
La TD a acquis Greystone Capital Management, de Regina, pour former le plus important gestionnaire de fonds du Canada. Bruce Cooper, chef de la direction et chef des placements, Gestion de Placements TD et Robert Vanderhooft, chef de la direction et chef des placements, Gestion de Placements Greystone TD discutent des occasions et des défis liés aux placements non traditionnels.
[MUSIQUE]
Bonjour et bienvenue à l’émission. Merci d’être des nôtres. L’an dernier, la TD a acquis, pour une somme de 792 M$, Greystone Capital Management, établie à Regina, formant ainsi le plus important gestionnaire d’actifs au Canada. J’ai discuté avec Bruce Cooper, chef de la direction et chef des placements à GPTD, et Robert Vanderhooft, qui occupe les mêmes postes à Gestion de Placements Greystone TD. J’ai demandé à Bruce de nous expliquer le raisonnement stratégique de l’acquisition.
Oui, je crois qu’il y avait trois choses auxquelles j’ai pensé. L’une d’elles étant l’ajout de certaines des capacités de Greystone, surtout au niveau des placements non traditionnels, notamment l’immobilier, les infrastructures, les prêts hypothécaires, mais aussi les actions chinoises et internationales, soit d’excellentes capacités. Nous trouvions que la compatibilité culturelle était très solide. Rob et moi avions passé beaucoup de temps ensemble, et nous pensions vraiment que les équipes s’entendraient bien.
Finalement, je pense qu’il était aussi question d’occasions de croissance. Nous pensions que la transaction nous permettrait d’accélérer la croissance des deux entreprises. Nous pensons, par exemple, offrir certaines des capacités de Greystone à nos clients institutionnels, ainsi qu’à nos clients à valeur nette élevée, en plus de lancer de nouveaux produits. Les placements immobiliers mondiaux sont l’un des secteurs sur lesquels nous avons misé. Alors beaucoup d’occasions de croissance découlent de la fusion des deux entreprises.
D’accord, je vous ai aussi entendu dire que vous aviez rassemblé en un seul endroit la plus vaste gamme de produits au Canada. Vous disiez qu’il s’agissait vraiment d’une bonne chose pour les deux entreprises.
Oui, pour nous, c’était très logique, puisque nous étions assez bons pour développer des produits de placement. Par ailleurs, nous n’avions pas autant de canaux de distribution que la TD, alors nous voulions un partenaire qui nous aiderait à tirer parti de notre croissance. Et pour nous, cela signifiait une distribution accrue de nos produits. En termes de produits, il y avait un petit chevauchement, nous amenant à rassembler la gamme de produits au Canada, et nous sommes très heureux du résultat.
Bruce, vous parliez des capacités de Greystone. Rob, j’aimerais qu’on en parle davantage et que vous nous donniez plus de détails. Tout d’abord, nous parlons de placements non traditionnels, qui sont assez traditionnels. Je sais que vous croyez que les gens devraient vraiment avoir ce type de placements dans leur portefeuille.
Oui, tout à fait. Pour ce qui est de l’immobilier, nous avons un portefeuille d’une valeur de 17 milliards de dollars avec des placements partout au Canada. Il est diversifié sur le plan des régions, mais aussi des types de propriétés-- bureaux, industries, commerces de détail, et immeubles multirésidentiels.
Par exemple, il y a environ deux ans, nous avons acheté le Constitution Square à Ottawa. Il s’agissait de la plus importante transaction de l’histoire d’Ottawa, soit environ 480 M$ pour ces immeubles à bureaux. C’est un exemple de placement immobilier au sein du portefeuille.
Les prêts hypothécaires sont un exemple semblable en termes de diversification par régions et par types de propriétés. Nous agissons à titre de prêteur pour des projets immobiliers commerciaux au Canada. Comme le Bay Adelaide Centre-- nous en avons une partie. En fait, nous avons une partie du prêt hypothécaire, et Brookfield Property Partners est l’emprunteur. C’est un exemple de prêt hypothécaire que nous avons au Canada.
Pour ce qui est des infrastructures, pourriez-vous aussi nous en dire plus-- nous décrire la catégorie d’actif et nous donner des exemples de placements?
Oui, les infrastructures sont des actifs générant des flux de trésorerie à long terme. Par exemple, les actifs lié à la production et à la distribution d’électricité. Aux États-Unis, nous avons des installations d’énergie solaire qui génèrent de l’électricité pour des entreprises, mais aussi pour des services publics. En Irlande, nous avons des parcs éoliens. Voici des exemples d’actifs du segment des infrastructures. Une fois de plus, nous misons sur des actifs à long terme qui génèrent d’importants flux de trésorerie.
Finalement, pour ce qui est des actions internationales et chinoises, ce qu’il y a de très intéressant, c’est que vous avez des gens sur le terrain à Hong Kong. Et vous avez accès à un marché qui est inaccessible pour de nombreux investisseurs.
Exact. Oui, pour les actions chinoises de revenu et de croissance, nous avons une équipe à Hong Kong depuis un peu plus de quatre ans, et une autre équipe pour les produits depuis plus de quatre ans également. Il s’agit d’un produit à faible volatilité dans un marché à forte volatilité. Et nous avons réalisé que notre capacité de réaliser un rendement excédentaire en Chine est importante, puisque le pays est toujours, en termes de marchés financiers, au stade du développement par rapport aux marchés pleinement développés comme les États-Unis. Ainsi, nous avons pu utiliser nos capacités de gestion des actions pour ajouter une valeur importante dans ces segments.
Bruce, je sais qu’il y a eu un engouement entourant les capacités de Greystone. Quand seront-elles offertes au public?
Oui. Eh bien, certaines sont déjà offertes, et d’autres seront offertes bientôt. Du côté de notre clientèle institutionnelle, les capacités de Greystone TD et de Gestion de Placements TD ont été regroupées afin d’offrir une solution aux clients. C’est très excitant.
Pour les clients à valeur nette élevée, nous avons déjà lancé un produit qui intègre les capacités de Greystone TD en matière de prêts hypothécaires. De plus, nous avons hâte de lancer un produit qui intégrera les infrastructures immobilières dans la deuxième moitié de l’année. Nous avons aussi très hâte d’offrir des actifs immobiliers mondiaux, comme je mentionnais dès le début, et ce, dans la deuxième moitié de l’année également. Alors de nombreuses nouveautés à venir.
En outre, nous prévoyons ajouter des actions chinoises à nos fonds communs de placement plus tard cette année. Pour ce qui est des actions internationales, Greystone TD gère déjà pour nous l’un de nos fonds d’actions internationales. Beaucoup de progrès ont déjà été effectués.
Je vois. Et je dois mentionner que, pour les actions chinoises, il y a aussi des gens sur le terrain à Hong Kong.
D’accord. Oui. Nous avons une équipe à Hong Kong depuis quatre ou cinq ans. Initialement, le bureau était à Beijing. Nous l’avons déménagé à Hong Kong, et gérons un produit d’actions chinoises depuis plus de quatre ans.
Vous avez aussi annoncé-- et cette acquisition a bien sûr eu lieu il y a plusieurs mois-- que Rob prendrait le poste de chef des placements de Gestion de Placements TD. Et vous occuperez uniquement le poste de chef de la direction à temps plein. Pourquoi? Pourquoi cette transition?
Oui. Eh bien, pour quelques raisons-- l’entreprise continue de croître, et je crois que d’être en mesure de me concentrer sur le poste de chef de la direction sera très important. C’est une grande entreprise et de grandes responsabilités. J’ai très hâte de pouvoir me consacrer entièrement à ce poste.
J’ai tout aussi hâte que Rob occupe son nouveau poste à GPTD. Il compte 20 ans d’expérience à titre de chef des placements. Et pensez à la continuité, à l’accent mis par Rob sur l’excellence en matière de placement. Nous sommes là pour nos clients. Nous sommes là pour leur offrir de bons résultats, sur le plan du rendement, mais aussi en rassemblant des produits pour former des solutions. Je pense que notre façon de voir les choses a toujours été très semblable chez GPTD et chez Greystone TD.
Nous surpondérons les actions depuis très longtemps. Et nous avons ramené ces pondérations près de celles de l’indice de référence. Des actions à long terme offrant des rendements raisonnablement concurrentiels. Mais puisque le cycle progresse, nous avons réduit en partie les risques. Nous les avons réduits, en raison de la hausse globale de la volatilité boursière.
Et les tensions commerciales semblent éclipser ce qui se passe sur les marchés et génèrent une grande volatilité. Actuellement, on remarque une certaine dichotomie à ce niveau entre le marché boursier et le marché des titres à revenu fixe. Et cela crée aussi beaucoup de volatilité.
Oui. Et, selon moi, c’est ce qui est difficile, faire fi du brouhaha et se concentrer sur ce que nous faisons vraiment. Mais l’agitation ne fait qu’augmenter avec les menaces de tarifs douaniers, lesquels sont presque en vigueur pour le Mexique. Et la Fed parle maintenant de réduire davantage les taux. Je croyais, il y a des années, que nous étions sur le point de sortir du contexte de faibles taux.
Oui. Alors, quelques points à souligner. Sur le plan du commerce, la journée après l’élection du président Donald Trump, nous avons publié un article dans lequel nous disions que les marchés allaient apprécier trois choses de Donald Trump et ne pas apprécier deux choses. Les choses que nous pensions qu’ils aimeraient étaient les baisses d’impôt, la déréglementation et les infrastructures. Nous n’avons pas vu grand-chose en termes d’infrastructures, bien que nous en ayons beaucoup entendu parler, mais les baisses d’impôt et la déréglementation ont été d’importants moteurs de croissance.
Et les deux choses que nous pensions qu’ils n’aimeraient pas étaient son approche en matière de commerce et sa prise de décision erratique. Et je crois que nous en avons été témoins.
Donc, ce n’est rien de nouveau. C’est profondément ancré dans la façon de diriger de Donald Trump. Ça crée de la volatilité, comme l’a dit Rob. Nous espérons toujours qu’une entente soit conclue entre la Chine et les États-Unis. Le commerce est un grave problème. Dans une certaine mesure, c’est devenu un problème bipartisan aux États-Unis; tant les démocrates que les républicains s’inquiétent de certains éléments de l’approche de la Chine en matière de croissance.
Une chose qui est fascinante, à mon avis, c’est que nous avons tous une vision claire de ce qui s’est passé sur les marchés boursiers. Nous les avons vus évoluer. Mais en termes de manchettes, nous n’avons pas cette même vision, ou du moins, je n’ai pas cette même vision des marchés privés et des infrastructures, entre autres. Alors je présume que c’est exactement pourquoi ces types de placements sont si intéressants. Ils procurent une stabilité.
Exactement. Et tous ces placements sont assortis d’une importante composante de revenu.
En effet.
Cette composante de revenu à long terme a tendance à afficher un plus faible niveau de volatilité. Les évaluations évoluent au fil du temps, mais certainement moins que celles des marchés boursiers. C’est un autre des avantages. Si l’on prend l’immobilier, les infrastructures, et certainement les prêts hypothécaires, la plupart des rendements--80 % des rendements de l’immobilier proviennent du revenu depuis les 15 ou 20 dernières années.
Une fois de plus, il y a très peu de fluctuations. Ça tourne autour de 4,5 %, 4,4 %. Pour l’immobilier, on parle du bénéfice d’exploitation net, donc c’est un assez bon rendement. De plus, ce rendement augmente d’environ 3,3 % par année. Encore une fois, cela donne lieu à un plus faible niveau de volatilité.
Quelles sont vos perspectives à l’égard du marché de l’immobilier commercial? Il importe, bien sûr, de comprendre l’état des paramètres économiques, comme le marché canadien de l’immobilier urbain, par exemple. Est-il vigoureux? Quels éléments doit-on prendre en considération?
N’oublions pas que le bénéfice d’exploitation net demeure très intéressant dans les segments de la croissance et du revenu. Et il n’y a pas de construction excessive dans les marchés du Canada. Prenons l’Ontario comme exemple, sur le marché industriel de Toronto, les taux d’inoccupation sont très très bas. Par conséquent, le prix des loyers continue d’augmenter.
Il y a de nouveaux développements, mais c’est difficile de trouver des terrains non exploités et zonés industriel près de Toronto, en raison de la ceinture verte, c’est pourquoi les taux d’inoccupation sont si bas. Les taux sont généralement assez bas partout au Canada, à l’exception de l’Alberta, qui est dominée par le pétrole.
Dernière question pour vous, Bruce. Si l’on parle d’offres futures, vous avez mentionné des courtiers immobiliers internationaux et un fonds immobilier mondial, pensez-vous à d’autres produits que vous allez lancer?
Eh bien, non, nous sommes plutôt débordés pour les 12 prochains mois. Et notre objectif n’est pas d’offrir une centaine de petits produits, mais bien quelques produits qui sont très excitants et qui peuvent jouer un rôle important dans les portefeuilles des clients, selon nous.
Pour ce qui est de l’immobilier mondial, nous croyons qu’il n’y a pas tant de produits immobiliers mondiaux au Canada. Alors nous sommes excités d’offrir aux clients quelque chose qu’ils peuvent utiliser. Même chose pour les actions chinoises. Il n’existe pas une tonne de produits dans ce segment, alors nous voulons proposer quelque chose d’intéressant, qui peut jouer un rôle dans les portefeuilles des clients et vraiment avoir un impact.
Bruce, Rob, merci beaucoup.
C’est un plaisir.
Merci.
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