
Selon certains, le rendement de l’or cette année a été un peu décevant. Le métal précieux a traditionnellement servi de protection contre l’inflation. Greg Bonnell discute avec Daniel Ghali, stratège principal, Produits de base à Valeurs Mobilières TD, des raisons pour lesquelles l’or n’a pas obtenu de meilleurs résultats.
Print Transcript
[MUSIQUE] L’or est habituellement considéré comme une protection contre l’inflation. Alors, pourquoi son rendement n’a-t-il pas été meilleur cette année? Pour en savoir plus, nous avons avec nous Daniel Ghali, stratège principal, Produits de base à Valeurs Mobilières TD. Daniel, c’est un plaisir de vous avoir avec nous. J’entre dans le vif du sujet. Pourquoi l’or n’a-t-il pas fait mieux cette année? Merci de m’accueillir, Greg. C’est une excellente question, et le fait est qu’en plus de la hausse de l’inflation, on a aussi conne le régime des banques centrales le plus ferme depuis les années 1980. Et c’est en partie pourquoi l’or n’a pas fait bonne figure en matière de protection contre l’inflation dans la situation actuelle. Et j’ajouterais que je crois vraiment que c’est la question centrale pour les marchés aujourd’hui; est-ce que la Fed est sur le point de fléchir, maintenant qu’elle a la récession en face, ou est-ce qu’une inflation vertigineuse va influencer les choix faits à la tête de la Fed; et devront-ils maintenir des taux élevés plus longtemps ou continuer de relever les taux d’intérêt alors même que nous entrons dans la récession? Ce dernier scénario est probablement apocalyptique pour l’or. Le scénario apocalyptique. Récemment, vous avez dit que les grands amateurs de l’or tombaient comme des dominos. Expliquez-moi cela. Oui, bien sûr. Ce qu’on observe, c’est un élargissement des forces spéculatives dans l’or. On a observé plus tôt cette année une forte hausse menée par les placements sûrs sur les marchés aurifères. Cette tendance est maintenant à la baisse, car la guerre en Ukraine n’est plus un thème aussi pertinent qu’avant pour les marchés mondiaux. Les gestionnaires de fonds ont maintenant pris une position vendeur spéculative ou « vendeur nette » pour la première fois depuis 2019. C’est surtout attribuable à la cohorte qui suit les tendances, ce qui est l’une des forces dominantes, une des forces spéculatives sur les marchés aurifères et, bien sûr, qui ont une position vendeur comme les tendances aurifères sont à la baisse. Mais je dirais que les spéculateurs sur l’or n’ont pas encore capitulé. Je voulais vous poser une question à ce sujet; c’est un mot qui revient constamment après l’année qu’on a connue : « capitulation ». Vous avez un visuel à nous présenter sur ce que vous disiez, avons-nous déjà vu cela ou non? Montrons-le à l’auditoire et expliquez-nous ce que nous voyons ici. Alors. Je crois que ce qu’on voit ici, c’est un graphique des actifs gérés pour les fonds de produits de base généraux. Si vous les connaissez, vous savez qu’ils comprennent le panier de produits de base. Et au cours des dernières semaines, on a assisté à l’épisode de liquidation le plus marqué à ce jour en termes de sorties de fonds. Ça cadrerait certainement avec le thème qu’il y a des signes de capitulation dans le secteur aurifère, mais j’aimerais souligner qu’il y a maintenant une nouvelle cohorte qui participe à la négociation de l’or, qui est devenue la force spéculative dominante. Ce sont des négociateurs exclusifs, qui sont en fait des sociétés qui échangent leur propre capital plutôt que des gestionnaires de fonds, qui négocient pour le compte d’un client. Des négociateurs exclusifs ont atteint une position imposante dans l’or. Ça semble être une position intéressante, car ils la conservent depuis un certain temps, même si les prix ont fortement diminué. Et je pense que ça montre que les pertes sont moins importantes. Il se passe beaucoup de choses de ce côté-là. C’est un excellent portrait de la situation actuelle de l’or. Dans ce contexte, qu’est-ce qu’on en pense pour le deuxième semestre de cette année et pour l’an prochain, est-ce qu’il y a trop de facteurs inconnus en ce moment pour se prononcer? Eh bien, il y a beaucoup de variables inconnues et ça nous ramène à notre premier point sur la question centrale qui se pose pour les marchés mondiaux aujourd’hui : Est-ce que Powell imite le régime de la Fed d’Arthur Burns ou a-t-il une approche semblable à celle de Volcker? Ce qu’on pense qui va se passer c’est que les prix de l’or vont probablement continuer de chuter, peut-être vers la barre des 1 600 $. Toutefois, à moyen terme, on pense qu’il y aura un redressement, car le régime des banques centrales des 40 dernières années va résister à l’épreuve du temps, et on prévoit certaines réductions vers la fin de l’année prochaine. Il reste environ une minute, mais en gros, depuis longtemps, l’or est considéré comme une protection ou un refuge. Est-ce que cette position s’est érodée récemment ou est-ce que c’est encore le cas pour nous en tant qu’investisseurs? Encore une fois, je pense que tout dépend du régime de la Fed. Les prix de l’or sont très proches des taux réels, et c’est l’un des principaux facteurs. Quand on considère l’or comme une protection contre l’inflation, c’est lié à l’idée qu’à mesure que l’inflation augmente, si les taux demeurent constants, les taux réels diminuent, ce qui est favorable aux prix de l’or. En tant que placement sûr, je dirais que ça ne durera probablement pas très longtemps. Alors, non, je ne compterais pas sur l’or comme un refuge. C’est fascinant, Daniel. Merci de votre présence. [MUSIQUE]