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En réaction à la baisse des tendances inflationnistes, les marchés financiers s’attendent à ce que les réductions de taux d’intérêt suivent une trajectoire semblable. Michael Craig, chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD, discute des perspectives des taux et des marchés pour l’année à venir avec Greg Bonnell de MoneyTalk.
Publié initialement le 20 décembre 2023
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Les marchés parient sur des baisses de taux l'année prochaine à mesure que l'inflation se rapproche de la cible, mais comme le montre le rapport sur l'indice des prix à la consommation au Canada aujourd'hui, le chemin à parcourir risque d'être encore mouvementé. Michael Craig de Gestion de placements TD nous rejoint pour nous expliquer ce que les investisseurs doivent garder à l'esprit pour l'avenir. Bonjour, Michael. Bonjour, Greg. L'année a été dominée par le coût de la vie, par les mesures des banques centrales. À l'approche de 2024, bien sûr, tout cela n'est pas terminé mais il y a quelques autres facteurs à garder à l'esprit. À bien des égards, nous sommes à la fin de la remontée du père Noël. La plupart des marchés sont essentiellement fermés pour l'année. Les gens prennent des congés. Le thème de la désinflation continuera d'intervenir. Pendant un mois donné, il pourrait y avoir un chiffre légèrement supérieur aux attentes, mais nous sommes en phase de désinflation depuis un an et demi. Le pic de l'inflation était en juin 2022, à 9%. Maintenant, nous sommes à 3. Je prévois que cela continuera de reculer. La demande continue d'être détruite puisque les gens ne peuvent pas dépenser autant qu'ils le faisaient autrefois. Au fur et à mesure que ceci continue à se réaliser, est-ce que nous n'avons plus aucun motif d'inquiétude? L'inflation redescend à 2% et tout va bien se passer? Il y a toujours des soucis. Oui. Nous avons dû avaler une dose assez corsée de médicaments pour parvenir à l'objectif. En réfléchissant à ce qui s'est produit, il n'aurait sans doute pas été nécessaire de procéder à un aussi grand nombre de hausses qu'il y en a eu, mais les banques centrales devaient également lutter contre les gouvernements, lesquels continuaient de mener des politiques budgétaires trop accommodantes qui ont fait remonter l'inflation beaucoup plus que nécessaire pendant l'après pandémie, ce qui va engendrer un certain nombre de défis l'an prochain tandis que l'inflation rétrograde rapidement et que nous sommes toujours à des niveaux très restrictifs de taux. Je pense que les marchés n'ont pas tort d'envisager des coupures l'an prochain et je pense que... nous pensons d'ailleurs depuis longtemps qu'il est futile de tâcher de deviner quand de telles mesures seront prises. Le marché s'attendait à des réductions de taux massives au mois de juin après la chute des banques régionales aux États-Unis, mais je pense que quand les coupures interviendront, elles seront assez nettes. Il n'y aura pas de légères coupes ici et là, il y aura de fortes coupes, puisque nous devrons gérer le cas d'une économie qui ne peut pas tourner à 5%. Pour le coût des emprunts. Est-ce que les grands indices qui ont progressé tiennent déjà compte de ces coupures ou est-ce qu'il pourrait y avoir une remontée des actions l'an prochain? Les indices se portent bien. Les marchés sont assez généreusement... sont assez généreusement cotés. Le niveau des marchés suppose que tout se passera bien. Mais les marchés se sont situés dans une fourchette depuis deux ans à présent. Sortir de cette fourchette pourrait avoir des conséquences considérables. Cela pourrait représenter une percée psychologique. Nous ne sommes pas particulièrement haussiers, les actions ont bien progressé et les obligations aussi. Les liquidités vont rapporter beaucoup moins prochainement parce qu'il y aura des réductions de taux, donc nous avons conservé des liquidités pour accroître notre capacité à prendre des décisions rapides. Il y a toute une gamme de scénarios qui pourraient se réaliser pendant le premier semestre de l'an prochain. Notre approche consiste à envisager les trajectoires possibles et à tirer des plans dans chaque scénario. Quand je me remémore l'année que nous venons de vivre, l'indice S&P 500 et le Nasdaq en particulier se sont comportés beaucoup mieux qu'on le croyait au début de l'année mais on reproche à ce marché de n'avoir pas assez d'ampleur. Si vous avez choisi les sept magnifiques, vous vous portez bien. Si vous n'avez pas choisi celles-là, vous faites du surplace. Oui. L'ampleur, vous demandez s'il y a davantage d'ampleur qui s'en vient: oui. Les titres à petite capitalisation ont atteint un creux de 52 semaines il y a quelques semaines, et maintenant, ils ont atteint un sommet depuis 52 semaines. C'est vraiment le plus revirement le plus rapide que j'aie jamais connu. Les actions européennes, l'Europe se désindustrialise, l'Allemagne est dans une situation très difficile, mais les actions se portent très bien. Il y a beaucoup de clients qui avaient des liquidités excédentaires et qui commencent à acheter tant qu'ils peuvent. Les fonds du marché monétaire commencent à perdre des actifs, ce qui est un bon signe: les investisseurs réaffectent leurs fonds aux marchés. Il y a eu d'autres entreprises qui ont été un peu laissées-pour-compte cette année, mais qui se rattrapent depuis un trimestre. Au niveau des titres à revenu fixe, parlons-en. Les titres à revenu fixe ont bien progressé à partir du mois d'octobre quand on a atteint 5% dans le rendement des bons du Trésor. Maintenant, il y a eu un recul. On nous demande pendant l'émission: qu'est-ce qui s'en vient? Est-ce que j'ai raté la remontée? Il y a eu une remontée et on se demande ce qui nous attend en 2024. J'ai été étonné par le fait que les rendements obligataires ont atteint 5%. Beaucoup de participants du marché l'ont été également. Une partie de cette remontée était sans doute fonction du fait que les rendements étaient beaucoup trop élevés pour commencer, mais le marché des titres à revenu fixe a fait beaucoup de chemin. Une période de consolidation serait saine. Rappelez-vous, on touche toujours, sur un fonds obligataire, presque 5%. C'est un rendement supérieur au titre de créance. Il y a donc un bon rendement. Les taux d'intérêt réel sur une obligation du gouvernement du Canada ou les obligations du Trésor américain tournent à 4%. Si on soustraie les attentes en matière d'inflation au cours des prochaines années, le rendement réel est supérieur à 1 1/2%, presque. C'est très élevé. Je pense que les taux d'intérêt devraient être entre 0 et 1% à long terme. D'ici un an, le marché obligataire aura eu une bonne année. Encore une fois, le contexte, c'est que des coupures s'en viennent vraisemblablement. Il y en aura sans doute plus que la Fed le laisse entendre. L'inflation va reculer. La seule chose qui maintient l'inflation à l'heure actuelle, ce sont les loyers. Ce sont des chiffres qui évoluent très rapidement, surtout si l'on considère les courtiers d'appartements locatifs en ligne comme Zillow, par exemple, les loyers reculent. Je ne me rappelle pas la citation exacte, c'est peut-être une citation erronée: personne ne sait ce que nous ne savons pas. Qu'est-ce qui pourrait nous faire trébucher l'an prochain? Il y aurait deux façons de répondre à cette question. Au niveau haussier, l'inconnue connue, c'est que les participants des marchés, moi compris, faisons beaucoup d'analyse empirique pour tâcher de comprendre ce qui s'est passé et cela entraîne la conclusion que nous entrons en récession. La courbe de rendement est inversée, le crédit bancaire est moins disponible, il y a du stress par exemple dans le secteur du financement automobile, mais il faut être ouvert à la prise de conscience qu'il pourrait s'agir d'un retour à la normale après une période extraordinaire de notre vie: pandémie mondiale, mesures de relance monétaire sans précédent, suivies par une série de mesures de resserrement monétaire sans précédent et nous revenons à la case départ. C'est l'atterrissage en douceur, le scénario de l'atterrissage en douceur. S'il y a une chose que j'ai apprise cette année, c'est que pour rester sain d'esprit et garder un emploi dans ce secteur, il faut avoir beaucoup d'humilité. Prenez l'IA cette année. Beaucoup des stratèges qui étaient haussiers ne pensaient pas à l'IA, mais c'est l'intelligence artificielle et sa vogue qui ont fait grimper le marché cette année. Ça, c'est d'un côté; de l'autre côté, il y a les répercussions décalées de la politique monétaire. La politique monétaire fait effet de façon inconnue et tardive. Les taux d'intérêt sur les prêts hypothécaires sont trop élevés, l'augmentation des prix a ralenti, mais les prix sont nettement plus élevés qu'il y a deux ans. Là, on commence à aborder une période de réduction des dépenses qui finalement débouche en récession. Il y a une élection qui n'est pas sans importance aux États-Unis l'an prochain. À l'heure actuelle, c'est pile ou face. Lequel des deux candidats va gagner? Cela crée énormément d'incertitude. Il y a un certain nombre de phénomènes à surveiller l'an prochain. Je ne dis pas que tout va bien se passer, mais la distribution des scénarios...