Les Canadiens qui font du télétravail à long terme songent peut-être à échanger leur maison chère en ville contre un mode de vie plus équilibré à la campagne. Kim Parlee discute avec Zeljka Walker, conseillère en placement à Gestion de patrimoine TD, des avantages et des inconvénients d’un déménagement à la campagne et de ce dont on doit tenir compte avant de vendre.
Zeljka, ravie de vous voir! D’abord, c’est un sujet qui est sur toutes les lèvres, mais d’après ce que vous entendez, est-ce que les gens franchissent le pas?
Oui, personne ne devrait s’étonner que les gens passent à l’acte. Et ce mouvement montre bien que dans nos grandes villes, les logements sont souvent inabordables. Les gens commencent à se demander pourquoi vivre dans une ville aussi chère au lieu de travailler à la maison pour une fraction du prix, de profiter des espaces verts, sans avoir à se déplacer. Ils entendent des témoignages de personnes qui ont quitté la ville, et ils envisagent de faire la même chose. Ce n’est donc pas étonnant que ce soit un sujet brûlant.
J’ai discuté avec des agents immobiliers de ma région, et ils m’ont dit que leurs clients leur posaient des questions : « Combien vaut ma maison? Qu’est-ce que je pourrais acheter si je déménageais plus loin? » Pour le moment, il n’y a pas eu d’exode, mais beaucoup de gens y pensent. C’est un sujet d’actualité, c’est certain.
Faisons quelques comparaisons. Je crois que les détails sont très parlants. Tout le monde sait que le logement est très cher dans les grandes villes du Canada – à Toronto, à Vancouver. Mais à quel point est-ce cher?
Les prix des logements sont assez élevés pour la plupart des gens, pour la classe moyenne. Mais il y a un effet domino. Un logement cher, ça veut dire moins de revenu disponible, plus de dettes, etc. Il faut donc tenir compte des répercussions non seulement sur la classe moyenne, mais aussi sur les jeunes, par exemple. Ils ne peuvent pas accéder à la propriété et remettent les projets de famille à plus tard. Et puis nous avons des milléniaux qui vivent chez leurs parents. L’accessibilité au logement a un impact sur les décisions des gens.
Et les différences de prix sont énormes. Si vous voulez parler des différences entre les régions, je vais vous donner un exemple. Dans ma région, à Vancouver, le prix moyen des maisons se situe autour de 1,3 million. À deux heures de route de la ville, à Hope par exemple, le prix moyen tombe à environ 445 000 $. C’est une économie énorme. Je suppose que la région du Grand Toronto est assez semblable à cet égard.
Oui, oui.
Donc si on réfléchit à ce que ça signifie – Oui, oui, vous savez...
Allez-y.
... désolée. J’allais dire qu’avec des logements plus abordables, on économise aussi ailleurs : moins d’impôts, des prêts hypothécaires moins importants, etc. Donc c’est certain qu’il y a des répercussions sur le plan financier.
Désolée, je ne voulais pas vous interrompre, Zeljka. Mais en termes d’économies, comme vous l’avez mentionné...
C’est correct.
De toute évidence, si vous dépensez moins pour une maison, vous pouvez espérer empocher une partie de ces économies. Vous allez dépenser moins en taxe foncière, et ce genre de choses. Quelles sont les autres économies? Parce que j’imagine qu’il y en a beaucoup.
Ne serait-ce que les frais de transport, l’assurance auto, toutes ces...
Oui.
... dépenses qui finissent vraiment par allonger la note.
Tout à fait. Donc c’est un changement de style de vie. Vous avez parlé de la taxe foncière et des prêts hypothécaires, mais il y a aussi le navettage, l’essence, le stationnement, les transports en commun, si vous les prenez. Peut-être aussi l’assurance auto. Et puis d’autres choses comme l’habillement. Vous n’allez pas porter un costume ou un tailleur tous les jours, par exemple. Et il y a d’autres coûts : par exemple la garderie pour vos enfants sera peut-être moins chère hors d’une grande ville. Il faut donc tenir compte de toutes ces économies, d’autant que vous pouvez les utiliser pour rembourser vos dettes, ou même investir dans vos placements, maximiser vos cotisations à vos REER ou à vos CELI. Tout cela peut vous aider à mieux préparer votre avenir financier.
Zeljka, c’est une longue liste d’avantages. Mais il y a forcément des inconvénients. Et c’est important d’en parler aussi.
Oui, rester ou partir... il y a du pour et du contre. Et nous avons parlé de certains points positifs. Mais il faut réfléchir à ce que vous avez à perdre en prenant cette décision. Pour la plupart des gens, la maison est l’actif principal. Et la valeur de l’immobilier augmente beaucoup plus vite dans les grandes villes qu’à l’extérieur de ces zones urbaines. Comme la maison est souvent notre principal actif financier, c’est important pour l’avenir. Voulez-vous vraiment y renoncer? C’est important d’y réfléchir. Et très souvent, une fois qu’on a quitté le marché immobilier urbain, c’est vraiment difficile de s’y refaire une place.
Et franchement, il faut admettre que tout le monde n’est pas fait pour vivre loin des villes. Beaucoup de gens aiment l’animation. C’est vraiment un autre style de vie. Vous n’avez pas les mêmes services et soins de santé, ni les mêmes options scolaires et activités pour les enfants, ou pour vous-même. Certaines choses risquent de vous manquer : les événements culturels, les cinq à sept avec les collègues, rencontrer des gens au café du coin, les événements de réseautage...
Et puis nous avons des services pratiques comme Uber Eats, ou DoorDash. Les grands détaillants ne livrent pas tous à l’extérieur de la ville. Il faut donc tenir compte de tout cela avant de prendre une décision. Ça va vraiment changer votre vie. C’est une grande décision. Alors, réfléchissez bien et pesez le pour et le contre.
Zeljke, il ne me reste qu’une trentaine de secondes... Un peu plus tôt, vous m’avez parlé de personnes qui, en quelque sorte, profitent du meilleur des deux mondes, qui essaient les deux modes de vie.
Oui, absolument. Il y a moyen de faire un compromis. Si vous songez à déménager, mais que vous n’avez vraiment pas envie de quitter la ville, essayez de faire les deux. Vous pouvez louer votre maison et déménager pour essayer un nouveau mode de vie loin de la ville.
Évidemment, tout le monde n’est pas fait pour gérer des locataires. Mais vous pouvez aussi acheter un plus petit logement avec une partie de la valeur nette de votre maison pour voir quel style de vie vous convient le mieux. C’est un bon moyen de garder un pied-à-terre aux deux endroits, sans renoncer définitivement à quoi que ce soit. C’est une autre solution qui mérite réflexion.
Oui. Et les gens peuvent voir si ça leur convient. Et ils ont besoin de parler à des gens comme vous pour avoir une vision équilibrée. Zeljka, c’est un plaisir de se parler. Merci beaucoup d’avoir été des nôtres aujourd’hui.
Merci de m’avoir invitée. C’est un plaisir d’être ici.
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