
Anthony Okolie récapitule les faits saillants de la journée, notamment les dernières nouvelles sur la COVID-19, puis discute avec Michael O’Brien, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, de ce que pourrait signifier pour le marché pétrolier une entente potentielle entre les membres de l’OPEP+ visant à limiter la production.
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[MUSIQUE]
Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien Parlons Argent COVID-19 du vendredi 3 avril. Ici Anthony Okolie. Dans quelques minutes, Michael O'Brien, directeur général et gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, nous donnera les plus récentes nouvelles sur les marchés pétroliers. Mais d’abord, faisons un portrait rapide de l’évolution des marchés aujourd’hui.
Les entreprises américaines ont procédé en mars à des mises à pied massives : 701 000 travailleurs. Le taux de chômage a grimpé, passant de 3,5 en février à 4,4 %. Il s’agit de la hausse mensuelle la plus forte depuis janvier 1995. Il faut savoir que les données sur l’emploi ne tiennent pas encore tout à fait compte des dix millions d’Américains qui ont soumis une demande de prestations d’assurance-chômage dans les deux dernières semaines de mars.
Les prix du pétrole ont remonté pour une deuxième journée consécutive, gagnant aujourd’hui plus de 10 % à la perspective qu’une entente de réduction de la production soit proche. L’OPEP et ses alliés ont annoncé qu’ils tiendront une réunion lundi, la Russie s’étant déclarée ouverte à une réduction de la production afin de résorber l’excédent pétrolier et de redresser les prix. Le nombre de cas de coronavirus dans le monde dépasse le million. Au Canada, il a franchi le cap des 11 000 et on recense 138 décès. Entre-temps, Ottawa a conclu avec Amazon Canada une entente pour la distribution de fournitures partout au pays.
Tandis que le nombre de cas de coronavirus continue d’augmenter aux États-Unis, le président Trump a ordonné à 3M, qui fabrique des fournitures médicales, de cesser la vente sur les marchés au Canada et en Amérique latine de masques N95 produits en sol américain. Le président Trump a aussi invoqué la Defense Production Act afin d’accélérer la distribution de masques aux États américains dans le besoin.
Enfin, selon Google Trends, le nombre de recherches de bonnes nouvelles atteint des sommets. Pendant que le monde livre bataille à la pandémie de coronavirus et que les fermetures se prolongent, tout le monde a besoin d’une dose d’optimisme. Voilà qui résume la situation sur les marchés.
Comme promis, Parlons Argent s’entretient maintenant avec Michael O'Brien sur le secteur pétrolier. Michael, les prix du pétrole ont connu hier une excellente journée et la remontée se poursuit aujourd’hui. Puisque l’OPEP a convoqué une réunion d’urgence qui aura lieu lundi, peut-on espérer une entente?
Et certains détails ont-ils filtré? Oui, il y a un moment que la situation n’a pas été aussi encourageante. La rumeur veut que l’OPEP+ va tenter de conclure une entente afin de répartir le fardeau imposé par les réductions de la production parmi non seulement les membres de base de l’OPEP, la Russie et certains autres membres de l’alliance OPEP+, mais aussi d’autres pays qui ne sont pas membres de l’OPEP+, comme le Canada, les États-Unis et le Brésil.
Bien entendu, il ne s’agit que de rumeurs. Mais, que faudra-t-il pour en arriver à une entente? Et quel genre de concessions sont nécessaires pour y parvenir?
Je pense que tout le monde va vouloir obtenir quelque chose et devra céder quelque chose. De toute évidence, l’Arabie saoudite a tracé une ligne dans le sable et en a assez de porter tout le poids des réductions de la production. Elle veut une participation accrue des autres membres du cartel, entre autres la Russie. De son côté, la Russie ne supportait plus en partie de devoir restreindre sa propre production industrielle, alors que les producteurs américains d’huile de schiste augmentaient la leur. La Russie va certainement chercher à partager ce poids, peut-être avec les États-Unis et le Canada.
Il y a aussi un élément géopolitique. Je pense que les plus hautes instances russes, y compris le président Poutine, ont été très contrariées par les sanctions prises par les Américains contre certaines sociétés russes, notamment Rosneft, le principal producteur de pétrole du pays. Chacun devra donc faire des concessions pour pouvoir conclure une entente.
En cas d’entente, sachant qu’il y a toujours quelqu’un prêt à tricher et à tout faire échouer, croyez-vous que ce scénario risque de se produire cette fois encore?
Ce n’est pas ma principale inquiétude actuellement, Anthony. On se trouve en plein cœur d’une expérience de mort imminente qui touche tous les intervenants sectoriels, que ce soit les pays souverains, les régimes ou les grands producteurs de pétrole. Tout le monde réalise à quel point la situation est critique. S’il y a jamais eu un moment où les différentes parties devraient respecter leurs ententes, je pense que c’est maintenant.
S’il y a une entente, de quel ordre sera la production? Et sera-t-elle suffisante pour compenser la destruction de la demande, causée par la COVID-19?
Les chiffres évoqués dans les médias permettent de s’attendre à quelque chose comme des réductions de la production de dix millions de barils par jour, ce qui n’est pas rien. Le marché mondial absorbe 100 millions de barils par jour. Ces dix millions de barils par jour seraient une première étape concrète très importante.
Malheureusement, le coronavirus paralyse complètement l’économie mondiale à l’heure actuelle. Le phénomène entraîne une destruction massive de la demande. Tout dépendant des chiffres analysés, l’estimation du recul de la demande varie de 10 millions à 20 millions de barils par jour et peut atteindre 30 millions de barils par jour.
Ce serait une première étape nécessaire pour freiner les dommages, mais la situation est certainement plus complexe. Je dirais que l’élément clé entre un baril à 15 $ et un baril à 30 $ dépend de l’OPEP+. La différence entre un baril à 30 $ et un baril à 50 $, grâce auquel les meilleurs producteurs peuvent obtenir un rendement raisonnable, dépend en très grande partie d’un redémarrage de l’économie mondiale, ce qui exige de juguler le coronavirus.
Parlons brièvement des prix du pétrole, parce que même si on assiste à une remontée, le pétrole se vend autour de 20 $ et le baril de Western Canadian Select se négocie à plus de 10 $, ce qui est bien en deçà du seuil de rentabilité. Vous attendez-vous à plus de volatilité des prix du pétrole?
Tout à fait. Il va y avoir beaucoup de turbulence. Tout d’abord, nous n’avons aucune garantie d’une entente. Nombre des conditions préalables sont en place, et c’est de bon augure que les différents intervenants discutent activement. Mais, rien ne garantit qu’ils parviendront à s’entendre.
Sans compter qu’il y a une question encore plus pressante à se poser : combien de temps l’économie mondiale va-t-elle être paralysée? Croyez-le ou non, actuellement, la moitié de la population mondiale est confinée à la maison – on parle de quatre milliards de personnes. D’ici à ce que nous sachions mieux combien de temps la situation va persister et à ce que nous ayons une meilleure idée de l’ampleur des dégâts du point de vue de l’économie, il est très difficile de prévoir avec précision le prix du pétrole dans ce contexte.
Il nous reste encore à peine quelques secondes… De toute évidence, les entreprises du secteur sont dans la tourmente, et c’est un euphémisme. Quelle est votre stratégie d’investissement dans le secteur?
Ce n’est pas le moment de jouer les héros, Anthony. Comme nous ne savons pas combien de temps la situation va durer et quelle ampleur vont prendre les dégâts, je pense qu’il faut se concentrer sur les meilleures entreprises, celles qui inspirent le plus confiance et qui sont capables de traverser cette période calamiteuse et de reprendre leurs activités sans trop de mal lorsque la situation se sera un peu améliorée.
Il faut éviter les entreprises qui risquent de tomber au combat – il y en aura certainement au cours de cette période. Il vaut mieux s’en tenir aux entreprises les plus solides.
Merci beaucoup, Michael, de votre éclairage.
Je vous en prie, Anthony.
Et merci à vous d’avoir été des nôtres. Ici Anthony Okolie. À la prochaine. Et protégez-vous bien.
[MUSIQUE]
Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien Parlons Argent COVID-19 du vendredi 3 avril. Ici Anthony Okolie. Dans quelques minutes, Michael O'Brien, directeur général et gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, nous donnera les plus récentes nouvelles sur les marchés pétroliers. Mais d’abord, faisons un portrait rapide de l’évolution des marchés aujourd’hui.
Les entreprises américaines ont procédé en mars à des mises à pied massives : 701 000 travailleurs. Le taux de chômage a grimpé, passant de 3,5 en février à 4,4 %. Il s’agit de la hausse mensuelle la plus forte depuis janvier 1995. Il faut savoir que les données sur l’emploi ne tiennent pas encore tout à fait compte des dix millions d’Américains qui ont soumis une demande de prestations d’assurance-chômage dans les deux dernières semaines de mars.
Les prix du pétrole ont remonté pour une deuxième journée consécutive, gagnant aujourd’hui plus de 10 % à la perspective qu’une entente de réduction de la production soit proche. L’OPEP et ses alliés ont annoncé qu’ils tiendront une réunion lundi, la Russie s’étant déclarée ouverte à une réduction de la production afin de résorber l’excédent pétrolier et de redresser les prix. Le nombre de cas de coronavirus dans le monde dépasse le million. Au Canada, il a franchi le cap des 11 000 et on recense 138 décès. Entre-temps, Ottawa a conclu avec Amazon Canada une entente pour la distribution de fournitures partout au pays.
Tandis que le nombre de cas de coronavirus continue d’augmenter aux États-Unis, le président Trump a ordonné à 3M, qui fabrique des fournitures médicales, de cesser la vente sur les marchés au Canada et en Amérique latine de masques N95 produits en sol américain. Le président Trump a aussi invoqué la Defense Production Act afin d’accélérer la distribution de masques aux États américains dans le besoin.
Enfin, selon Google Trends, le nombre de recherches de bonnes nouvelles atteint des sommets. Pendant que le monde livre bataille à la pandémie de coronavirus et que les fermetures se prolongent, tout le monde a besoin d’une dose d’optimisme. Voilà qui résume la situation sur les marchés.
Comme promis, Parlons Argent s’entretient maintenant avec Michael O'Brien sur le secteur pétrolier. Michael, les prix du pétrole ont connu hier une excellente journée et la remontée se poursuit aujourd’hui. Puisque l’OPEP a convoqué une réunion d’urgence qui aura lieu lundi, peut-on espérer une entente?
Et certains détails ont-ils filtré? Oui, il y a un moment que la situation n’a pas été aussi encourageante. La rumeur veut que l’OPEP+ va tenter de conclure une entente afin de répartir le fardeau imposé par les réductions de la production parmi non seulement les membres de base de l’OPEP, la Russie et certains autres membres de l’alliance OPEP+, mais aussi d’autres pays qui ne sont pas membres de l’OPEP+, comme le Canada, les États-Unis et le Brésil.
Bien entendu, il ne s’agit que de rumeurs. Mais, que faudra-t-il pour en arriver à une entente? Et quel genre de concessions sont nécessaires pour y parvenir?
Je pense que tout le monde va vouloir obtenir quelque chose et devra céder quelque chose. De toute évidence, l’Arabie saoudite a tracé une ligne dans le sable et en a assez de porter tout le poids des réductions de la production. Elle veut une participation accrue des autres membres du cartel, entre autres la Russie. De son côté, la Russie ne supportait plus en partie de devoir restreindre sa propre production industrielle, alors que les producteurs américains d’huile de schiste augmentaient la leur. La Russie va certainement chercher à partager ce poids, peut-être avec les États-Unis et le Canada.
Il y a aussi un élément géopolitique. Je pense que les plus hautes instances russes, y compris le président Poutine, ont été très contrariées par les sanctions prises par les Américains contre certaines sociétés russes, notamment Rosneft, le principal producteur de pétrole du pays. Chacun devra donc faire des concessions pour pouvoir conclure une entente.
En cas d’entente, sachant qu’il y a toujours quelqu’un prêt à tricher et à tout faire échouer, croyez-vous que ce scénario risque de se produire cette fois encore?
Ce n’est pas ma principale inquiétude actuellement, Anthony. On se trouve en plein cœur d’une expérience de mort imminente qui touche tous les intervenants sectoriels, que ce soit les pays souverains, les régimes ou les grands producteurs de pétrole. Tout le monde réalise à quel point la situation est critique. S’il y a jamais eu un moment où les différentes parties devraient respecter leurs ententes, je pense que c’est maintenant.
S’il y a une entente, de quel ordre sera la production? Et sera-t-elle suffisante pour compenser la destruction de la demande, causée par la COVID-19?
Les chiffres évoqués dans les médias permettent de s’attendre à quelque chose comme des réductions de la production de dix millions de barils par jour, ce qui n’est pas rien. Le marché mondial absorbe 100 millions de barils par jour. Ces dix millions de barils par jour seraient une première étape concrète très importante.
Malheureusement, le coronavirus paralyse complètement l’économie mondiale à l’heure actuelle. Le phénomène entraîne une destruction massive de la demande. Tout dépendant des chiffres analysés, l’estimation du recul de la demande varie de 10 millions à 20 millions de barils par jour et peut atteindre 30 millions de barils par jour.
Ce serait une première étape nécessaire pour freiner les dommages, mais la situation est certainement plus complexe. Je dirais que l’élément clé entre un baril à 15 $ et un baril à 30 $ dépend de l’OPEP+. La différence entre un baril à 30 $ et un baril à 50 $, grâce auquel les meilleurs producteurs peuvent obtenir un rendement raisonnable, dépend en très grande partie d’un redémarrage de l’économie mondiale, ce qui exige de juguler le coronavirus.
Parlons brièvement des prix du pétrole, parce que même si on assiste à une remontée, le pétrole se vend autour de 20 $ et le baril de Western Canadian Select se négocie à plus de 10 $, ce qui est bien en deçà du seuil de rentabilité. Vous attendez-vous à plus de volatilité des prix du pétrole?
Tout à fait. Il va y avoir beaucoup de turbulence. Tout d’abord, nous n’avons aucune garantie d’une entente. Nombre des conditions préalables sont en place, et c’est de bon augure que les différents intervenants discutent activement. Mais, rien ne garantit qu’ils parviendront à s’entendre.
Sans compter qu’il y a une question encore plus pressante à se poser : combien de temps l’économie mondiale va-t-elle être paralysée? Croyez-le ou non, actuellement, la moitié de la population mondiale est confinée à la maison – on parle de quatre milliards de personnes. D’ici à ce que nous sachions mieux combien de temps la situation va persister et à ce que nous ayons une meilleure idée de l’ampleur des dégâts du point de vue de l’économie, il est très difficile de prévoir avec précision le prix du pétrole dans ce contexte.
Il nous reste encore à peine quelques secondes… De toute évidence, les entreprises du secteur sont dans la tourmente, et c’est un euphémisme. Quelle est votre stratégie d’investissement dans le secteur?
Ce n’est pas le moment de jouer les héros, Anthony. Comme nous ne savons pas combien de temps la situation va durer et quelle ampleur vont prendre les dégâts, je pense qu’il faut se concentrer sur les meilleures entreprises, celles qui inspirent le plus confiance et qui sont capables de traverser cette période calamiteuse et de reprendre leurs activités sans trop de mal lorsque la situation se sera un peu améliorée.
Il faut éviter les entreprises qui risquent de tomber au combat – il y en aura certainement au cours de cette période. Il vaut mieux s’en tenir aux entreprises les plus solides.
Merci beaucoup, Michael, de votre éclairage.
Je vous en prie, Anthony.
Et merci à vous d’avoir été des nôtres. Ici Anthony Okolie. À la prochaine. Et protégez-vous bien.
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