
Au premier semestre de l’année, les marchés boursiers ont connu un meilleur rendement que certains l’avaient prévu. Toutefois, comme les banques centrales vont continuer de relever les taux d’intérêt, cette tendance se poursuivra-t-elle? David Sekera, stratège en chef des marchés américains à Morningstar Research, décrit les principaux thèmes qu’il surveille.
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[LOGO SONORE] * Au premier semestre de l’année, les marchés boursiers ont connu un meilleur rendement que certains l’avaient prévu. Mais cette tendance pourrait-elle se poursuivre? Bien sûr, les banques centrales vont continuer de relever les taux. Pour en parler aujourd’hui, nous accueillons David Sekera, stratège en chef des marchés américains à Morningstar Research. David, je suis heureux de vous revoir. C’est un plaisir de vous revoir. * Oh, bonjour, Greg. Ravi de vous voir. * D’accord, parlons des actions. De toute évidence, le premier semestre a été meilleur que ce que certains avaient prévu. Vous avez récemment publié une note dans laquelle vous posez la question : « Est-il temps de fermer les écoutilles ou de lever les voiles? » Comment devrions-nous interpréter ce marché? * Eh bien, au deuxième trimestre, le marché a progressé de 20 % par rapport aux creux d’octobre. Et, bien sûr, c’est maintenant l’indicateur technique de ce qui est maintenant considéré comme un marché haussier. Une fois que ça s’est produit, j’ai vu beaucoup de commentateurs des marchés se diviser en deux camps. L’un d’eux disait que c’était l’indication d’un nouveau marché haussier à long terme, et qu’on devrait investir davantage dans des actions. L’autre disait que ce n’est qu’un piège haussier dans un marché baissier à long terme, et qu’on devrait se retirer pendant que les rendements sont bons. * Mais je pense que ces deux camps ont vraiment raté l’essentiel. Quand on pense à investir, vous devriez toujours placer votre argent là où les évaluations sont les plus intéressantes pour le faire fructifier. Au début de l’année, nous pensions que les marchés se négociaient à un cours nettement inférieur à celui d’un composé de la juste valeur des actions que nous couvrons. Mais maintenant, après cette remontée, on continue de voir que les marchés sont un peu sous-évalués, mais se négocient à une marge de sécurité beaucoup moins élevée. * Alors, je pense vraiment que le moment est venu pour les investisseurs d’examiner leur portefeuille et de décider où des changements devraient être apportés. Je pense qu’ils doivent se demander où le marché est surévalué, surpondéré. Réaliser les profits dans ces secteurs. Par exemple, le secteur des actions de croissance et surtout le secteur des technologies, deux secteurs qui, selon nous, sont devenus surévalués. * Et réinvestissez le produit dans les secteurs laissés de côté qui, selon nous, demeurent sous-évaluées et qui représentent toujours des occasions pour les investisseurs, comme la catégorie de valeur et de nombreux secteurs cycliques. * Il ne s’agit donc pas tant d’une situation désastreuse ou incontrôlable, mais une réflexion tactique sur les marchés et la répartition des fonds. De toute évidence, ce marché est aussi très, très tributaire des grands événements, en ce qui concerne les rapports sur l’inflation, comme celui que nous recevrons demain matin. * Je crois toutefois que le marché s’est redressé l’été dernier. On avait un rapport disant que ça montait ou descendait. Les marchés grimperaient de 2 % ou de 3 % en un après-midi. Les choses semblent s’être un peu calmées. Que devrions-nous penser de ces grands événements en ce moment? * Oui, la volatilité est probablement un peu plus faible maintenant. Je pense que les gens commencent à penser davantage à long terme plutôt que d’examiner une seule publication économique. Bien qu’aujourd’hui, on a l’impression que ça pourrait être le calme avant la tempête au cours des prochaines semaines et pour la période de publication des bénéfices. * Comme vous l’avez dit, l’IPC sera publié demain, et l’IPP, plus tard cette semaine. Fait intéressant, hier, le prix des voitures d’occasion a fortement diminué. Je pense qu’on s’attend maintenant à ce que l’IPC soit inférieur à ce qui fait consensus à l’heure actuelle. Le marché s’attend donc toujours à une hausse de la Fed de 25 autres points de base à leur réunion plus tard ce mois-ci. Toutefois, si l’IPC est inférieur au consensus, je pense que ça va atténuer en partie la pression sur la Fed et elle n’aura plus à relever le taux des fonds fédéraux par la suite. * On prévoit que l’inflation continuera de ralentir. En fait, notre équipe économique américaine prévoit que cette hausse en juillet devrait être la dernière de ce scénario de resserrement de la politique monétaire. La période de publication des bénéfices commence donc à la fin de la semaine. Les grandes mégabanques ont fourni leurs rapports, certaines banques régionales le feront au début de la semaine prochaine. Ensuite, on pourra conclure le tout les 25 et 26 avec la réunion de la Fed et voir ce que le président Powell a à dire lors de sa conférence de presse. * Pour ce qui est de la période de publication des bénéfices, ce que d’autres invités de l’émission disent sur la raison pour laquelle les banques centrales continuent de relever les taux ou menacent de le faire, est que l’économie a été plus vigoureuse que prévu. Ça pourrait se répercuter sur les bénéfices des sociétés, parce que la situation n’était peut-être pas aussi grave qu’ils le croyaient. Est-ce un bon angle de vue au début de cette période de publication des bénéfices? * Oui, je pense que cette période de publication des bénéfices sera plutôt bonne. Je pense à la situation au début de cette période, comme vous l’avez mentionné, beaucoup de gens croyaient que l’économie serait plus faible qu’elle ne l’a été. Je crois que beaucoup d’équipes de gestion ont donné des conseils assez prudents pour le deuxième trimestre. En règle générale, il est assez facile de répondre à ces attentes ou de les surpasser. * Maintenant, ce qui est difficile, c’est ce que les équipes de gestion vont publier comme prévisions de bénéfices pour le troisième trimestre. D’une part, on prévoit toujours que l’économie continuera de ralentir. On veut un ralentissement séquentiel de la croissance pour les trois prochains trimestres jusqu’à un creux au premier trimestre de l’année prochaine. Ensuite, on s’attend à ce qu’il reprenne de la vitesse. * Par conséquent, les équipes de gestion ne veulent pas nécessairement se commettre et donner des prévisions de bénéfices trop optimistes. Mais en même temps, comme l’économie résiste mieux que prévu, ils ne peuvent pas trop réduire leurs prévisions. Je pense que si quelqu’un donne des prévisions plus faibles que prévu et cause ainsi une déception dans le marché, ces actions risquent de connaître des ventes massives à court terme. * Je pense que, quand on écoute certaines sociétés et qu’on regarde leurs bénéfices pour la dernière partie du cycle, il y avait beaucoup d’avertissements de tempêtes à l’horizon, de crainte d’une récession. On s’inquiète pour les consommateurs. On s’inquiète en quelque sorte pour… une récession qui n’arrive jamais. Comment est-ce qu’on se sent... vous avez parlé d’un ralentissement de l’économie. Mais c’est différent d’une réelle récession. Qu’est-ce qu’on pense réellement des perspectives économiques? * Notre équipe spécialiste de l’économie américaine a vraiment maintenu toute l’année qu’ils n’entrevoyaient pas de récession. La probabilité était relativement élevée comparativement au passé. La probabilité d’une récession pourrait être de 30 %. Mais notre scénario de base n’a jamais été la récession. * On pense que le taux de croissance économique ralentira ces deux prochains trimestres. Mais on ne prévoit aucune contraction cette année ou l’an prochain. Je pense donc que l’économie devrait presque arriver à ce niveau pas trop chaud, pas trop froid. Je pense que ça va atténuer en grande partie les pressions inflationnistes. En fait, sur 12 mois, on prévoit que l’inflation terminera à 2 % cette année. Selon nos projections, en moyenne, l’inflation aux États-Unis devrait être juste sous les 2 % en 2024. * La Fed prendra une décision concernant les taux plus tard ce mois-ci. Ainsi, aucune autre décision ne sera prise avant l’automne. Mais il y a aussi Jackson Hole. Je pense à Jackson Hole, dans le sens où ça avait l’air un peu en dormance. On en a fait toute une histoire, puis rien ne s’est vraiment passé. Bien sûr, l’an dernier à Jackson Hole, Jerome Powell a décidé de le mener et de l’utiliser comme son forum. Entre cette décision sur les taux et un autre événement de Jackson Hole, quels signes est-ce que vous observez pour évaluer la situation? Qu’attendez-vous de la Fed? * Oui, je pense que la situation est très différente cette année pour Jackson Hole par rapport à l’année dernière. Je pense à la tendance de l’inflation l’an dernier. Elle progressait beaucoup plus que ce à quoi la Fed s’attendait, beaucoup plus élevée que les cours des marchés. Elle a atteint un sommet et n’a commencé à baisser qu’au début de l’automne dernier. Je pense que c’était beaucoup plus une priorité pour tout le monde. * L’inflation, c’est vrai, n’a pas diminué aussi rapidement que la Fed le souhaiterait, selon moi. Mais la tendance baissière se poursuit. On voit encore beaucoup d’indications de certains de ces facteurs qui ont entraîné une accélération de l’inflation l’an dernier, qui continuent de ralentir. Je ne pense pas qu’on a le même type de structure où on pourrait potentiellement voir le président Powell annoncer des changements à ses perspectives en matière de politique monétaire. [MUSIQUE]