
Le commerce, la COVID-19, les menaces de retrait et le statut préférentiel de Hong Kong sont les récentes sources de tension pesant sur la relation fragile entre les États-Unis et la Chine. Haining Zha, vice-président, Gestion de Placements TD, se prononce sur la signification de l’intensification des tensions entre ces superpuissances pour le commerce et l’économie.
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[MUSIQUE]
Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien COVID-19 MoneyTalk du lundi 1er juin. Je m’appelle Anthony Okolie. Dans quelques minutes, Kim Parlee s’entretiendra avec Haining Zha, vice-président, Gestion de Placements TD, des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et de ce que tout cela signifie pour l’économie et les marchés mondiaux. Mais tout d’abord, voici un survol rapide des nouvelles du jour.
Des manifestations massives ont eu lieu aux États-Unis en fin de semaine. Ce qui a commencé par des manifestations pacifiques contre la brutalité policière s’est terminé par des pillages et des arrestations. Certains grands détaillants, dont Target, Apple et Walmart, ont donc fermé temporairement leurs portes ou limité leurs heures d’ouverture aux États-Unis.
La Chine a demandé aux grandes entreprises agricoles gérées par l’État de mettre fin aux achats de certains produits agricoles américains, notamment le soja, ce qui a accentué les tensions commerciales entre les deux plus grandes économies du monde. Les produits de substitut de viande pourraient-ils profiter de la pénurie de viande en Chine? À compter du 3 juin, Yum China Holdings prévoit offrir des hamburgers à base végétale Beyond Meat dans ses restaurants de restauration rapide en Chine continentale.
Enfin, le projet SpaceX d’Elon Musk a envoyé deux astronautes de la NASA à la Station spatiale internationale samedi. C’était la première fois de l’histoire qu’un engin spatial privé transportait des astronautes vers la Station spatiale, depuis sa création, il y a un peu plus de 20 ans.
C’était le résumé des nouvelles du jour. Voici maintenant la discussion entre Kim Parlee et Haining Zha.
Haining, pouvons-nous commencer par le va-et-vient entre les États-Unis et la Chine? Nous voyons que la Chine demande maintenant à ses sociétés d’État de limiter leurs achats de soja américain. Pouvez-vous mettre les choses en contexte et nous dire à quel point c’est important?
Oui, je pense que c’est une partie importante de la première phase de l’accord commercial. Et je pense que les États-Unis et la Chine tentent de mettre en œuvre cette première phase. Mais je pense qu’en termes d’exécution, il y a toujours un rythme, n’est-ce pas? Je n’interpréterais donc pas ça comme un signal que, du côté de Beijing, on va mettre fin à l’accord commercial. Mais compte tenu de toutes les mesures prises par les États-Unis, par exemple, Trump vient d’annoncer qu’il va éliminer le traitement préférentiel accordé à Hong Kong en vertu d’une loi américaine. Il pourrait donc y avoir des réactions temporaires de la part de Beijing.
Pourriez-vous aussi nous donner un peu plus de détails sur ce qui s’est passé à Hong Kong? Les gens ne savent peut-être pas trop ce que ce pays a dit, ce que ça signifie et l’importance économique de Hong Kong pour les États-Unis.
Bien sûr. Et en mai, à l’Assemblée nationale populaire, le gouvernement chinois vient d’adopter une résolution visant à promulguer la loi sur la sécurité à Hong Kong, qui sera ajoutée à l’Annexe numéro trois de la loi fondamentale de Hong Kong. En guise de représailles, les États-Unis ont annoncé qu’ils élimineraient probablement le traitement préférentiel accordé à Hong Kong. Ce traitement préférentiel a été établi en vertu du United States – Hong Kong Policy Act de 1992. Et en vertu de cette loi particulière, il y a quelques éléments spéciaux. Premièrement, Hong Kong a le statut de nation la plus favorisée. Mais c’est en raison de l’adhésion de Hong Kong à l’OMC. C’est donc un traité international. Les États-Unis ne peuvent pas y mettre fin unilatéralement.
Deuxièmement, Hong Kong a été traité comme un territoire douanier spécial. Si vous regardez les statistiques sur le commerce entre Hong Kong et les États-Unis, les États-Unis pourraient en fait être désavantagés par leurs propres mesures, car ils génèrent un excédent commercial d’environ 30 milliards de dollars à partir de Hong Kong. Troisièmement, Hong Kong a un accès spécial à des technologies sensibles. Mais comme nous le savons, cet accès a déjà été resserré bien avant la prise de cette mesure. L’impact différentiel sera donc minime.
Et la dernière chose, c’est le dollar de Hong Kong. Le dollar américain est autorisé à échanger librement avec le dollar de Hong Kong. Mais à cet égard, nous ne pensons pas que le gouvernement américain fera quoi que ce soit, car pratiquement toutes les grandes institutions financières américaines sont présentes à Hong Kong, et elles ont un énorme solde en dollars de Hong Kong. Et si ce libre-échange d’argent prend fin, ce sera un coup dur pour la stabilité financière et les sociétés financières aux États-Unis.
D’accord. J’imagine que si je pouvais m’en tenir à ce fil pour comprendre ce que certaines de ces tensions pourraient signifier pour la stabilité des institutions financières... nous avons aussi le Sénat des États-Unis qui veut imposer des limites très précises aux investissements dans des entreprises soutenues par les forces militaires chinoises, mais aussi dans des entreprises qui sont cotées en bourse aux États-Unis. Pouvez-vous nous expliquer un peu ce que ça signifie pour nous?
C’est exact. Le Sénat a donc déjà adopté un projet de loi qui porte essentiellement sur les « entreprises responsables », la Hold Foreign Companies Accountable Act. Essentiellement, en ce qui concerne les entreprises chinoises, l’organisme de réglementation chinois n’autorise pas l’accès aux dossiers d’audit originaux à l’organisme de réglementation américain. Et si cette tendance se poursuit, les entreprises cotées en bourse aux États-Unis pourraient être forcées d’être décotées en vertu de cette loi. Et c’est très imminent. Et on croit que la Chambre finira par l’adopter. La solution, c’est que les entreprises qui sont forcées d’être décotées aux États-Unis doivent chercher à être inscrites en bourse à Hong Kong ou en Chine continentale.
Tout ça vient s’ajouter au fait, bien sûr, que nous sommes tous à la maison, en raison de la COVID-19 et de la reprise. Et je veux vous demander, une grande partie de ce que nous faisons en ce moment... la Chine est en avance sur nous sur le plan chronologique, en ce qui concerne le moment où le virus a frappé et son état de reprise. Nous sommes très loin derrière. Que constatez-vous en Chine sur le plan de la reprise, et dans quelle mesure craignez-vous que toutes ces choses dont vous venez de parler nuisent à la reprise des activités?
Oui, en fait, la reprise a été presque totale. À l’heure actuelle, si vous regardez les diverses statistiques, pour ce qui est du secteur manufacturier et du côté de la production de l’économie, la reprise de la capacité est probablement supérieure à 90 %, si vous regardez les coûts de consommation quotidiens et le débit du trafic. Je pense que ce qui accuse un léger retard, c’est le côté des services de l’économie. Un autre problème, c’est que le secteur manufacturier chinois est basé sur une forte demande extérieure aux États-Unis et en Europe. Étant donné que ces économies sont également touchées par le choc du coronavirus, la demande extérieure est également un problème. Mais comme nous le voyons, les États-Unis sont également sur le point de rouvrir leur économie. C’est donc moins préoccupant.
Haining, dites-moi, la dernière fois qu’on s’est parlé, il y a un certain temps, le monde était très différent, et je pense que vous étiez plus optimiste concernant les occasions en Chine. Compte tenu de tout ce qui se passe en ce moment, j’aimerais que vous me disiez ce que vous pensez actuellement de la Chine et de l’économie mondiale, et ce que vous allez observer au fur et à mesure que nous progressons.
Je dirais que c’est toujours le cas. Et l’hypothèse est que les gouvernements américain et chinois peuvent gérer leurs différences et les conflits potentiels, et il est à espérer que les esprits plus calmes au sein du gouvernement vont prévaloir et améliorer davantage l’économie mondiale. Compte tenu de cette hypothèse, je crois que la situation à long terme de l’économie et du marché boursier chinois est toujours bonne parce que, à l’heure actuelle, le gouvernement, parmi tous les gouvernements, le gouvernement chinois a la plus grande marge de manœuvre pour réagir.
Cette année, l’Assemblée nationale populaire augmentera probablement le déficit par rapport au PIB, dans un sens plus large, d’environ 3 ou 4 %. Ce n’est pas beaucoup par rapport à l’Europe et aux États-Unis, mais cela leur donne vraiment beaucoup de munitions qu’ils pourront utiliser à l’avenir. Et sur le plan de la politique monétaire, vous verrez probablement cette année, au cours de la deuxième moitié de l’année, le ratio M2 et la croissance du financement social global seront supérieurs à la croissance du PIB nominal, et le taux de réserves obligatoires et le taux d’intérêt peuvent tous les deux être réduits.
Haining, c’est toujours un plaisir. Merci pour vos commentaires.
Merci de m’avoir invité.
[MUSIQUE]
Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien COVID-19 MoneyTalk du lundi 1er juin. Je m’appelle Anthony Okolie. Dans quelques minutes, Kim Parlee s’entretiendra avec Haining Zha, vice-président, Gestion de Placements TD, des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et de ce que tout cela signifie pour l’économie et les marchés mondiaux. Mais tout d’abord, voici un survol rapide des nouvelles du jour.
Des manifestations massives ont eu lieu aux États-Unis en fin de semaine. Ce qui a commencé par des manifestations pacifiques contre la brutalité policière s’est terminé par des pillages et des arrestations. Certains grands détaillants, dont Target, Apple et Walmart, ont donc fermé temporairement leurs portes ou limité leurs heures d’ouverture aux États-Unis.
La Chine a demandé aux grandes entreprises agricoles gérées par l’État de mettre fin aux achats de certains produits agricoles américains, notamment le soja, ce qui a accentué les tensions commerciales entre les deux plus grandes économies du monde. Les produits de substitut de viande pourraient-ils profiter de la pénurie de viande en Chine? À compter du 3 juin, Yum China Holdings prévoit offrir des hamburgers à base végétale Beyond Meat dans ses restaurants de restauration rapide en Chine continentale.
Enfin, le projet SpaceX d’Elon Musk a envoyé deux astronautes de la NASA à la Station spatiale internationale samedi. C’était la première fois de l’histoire qu’un engin spatial privé transportait des astronautes vers la Station spatiale, depuis sa création, il y a un peu plus de 20 ans.
C’était le résumé des nouvelles du jour. Voici maintenant la discussion entre Kim Parlee et Haining Zha.
Haining, pouvons-nous commencer par le va-et-vient entre les États-Unis et la Chine? Nous voyons que la Chine demande maintenant à ses sociétés d’État de limiter leurs achats de soja américain. Pouvez-vous mettre les choses en contexte et nous dire à quel point c’est important?
Oui, je pense que c’est une partie importante de la première phase de l’accord commercial. Et je pense que les États-Unis et la Chine tentent de mettre en œuvre cette première phase. Mais je pense qu’en termes d’exécution, il y a toujours un rythme, n’est-ce pas? Je n’interpréterais donc pas ça comme un signal que, du côté de Beijing, on va mettre fin à l’accord commercial. Mais compte tenu de toutes les mesures prises par les États-Unis, par exemple, Trump vient d’annoncer qu’il va éliminer le traitement préférentiel accordé à Hong Kong en vertu d’une loi américaine. Il pourrait donc y avoir des réactions temporaires de la part de Beijing.
Pourriez-vous aussi nous donner un peu plus de détails sur ce qui s’est passé à Hong Kong? Les gens ne savent peut-être pas trop ce que ce pays a dit, ce que ça signifie et l’importance économique de Hong Kong pour les États-Unis.
Bien sûr. Et en mai, à l’Assemblée nationale populaire, le gouvernement chinois vient d’adopter une résolution visant à promulguer la loi sur la sécurité à Hong Kong, qui sera ajoutée à l’Annexe numéro trois de la loi fondamentale de Hong Kong. En guise de représailles, les États-Unis ont annoncé qu’ils élimineraient probablement le traitement préférentiel accordé à Hong Kong. Ce traitement préférentiel a été établi en vertu du United States – Hong Kong Policy Act de 1992. Et en vertu de cette loi particulière, il y a quelques éléments spéciaux. Premièrement, Hong Kong a le statut de nation la plus favorisée. Mais c’est en raison de l’adhésion de Hong Kong à l’OMC. C’est donc un traité international. Les États-Unis ne peuvent pas y mettre fin unilatéralement.
Deuxièmement, Hong Kong a été traité comme un territoire douanier spécial. Si vous regardez les statistiques sur le commerce entre Hong Kong et les États-Unis, les États-Unis pourraient en fait être désavantagés par leurs propres mesures, car ils génèrent un excédent commercial d’environ 30 milliards de dollars à partir de Hong Kong. Troisièmement, Hong Kong a un accès spécial à des technologies sensibles. Mais comme nous le savons, cet accès a déjà été resserré bien avant la prise de cette mesure. L’impact différentiel sera donc minime.
Et la dernière chose, c’est le dollar de Hong Kong. Le dollar américain est autorisé à échanger librement avec le dollar de Hong Kong. Mais à cet égard, nous ne pensons pas que le gouvernement américain fera quoi que ce soit, car pratiquement toutes les grandes institutions financières américaines sont présentes à Hong Kong, et elles ont un énorme solde en dollars de Hong Kong. Et si ce libre-échange d’argent prend fin, ce sera un coup dur pour la stabilité financière et les sociétés financières aux États-Unis.
D’accord. J’imagine que si je pouvais m’en tenir à ce fil pour comprendre ce que certaines de ces tensions pourraient signifier pour la stabilité des institutions financières... nous avons aussi le Sénat des États-Unis qui veut imposer des limites très précises aux investissements dans des entreprises soutenues par les forces militaires chinoises, mais aussi dans des entreprises qui sont cotées en bourse aux États-Unis. Pouvez-vous nous expliquer un peu ce que ça signifie pour nous?
C’est exact. Le Sénat a donc déjà adopté un projet de loi qui porte essentiellement sur les « entreprises responsables », la Hold Foreign Companies Accountable Act. Essentiellement, en ce qui concerne les entreprises chinoises, l’organisme de réglementation chinois n’autorise pas l’accès aux dossiers d’audit originaux à l’organisme de réglementation américain. Et si cette tendance se poursuit, les entreprises cotées en bourse aux États-Unis pourraient être forcées d’être décotées en vertu de cette loi. Et c’est très imminent. Et on croit que la Chambre finira par l’adopter. La solution, c’est que les entreprises qui sont forcées d’être décotées aux États-Unis doivent chercher à être inscrites en bourse à Hong Kong ou en Chine continentale.
Tout ça vient s’ajouter au fait, bien sûr, que nous sommes tous à la maison, en raison de la COVID-19 et de la reprise. Et je veux vous demander, une grande partie de ce que nous faisons en ce moment... la Chine est en avance sur nous sur le plan chronologique, en ce qui concerne le moment où le virus a frappé et son état de reprise. Nous sommes très loin derrière. Que constatez-vous en Chine sur le plan de la reprise, et dans quelle mesure craignez-vous que toutes ces choses dont vous venez de parler nuisent à la reprise des activités?
Oui, en fait, la reprise a été presque totale. À l’heure actuelle, si vous regardez les diverses statistiques, pour ce qui est du secteur manufacturier et du côté de la production de l’économie, la reprise de la capacité est probablement supérieure à 90 %, si vous regardez les coûts de consommation quotidiens et le débit du trafic. Je pense que ce qui accuse un léger retard, c’est le côté des services de l’économie. Un autre problème, c’est que le secteur manufacturier chinois est basé sur une forte demande extérieure aux États-Unis et en Europe. Étant donné que ces économies sont également touchées par le choc du coronavirus, la demande extérieure est également un problème. Mais comme nous le voyons, les États-Unis sont également sur le point de rouvrir leur économie. C’est donc moins préoccupant.
Haining, dites-moi, la dernière fois qu’on s’est parlé, il y a un certain temps, le monde était très différent, et je pense que vous étiez plus optimiste concernant les occasions en Chine. Compte tenu de tout ce qui se passe en ce moment, j’aimerais que vous me disiez ce que vous pensez actuellement de la Chine et de l’économie mondiale, et ce que vous allez observer au fur et à mesure que nous progressons.
Je dirais que c’est toujours le cas. Et l’hypothèse est que les gouvernements américain et chinois peuvent gérer leurs différences et les conflits potentiels, et il est à espérer que les esprits plus calmes au sein du gouvernement vont prévaloir et améliorer davantage l’économie mondiale. Compte tenu de cette hypothèse, je crois que la situation à long terme de l’économie et du marché boursier chinois est toujours bonne parce que, à l’heure actuelle, le gouvernement, parmi tous les gouvernements, le gouvernement chinois a la plus grande marge de manœuvre pour réagir.
Cette année, l’Assemblée nationale populaire augmentera probablement le déficit par rapport au PIB, dans un sens plus large, d’environ 3 ou 4 %. Ce n’est pas beaucoup par rapport à l’Europe et aux États-Unis, mais cela leur donne vraiment beaucoup de munitions qu’ils pourront utiliser à l’avenir. Et sur le plan de la politique monétaire, vous verrez probablement cette année, au cours de la deuxième moitié de l’année, le ratio M2 et la croissance du financement social global seront supérieurs à la croissance du PIB nominal, et le taux de réserves obligatoires et le taux d’intérêt peuvent tous les deux être réduits.
Haining, c’est toujours un plaisir. Merci pour vos commentaires.
Merci de m’avoir invité.
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