
Malgré les assurances répétées de la Réserve fédérale selon lesquelles les pressions inflationnistes actuelles sont temporaires, les craintes d’inflation continuent de peser sur les marchés boursiers mondiaux. Kim Parlee discute avec Michael Craig, chef, Répartition des actifs, Gestion de patrimoine TD, des stratégies de placement face à la menace inflationniste.
Print Transcript
À l’heure actuelle, on met davantage l’accent sur l’inflation que sur la pandémie quant à la menace principale pour le marché. La semaine dernière, l’inflation a atteint 4,2 %, ce qui est nettement supérieur aux attentes du marché. Qu’est-ce que cela signifie et sur quoi devons-nous nous concentrer? Michael Craig est là pour en parler. Il est chef, Répartition des actifs, à Gestion de Placements TD. Il nous rejoint maintenant.
Mike, c’est un plaisir de vous accueillir. Pour commencer, vous pourriez peut-être nous donner un peu de contexte. D’abord, pourquoi la hausse de l’inflation est-elle une si grande préoccupation pour les marchés et les gestionnaires d’argent?
L’inflation, sur une base durable à long terme, est vraiment toxique pour tous les actifs financiers et les actions à revenu fixe. Au final, c’est la combinaison de l’érosion des marges et de la réduction du pouvoir d’achat. Et vraiment, c’est un très mauvais symptôme d’une économie dont le message principal est qu’elle n’est pas en mesure de fournir les biens ou les services demandés par la société.
À long terme, s’il y a une chose qui peut vraiment perturber les marchés, c’est une période prolongée d’inflation qui ne peut être maîtrisée.
Oui, les gens ont utilisé ces termes. Et je crois qu’il y a lieu d’en discuter. Par rapport au terme « épisodique », la récession a été très étrange à bien des égards. Habituellement, en période de récession, les gens perdent leur emploi, et la demande diminue en conséquence.
Cette fois-ci, il y a eu des transferts budgétaires excédentaires, en particulier aux États-Unis vers les ménages. Plutôt que d’avoir moins d’argent à dépenser, ils en ont en fait, plus. Comparons la demande à un pichet d’eau. Normalement, il fait 20 onces. Actuellement, on est plutôt à 30. Et on le constate avec les taux d’épargne des ménages.
En revanche, du côté de l’offre, des biens que nous achetons, il y a beaucoup de choses. Mais à l’heure actuelle, en raison des confinements, on ne peut pas faire beaucoup de choses. Dans de nombreuses régions du monde, on ne peut pas aller à un événement sportif, manger dehors, faire un voyage ou aller se faire couper les cheveux. Il ne reste donc plus qu’à acheter des voitures neuves ou de seconde main, faire des rénovations dans la maison, etc.
On a une demande excédentaire et moins d’endroits où dépenser cet argent. Ce que nous obtenons, c’est l’inflation des biens parce qu’il y a un manque... Premièrement, nous avons des économies excédentaires, et deuxièmement, on n’a pas beaucoup de choses à faire. Si vous regardez dans votre rue, vous verrez beaucoup de rénovations, de nouvelles voitures ici et là. Et cela ne fait que grever le système.
Il y a donc une inflation importante dans le bois, le cuivre, les produits agricoles, certains services de construction, etc. Et c’est vraiment ce qui se passe actuellement.
Oui, il y a de l’argent, mais il ne sait pas où aller, et il n’a que très peu de choix. Permettez-moi de revenir en arrière. Quels sont les avantages et quels sont les risques associés à ce type d’inflation?
À court terme, cela entraînera, selon moi, une certaine volatilité. Je crois que les marchés connaîtront des niveaux d’inflation plus élevés. Quand cela arrivera-t-il? Comme que la mesure des données économiques est difficile en ce moment, nous ne savons pas vraiment. On n’a jamais vraiment connu ça. Les chiffres sont assez imprévisibles.
Par conséquent, les résultats sont beaucoup plus élevés. Je crois que le plus important, c’est qu’il y aura une période de volatilité dans les deux prochains trimestres. À l’approche de l’automne, les effets de comparaison seront en fait beaucoup plus élevés. Paradoxalement, l’inflation diminuera cet automne, parce que nous la comparerons avec l’année dernière.
Et c’est vraiment là-dessus que nous réfléchissons, est-ce quelque chose de durable à long terme? Et nous faisons partie de ceux qui pensent que, non, nous ne pensons pas que c’est possible. Il s’agit plutôt d’un choc, d’un épisode passager. Mais les facteurs les plus importants d’une inflation à long terme ne sont tout simplement pas présents en ce moment. Cela pourrait arriver. Mais la question est de savoir quelles seront les politiques dans les années à venir.
Permettez-moi de vous demander, encore une fois, s’il ne s’agit que d’une phase... même si elle n’est pas très confortable à cause de la volatilité des marchés. Que pensez-vous qu’il va se passer sur le long terme?
Ce qui pourrait alimenter l’inflation, c’est la concentration sur le transfert de patrimoine. Par conséquent, si nous voyons arriver des politiques qui prévoient des impôts plus élevés et un transfert de patrimoine de plus en plus important, cela va résoudre certains problèmes et en créer d’autres. En 1979, 1980, au sommet de notre dernière période d’inflation, les taux marginaux d’imposition se situaient entre 70 %, 80 % et 90 % partout dans le monde. Je ne crois pas que cela se produira. Mais c’est quelque chose qu’on devrait surveiller.
Les ESG et les changements climatiques sont, selon moi, une force inflationniste à laquelle il faut penser. Nous ne sommes plus en mesure de produire des biens et de polluer l’environnement, sans envisager cela comme un coût. Et c’est une tendance qui changera probablement nos habitudes de consommation. Mais c’est une chose à laquelle il faut prêter attention.
Enfin, j’imagine que la dernière menace concerne la mondialisation. C’est certainement davantage un argument géopolitique. Encore une fois, c’est quelque chose à surveiller, car on commence à penser à réaligner les chaînes d’approvisionnement plus près de la consommation.
En revanche, il y a deux forces clés qui ont tenu l’inflation à l’écart pendant de nombreuses années, et cela ne changera pas. D’abord, les sociétés vieillissent. À mesure que les gens vieillissent, ils ont tendance à consommer moins. Je reprends l’analogie du pichet de l’eau avec laquelle j’ai commencé. Le pichet est plus petit, parce qu’avec l’âge, nous avons tendance à consommer moins.
Le deuxième est que la technologie, la révolution technologique, ou la quatrième révolution industrielle que nous vivons va vraiment s’accélérer. Et les quantités de technologies qui entreront dans l’économie seront époustouflantes. Et c’est une force très déflationniste. Et c’est quelque chose qu’il ne faut pas sous-estimer. Nous le voyons tous les jours, alors nous ne le remarquons pas vraiment.
Mais si vous prenez du recul et pensez à la façon dont vous avez modifié vos... habitudes d’achat ces cinq dernières années... combien elles sont différentes aujourd’hui. Nous faisons une vidéo comme celle-ci en ligne, par exemple. Cela vous montre vraiment comment les choses ont changé à très court terme. Et cela se poursuivra, car les nouvelles technologies sont en quelque sorte intégrées à l’économie mondiale.
Il y a donc beaucoup de facteurs changeants. Et je suis heureux que vous soyez ici pour nous en parler, Mike. Merci beaucoup.
Merci, Kim. Je vous souhaite une bonne soirée.
[MUSIQUE]
Mike, c’est un plaisir de vous accueillir. Pour commencer, vous pourriez peut-être nous donner un peu de contexte. D’abord, pourquoi la hausse de l’inflation est-elle une si grande préoccupation pour les marchés et les gestionnaires d’argent?
L’inflation, sur une base durable à long terme, est vraiment toxique pour tous les actifs financiers et les actions à revenu fixe. Au final, c’est la combinaison de l’érosion des marges et de la réduction du pouvoir d’achat. Et vraiment, c’est un très mauvais symptôme d’une économie dont le message principal est qu’elle n’est pas en mesure de fournir les biens ou les services demandés par la société.
À long terme, s’il y a une chose qui peut vraiment perturber les marchés, c’est une période prolongée d’inflation qui ne peut être maîtrisée.
- Je pense que la clé, dans ce que vous venez de dire, c’est « prolongée ». Parce que ce que nous entendons actuellement c’est que cette situation est épisodique. C’est quelque chose qui se produit actuellement en raison de la pandémie et des fermetures des entreprises, etc. par opposition à ce que disent d’autres personnes, pour qui la situation qui devrait nous préoccuper un peu plus. Qu’en pensez-vous?
Oui, les gens ont utilisé ces termes. Et je crois qu’il y a lieu d’en discuter. Par rapport au terme « épisodique », la récession a été très étrange à bien des égards. Habituellement, en période de récession, les gens perdent leur emploi, et la demande diminue en conséquence.
Cette fois-ci, il y a eu des transferts budgétaires excédentaires, en particulier aux États-Unis vers les ménages. Plutôt que d’avoir moins d’argent à dépenser, ils en ont en fait, plus. Comparons la demande à un pichet d’eau. Normalement, il fait 20 onces. Actuellement, on est plutôt à 30. Et on le constate avec les taux d’épargne des ménages.
En revanche, du côté de l’offre, des biens que nous achetons, il y a beaucoup de choses. Mais à l’heure actuelle, en raison des confinements, on ne peut pas faire beaucoup de choses. Dans de nombreuses régions du monde, on ne peut pas aller à un événement sportif, manger dehors, faire un voyage ou aller se faire couper les cheveux. Il ne reste donc plus qu’à acheter des voitures neuves ou de seconde main, faire des rénovations dans la maison, etc.
On a une demande excédentaire et moins d’endroits où dépenser cet argent. Ce que nous obtenons, c’est l’inflation des biens parce qu’il y a un manque... Premièrement, nous avons des économies excédentaires, et deuxièmement, on n’a pas beaucoup de choses à faire. Si vous regardez dans votre rue, vous verrez beaucoup de rénovations, de nouvelles voitures ici et là. Et cela ne fait que grever le système.
Il y a donc une inflation importante dans le bois, le cuivre, les produits agricoles, certains services de construction, etc. Et c’est vraiment ce qui se passe actuellement.
Oui, il y a de l’argent, mais il ne sait pas où aller, et il n’a que très peu de choix. Permettez-moi de revenir en arrière. Quels sont les avantages et quels sont les risques associés à ce type d’inflation?
À court terme, cela entraînera, selon moi, une certaine volatilité. Je crois que les marchés connaîtront des niveaux d’inflation plus élevés. Quand cela arrivera-t-il? Comme que la mesure des données économiques est difficile en ce moment, nous ne savons pas vraiment. On n’a jamais vraiment connu ça. Les chiffres sont assez imprévisibles.
Par conséquent, les résultats sont beaucoup plus élevés. Je crois que le plus important, c’est qu’il y aura une période de volatilité dans les deux prochains trimestres. À l’approche de l’automne, les effets de comparaison seront en fait beaucoup plus élevés. Paradoxalement, l’inflation diminuera cet automne, parce que nous la comparerons avec l’année dernière.
Et c’est vraiment là-dessus que nous réfléchissons, est-ce quelque chose de durable à long terme? Et nous faisons partie de ceux qui pensent que, non, nous ne pensons pas que c’est possible. Il s’agit plutôt d’un choc, d’un épisode passager. Mais les facteurs les plus importants d’une inflation à long terme ne sont tout simplement pas présents en ce moment. Cela pourrait arriver. Mais la question est de savoir quelles seront les politiques dans les années à venir.
Permettez-moi de vous demander, encore une fois, s’il ne s’agit que d’une phase... même si elle n’est pas très confortable à cause de la volatilité des marchés. Que pensez-vous qu’il va se passer sur le long terme?
Ce qui pourrait alimenter l’inflation, c’est la concentration sur le transfert de patrimoine. Par conséquent, si nous voyons arriver des politiques qui prévoient des impôts plus élevés et un transfert de patrimoine de plus en plus important, cela va résoudre certains problèmes et en créer d’autres. En 1979, 1980, au sommet de notre dernière période d’inflation, les taux marginaux d’imposition se situaient entre 70 %, 80 % et 90 % partout dans le monde. Je ne crois pas que cela se produira. Mais c’est quelque chose qu’on devrait surveiller.
Les ESG et les changements climatiques sont, selon moi, une force inflationniste à laquelle il faut penser. Nous ne sommes plus en mesure de produire des biens et de polluer l’environnement, sans envisager cela comme un coût. Et c’est une tendance qui changera probablement nos habitudes de consommation. Mais c’est une chose à laquelle il faut prêter attention.
Enfin, j’imagine que la dernière menace concerne la mondialisation. C’est certainement davantage un argument géopolitique. Encore une fois, c’est quelque chose à surveiller, car on commence à penser à réaligner les chaînes d’approvisionnement plus près de la consommation.
En revanche, il y a deux forces clés qui ont tenu l’inflation à l’écart pendant de nombreuses années, et cela ne changera pas. D’abord, les sociétés vieillissent. À mesure que les gens vieillissent, ils ont tendance à consommer moins. Je reprends l’analogie du pichet de l’eau avec laquelle j’ai commencé. Le pichet est plus petit, parce qu’avec l’âge, nous avons tendance à consommer moins.
Le deuxième est que la technologie, la révolution technologique, ou la quatrième révolution industrielle que nous vivons va vraiment s’accélérer. Et les quantités de technologies qui entreront dans l’économie seront époustouflantes. Et c’est une force très déflationniste. Et c’est quelque chose qu’il ne faut pas sous-estimer. Nous le voyons tous les jours, alors nous ne le remarquons pas vraiment.
Mais si vous prenez du recul et pensez à la façon dont vous avez modifié vos... habitudes d’achat ces cinq dernières années... combien elles sont différentes aujourd’hui. Nous faisons une vidéo comme celle-ci en ligne, par exemple. Cela vous montre vraiment comment les choses ont changé à très court terme. Et cela se poursuivra, car les nouvelles technologies sont en quelque sorte intégrées à l’économie mondiale.
Il y a donc beaucoup de facteurs changeants. Et je suis heureux que vous soyez ici pour nous en parler, Mike. Merci beaucoup.
Merci, Kim. Je vous souhaite une bonne soirée.
[MUSIQUE]