
Cette année a été difficile pour les sociétés ferroviaires canadiennes. Anthony Okolie et David Mau, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, discutent des raisons d’être optimistes quant au secteur et de la manière dont ces sociétés peuvent se remettre sur les rails.
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2020 a été une année difficile pour le secteur canadien des transports, en particulier pour les chemins de fer. Avant la COVID-19, le secteur a été frappé par des blocages, des tensions commerciales internationales et la chute des expéditions ferroviaires. Selon mon invité, David Mau, gestionnaire de portefeuille de Gestion de Placements TD, il reste beaucoup de raisons d’être optimiste à l’égard du secteur, malgré les reculs.
David, les médias ont beaucoup parlé des chemins de fer depuis le début de la pandémie, mais moins qu’ils ont parlé des compagnies aériennes et de Tesla, par exemple.
Qu’est-ce qui se passe récemment dans le secteur ferroviaire?
Bonjour, Tony. En général, les gens n’accordent pas beaucoup d’attention aux chemins de fer, étant donné qu’ils ne sont pas très visibles dans notre vie quotidienne, à moins que, comme tu l’as dit, nous voyions quelque chose aux nouvelles au sujet d’un accident ou d’une grève. À part cela, les chemins de fer ont tendance à ne pas attirer trop d’attention.
Toutefois, le réseau ferroviaire au Canada et partout en Amérique du Nord est l’une de nos plus importantes infrastructures, et le bon fonctionnement continu de ces chemins de fer est essentiel à l’économie. La plupart des produits que nous consommons ne sont pas fabriqués localement. Les vêtements que nous portons, les gadgets technologiques que nous aimons utiliser et même les aliments que nous achetons à l’épicerie sont importés. Ils proviennent des États-Unis ou de l’étranger.
Un exemple que j’aime parfois utiliser lorsque je parle de ce sujet, c’est votre téléphone intelligent. Comme la plupart des gens, vous avez probablement un iPhone ou un téléphone Samsung. Eh bien, ces téléphones ne sont pas faits ici. Ils sont fabriqués en Asie, n’est-ce pas? Les iPhones sont assemblés en Chine. Les téléphones Samsung sont surtout fabriqués au Vietnam.
Réfléchissez à ce qu’il advient de ce téléphone avant qu’il ne vous parvienne. Il est chargé sur un bateau. Il doit traverser l’océan Pacifique. Il arrive à un port quelque part sur la côte Ouest, probablement en Californie. Ensuite, il est chargé sur un train et traverse le pays jusqu’à un centre de distribution ou un entrepôt avant d’être envoyé par camion à votre magasin Rogers ou Best Buy local. Et c’est là que vous le récupérez, n’est-ce pas?
Sans cette liaison ferroviaire cruciale, il serait possible d’obtenir le téléphone, mais cela pourrait prendre plus de temps et vous coûterait probablement plus cher.
Parlons de certains des produits qui sont transportés. Quels sont les produits transportés par chemin de fer plutôt que par camion, par exemple?
Cela dépend de la longueur du transport et du volume des marchandises transportées. Lorsqu’il est question du transport de grandes quantités de biens et de marchandises sur une longue distance, le transport ferroviaire coûte généralement beaucoup moins cher que l’expédition par camion. Cela signifie qu’en tant que consommateurs, nous pouvons profiter d’une plus grande sélection et de prix plus bas quand nous allons magasiner.
L’avantage du transport par camion, c’est qu’il s’agit d’un moyen de transport plus direct. Il peut offrir plus de souplesse. Dans le cas des trajets plus courts, cela peut réduire le temps de transport.
Au Canada, une grande partie de nos ressources naturelles sont exportées dans d’autres parties du monde. Par exemple, nos céréales, notre blé et d’autres produits de base comme la potasse, les métaux de base et le charbon doivent être transportés à un port sur la côte Ouest ou sur la côte Est pour qu’ils puissent être expédiés outre-mer par bateau.
Les chemins de fer sont le seul moyen de transporter ces produits aux ports, alors un réseau ferroviaire qui fonctionne sans heurts est essentiel à notre économie. Sans le réseau ferroviaire, notre économie serait durement touchée.
Je tiens aussi à parler de l’économie parce que les chemins de fer peuvent être considérés comme un indicateur avancé de l’économie. Que disent les données sur les chemins de fer à propos de l’économie?
Pour les sept premiers mois de l’année, le nombre total de wagons en Amérique du Nord a baissé d’environ 12 à 13 %. Ce taux a été un peu plus faible au Canada et un peu plus élevé aux États-Unis. Toutefois, il ne s’agit pas d’une baisse généralisée. Comme vous le savez, la pandémie n’a réellement commencé à nous toucher en Amérique du Nord qu’aux alentours de mars.
Au début de l’année, les volumes de transport ferroviaire ont été assez stables. Tout était plutôt normal. Puis, en mars et en avril, nous avons assisté à un recul marqué.
La bonne nouvelle, c’est que les sociétés ferroviaires nous disent que les volumes semblent avoir atteint un creux à la fin d’avril et au début de mai, et que les choses se sont redressées depuis et continuent de s’améliorer. Je pense que c’est une très bonne indication que la demande en général augmente, ce qui indique une amélioration de l’économie.
Compte tenu de la nature cyclique de ce secteur, quelle est selon toi la plus grande menace pour la reprise?
Oui. Comme tu l’as dit, le transport ferroviaire est un secteur cyclique, donc la plus grande menace est que l’économie se détériore ou ne croît pas autant que prévu, ce qui entraînerait une baisse de la demande pour le transport terrestre. Je tiens à souligner à quel point les sociétés ferroviaires se sont bien adaptées, au cours des derniers mois, aux reculs dus à la COVID-19, ainsi que la rapidité avec laquelle elles ont réussi à ajuster leurs activités et à réduire leurs coûts.
Une autre menace à long terme est le potentiel des véhicules électriques autonomes. J’ai déjà mentionné que le transport ferroviaire est habituellement plus économique que l’expédition par camion, mais si nous parvenons à un stade où les camions électriques deviennent viables et ne nécessitent pas de conducteur humain, l’avantage sur le plan des coûts pourrait diminuer au fil du temps ou même disparaître.
Il y a une partie du secteur du transport ferroviaire qui, selon moi, ne sera pas perturbée par les camions, et c’est le transport de marchandises en vrac dont j’ai parlé plus tôt.
Je ne vois pas comment les camions électriques pourront transporter 200 chargements de grain ou de charbon plus efficacement qu’une seule locomotive.
Quel a été le rendement des deux principaux titres ferroviaires du Canada cette année?
Les deux titres ferroviaires canadiens, le Canadien National et le Canadien Pacifique, ont obtenu de très bons résultats depuis le début de l’année. En fait, ils ont été parmi les plus performants du TSX cette année parmi les actions à grande capitalisation. Ils sont tous les deux en hausse d’environ 16 % à 18 %, alors que le TSX demeure en baisse de quelques points de pourcentage. Sur une plus longue période, les sociétés ferroviaires ont surpassé l’indice TSX d’une marge assez importante. Que l’on parle d’une période de 5, 10, 15 ou même 20 ans, les titres ferroviaires se sont mieux comportés que l’ensemble du marché.
En fait, le CN et le CP ont tous deux surpassé le TSX de plus de 1 200 % au cours des 20 dernières années. Les investisseurs axés sur le long terme ont été grandement récompensés par leur stratégie d’achat et de conservation de titres ferroviaires.
Il nous reste environ une minute, alors pour les investisseurs qui veulent en savoir plus sur le secteur, quelle est ta perspective en matière de transport?
Pour ce qui est des chemins de fer, nous restons plutôt optimistes malgré la solide performance depuis le début de l’année. Le CN et le CP ont tous deux de solides antécédents en matière de génération de valeur pour les actionnaires au fil du temps, et je crois que cela va se poursuivre. En fait, les deux sociétés ont augmenté leurs dividendes cette année malgré la pandémie de COVID-19. Je crois que c’est un bon indice de la confiance des équipes de direction par rapport aux perspectives de leur secteur.
David, merci beaucoup pour tes explications et ton analyse.
Merci, Tony.
[MUSIQUE]
David, les médias ont beaucoup parlé des chemins de fer depuis le début de la pandémie, mais moins qu’ils ont parlé des compagnies aériennes et de Tesla, par exemple.
Qu’est-ce qui se passe récemment dans le secteur ferroviaire?
Bonjour, Tony. En général, les gens n’accordent pas beaucoup d’attention aux chemins de fer, étant donné qu’ils ne sont pas très visibles dans notre vie quotidienne, à moins que, comme tu l’as dit, nous voyions quelque chose aux nouvelles au sujet d’un accident ou d’une grève. À part cela, les chemins de fer ont tendance à ne pas attirer trop d’attention.
Toutefois, le réseau ferroviaire au Canada et partout en Amérique du Nord est l’une de nos plus importantes infrastructures, et le bon fonctionnement continu de ces chemins de fer est essentiel à l’économie. La plupart des produits que nous consommons ne sont pas fabriqués localement. Les vêtements que nous portons, les gadgets technologiques que nous aimons utiliser et même les aliments que nous achetons à l’épicerie sont importés. Ils proviennent des États-Unis ou de l’étranger.
Un exemple que j’aime parfois utiliser lorsque je parle de ce sujet, c’est votre téléphone intelligent. Comme la plupart des gens, vous avez probablement un iPhone ou un téléphone Samsung. Eh bien, ces téléphones ne sont pas faits ici. Ils sont fabriqués en Asie, n’est-ce pas? Les iPhones sont assemblés en Chine. Les téléphones Samsung sont surtout fabriqués au Vietnam.
Réfléchissez à ce qu’il advient de ce téléphone avant qu’il ne vous parvienne. Il est chargé sur un bateau. Il doit traverser l’océan Pacifique. Il arrive à un port quelque part sur la côte Ouest, probablement en Californie. Ensuite, il est chargé sur un train et traverse le pays jusqu’à un centre de distribution ou un entrepôt avant d’être envoyé par camion à votre magasin Rogers ou Best Buy local. Et c’est là que vous le récupérez, n’est-ce pas?
Sans cette liaison ferroviaire cruciale, il serait possible d’obtenir le téléphone, mais cela pourrait prendre plus de temps et vous coûterait probablement plus cher.
Parlons de certains des produits qui sont transportés. Quels sont les produits transportés par chemin de fer plutôt que par camion, par exemple?
Cela dépend de la longueur du transport et du volume des marchandises transportées. Lorsqu’il est question du transport de grandes quantités de biens et de marchandises sur une longue distance, le transport ferroviaire coûte généralement beaucoup moins cher que l’expédition par camion. Cela signifie qu’en tant que consommateurs, nous pouvons profiter d’une plus grande sélection et de prix plus bas quand nous allons magasiner.
L’avantage du transport par camion, c’est qu’il s’agit d’un moyen de transport plus direct. Il peut offrir plus de souplesse. Dans le cas des trajets plus courts, cela peut réduire le temps de transport.
Au Canada, une grande partie de nos ressources naturelles sont exportées dans d’autres parties du monde. Par exemple, nos céréales, notre blé et d’autres produits de base comme la potasse, les métaux de base et le charbon doivent être transportés à un port sur la côte Ouest ou sur la côte Est pour qu’ils puissent être expédiés outre-mer par bateau.
Les chemins de fer sont le seul moyen de transporter ces produits aux ports, alors un réseau ferroviaire qui fonctionne sans heurts est essentiel à notre économie. Sans le réseau ferroviaire, notre économie serait durement touchée.
Je tiens aussi à parler de l’économie parce que les chemins de fer peuvent être considérés comme un indicateur avancé de l’économie. Que disent les données sur les chemins de fer à propos de l’économie?
Pour les sept premiers mois de l’année, le nombre total de wagons en Amérique du Nord a baissé d’environ 12 à 13 %. Ce taux a été un peu plus faible au Canada et un peu plus élevé aux États-Unis. Toutefois, il ne s’agit pas d’une baisse généralisée. Comme vous le savez, la pandémie n’a réellement commencé à nous toucher en Amérique du Nord qu’aux alentours de mars.
Au début de l’année, les volumes de transport ferroviaire ont été assez stables. Tout était plutôt normal. Puis, en mars et en avril, nous avons assisté à un recul marqué.
La bonne nouvelle, c’est que les sociétés ferroviaires nous disent que les volumes semblent avoir atteint un creux à la fin d’avril et au début de mai, et que les choses se sont redressées depuis et continuent de s’améliorer. Je pense que c’est une très bonne indication que la demande en général augmente, ce qui indique une amélioration de l’économie.
Compte tenu de la nature cyclique de ce secteur, quelle est selon toi la plus grande menace pour la reprise?
Oui. Comme tu l’as dit, le transport ferroviaire est un secteur cyclique, donc la plus grande menace est que l’économie se détériore ou ne croît pas autant que prévu, ce qui entraînerait une baisse de la demande pour le transport terrestre. Je tiens à souligner à quel point les sociétés ferroviaires se sont bien adaptées, au cours des derniers mois, aux reculs dus à la COVID-19, ainsi que la rapidité avec laquelle elles ont réussi à ajuster leurs activités et à réduire leurs coûts.
Une autre menace à long terme est le potentiel des véhicules électriques autonomes. J’ai déjà mentionné que le transport ferroviaire est habituellement plus économique que l’expédition par camion, mais si nous parvenons à un stade où les camions électriques deviennent viables et ne nécessitent pas de conducteur humain, l’avantage sur le plan des coûts pourrait diminuer au fil du temps ou même disparaître.
Il y a une partie du secteur du transport ferroviaire qui, selon moi, ne sera pas perturbée par les camions, et c’est le transport de marchandises en vrac dont j’ai parlé plus tôt.
Je ne vois pas comment les camions électriques pourront transporter 200 chargements de grain ou de charbon plus efficacement qu’une seule locomotive.
Quel a été le rendement des deux principaux titres ferroviaires du Canada cette année?
Les deux titres ferroviaires canadiens, le Canadien National et le Canadien Pacifique, ont obtenu de très bons résultats depuis le début de l’année. En fait, ils ont été parmi les plus performants du TSX cette année parmi les actions à grande capitalisation. Ils sont tous les deux en hausse d’environ 16 % à 18 %, alors que le TSX demeure en baisse de quelques points de pourcentage. Sur une plus longue période, les sociétés ferroviaires ont surpassé l’indice TSX d’une marge assez importante. Que l’on parle d’une période de 5, 10, 15 ou même 20 ans, les titres ferroviaires se sont mieux comportés que l’ensemble du marché.
En fait, le CN et le CP ont tous deux surpassé le TSX de plus de 1 200 % au cours des 20 dernières années. Les investisseurs axés sur le long terme ont été grandement récompensés par leur stratégie d’achat et de conservation de titres ferroviaires.
Il nous reste environ une minute, alors pour les investisseurs qui veulent en savoir plus sur le secteur, quelle est ta perspective en matière de transport?
Pour ce qui est des chemins de fer, nous restons plutôt optimistes malgré la solide performance depuis le début de l’année. Le CN et le CP ont tous deux de solides antécédents en matière de génération de valeur pour les actionnaires au fil du temps, et je crois que cela va se poursuivre. En fait, les deux sociétés ont augmenté leurs dividendes cette année malgré la pandémie de COVID-19. Je crois que c’est un bon indice de la confiance des équipes de direction par rapport aux perspectives de leur secteur.
David, merci beaucoup pour tes explications et ton analyse.
Merci, Tony.
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