter une contraction causée par la COVID-19. Quelles sont les perspectives?
En fait, je pense que les gens sont de plus en plus inquiets au sujet des diverses mesures de relance qui constituent ce que l’on appelle la stratégie de sortie. Il faut faire la distinction entre politique budgétaire et politique monétaire. Pour ce qui est de la politique budgétaire, le plan de la Chine n’est pas si colossal, en premier lieu. Au total, il représente probablement 6 % ou 7 % du PIB et ne comporte aucune distribution directe de chèques par l’État aux ménages, comparativement aux États-Unis, dont le plan représentait 15 % du PIB l’an dernier et où une adoption reste encore à venir.
Je pense que déjà cette année, avec la reprise de l’activité économique, les recettes de l’État ont nettement augmenté. Du côté des dépenses, comme le gouvernement central veut contrôler le crédit des collectivités locales, je suppose que cette année ce crédit va diminuer légèrement.
Sur le plan de la politique monétaire, les gens s’inquiètent pour la suite des choses. Alors que l’économie ne peut encore se passer de soutien, ils redoutent que la banque centrale durcisse progressivement sa politique, avec pour conséquence une contraction des évaluations boursières. Cependant, nous ne pensons pas qu’il y ait tellement lieu de s’inquiéter, car la banque centrale a clairement indiqué qu’elle allait opérer un virage qui sera très progressif et qui n’aura rien de radical.
Selon nous, les conditions monétaires se sont déjà resserrées en Chine. Dans le segment à court terme de la courbe chinoise des taux, le taux de l’obligation d’État chinoise à deux ans a déjà augmenté d’environ 150 points de base, pour regagner le niveau qu’il atteignait avant le choc causé par la COVID-19. Par comparaison, aux États-Unis, le taux de l’obligation du Trésor américain à deux ans reste ancré au voisinage de zéro, ce qui laisse entrevoir une politique de détente prolongée.
Haining, il ne me reste qu’une minute environ. Je dois garder une petite place... Je dois vous demander... Avec tout l’investissement vert et les perspectives que vous entrevoyez, quelles sont les occasions de placements que vous observez en Chine en tant que gestionnaire de portefeuille? Quelles sont les possibilités?
Je pense que le potentiel est énorme. La Chine a clairement indiqué qu’elle atteindra le pic d’émissions de CO2 d’ici 2030 et la neutralité en carbone d’ici 2060. Et si vous prenez deux des principales formes d’énergie renouvelable, l’énergie éolienne et l’énergie solaire, à l’heure actuelle, leur capacité totale est d’environ 500 gigawatts. Et selon le plan du gouvernement, cette capacité atteindra au moins 1 200 gigawatts d’ici 10 ans, ce qui veut dire qu’elle doublera.
Un autre exemple est celui des véhicules à énergies nouvelles : ils représentent moins de 2 % de l’ensemble du parc automobile, et les ventes annuelles de ces véhicules dépassent à peine 1,1 million d’unités, soit seulement 5 % des ventes totales, mais l’on s’est fixé pour objectif d’atteindre 20 % du chiffre total des ventes d’ici 2025. Encore une fois, il s’agit d’un chiffre quadruplé en l’espace de cinq ans. Le potentiel est donc énorme, et il est certain que la bourse est très rapide à intégrer ce potentiel.
Depuis le début de l’année, le segment des véhicules à énergies nouvelles a progressé de 16 % environ, et celui de l’énergie solaire, de 20 % environ, et nous pensons que ce n’est que le début d’une tendance à long terme.
Haining, nous allons devoir nous arrêter ici, mais c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup pour votre présence aujourd’hui.
Ça m’a fait plaisir.
[MUSIQUE]
Haining, merci beaucoup d’être avec nous. Commençons par ce que vous entendez par marché baissier à visage haussier.
Eh bien, laissez-moi vous citer quelques chiffres. Prenons un indice de référence couramment utilisé, par exemple le CSI 300 : son rendement depuis le début de l’année dépasse les 10 %, ce qui est fantastique, mais, le rendement boursier médian des 4 000 sociétés cotées en Chine a été de moins 10 % depuis le début de l’année, et dans les trois quarts des cas, le rendement enregistré depuis le début de l’année a été négatif ou nul.
L’indice n’est donc composé que d’un petit nombre de titres.
Qu’est-ce qui se produit? Je sais qu’il se passe des choses intéressantes sur le marché boursier chinois. Quelle est cette idée de destruction créatrice, alors que le gouvernement regarde sous le capot, si vous voulez, de certaines entreprises? C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles nous observons ces rendements?
Tout à fait. C’est ce que nous appelons la destruction créatrice. Côté création, on a modifié le processus de premier appel public à l’épargne, le PAPE, qui n’est plus fondé sur un système d’approbation, mais sur un système d’inscription, ce qui signifie que les organismes de réglementation confient de nouveau au libre jeu du marché la fixation des prix et l’évaluation des risques au moment d’un PAPE. Cela a permis à un plus grand nombre de sociétés de s’introduire en bourse : l’an dernier environ 400 sociétés se sont inscrites en bourse, recueillant ainsi 470 milliards de yuans soit la somme la plus élevée à l’échelle mondiale.
Côté destruction, les organismes de réglementation resserrent les règles de radiation et renforcent les obligations de communication d’informations. Plus de 20 sociétés ont été radiées de la cote l’an dernier. Résultat, les bonnes sociétés font leur entrée en bourse, tandis que les sociétés médiocres sont radiées. Le processus d’affectation des capitaux est ainsi beaucoup plus efficace.
Avec le temps, c’est très bon pour les marchés financiers.
Et cela fait travailler les gestionnaires qui pratiquent une gestion active, j’en suis sûre : ils s’efforcent de distinguer les bonnes sociétés de celles qui seront radiées.
J’aimerais vous poser quelques questions au sujet de Hong Kong et du Hang Seng. Je crois que cet indice a également beaucoup progressé, ce qui étonne un peu, vu les tensions que nous avons pu observer entre Hong Kong et la Chine.
C’est juste, mais dans l’ensemble ça n’a eu que peu d’effet sur les mouvements de capitaux. Depuis le début de l’année, les sorties de capitaux étrangers ont représenté environ 150 milliards de dollars de Hong Kong, mais elles ont été annulées par les entrées de capitaux provenant de la Chine continentale.
Et l’une des principales raisons, c’est que la composition de la bourse de Hong Kong a changé de façon radicale : il y a dix ans, elle était dominée par des titres de sociétés d’État du secteur de l’énergie ou des titres de sociétés du secteur des services financiers, comme PetroChina et ICBC. Aujourd’hui, la tranche de capitalisation boursière supérieure est essentiellement dominée par des sociétés technologiques comme Alibaba et Tencent. À mesure que la Bourse de Hong Kong poursuit sa réforme réglementaire, un nombre croissant de sociétés de technologie, de consommation et de soins de santé s’y inscrivent.
Pour miser sur certaines tendances technologiques à long terme ou sur une hausse de la consommation de la classe moyenne, la Bourse de Hong Kong est le lieu tout indiqué.
Hum. Fascinant. Qu’en est-il du cycle économique de façon générale? De toute évidence, la Chine a de l’avance... je ne sais pas si c’est le bon terme, mais je dirais qu’elle est à un stade plus avancé du cycle en ce qui concerne la COVID-19. Elle a été frappée plus tôt, elle s’en sort plus tôt. Si je ne m’abuse, elle est l’une des seules économies à éviter une contraction causée par la COVID-19. Quelles sont les perspectives?
En fait, je pense que les gens sont de plus en plus inquiets au sujet des diverses mesures de relance qui constituent ce que l’on appelle la stratégie de sortie. Il faut faire la distinction entre politique budgétaire et politique monétaire. Pour ce qui est de la politique budgétaire, le plan de la Chine n’est pas si colossal, en premier lieu. Au total, il représente probablement 6 % ou 7 % du PIB et ne comporte aucune distribution directe de chèques par l’État aux ménages, comparativement aux États-Unis, dont le plan représentait 15 % du PIB l’an dernier et où une adoption reste encore à venir.
Je pense que déjà cette année, avec la reprise de l’activité économique, les recettes de l’État ont nettement augmenté. Du côté des dépenses, comme le gouvernement central veut contrôler le crédit des collectivités locales, je suppose que cette année ce crédit va diminuer légèrement.
Sur le plan de la politique monétaire, les gens s’inquiètent pour la suite des choses. Alors que l’économie ne peut encore se passer de soutien, ils redoutent que la banque centrale durcisse progressivement sa politique, avec pour conséquence une contraction des évaluations boursières. Cependant, nous ne pensons pas qu’il y ait tellement lieu de s’inquiéter, car la banque centrale a clairement indiqué qu’elle allait opérer un virage qui sera très progressif et qui n’aura rien de radical.
Selon nous, les conditions monétaires se sont déjà resserrées en Chine. Dans le segment à court terme de la courbe chinoise des taux, le taux de l’obligation d’État chinoise à deux ans a déjà augmenté d’environ 150 points de base, pour regagner le niveau qu’il atteignait avant le choc causé par la COVID-19. Par comparaison, aux États-Unis, le taux de l’obligation du Trésor américain à deux ans reste ancré au voisinage de zéro, ce qui laisse entrevoir une politique de détente prolongée.
Haining, il ne me reste qu’une minute environ. Je dois garder une petite place... Je dois vous demander... Avec tout l’investissement vert et les perspectives que vous entrevoyez, quelles sont les occasions de placements que vous observez en Chine en tant que gestionnaire de portefeuille? Quelles sont les possibilités?
Je pense que le potentiel est énorme. La Chine a clairement indiqué qu’elle atteindra le pic d’émissions de CO2 d’ici 2030 et la neutralité en carbone d’ici 2060. Et si vous prenez deux des principales formes d’énergie renouvelable, l’énergie éolienne et l’énergie solaire, à l’heure actuelle, leur capacité totale est d’environ 500 gigawatts. Et selon le plan du gouvernement, cette capacité atteindra au moins 1 200 gigawatts d’ici 10 ans, ce qui veut dire qu’elle doublera.
Un autre exemple est celui des véhicules à énergies nouvelles : ils représentent moins de 2 % de l’ensemble du parc automobile, et les ventes annuelles de ces véhicules dépassent à peine 1,1 million d’unités, soit seulement 5 % des ventes totales, mais l’on s’est fixé pour objectif d’atteindre 20 % du chiffre total des ventes d’ici 2025. Encore une fois, il s’agit d’un chiffre quadruplé en l’espace de cinq ans. Le potentiel est donc énorme, et il est certain que la bourse est très rapide à intégrer ce potentiel.
Depuis le début de l’année, le segment des véhicules à énergies nouvelles a progressé de 16 % environ, et celui de l’énergie solaire, de 20 % environ, et nous pensons que ce n’est que le début d’une tendance à long terme.
Haining, nous allons devoir nous arrêter ici, mais c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup pour votre présence aujourd’hui.
Ça m’a fait plaisir.
[MUSIQUE]