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Les marchés boursiers remontent la pente après avoir connu des creux en juin. Cela a donné lieu à des spéculations selon lesquelles les récents gains pourraient être le signe d’une nouvelle remontée soutenue. Greg Bonnell s’entretient avec Michael Craig, chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD, des perspectives à l’égard des actions.
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Eh bien, nous avons profité, ou du moins si vous détenez une position longue sur le marché, d’une remontée estivale des actions. Les investisseurs essaient maintenant de déterminer ce qui attend les marchés. Quelles prochaines mesures la Réserve fédérale américaine prendra-t-elle? Pourrait-elle être prête à stopper son cycle de hausse des taux? Notre invité d’aujourd’hui nous indique que nous pourrions connaître une reprise classique du marché baissier. J’accueille à l’instant Michael Craig, chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD. Michael, c’est un plaisir de vous recevoir. C’est la question de l’été pour les investisseurs : pouvons-nous faire confiance à cette remontée? Quel est le portrait de la situation? Eh bien, l’humeur des investisseurs a vraiment monté en flèche à la fin de juin. Et je pense qu’au cours de l’été, les gens sont en vacances, les liquidités sont faibles, et c’est la dynamique classique des marchés baissiers, où on voit une remontée à deux chiffres après les fortes baisses subies par le marché. La question est donc de savoir si on maintient les creux et si c’est durable? Et je dirais qu’il faut regarder les deux prochains mois, qui sont habituellement des périodes saisonnières très difficiles. Je serais très prudent à l’approche du mois de septembre, compte tenu de l’ampleur de la remontée à deux chiffres des forces obligataires. ANIMATEUR : Parce que, bien sûr, la grande histoire de l’année a été l’inflation. Et elle a continué d’augmenter et d’envoyer des ondes de choc sur le marché. On a reçu les chiffres pour le Canada aujourd’hui. On commence à souffler un peu, mais ça demeure exceptionnellement élevé. On a reçu les chiffres pour les États-Unis récemment. Et le marché s’est réjoui du fait que le taux n’était que de 8,5 %, plutôt que 8,7 %. Et puis ces attentes semblent indiquer que la Fed va mettre fin à ce cycle-là. Ce sont des attentes un peu élevées : allons-nous un peu trop vite, selon votre point de vue sur le marché? Oui, vous regardez vraiment le marché avec des lunettes roses. C’est comme perdre du poids. Les cinq premières livres, c’est facile. C’est juste de l’eau. Et puis le travail difficile commence. Et l’inflation est devenue liée au prix de l’essence et aux voitures d’occasion. Et ce sont tous des facteurs très cycliques qui, selon moi, ne devraient surprendre personne. Mais, encore une fois, avec la dynamique estivale, peu de gens sont présents, il y a eu de bonnes nouvelles en dépit des perspectives moroses, et le marché s’est vraiment emballé. Alors, il serait un peu exagéré de notre part de dire que la Fed va changer de cap. D’ici Noël, on va probablement être environ à cinq poignées par rapport à l’inflation. Mais le plus difficile, ce sont les aspects structurels. Et je crois qu’ils vont chuter; ça va juste prendre plus de temps. Et c’est vraiment ce qui vous amène à l’équivalent loyer pour les propriétaires et à certaines de ces mesures, qui ont tendance à suivre l’emploi. Et ça va prendre plus de temps avant qu’elles reviennent, par rapport à des facteurs plus cycliques. On va donc continuer de parler d’inflation pendant une bonne partie de l’année prochaine. Et je ne pense pas que la Fed puisse vraiment changer de cap tant que l’inflation ne sera pas à deux poignées, ce qui, selon moi, va prendre plus de temps que beaucoup le pensent. Si on parle de la Réserve fédérale ou de la Banque du Canada, est-ce vrai que les gens ont quelque peu perdu la foi envers les banques centrales? Plus tôt cette année, elles disaient qu’il ne fallait pas s’inquiéter. L’inflation est transitoire. On n’a pas à prendre de mesures trop énergiques. Et tout à coup, il semblait que l’inflation les avait rattrapées. Ont-elles encore du travail à faire pour rétablir notre confiance dans leur capacité à contenir l’inflation? Je pense qu’elles sont toujours dans la ligne de mire de l’ensemble des médias. Mais si on regardne les attentes du marché à l’égard de l’inflation, elles ont considérablement diminué. Donc, pour ce qui est des participants au marché, je pense que les attentes d’inflation à long terme sont... le mot « ancrées » est peut-être trop fort, mais elles ne sont certainement pas très loin de ça. Les données de l’Université du Michigan sur les attentes sur cinq ans ont été publiées la semaine dernière, et la tendance se poursuit à la baisse. Des attentes plus faibles, mais plus élevées à la fin de l’année, mais je crois que les gens pensent que les attentes d’inflation à long terme commencent à se raffermir. Et les divers gouverneurs de la Fed sont tous issus de divers horizons, qu’ils aient été des colombes ou des faucons; ils ont tous adopté une approche uniforme en déclarant qu’ils allaient resserrer la politique jusqu’à ce qu’ils aient maîtrisé l’inflation. C’est très rare de tous les voir adopter la même approche. C’est donc pourquoi je pense qu’il faut les prendre au mot et croire qu’ils vont continuer de resserrer la politique ou d’avoir des politiques strictes, jusqu’à ce que l’inflation soit bien maîtrisée. Si on les prend au mot, c’est-à-dire qu’ils feraient tout ce qui est nécessaire pour maîtriser l’inflation, cela pourrait-il entraîner une récession? L’objectif même de la hausse des taux, c’est de commencer à ralentir ce qui semblait être notre demande insatiable quand on vivait d’argent facile pour chaque actif qu’on était en mesure d’acquérir. De toute évidence, ils ne veulent pas créer de récession. Mais si une récession est ce qu’il faut pour maîtriser l’inflation, ils vont suivre cette voie-là. Selon moi, l’autre élément que les gens doivent comprendre, c’est qu’il va y avoir des hausses à la fin de l’année. Mais ils vont maintenir les taux élevés pendant un certain temps. Le marché obligataire prévoit des baisses dès le milieu de l’année prochaine. Je ne suis pas certain que ça sera le cas. On va donc traverser une période où l’argent va se faire rare. Tout va coûter cher. Et c’est ce qui va faire mal. On va s’habituer à des taux plus élevés alors qu’ils vont continuer de grimper, mais c’est pendant cette période prolongée que la politique va être très, très restrictive. À mon avis, c’est là qu’on se retrouve en situation de récession, car le coût de l’argent est beaucoup plus élevé qu’il l’était au cours des dernières années. Compte tenu de tout ça, que doit-on faire en tant qu’investisseurs? Je pense qu’il est assez juste de dire que l’investisseur moyen se sent découragé par ce qui s’est passé au premier semestre de l’année. Il est un peu dérouté par ce qui se passe actuellement; il ne sait pas s’il peut avoir confiance. Que doit-on faire de notre argent dans une période comme celle-ci? Eh bien, premièrement, selon un vieil adage... si vous regardez un graphique à long terme, un graphique sur les rendements d’un indice, c’est en quelque sorte une anomalie. On doit donc mettre les choses en perspective. Ce n’est pas amusant de connaître une baisse de 10 %. Mais la situation est assez bonne depuis un certain nombre d’années maintenant. Je dis toujours qu’il faut revenir à ce que l’on tente de résoudre; par exemple, le plus grand risque pour les investisseurs, c’est d’arriver au jour où l’on a besoin d’argent et qu’on ne l’a pas. Pour ce qui est des 12 prochains mois, quelques points : tout d’abord, le marché obligataire a commencé l’année, soit les six premiers mois, en très mauvaise posture. Les investisseurs obligataires subissent des pressions depuis longtemps parce que les taux n’étaient pas très intéressants. Aujourd’hui, si on regarde le marché obligataire, on constate que les taux sont beaucoup plus élevés qu’ils ne l’étaient dans le passé. Et c’est quelque chose qu’on regarde, quand il est question de taux obligataires tout compris de 4 % ou de 5 % sur un indice de qualité investissement. C’est donc intéressant. Pour ce qui est des actions, je serais prudent à court terme, à l’approche de l’automne. Mais à un moment donné au cours des 12 prochains mois, je crois qu’il sera très opportun d’accumuler du capital à long terme. Troisièmement, ce qui se perd cette année, c’est que l’an dernier, tout le monde était un expert des placements. Beaucoup de ces tendances-là ont été durement touchées cette année. Et c’est important de garder à l’esprit qu’on a ces évaluations à la valeur du marché, et ce n’est pas intéressant. Mais c’est cette perte permanente de capital, quand il y a des choses qui disparaissent, c’est vraiment ce qui mine les investisseurs. Je dirais donc, surtout au cours des 10 prochaines années, ce qu’on veut surtout éviter, ce sont les pertes permanentes. Et ça nous amène à investir dans des placements plus tangentiels, si vous voulez, et c’est quelque chose à surveiller, alors qu’on sort de cette période et que la situation commence à se redresser. Il semble que si on veut tout de même un portefeuille équilibré à long terme, ça s’est avéré avantageux pour nous. Je pense que la foi des gens qui a été ébranlée... vous avez parlé de la situation médiocre des obligations au premier semestre de l’année, parce que les gens regardaient ça et se disaient : « D’accord, mes actions sont en baisse. Mais heureusement, mon portefeuille est diversifié, que ce soit 60-40, ou peu importe la répartition, je vais voir de quoi on l’air mes obligations. » Et ils ont été surpris de voir que leurs obligations aussi étaient en baisse; c’était un peu une anomalie, non? On entrait en quelque sorte dans une période sans précédent où les obligations allaient être touchées à ce point-là, en même temps que les actions. MICHAEL CRAIG : Oui, de mon vivant, je n’ai jamais vu un départ aussi terrible que ça. Et je ne suis pas si jeune que ça. C’est donc une sorte d’anomalie. Je pense qu’il y a des leçons à tirer de ça. Au premier semestre de l’année, outre l’énergie et les produits de base... et ce sont les seuls secteurs qui ont vraiment enregistré un rendement supérieur. Et je pense qu’il ne faut pas oublier que dans les 10 prochaines années, les périodes de stagflation, une situation qu’on n’a pas vue depuis longtemps – il y en a eu une au premier semestre de cette année – eh bien il est plus probable qu’improbable qu’elles surviennent de nouveau. Il y a donc certainement des secteurs où l’on peut faire évoluer le portefeuille équilibré; à notre avis, il faudrait investir dans les produits de base. Il y a donc place à l’amélioration. Mais, à mon avis, ce n’est pas judicieux d’abandonner la stratégie. Parce que vous traversez ces périodes-là, vous vivez des moments difficiles et misérables, mais ça vous prépare à des rendements futurs plus élevés, car les évaluations sont beaucoup plus intéressantes aujourd’hui, même pour les actions, qu’elles ne l’étaient au début de l’année. [MUSIQUE]