Selon les dernières données sur l’inflation aux États-Unis, l’inflation de base s’est redressée de façon inattendue en août. Selon Oscar Muñoz, stratège en chef, Macroéconomie aux États-Unis, Valeurs Mobilières TD, même s’il est peu probable que les résultats découragent la Réserve fédérale américaine de réduire ses taux de 25 points de base lors de sa prochaine réunion, une réduction plus importante est beaucoup moins probable.
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L'inflation américaine continue de ralentir, atteignant son niveau annuel le plus bas depuis 2021, mais qu'est-ce que les détails qui se cachent derrière le chiffre principal nous disent sur l'ampleur des réductions de taux potentielles par la Fed? Oscar Muñoz de Valeurs mobilières TD se joint à nous pour répondre à cette question. Bonjour, Oscar.
Bonjour, merci de l'invitation, Greg.
Commençons par le rapport sur l'inflation. L'inflation globale transmet un message, l'inflation de base un autre.
Ce qui intéresse la Fed, c'est l'inflation de base, pas seulement le changement sur 12 mois mais le changement sur un mois. Or, celui-ci est un peu plus élevé que prévu. Le chiffre ne correspondait pas vraiment aux attentes de la Fed, mais globalement, je pense que cela ne va pas être décisif. La persistance de la hausse des prix du logement, y compris le loyer équivalent de propriétaire, est inquiétante, mais nous devrons voir ce qu'apportent les données d'octobre et de novembre. Nous considérons toujours que l'inflation va vraisemblablement continuer à se normaliser dans un proche avenir. Malgré l'IPC élevé publié aujourd'hui, nous pensons que cette augmentation sur un mois va se répercuter sur l'indice de base des dépenses de consommation personnelle ciblé par la Fed et dont l'augmentation se situe tout près de ce que la Fed souhaite.
Alors que la Fed aborde sa réunion de la semaine prochaine et que les marchés s'attendent à une réduction des taux, quelles sont les conséquences que tirera la Fed de ces statistiques de l'inflation?
Les données d'aujourd'hui campent la discussion entre 25 et 50 points de base. Je pense que la Fed va sans doute commencer par 25 points de base. Les marchés se demandaient si ce serait le cas ou pas, mais je pense qu'il ne faut pas trop attendre en septembre. Ce qui sera important, c'est le rapport de la Fed. Il y aura un graphique de points qui indiquera essentiellement ce que va faire la Fed d'ici la fin de l'année et les attentes pour 2025. Si la Fed entame le cycle de réduction de 25 points, je pense que l'option de 50 points de base va demeurer sur la table. La Fed va continuer d'être guidée par les données et ce sont les conditions du marché qui vont continuer d'attirer le plus d'attention. Encore un rapport négatif sur l'emploi, la Fed pourrait décider de réduire les taux de 50 points de base, peut-être pas en septembre, mais cela pourrait se produire en novembre ou décembre.
On songe, Oscar, que si la semaine prochaine la Fed décide de réduire les taux de 25 points de base comme premier acte, cela pourrait énerver les marchés, lesquels se demanderaient si la Fed était au courant de quelque chose que les marchés ignoraient. Est-ce que c'est surfait?
Oui, nous pensons, et les marchés pensent, que la seule façon dont la Fed peut réduire les taux rapidement serait que l'économie entre en récession ou que les conditions se détériorent rapidement. Je ne pense pas que ce soit le cas. Je pense qu'il faut comparer le point où nous sommes, en matière de politique monétaire, au point où nous devrions être. La Fed peut gérer son message qu'elle pourrait commencer plus rapidement en commençant à grande échelle avec 50 points de base de réduction cette année, et puis en annonçant que ces réductions pourraient devenir plus progressives en fonction de l'évolution du marché du travail. Je pense que les marchés ne prendraient pas cela mal. Premier indice vendredi, le gouverneur Waller a déclaré qu'il soutenait une réduction de 50 points de base et les marchés ont remonté à cette annonce. Donc je pense que cette inquiétude est surfaite.
Vous avez parlé du marché du travail. Que se passe-t-il sur le marché du travail américain? Il y a toujours un ralentissement, mais on crée encore des emplois. Quelles sont les réactions du marché? Est-ce qu'elles sont surfaites, elles aussi?
Quelque peu, oui. Les marchés doivent faire preuve de prospective et anticiper une prolongation de la médiocrité des données de croissance récentes. Il faut handicaper la possibilité d'une récession, c'est de bonne guerre, mais nous pensons que l'économie va parvenir à un atterrissage en douceur, et la Fed... En général, la Fed considère que l'économie va sans doute se normaliser. Elle doit donc en tirer les conséquences niveau de la politique monétaire. La Fed pense qu'il y aura donc un atterrissage en douceur d'ici 2025.
Parlons... Cet automne, il y a toute une série de facteurs, l'inflation qui revient à l'objectif, mais un peu persistante au niveau de l'inflation de base, nous surveillons les marchés, puis une élection présidentielle. Le débat a eu lieu hier soir entre Harris et Trump. Quelles sont vos conclusions?
Il est évident que Kamala Harris a mieux tiré son épingle du jeu du débat. Les marchés sont d'accord. Elle a mieux su rejoindre les électeurs indécis. Nous verrons comment cela se répercutera sur les scrutins et sur les sondages. Les premiers sondages paraîtront cette fin de semaine, cela confirmera si elle est parvenue à obtenir un avantage important. Je pense que cela n'a pas changé grand-chose. L'élection sera toujours très serrée et sera décidée par une poignée d'États. Il est trop difficile de pronostiquer le résultat.
Parlons de l'importance de ces États indécis. Les gens qui habitent dans ces États, je crois qu'il y a sept États, se disent... Les gens qui ne vivent pas dans ces États doivent se dire que leur vote ne compte pas vraiment.
Oui, le Wisconsin, le Michigan, l'Ohio, le Nevada, ce sont les États clés, et la Pennsylvanie, je pense, sera très importante également, et c'est là où les campagnes vont dépenser leur budget, c'est là où les candidats vont concentrer leurs efforts et vont poursuivre leurs visites, leur tournée. C'est étonnant que l'on ne se concentre que sur ces États, car on sait quel sera le résultat du scrutin ailleurs au pays, mais c'est ainsi que fonctionne le collège électoral aux États-Unis.
À la lumière du débat d'hier, il n'y a pas eu beaucoup d'information sur les politiques de l'un ou l'autre candidat. Qu'est-ce que cela signifierait si l'un ou l'autre remporte la Maison-Blanche, pour l'économie et les marchés? À quoi devrions-nous songer en tant qu'investisseurs?
Pour l'instant, effectivement, on n'a pas beaucoup parlé de politiques, mais les différences sont importantes. Nous pensons que Trump crée davantage d'inquiétude sur les marchés, surtout en 2025. Les politiques qu'il préconise au niveau des échanges commerciaux et de l'immigration auront un impact considérable sur 2025. Si ces initiatives sont mises en œuvre, surtout pour l'inflation et la croissance, on pourrait envisager un scénario de stagflation l'an prochain. Si les droits de douane sont mis en œuvre, cela pourrait relancer l'inflation considérablement à court terme et aussi avoir un impact négatif sur la croissance. De même pour la politique d'immigration. Il y a beaucoup d'incertitude quant à ce que Trump pourrait faire. S'agissant de Harris, ce serait surtout le statu quo. Nous considérons que pour l'instant, les marchés portent sans doute davantage d'attention à la politique de la Fed à court terme, mais au fur et à mesure que les décisions de la Fed d'ici la fin de l'année et en 2025 se clarifient, les marchés commenceront à se concentrer davantage sur les résultats électoraux. Au fur et à mesure que l'échéance de novembre se rapproche, que nous nous faisons une meilleure idée des attentes et des sondages, les marchés vont commencer à envisager les scénarios les plus probables.
Les marchés s'intéressant à la politique de la Fed, dans quelle mesure les candidats à la présidentielle s'y intéressent? Vous avez parlé récemment de l'indépendance de la Fed dans certains de vos billets.
Oui, pour l'instant, les décisions prises par la Fed, si elle réduit les taux de 50 points de base en septembre ou qu'elle décide de les réduire de 50 en novembre, cela sera considéré comme étant une décision politique quoi qu'il en soit. Les républicains vont certainement taper sur Powell s'il y a une réduction de 50 points de base. S'il y a une réduction de 25 points de base et puis 50 points de base après l'élection, les démocrates vont hurler que Powell a pris une décision politique. S'il commence par 50 points, Trump va sans doute diffuser des messages sur les réseaux sociaux. Quoi que fasse la Fed, cela sera sans doute mal accueilli par une partie.
Bonjour, merci de l'invitation, Greg.
Commençons par le rapport sur l'inflation. L'inflation globale transmet un message, l'inflation de base un autre.
Ce qui intéresse la Fed, c'est l'inflation de base, pas seulement le changement sur 12 mois mais le changement sur un mois. Or, celui-ci est un peu plus élevé que prévu. Le chiffre ne correspondait pas vraiment aux attentes de la Fed, mais globalement, je pense que cela ne va pas être décisif. La persistance de la hausse des prix du logement, y compris le loyer équivalent de propriétaire, est inquiétante, mais nous devrons voir ce qu'apportent les données d'octobre et de novembre. Nous considérons toujours que l'inflation va vraisemblablement continuer à se normaliser dans un proche avenir. Malgré l'IPC élevé publié aujourd'hui, nous pensons que cette augmentation sur un mois va se répercuter sur l'indice de base des dépenses de consommation personnelle ciblé par la Fed et dont l'augmentation se situe tout près de ce que la Fed souhaite.
Alors que la Fed aborde sa réunion de la semaine prochaine et que les marchés s'attendent à une réduction des taux, quelles sont les conséquences que tirera la Fed de ces statistiques de l'inflation?
Les données d'aujourd'hui campent la discussion entre 25 et 50 points de base. Je pense que la Fed va sans doute commencer par 25 points de base. Les marchés se demandaient si ce serait le cas ou pas, mais je pense qu'il ne faut pas trop attendre en septembre. Ce qui sera important, c'est le rapport de la Fed. Il y aura un graphique de points qui indiquera essentiellement ce que va faire la Fed d'ici la fin de l'année et les attentes pour 2025. Si la Fed entame le cycle de réduction de 25 points, je pense que l'option de 50 points de base va demeurer sur la table. La Fed va continuer d'être guidée par les données et ce sont les conditions du marché qui vont continuer d'attirer le plus d'attention. Encore un rapport négatif sur l'emploi, la Fed pourrait décider de réduire les taux de 50 points de base, peut-être pas en septembre, mais cela pourrait se produire en novembre ou décembre.
On songe, Oscar, que si la semaine prochaine la Fed décide de réduire les taux de 25 points de base comme premier acte, cela pourrait énerver les marchés, lesquels se demanderaient si la Fed était au courant de quelque chose que les marchés ignoraient. Est-ce que c'est surfait?
Oui, nous pensons, et les marchés pensent, que la seule façon dont la Fed peut réduire les taux rapidement serait que l'économie entre en récession ou que les conditions se détériorent rapidement. Je ne pense pas que ce soit le cas. Je pense qu'il faut comparer le point où nous sommes, en matière de politique monétaire, au point où nous devrions être. La Fed peut gérer son message qu'elle pourrait commencer plus rapidement en commençant à grande échelle avec 50 points de base de réduction cette année, et puis en annonçant que ces réductions pourraient devenir plus progressives en fonction de l'évolution du marché du travail. Je pense que les marchés ne prendraient pas cela mal. Premier indice vendredi, le gouverneur Waller a déclaré qu'il soutenait une réduction de 50 points de base et les marchés ont remonté à cette annonce. Donc je pense que cette inquiétude est surfaite.
Vous avez parlé du marché du travail. Que se passe-t-il sur le marché du travail américain? Il y a toujours un ralentissement, mais on crée encore des emplois. Quelles sont les réactions du marché? Est-ce qu'elles sont surfaites, elles aussi?
Quelque peu, oui. Les marchés doivent faire preuve de prospective et anticiper une prolongation de la médiocrité des données de croissance récentes. Il faut handicaper la possibilité d'une récession, c'est de bonne guerre, mais nous pensons que l'économie va parvenir à un atterrissage en douceur, et la Fed... En général, la Fed considère que l'économie va sans doute se normaliser. Elle doit donc en tirer les conséquences niveau de la politique monétaire. La Fed pense qu'il y aura donc un atterrissage en douceur d'ici 2025.
Parlons... Cet automne, il y a toute une série de facteurs, l'inflation qui revient à l'objectif, mais un peu persistante au niveau de l'inflation de base, nous surveillons les marchés, puis une élection présidentielle. Le débat a eu lieu hier soir entre Harris et Trump. Quelles sont vos conclusions?
Il est évident que Kamala Harris a mieux tiré son épingle du jeu du débat. Les marchés sont d'accord. Elle a mieux su rejoindre les électeurs indécis. Nous verrons comment cela se répercutera sur les scrutins et sur les sondages. Les premiers sondages paraîtront cette fin de semaine, cela confirmera si elle est parvenue à obtenir un avantage important. Je pense que cela n'a pas changé grand-chose. L'élection sera toujours très serrée et sera décidée par une poignée d'États. Il est trop difficile de pronostiquer le résultat.
Parlons de l'importance de ces États indécis. Les gens qui habitent dans ces États, je crois qu'il y a sept États, se disent... Les gens qui ne vivent pas dans ces États doivent se dire que leur vote ne compte pas vraiment.
Oui, le Wisconsin, le Michigan, l'Ohio, le Nevada, ce sont les États clés, et la Pennsylvanie, je pense, sera très importante également, et c'est là où les campagnes vont dépenser leur budget, c'est là où les candidats vont concentrer leurs efforts et vont poursuivre leurs visites, leur tournée. C'est étonnant que l'on ne se concentre que sur ces États, car on sait quel sera le résultat du scrutin ailleurs au pays, mais c'est ainsi que fonctionne le collège électoral aux États-Unis.
À la lumière du débat d'hier, il n'y a pas eu beaucoup d'information sur les politiques de l'un ou l'autre candidat. Qu'est-ce que cela signifierait si l'un ou l'autre remporte la Maison-Blanche, pour l'économie et les marchés? À quoi devrions-nous songer en tant qu'investisseurs?
Pour l'instant, effectivement, on n'a pas beaucoup parlé de politiques, mais les différences sont importantes. Nous pensons que Trump crée davantage d'inquiétude sur les marchés, surtout en 2025. Les politiques qu'il préconise au niveau des échanges commerciaux et de l'immigration auront un impact considérable sur 2025. Si ces initiatives sont mises en œuvre, surtout pour l'inflation et la croissance, on pourrait envisager un scénario de stagflation l'an prochain. Si les droits de douane sont mis en œuvre, cela pourrait relancer l'inflation considérablement à court terme et aussi avoir un impact négatif sur la croissance. De même pour la politique d'immigration. Il y a beaucoup d'incertitude quant à ce que Trump pourrait faire. S'agissant de Harris, ce serait surtout le statu quo. Nous considérons que pour l'instant, les marchés portent sans doute davantage d'attention à la politique de la Fed à court terme, mais au fur et à mesure que les décisions de la Fed d'ici la fin de l'année et en 2025 se clarifient, les marchés commenceront à se concentrer davantage sur les résultats électoraux. Au fur et à mesure que l'échéance de novembre se rapproche, que nous nous faisons une meilleure idée des attentes et des sondages, les marchés vont commencer à envisager les scénarios les plus probables.
Les marchés s'intéressant à la politique de la Fed, dans quelle mesure les candidats à la présidentielle s'y intéressent? Vous avez parlé récemment de l'indépendance de la Fed dans certains de vos billets.
Oui, pour l'instant, les décisions prises par la Fed, si elle réduit les taux de 50 points de base en septembre ou qu'elle décide de les réduire de 50 en novembre, cela sera considéré comme étant une décision politique quoi qu'il en soit. Les républicains vont certainement taper sur Powell s'il y a une réduction de 50 points de base. S'il y a une réduction de 25 points de base et puis 50 points de base après l'élection, les démocrates vont hurler que Powell a pris une décision politique. S'il commence par 50 points, Trump va sans doute diffuser des messages sur les réseaux sociaux. Quoi que fasse la Fed, cela sera sans doute mal accueilli par une partie.