
Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a récemment laissé entendre que les taux d’intérêt pourraient augmenter plus que prévu. Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active, Gestion de Placements TD, explique toutefois à Greg Bonnell qu’il voit toujours de bonnes occasions du côté des titres à revenu fixe.
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Les dirigeants des banques centrales ont eu une semaine occupée. Mercredi, la Banque du Canada a annoncé qu’elle maintenait les taux d’intérêt. Puis, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a témoigné devant des législateurs que les taux pourraient monter plus que prévu pour freiner l’inflation. Qu’est-ce que cela signifie pour les marchés des titres à revenu fixe?
Aujourd’hui, pour en savoir plus sur le sujet, on reçoit Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active à Gestion de Placements TD. C’est toujours un plaisir de vous recevoir, Scott.
Greg, c’est un plaisir d’être là.
La semaine a été intense pour les gens qui s’intéressent aux titres à revenu fixe. C’est tout ce dont on parle en ce moment. Ce qui se passe du côté des banques centrales, cette divergence, que faut-il en penser? Commençons peut-être en parlant des États-Unis puisque, bien entendu, ils font bouger les marchés un peu plus que la Banque du Canada.
On est dans un contexte dépendant des données, n’est-ce pas? Et on voit une légère divergence. Commençons par les commentaires de la Réserve fédérale américaine et de son président. En gros, ils ont parlé de la possibilité de monter de 50 points de base à la prochaine réunion.
Et on a deux données clés, n’est-ce pas? Pour faire écho à la dépendance aux données, demain, on aura les emplois non agricoles et, la semaine prochaine, l’IPC. En gros, la Réserve fédérale américaine a annoncé que les données étaient un peu plus solides que prévu.
Elle a indiqué qu’elle augmenterait les taux. Elle se donne la possibilité de reprendre un rythme de plus de 25 points de base si les données étaient plus solides. C’est ainsi qu’on peut décrire le contexte actuel.
Il est vraiment incertain. Maintenant, éloignons-nous de la Réserve fédérale. Dans le monde entier, on remarque cette incertitude associée à la situation dans laquelle on est, à ce contexte inflationniste qui touche tous les pays. Et est-ce que nous...
À la Banque du Canada, on assiste à une pause conditionnelle. Elle est conditionnelle à l’évolution des données. Et c’est le monde incertain auquel nous faisons tous face, que ce soit à titre de décideur politique ou d’investisseur. Et c’est vraiment difficile pour nous tous d’avancer dans ce contexte limité compte tenu de la volatilité et de l’incertitude qui le caractérisent.
Au début de cette année, certains investisseurs se sentaient un peu plus optimistes. Par rapport aux marchés des titres à revenu fixe, on se disait qu’à un certain point, après l’année dernière marquée par de fortes hausses de taux, les banques centrales allaient aboutir à des taux définitifs. Des taux qu’elles pourraient conserver un certain temps. Mais à un moment donné, en raison du contexte restrictif, elles devront les diminuer. Tout cela devrait être bon pour les titres à revenu fixe.
Je sais qu’on vient seulement de commencer le troisième mois de l’année, mais que devrait-on penser des titres à revenu fixe compte tenu des annonces récentes de toutes les banques centrales?
En général, on est optimistes. On peut en discuter plus en détail. De façon générale, je pense, compte tenu de la remontée des rendements, il existe suffisamment d’occasions, autant sur l’ensemble de la courbe des taux que dans les secteurs, pour participer. À long terme, il est clair qu’étant donné le monde post-crise financière dans lequel on vit, on a des revenus pour la première fois depuis très longtemps, n’est-ce pas?
Donc, les titres à revenu fixe ne nous ont pas été accessibles vu que les politiques des banques centrales ont avoisiné le 0 % pendant si longtemps. Le contexte est donc généralement positif. Cela dit, il y a de l’incertitude associée à l’inflation, et l’histoire nous apprend qu’avec le changement rapide des taux auquel on a assisté et les défis auxquels on a fait face en 2022, il faut s’attendre à une volte-face des banques centrales cette année.
Et je pense que l’histoire nous enseigne que les décideurs politiques tendent à procéder avec une grande prudence, mais que le risque pour eux est alors de faire preuve d’une trop grande prudence et de faire durer le resserrement. Donc, on commence l’année, et des baisses de taux ont été rapidement prévues pour cette année et, de toute évidence, encore plus pour l’an prochain.
Je pense qu’il est assez clair que, compte tenu de la trajectoire de l’inflation, même si elle diminue, les choses n’évolueront pas rapidement, et il faut donc être patient du point de vue des décideurs politiques.
Et peut-être même patient du point de vue des investisseurs. Et vous soulignez le fait qu’on obtient finalement des coupons, c’est-à-dire qu’on touche des revenus pour les titres à revenu fixe, donc cela a bien du sens quand vous dites qu’on est payé pour attendre. J’ai toujours trouvé cela intéressant en tant qu’investisseur. On vous paie pour attendre. Avec les actions, quand on a une action à dividende, on peut être patient parce qu’on touche ces dividendes.
Mais à présent, on touche aussi un certain revenu pour les titres à revenu fixe. Donc, on peut obtenir quelque chose grâce au coupon si on est patient.
Oui, ce qui est bien avec les titres à revenu fixe, c’est qu’ils reposent sur des mathématiques. Et je ne veux pas parler de tous les détails. Mais, essentiellement...
Sortez le tableau blanc.
Oui, les mathématiques.
[RIRES]
Je ne veux ennuyer personne. Mais en général, si on achète une obligation à deux ans qui donne un rendement de 5 %, disons, aux États-Unis, on obtient 5 % pour l’année. On reçoit un paiement de 5 %. Il serait possible que les taux augmentent davantage. Mais le revenu touché compenserait le déclin associé à la hausse des taux d’intérêt.
Ce n’est pas que le prix de l’obligation qui fluctue, c’est le rendement aussi. C’est la combinaison des deux. Et avec les mathématiques obligataires, il est possible de se faire des scénarios où on établit si on a atteint un seuil de rentabilité. Les taux pourraient-ils augmenter de 50 points de base?
Et si on détient une obligation à 10 ans avec un rendement de 0 % pour l’année? Oui. C’est un aspect important d’une bonne démarche de répartition des titres à revenu fixe, puisque les revenus sont une partie importante de l’analyse des scénarios dans votre portefeuille.
Oui, parce que l’an dernier, je pense que les gens étaient frustrés. Vu l’intensification des mesures des banques centrales, les rendements des obligations n’étaient pas prometteurs, de même que pour les rendements boursiers. Donc, l’idée du 60-40 ou du 70-30 ou des répartitions populaires, on commence à se demander si cela fonctionne encore.
Mais le scénario que vous décrivez en ce moment, même si on atteint seulement le seuil de rentabilité d’au moins cette partie du portefeuille, la partie des titres à revenu fixe, cela offre-t-il une certaine protection?
Oui, on a vécu un choc générationnel l’an dernier, en raison de politiques découlant de la pandémie, un phénomène qu’aucun d’entre nous n’avait vécu. Et la politique monétaire et budgétaire a entraîné une hausse rapide de l’inflation. Et les décideurs ont dû réagir. Les actions et les titres à revenu fixe ont subi un choc générationnel auquel ils n’avaient pas fait face depuis longtemps.
À présent, on délaisse les rajustements rapides au profit de hausses des taux d’intérêt. On assiste à une stabilisation, du moins en ce qui concerne la politique budgétaire. On peut donc s’attendre à la présence de portefeuilles 60-40 maintenant, étant donné que les titres à revenu fixe touchent des revenus.
Et on parle des divers rôles joués par les titres à revenu fixe. Le revenu est le principal. La liquidité est aussi importante. Donc, on peut rééquilibrer un portefeuille en changeant les titres à revenu fixe en actions ou en titres alternatifs ou en ce qu’on veut. Mais c’est aussi la diversification qui est importante pour contrebalancer. Et donc, quand nos actions sont en baisse, il est plus évident maintenant que les titres à revenu fixe peuvent compenser cette baisse dans un portefeuille 60-40.
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Les dirigeants des banques centrales ont eu une semaine occupée. Mercredi, la Banque du Canada a annoncé qu’elle maintenait les taux d’intérêt. Puis, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a témoigné devant des législateurs que les taux pourraient monter plus que prévu pour freiner l’inflation. Qu’est-ce que cela signifie pour les marchés des titres à revenu fixe?
Aujourd’hui, pour en savoir plus sur le sujet, on reçoit Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe en gestion active à Gestion de Placements TD. C’est toujours un plaisir de vous recevoir, Scott.
Greg, c’est un plaisir d’être là.
La semaine a été intense pour les gens qui s’intéressent aux titres à revenu fixe. C’est tout ce dont on parle en ce moment. Ce qui se passe du côté des banques centrales, cette divergence, que faut-il en penser? Commençons peut-être en parlant des États-Unis puisque, bien entendu, ils font bouger les marchés un peu plus que la Banque du Canada.
On est dans un contexte dépendant des données, n’est-ce pas? Et on voit une légère divergence. Commençons par les commentaires de la Réserve fédérale américaine et de son président. En gros, ils ont parlé de la possibilité de monter de 50 points de base à la prochaine réunion.
Et on a deux données clés, n’est-ce pas? Pour faire écho à la dépendance aux données, demain, on aura les emplois non agricoles et, la semaine prochaine, l’IPC. En gros, la Réserve fédérale américaine a annoncé que les données étaient un peu plus solides que prévu.
Elle a indiqué qu’elle augmenterait les taux. Elle se donne la possibilité de reprendre un rythme de plus de 25 points de base si les données étaient plus solides. C’est ainsi qu’on peut décrire le contexte actuel.
Il est vraiment incertain. Maintenant, éloignons-nous de la Réserve fédérale. Dans le monde entier, on remarque cette incertitude associée à la situation dans laquelle on est, à ce contexte inflationniste qui touche tous les pays. Et est-ce que nous...
À la Banque du Canada, on assiste à une pause conditionnelle. Elle est conditionnelle à l’évolution des données. Et c’est le monde incertain auquel nous faisons tous face, que ce soit à titre de décideur politique ou d’investisseur. Et c’est vraiment difficile pour nous tous d’avancer dans ce contexte limité compte tenu de la volatilité et de l’incertitude qui le caractérisent.
Au début de cette année, certains investisseurs se sentaient un peu plus optimistes. Par rapport aux marchés des titres à revenu fixe, on se disait qu’à un certain point, après l’année dernière marquée par de fortes hausses de taux, les banques centrales allaient aboutir à des taux définitifs. Des taux qu’elles pourraient conserver un certain temps. Mais à un moment donné, en raison du contexte restrictif, elles devront les diminuer. Tout cela devrait être bon pour les titres à revenu fixe.
Je sais qu’on vient seulement de commencer le troisième mois de l’année, mais que devrait-on penser des titres à revenu fixe compte tenu des annonces récentes de toutes les banques centrales?
En général, on est optimistes. On peut en discuter plus en détail. De façon générale, je pense, compte tenu de la remontée des rendements, il existe suffisamment d’occasions, autant sur l’ensemble de la courbe des taux que dans les secteurs, pour participer. À long terme, il est clair qu’étant donné le monde post-crise financière dans lequel on vit, on a des revenus pour la première fois depuis très longtemps, n’est-ce pas?
Donc, les titres à revenu fixe ne nous ont pas été accessibles vu que les politiques des banques centrales ont avoisiné le 0 % pendant si longtemps. Le contexte est donc généralement positif. Cela dit, il y a de l’incertitude associée à l’inflation, et l’histoire nous apprend qu’avec le changement rapide des taux auquel on a assisté et les défis auxquels on a fait face en 2022, il faut s’attendre à une volte-face des banques centrales cette année.
Et je pense que l’histoire nous enseigne que les décideurs politiques tendent à procéder avec une grande prudence, mais que le risque pour eux est alors de faire preuve d’une trop grande prudence et de faire durer le resserrement. Donc, on commence l’année, et des baisses de taux ont été rapidement prévues pour cette année et, de toute évidence, encore plus pour l’an prochain.
Je pense qu’il est assez clair que, compte tenu de la trajectoire de l’inflation, même si elle diminue, les choses n’évolueront pas rapidement, et il faut donc être patient du point de vue des décideurs politiques.
Et peut-être même patient du point de vue des investisseurs. Et vous soulignez le fait qu’on obtient finalement des coupons, c’est-à-dire qu’on touche des revenus pour les titres à revenu fixe, donc cela a bien du sens quand vous dites qu’on est payé pour attendre. J’ai toujours trouvé cela intéressant en tant qu’investisseur. On vous paie pour attendre. Avec les actions, quand on a une action à dividende, on peut être patient parce qu’on touche ces dividendes.
Mais à présent, on touche aussi un certain revenu pour les titres à revenu fixe. Donc, on peut obtenir quelque chose grâce au coupon si on est patient.
Oui, ce qui est bien avec les titres à revenu fixe, c’est qu’ils reposent sur des mathématiques. Et je ne veux pas parler de tous les détails. Mais, essentiellement...
Sortez le tableau blanc.
Oui, les mathématiques.
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Je ne veux ennuyer personne. Mais en général, si on achète une obligation à deux ans qui donne un rendement de 5 %, disons, aux États-Unis, on obtient 5 % pour l’année. On reçoit un paiement de 5 %. Il serait possible que les taux augmentent davantage. Mais le revenu touché compenserait le déclin associé à la hausse des taux d’intérêt.
Ce n’est pas que le prix de l’obligation qui fluctue, c’est le rendement aussi. C’est la combinaison des deux. Et avec les mathématiques obligataires, il est possible de se faire des scénarios où on établit si on a atteint un seuil de rentabilité. Les taux pourraient-ils augmenter de 50 points de base?
Et si on détient une obligation à 10 ans avec un rendement de 0 % pour l’année? Oui. C’est un aspect important d’une bonne démarche de répartition des titres à revenu fixe, puisque les revenus sont une partie importante de l’analyse des scénarios dans votre portefeuille.
Oui, parce que l’an dernier, je pense que les gens étaient frustrés. Vu l’intensification des mesures des banques centrales, les rendements des obligations n’étaient pas prometteurs, de même que pour les rendements boursiers. Donc, l’idée du 60-40 ou du 70-30 ou des répartitions populaires, on commence à se demander si cela fonctionne encore.
Mais le scénario que vous décrivez en ce moment, même si on atteint seulement le seuil de rentabilité d’au moins cette partie du portefeuille, la partie des titres à revenu fixe, cela offre-t-il une certaine protection?
Oui, on a vécu un choc générationnel l’an dernier, en raison de politiques découlant de la pandémie, un phénomène qu’aucun d’entre nous n’avait vécu. Et la politique monétaire et budgétaire a entraîné une hausse rapide de l’inflation. Et les décideurs ont dû réagir. Les actions et les titres à revenu fixe ont subi un choc générationnel auquel ils n’avaient pas fait face depuis longtemps.
À présent, on délaisse les rajustements rapides au profit de hausses des taux d’intérêt. On assiste à une stabilisation, du moins en ce qui concerne la politique budgétaire. On peut donc s’attendre à la présence de portefeuilles 60-40 maintenant, étant donné que les titres à revenu fixe touchent des revenus.
Et on parle des divers rôles joués par les titres à revenu fixe. Le revenu est le principal. La liquidité est aussi importante. Donc, on peut rééquilibrer un portefeuille en changeant les titres à revenu fixe en actions ou en titres alternatifs ou en ce qu’on veut. Mais c’est aussi la diversification qui est importante pour contrebalancer. Et donc, quand nos actions sont en baisse, il est plus évident maintenant que les titres à revenu fixe peuvent compenser cette baisse dans un portefeuille 60-40.
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