La pandémie de COVID-19 a tout changé, notamment les façons dont les organismes de bienfaisance peuvent aider les collectivités vulnérables, qui ont été les plus touchées. Kim Parlee et Jo-Anne Ryan, VP, Services philanthropiques, Gestion de patrimoine TD et directrice générale de la Fondation de dons particuliers, discutent de la manière dont les organismes de bienfaisance s’adaptent et des façons dont les donateurs peuvent faire une grande différence en ce moment.
Nous le savons tous, la COVID-19 est venue tout changer. Mais, les difficultés vécues n’ont été les mêmes pour tout le monde. En plus, le filet social qui protège les gens dans le besoin est aussi durement frappé – la combinaison est inquiétante. Afin de comprendre ce qui se passe dans le secteur caritatif et ce que font certains donateurs, je reçois Jo-Anne Ryan, directrice générale de la Fondation de dons particuliers et vice-présidente, Services-conseils en philanthropie, Gestion de Patrimoine TD.
C’est toujours un plaisir de vous accueillir, Jo-Anne. Tout d’abord, j’aimerais que vous nous décriviez le contexte. D’après ce qu’on me dit, j’ai l’impression que les organismes de bienfaisance sont sollicités comme jamais auparavant. Mais, en parallèle, leurs revenus sont en baisse. Voilà une bien mauvaise combinaison.
Merci de m’avoir invitée, Kim. Oui, la pandémie frappe durement les organismes de bienfaisance, surtout ceux qui comptent sur les grands rassemblements. Je pense aux galas, aux tournois de golf, aux marches, aux courses, etc. Tous ces événements ont été annulés. Certains ont tenté l’expérience en ligne, mais sans grand succès. De fait, nombre d’organismes de bienfaisance observent une hausse de la demande de services, en particulier, les banques alimentaires, les refuges et les ressources pour sans-abris. Les gens ont perdu leur emploi. Aussi, la demande de services a grimpé en flèche auprès des organismes de bienfaisance, qui demandent aux donateurs habitués à soutenir un projet en particulier d’étendre leur générosité pour pouvoir redistribuer ces fonds là où les besoins sont le plus pressants. Il peut s’agir de supporter les frais d’exploitation ou les salaires pour éviter des mises à pied. La situation n’est pas rose.
Que disent les donateurs? Apparemment, les campagnes de souscription sont en difficulté en raison de la distanciation physique, notamment. Comme vous êtes en contact avec tant de donateurs, qu’entendez-vous?
Certains donateurs sont loin de se plaindre. Les plus fortunés n’arrivent pas à dépenser autant depuis la pandémie; ils sont confinés à la maison ou au chalet. La générosité est encore pourtant très présente. Même au sein des fonds à vocation arrêtée par le donateur et de la Fondation de dons particuliers, on accueille de nouveaux donateurs, on ouvre des comptes ou on les augmente. Les donateurs mûrissent leur stratégie. Ils acceptent de soutenir des organismes qu’ils n’ont peut-être jamais appuyés avant. Ils sont conscients que tout le monde subit la pandémie, que nous vivons une crise. Ils sont prêts à donner un coup de main.
Il y a aussi plus de donateurs qui se tournent vers l’extérieur du Canada, comme la pandémie touche toute la planète. Ils veulent faire œuvre utile. Par exemple, j’ai travaillé avec un donateur qui a envoyé de l’argent à une fondation hospitalière en Italie pour l’achat d’EPI qui faisait cruellement défaut. Un autre donateur qui passe ses hivers en Floride était très inquiet du sort des travailleurs agricoles immigrants et de leurs conditions de travail. Il a financé un projet afin de leur donner accès à l’eau potable, des équipements sanitaires et un milieu de travail plus sain. Nos donateurs ont très grand cœur et veulent aider.
À ce que l’on dit et c’est ce que je suppose, les gens consacrent beaucoup de temps à organiser leur succession et à mettre à jour leur testament. De ce point de vue, constatez-vous que plus de gens pensent à soutenir les organismes de bienfaisance dans leur testament?
Tout à fait. Nombre de donateurs mettent à jour leur testament et en profitent pour faire un don à un organisme de bienfaisance, une excellente occasion d’optimiser sa stratégie caritative. D’autres donateurs désignent des organismes de bienfaisance comme bénéficiaires de régimes enregistrés, ce qui donne la chance de compenser l’impôt versé au retrait des fonds de ces régimes. Depuis la pandémie, beaucoup de gens utilisent l’assurance vie. Il peut s’agir, par exemple, d’une police existante qui est devenue inutile. Elle date peut-être d’une période où vous étiez moins à l’aise financièrement. Peut-être aviez-vous aussi à ce moment des personnes à charge et que ce n’est plus le cas. Il est possible de faire évaluer la police et d’en remettre le produit à un organisme de bienfaisance. Le fisc émet un reçu officiel pour la valeur de la police et l’organisme de bienfaisance l’encaisse à votre décès. Et certaines nouvelles polices ont été souscrites pour lesquelles la Fondation de dons particuliers est le titulaire et le bénéficiaire. Vous obtenez un reçu officiel pour les primes versées chaque année. C’est très avantageux sur le plan fiscal.
Pour en avoir déjà parlé ensemble, je voudrais revenir sur CanaDon. Cet organisme propose une stratégie assez intéressante. Il s’agit de soutenir une cause, plutôt qu’un organisme de bienfaisance en particulier. L’accent est mis sur la cause.
Oui. Certains de leurs fonds sont axés sur une cause, ce qui plaît bien aux milléniaux. Ils ne veulent pas nécessairement se limiter à un organisme de bienfaisance précis. Mais, ils affichent certaines préoccupations, que ce soit l’environnement ou les questions qui touchent le genre, l’égalité ou la race. CanaDon s’occupe de faire les recherches et de trouver un certain nombre d’organismes de bienfaisance qui évoluent dans ces domaines. Vous n’avez plus qu’à faire votre don. C’est une autre façon de pratiquer la philanthropie en soutenant une cause plutôt qu’un organisme de bienfaisance en particulier.
Jo-Anne, avant de terminer, vous vouliez parler de trois tactiques que nos auditeurs doivent garder à l’esprit s’ils disposent de fonds, qu’ils ont eu du succès sur les marchés. Mais, tout d’abord, disons qu’il y a une échéance à respecter prochainement.
Oui, le 31 décembre. C’est la date limite pour demander le remboursement d’un don effectué dans l’année civile. Il faut donc commencer à y penser. C’est la première chose à faire.
Si vous avez des titres boursiers qui se sont appréciés, il est toujours préférable d’en faire don parce que vous obtiendrez un reçu officiel pour la valeur marchande, ce qui vous évitera l’impôt sur les gains en capital. Et, si vous croyez au potentiel haussier de ces titres, vous pourrez toujours les racheter; leur coût correspondra simplement à la nouvelle valeur marchande.
Et, finalement, vous pourriez aussi investir dans un fonds à vocation arrêtée par le donateur si vous hésitez à choisir un organisme de bienfaisance en particulier. Pour votre don, vous recevrez le reçu officiel tout de suite et pourrez arrêter votre choix plus tard. Vous pourrez mieux planifier votre legs et les organismes de bienfaisance que vous compter soutenir. C’est un excellent moyen d’obtenir le reçu officiel et de gagner du temps pour déterminer comment distribuer vos fonds.
Vous êtes toujours de bon conseil, Jo-Anne. Merci beaucoup.
Je vous en prie, Kim.
[TRAME MUSICALE]