
Certains signes laissent entrevoir un regain d’optimisme chez les consommateurs américains, malgré l’inquiétude qui persiste face à la COVID-19. Anthony Okolie et Anita Bruinsma, analyste en consommation discrétionnaire, Gestion de Placements TD, discutent des dernières tendances et de ce qu’elles révèlent sur la réouverture de l’économie.
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[MUSIQUE]
Anita, la dernière fois qu’on s’est parlé en janvier, on a discuté des perspectives du secteur de la consommation, et plus précisément de l’habillement, de la restauration et des voyages. À l’époque, les activités étaient vraiment en berne. Comment est-ce que la situation a évolué ces derniers mois?
Depuis que des restrictions ont été levées et que la vaccination a commencé, les segments du secteur de la consommation qui ont vraiment souffert de la pandémie commencent clairement à redonner signe de vie. On observe une hausse de l’achalandage dans les magasins. Les consommateurs ont retrouvé une certaine confiance et ils sont plus à l’aise de sortir. Dans l’ensemble, on constate une augmentation des dépenses dans certaines des catégories qui ont vraiment souffert.
Et c’est sûr que les gens sortent plus et vont plus souvent dans les magasins. La société ShopTrak fournit des données à ce sujet. Elles montrent que dans les magasins traditionnels, l’achalandage n’a diminué que de 8 % par rapport aux niveaux de 2019, avant la COVID. En mars dernier, on avait enregistré une baisse de 80 %. Donc on voit des progrès très nets. Surtout depuis les dernières semaines, où les gens sortent davantage. D’ailleurs, environ 60 % des Américains se disent à l’aise d’aller magasiner en ce moment.
Et si on s’intéresse plus particulièrement au segment des vêtements, on constate une forte progression ces dernières semaines, avec l’arrivée du printemps. Les ventes de vêtements dans les magasins traditionnels sont en hausse de 20 % à 40 % par rapport à avant la COVID. Il y a donc une forte demande refoulée et les gens ont hâte d’aller magasiner de nouveaux vêtements.
J’ajouterais que même si les gens retournent dans les magasins traditionnels, ils continuent de dépenser en ligne. Le commerce électronique n’a rien perdu de sa popularité. Les ventes en ligne sont presque deux fois plus fortes qu’avant la pandémie.
Et qu’en est-il des restaurants? Quelles sont les tendances? On observe des tendances semblables dans la restauration, même si la hausse est moins marquée que dans la vente au détail traditionnelle, en particulier les magasins de vêtements. Mais si on regarde le nombre de restaurants et de couverts assis, le nombre de gens qui mangent dans un restaurant est en baisse d’environ 20 % à 25 % par rapport aux niveaux d’avant la COVID. Et au début de cette année, on était à moins 60 %. On voit donc une belle amélioration, et de plus en plus de gens ont suffisamment confiance pour manger au restaurant. Dans l’ensemble, les ventes des restaurants sont environ 10 % plus élevées qu’avant COVID.
Et qu’en est-il des voyages?
Évidemment, il va falloir plus de temps au secteur des voyages pour se rétablir. La reprise sera plus lente. Mais on observe des signes encourageants. Les gens disent qu’ils se sentent plus à l’aise de voyager. Environ 40 % des Américains se déclarent à l’aise de voyager en ce moment. Et les chiffres le confirment.
Les dépenses d’hôtellerie sont en hausse. Le taux d’occupation des hôtels aux États-Unis est beaucoup plus élevé. Et même les ventes de billets d’avion commencent enfin à repartir. L’activité aérienne demeure très déprimée, mais les gens pensent à l’avenir et réservent des vols pour plus tard. Et c’est surtout le cas chez les consommateurs plus âgés, ceux qui ont été vaccinés en premier. Il y a des signes encourageants pour le secteur des voyages, même s’il reste assez plombé.
D’accord. Ce sont donc des signes positifs. Mais à ton avis, est-ce qu’on est sortis du bois ou est-ce qu’on en est encore loin?
J’entrevois difficilement une reprise directe pour le secteur de la consommation même si c’est ce qu’on souhaiterait tous. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, pour ce qui est de la mobilité, j’ai dit qu’on observait un bon achalandage dans les magasins, mais ce regain de mobilité n’est pas uniforme. Les gens ne sont toujours pas massivement revenus sur leurs lieux de travail. Il y a beaucoup moins de gens sur les routes et dans les transports en commun qu’avant la pandémie. Et puis, si on pense aux activités que les gens craignent toujours de reprendre, comme aller au cinéma et aller au gym, ces secteurs restent vraiment au point mort.
Une autre chose qui me préoccupe, ce sont les mesures de relance gouvernementales. Beaucoup d’Américains reçoivent des chèques par la poste, jusqu’à 1 400 $ par personne. Et ils en dépensent une grande partie. Ça a vraiment stimulé la consommation. Mais quand ces mesures de relance prendront fin, si le gouvernement cesse d’envoyer des chèques par la poste, il pourrait bien y avoir une baisse des dépenses de consommation. Et puis, bien sûr, on ne peut pas occulter la question des variants et de l’efficacité de la vaccination sur ces variants qui se propagent. Si on se fie aux données très récentes de la dernière semaine, la confiance des gens a diminué. Ils sont moins à l’aise de sortir en public et d’aller au restaurant. Donc c’est certainement un risque.
Mais il y a des facteurs positifs pour les dépenses de consommation. La vaccination avance vite aux États-Unis. Les consommateurs reprennent confiance. Et surtout, il y a toute cette épargne que les gens ont accumulée durant la pandémie. Et ils disent qu’ils ont l’intention de dépenser au moins une partie de cette épargne quand les activités reprendront. Voilà donc pour les signes positifs. Je dirais que dans l’ensemble, c’est tout de même mitigé.
Compte tenu des tendances dans le secteur du détail et du déploiement de la vaccination, comment investir dans ce contexte?
Eh bien, c’est un peu difficile d’investir en ce qui concerne le secteur de la consommation. Et c’est parce que beaucoup de sociétés des secteurs dont on vient de parler ont déjà affiché une remontée assez spectaculaire et leur action se négocie à un cours supérieur à celui d’avant la COVID, parfois à des sommets records. À Gestion de patrimoine, on continue de mettre l’accent sur les sociétés de grande qualité qui, selon nous, affichent de bonnes perspectives de croissance à long terme.
On privilégie la restauration, en vue de la réouverture. On détient des actions McDonald’s et Starbucks, parce qu’on pense qu’elles offrent de bonnes perspectives de croissance à long terme au-delà de la réouverture. Dans le secteur du vêtement, on aime Aritzia, TJX et les détaillants à prix réduits. Mais on détient toujours des actions de sociétés qui font partie des gagnants de la COVID et qui, selon nous, vont continuer d’être gagnantes à long terme. Des sociétés comme Home Depot et Amazon.
Anita, merci beaucoup de toutes ces explications. Et on espère te retrouver bientôt.
D’accord. Merci, Tony.
[MUSIQUE]
Anita, la dernière fois qu’on s’est parlé en janvier, on a discuté des perspectives du secteur de la consommation, et plus précisément de l’habillement, de la restauration et des voyages. À l’époque, les activités étaient vraiment en berne. Comment est-ce que la situation a évolué ces derniers mois?
Depuis que des restrictions ont été levées et que la vaccination a commencé, les segments du secteur de la consommation qui ont vraiment souffert de la pandémie commencent clairement à redonner signe de vie. On observe une hausse de l’achalandage dans les magasins. Les consommateurs ont retrouvé une certaine confiance et ils sont plus à l’aise de sortir. Dans l’ensemble, on constate une augmentation des dépenses dans certaines des catégories qui ont vraiment souffert.
Et c’est sûr que les gens sortent plus et vont plus souvent dans les magasins. La société ShopTrak fournit des données à ce sujet. Elles montrent que dans les magasins traditionnels, l’achalandage n’a diminué que de 8 % par rapport aux niveaux de 2019, avant la COVID. En mars dernier, on avait enregistré une baisse de 80 %. Donc on voit des progrès très nets. Surtout depuis les dernières semaines, où les gens sortent davantage. D’ailleurs, environ 60 % des Américains se disent à l’aise d’aller magasiner en ce moment.
Et si on s’intéresse plus particulièrement au segment des vêtements, on constate une forte progression ces dernières semaines, avec l’arrivée du printemps. Les ventes de vêtements dans les magasins traditionnels sont en hausse de 20 % à 40 % par rapport à avant la COVID. Il y a donc une forte demande refoulée et les gens ont hâte d’aller magasiner de nouveaux vêtements.
J’ajouterais que même si les gens retournent dans les magasins traditionnels, ils continuent de dépenser en ligne. Le commerce électronique n’a rien perdu de sa popularité. Les ventes en ligne sont presque deux fois plus fortes qu’avant la pandémie.
Et qu’en est-il des restaurants? Quelles sont les tendances? On observe des tendances semblables dans la restauration, même si la hausse est moins marquée que dans la vente au détail traditionnelle, en particulier les magasins de vêtements. Mais si on regarde le nombre de restaurants et de couverts assis, le nombre de gens qui mangent dans un restaurant est en baisse d’environ 20 % à 25 % par rapport aux niveaux d’avant la COVID. Et au début de cette année, on était à moins 60 %. On voit donc une belle amélioration, et de plus en plus de gens ont suffisamment confiance pour manger au restaurant. Dans l’ensemble, les ventes des restaurants sont environ 10 % plus élevées qu’avant COVID.
Et qu’en est-il des voyages?
Évidemment, il va falloir plus de temps au secteur des voyages pour se rétablir. La reprise sera plus lente. Mais on observe des signes encourageants. Les gens disent qu’ils se sentent plus à l’aise de voyager. Environ 40 % des Américains se déclarent à l’aise de voyager en ce moment. Et les chiffres le confirment.
Les dépenses d’hôtellerie sont en hausse. Le taux d’occupation des hôtels aux États-Unis est beaucoup plus élevé. Et même les ventes de billets d’avion commencent enfin à repartir. L’activité aérienne demeure très déprimée, mais les gens pensent à l’avenir et réservent des vols pour plus tard. Et c’est surtout le cas chez les consommateurs plus âgés, ceux qui ont été vaccinés en premier. Il y a des signes encourageants pour le secteur des voyages, même s’il reste assez plombé.
D’accord. Ce sont donc des signes positifs. Mais à ton avis, est-ce qu’on est sortis du bois ou est-ce qu’on en est encore loin?
J’entrevois difficilement une reprise directe pour le secteur de la consommation même si c’est ce qu’on souhaiterait tous. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, pour ce qui est de la mobilité, j’ai dit qu’on observait un bon achalandage dans les magasins, mais ce regain de mobilité n’est pas uniforme. Les gens ne sont toujours pas massivement revenus sur leurs lieux de travail. Il y a beaucoup moins de gens sur les routes et dans les transports en commun qu’avant la pandémie. Et puis, si on pense aux activités que les gens craignent toujours de reprendre, comme aller au cinéma et aller au gym, ces secteurs restent vraiment au point mort.
Une autre chose qui me préoccupe, ce sont les mesures de relance gouvernementales. Beaucoup d’Américains reçoivent des chèques par la poste, jusqu’à 1 400 $ par personne. Et ils en dépensent une grande partie. Ça a vraiment stimulé la consommation. Mais quand ces mesures de relance prendront fin, si le gouvernement cesse d’envoyer des chèques par la poste, il pourrait bien y avoir une baisse des dépenses de consommation. Et puis, bien sûr, on ne peut pas occulter la question des variants et de l’efficacité de la vaccination sur ces variants qui se propagent. Si on se fie aux données très récentes de la dernière semaine, la confiance des gens a diminué. Ils sont moins à l’aise de sortir en public et d’aller au restaurant. Donc c’est certainement un risque.
Mais il y a des facteurs positifs pour les dépenses de consommation. La vaccination avance vite aux États-Unis. Les consommateurs reprennent confiance. Et surtout, il y a toute cette épargne que les gens ont accumulée durant la pandémie. Et ils disent qu’ils ont l’intention de dépenser au moins une partie de cette épargne quand les activités reprendront. Voilà donc pour les signes positifs. Je dirais que dans l’ensemble, c’est tout de même mitigé.
Compte tenu des tendances dans le secteur du détail et du déploiement de la vaccination, comment investir dans ce contexte?
Eh bien, c’est un peu difficile d’investir en ce qui concerne le secteur de la consommation. Et c’est parce que beaucoup de sociétés des secteurs dont on vient de parler ont déjà affiché une remontée assez spectaculaire et leur action se négocie à un cours supérieur à celui d’avant la COVID, parfois à des sommets records. À Gestion de patrimoine, on continue de mettre l’accent sur les sociétés de grande qualité qui, selon nous, affichent de bonnes perspectives de croissance à long terme.
On privilégie la restauration, en vue de la réouverture. On détient des actions McDonald’s et Starbucks, parce qu’on pense qu’elles offrent de bonnes perspectives de croissance à long terme au-delà de la réouverture. Dans le secteur du vêtement, on aime Aritzia, TJX et les détaillants à prix réduits. Mais on détient toujours des actions de sociétés qui font partie des gagnants de la COVID et qui, selon nous, vont continuer d’être gagnantes à long terme. Des sociétés comme Home Depot et Amazon.
Anita, merci beaucoup de toutes ces explications. Et on espère te retrouver bientôt.
D’accord. Merci, Tony.
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