Après plusieurs mois de fortes hausses de taux, l’inflation montre enfin des signes d’assouplissement. Greg Bonnell discute avec Chris Whelan, stratège principal, Taux Canada à Valeurs Mobilières TD, de ce que cela signifie pour les taux et l’économie cette année.
Print Transcript
Les investisseurs reçoivent des signaux assez clairs des banques centrales, après près d’un an de fortes hausses de taux, l’inflation semble aller dans la bonne direction. Qu’est-ce que cela signifie pour les taux d’intérêt dans l’économie cette année? Chris Whelan, stratège principal, Taux Canada, Valeurs Mobilières TD, se joint à nous. C’est un plaisir de vous revoir ici.
Merci. Merci de m’accueillir.
De toute évidence, l’événement de la semaine, c’était la Fed. C’était hier après-midi. Mais la semaine dernière, c’était la Banque du Canada. On a entendu aujourd’hui des représentants de la Banque d’Angleterre. La grande question est de savoir si on estime qu’après toutes ces hausses de taux agressives et les difficultés qui ont touché tant de catégories d’actifs, la lutte contre l’inflation commence à donner des résultats.
Je pense que c’est exactement ce que le marché nous dit en ce moment. La Banque du Canada a commencé avec la pause. Elle a annoncé une pause. Et on croit sur parole qu’elle fait une pause… On est nerveux, mais on la croit.
Puis, on a la Fed hier, et ce n’était pas facile de déterminer le type de réunion au début. Mais quand on prend du recul et qu’on regarde la réaction du marché, on a des actions positives. Les taux obligataires sont en baisse. C’est un peu comme si la mission était accomplie, on est content de nous.
L’économie nous montre que… le marché boursier nous indique que l’économie a encore un peu d’argent dans le réservoir. Je pense que tout le monde se demande si on entre ou non en récession. Et, si c’est le cas, est-ce que ce sera une récession grave? On se demande tous comment ça va évoluer et il faudra juste attendre de voir.
Je pense qu’à l’heure actuelle, le marché obligataire fait baisser les taux. Le marché obligataire estime que la Fed est plus dépendante aux données, c’est un peu la tendance. Et c’est pourquoi les taux ont fortement réagi hier. Ça tient aujourd’hui et il faudra faire un suivi.
Je pense donc que les hausses fonctionnent. L’inflation ralentit. Je pense qu’il y a de plus en plus de consensus dans ce sens, et avec raison, selon moi. Le consensus n’est pas toujours mauvais et je pense vraiment que l’inflation va fléchir. Pour le moment, on va considérer ça comme un signe sain et se dire que tout va bien pour le moment.
Oui, la Fed a indiqué que, même si elle estimait… et le président Powell a utilisé le mot déflationniste à un moment donné durant cette conférence de presse. Mais il a dit qu’il restait encore du travail, que ce n’était pas terminé. Elle n’a pas donné le même signal que la Banque du Canada, donc on continue à se demander ce qu’il en est. Elle a dit qu’elle allait devoir encore augmenter un peu les taux d’intérêt.
Donc, d’après ce qu’on observe et certaines des données qu’on reçoit, je ne vais pas vous demander une réelle prévision, mais avez-vous une idée de quand la Fed estimera-t-elle qu’elle peut arrêter? Est-ce qu’on va avoir une augmentation de plus? Ou deux de plus? Quel est le ressenti…
Oui, on pense que ce sera une à deux augmentations de plus. On verra. Il y a des risques. Eh bien, cette sensibilité aux données, ça augmente, on a une sensibilité plus faible aux données au Canada pour le prochain mois ou les deux prochains mois au Canada, parce que la Banque du Canada fait une pause. Elle va faire le point sur ce à quoi ressembleront les deux prochains mois. On a reçu beaucoup de données rétrospectives. On va commencer à obtenir les données de 2023 en février et en mars. Les banques canadiennes font donc le point.
Aux États-Unis, ils sont un peu plus sensibles aux données, car un ralentissement important signifie une augmentation ou rien. Et une accélération importante signifie deux augmentations ou même plus. Le scénario actuel est fortement axé sur les données aux États-Unis, et c’est moins le cas au Canada. Je pense que c’est le genre de régime vers lequel on va d’ici un mois ou deux. Je pense que ça dépend vraiment de votre point de vue.
Et si on examine le marché boursier, il est probable qu’il nous indique que les données vont tenir un peu plus longtemps. On privilégie donc une ou deux augmentations de plus, plutôt que l’arrêt des hausses. Voilà où on en est à la stratégie à la TD.
Les rapports mensuels qu’on reçoit montrent clairement que l’inflation va dans la bonne direction, qu’elle est plus faible, bien qu’elle soit encore élevée. C’est ce qu’a déclaré la Fed. C’est aussi ce que d’autres banques centrales indiquent. Qu’est-ce qui pourrait relancer l’inflation? Après avoir fait cette pause, qu’est-ce qui ferait que la banque centrale nous dise que ce n’est pas terminé?
Si l’économie résiste plus longtemps, comme le marché boursier le montre. La vigueur générale de l’économie peut compliquer la tâche de diminution de l’inflation. Et puis, il y a le pétrole. Le pétrole est un important facteur d’inflation, ce n’est pas nécessairement un facteur important en soi, mais il a tendance à être fortement corrélé avec l’inflation.
Donc, si la reprise du pétrole est plus forte en raison de la réouverture de la Chine, l’économie pourrait résister, les réserves pourraient être réduites dans une plus grande mesure, il y a beaucoup de déclarations à ce sujet dans votre émission qui pourraient pousser cette idée plus loin… on pourrait avoir un double sommet du taux d’inflation.
Et je pense qu’en ce moment, que vous soyez confus ou non, le marché obligataire commence à montrer qu’il est acceptable de revenir aux obligations. Le marché boursier apprécie que les taux commencent à plafonner. On n’est pas sûr de l’économie, mais on n’en a pas trop peur. C’est pourquoi on obtient la réaction positive des marchés pour les actions et pour les obligations.
Eh bien, toutes ces hausses de taux ont été fascinantes pour tenter de réduire l’inflation en freinant l’économie. De nombreuses banques centrales, dont la nôtre, ont déclaré qu’il faudrait voir des difficultés dans le marché de l’emploi. On n’a pas vraiment vu ces difficultés, alors je commence à me demander si on peut réellement freiner l’inflation, la ramener vers la fourchette cible sans dommages graves au marché du travail? Ces deux choses peuvent-elles coexister?
Sans les dommages… Je pense que la question actuellement… L’économie peut-elle endurer la souffrance? Le marché de l’emploi peut-il maintenir le cap? Arrive-t-on à un point où le marché de l’emploi est trop fort? Les mises à pied font les manchettes, mais on voit que les personnes licenciées retrouvent un emploi assez rapidement.
Et vous avez… on a des mises à pied en raison du ralentissement de l’économie, nos préoccupations à ce sujet, mais on a un marché de l’emploi fort où on peut retrouver un emploi immédiatement. C’est une dynamique sur laquelle on n’a pas beaucoup de précédents historiques récents. Ces tendances peuvent-elles coexister? Il est difficile de dire que c’est impossible, mais aussi de voir comment c’est possible.
[LAUGHS] Ce n’est pas évident.
Il n’est pas facile de répondre, mais je pense qu’elles peuvent coexister. Il faut comprendre qu’on vient d’un assez bon niveau d’activité économique. Une récession est un rythme de changement. On peut donc passer d’un niveau élevé à un niveau moyen et être en récession.
Mais dans ce contexte, pourquoi le marché boursier est-il si positif en ce moment? C’est peut-être une histoire de positionnement, et beaucoup de gens sont peut-être trop défensifs en ce moment. Mais cela pourrait aussi nous indiquer que l’activité économique pourrait ralentir, mais il ne s’agira pas d’un repli considérable, une récession profonde, des pertes d’emplois, une situation sombre. Donc ça peut coexister, mais il peut s’agir d’une diminution de l’activité économique. Un atterrissage en douceur est peut-être en jeu. Ces tendances économiques positives peuvent durer beaucoup plus longtemps que prévu. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
Les investisseurs reçoivent des signaux assez clairs des banques centrales, après près d’un an de fortes hausses de taux, l’inflation semble aller dans la bonne direction. Qu’est-ce que cela signifie pour les taux d’intérêt dans l’économie cette année? Chris Whelan, stratège principal, Taux Canada, Valeurs Mobilières TD, se joint à nous. C’est un plaisir de vous revoir ici.
Merci. Merci de m’accueillir.
De toute évidence, l’événement de la semaine, c’était la Fed. C’était hier après-midi. Mais la semaine dernière, c’était la Banque du Canada. On a entendu aujourd’hui des représentants de la Banque d’Angleterre. La grande question est de savoir si on estime qu’après toutes ces hausses de taux agressives et les difficultés qui ont touché tant de catégories d’actifs, la lutte contre l’inflation commence à donner des résultats.
Je pense que c’est exactement ce que le marché nous dit en ce moment. La Banque du Canada a commencé avec la pause. Elle a annoncé une pause. Et on croit sur parole qu’elle fait une pause… On est nerveux, mais on la croit.
Puis, on a la Fed hier, et ce n’était pas facile de déterminer le type de réunion au début. Mais quand on prend du recul et qu’on regarde la réaction du marché, on a des actions positives. Les taux obligataires sont en baisse. C’est un peu comme si la mission était accomplie, on est content de nous.
L’économie nous montre que… le marché boursier nous indique que l’économie a encore un peu d’argent dans le réservoir. Je pense que tout le monde se demande si on entre ou non en récession. Et, si c’est le cas, est-ce que ce sera une récession grave? On se demande tous comment ça va évoluer et il faudra juste attendre de voir.
Je pense qu’à l’heure actuelle, le marché obligataire fait baisser les taux. Le marché obligataire estime que la Fed est plus dépendante aux données, c’est un peu la tendance. Et c’est pourquoi les taux ont fortement réagi hier. Ça tient aujourd’hui et il faudra faire un suivi.
Je pense donc que les hausses fonctionnent. L’inflation ralentit. Je pense qu’il y a de plus en plus de consensus dans ce sens, et avec raison, selon moi. Le consensus n’est pas toujours mauvais et je pense vraiment que l’inflation va fléchir. Pour le moment, on va considérer ça comme un signe sain et se dire que tout va bien pour le moment.
Oui, la Fed a indiqué que, même si elle estimait… et le président Powell a utilisé le mot déflationniste à un moment donné durant cette conférence de presse. Mais il a dit qu’il restait encore du travail, que ce n’était pas terminé. Elle n’a pas donné le même signal que la Banque du Canada, donc on continue à se demander ce qu’il en est. Elle a dit qu’elle allait devoir encore augmenter un peu les taux d’intérêt.
Donc, d’après ce qu’on observe et certaines des données qu’on reçoit, je ne vais pas vous demander une réelle prévision, mais avez-vous une idée de quand la Fed estimera-t-elle qu’elle peut arrêter? Est-ce qu’on va avoir une augmentation de plus? Ou deux de plus? Quel est le ressenti…
Oui, on pense que ce sera une à deux augmentations de plus. On verra. Il y a des risques. Eh bien, cette sensibilité aux données, ça augmente, on a une sensibilité plus faible aux données au Canada pour le prochain mois ou les deux prochains mois au Canada, parce que la Banque du Canada fait une pause. Elle va faire le point sur ce à quoi ressembleront les deux prochains mois. On a reçu beaucoup de données rétrospectives. On va commencer à obtenir les données de 2023 en février et en mars. Les banques canadiennes font donc le point.
Aux États-Unis, ils sont un peu plus sensibles aux données, car un ralentissement important signifie une augmentation ou rien. Et une accélération importante signifie deux augmentations ou même plus. Le scénario actuel est fortement axé sur les données aux États-Unis, et c’est moins le cas au Canada. Je pense que c’est le genre de régime vers lequel on va d’ici un mois ou deux. Je pense que ça dépend vraiment de votre point de vue.
Et si on examine le marché boursier, il est probable qu’il nous indique que les données vont tenir un peu plus longtemps. On privilégie donc une ou deux augmentations de plus, plutôt que l’arrêt des hausses. Voilà où on en est à la stratégie à la TD.
Les rapports mensuels qu’on reçoit montrent clairement que l’inflation va dans la bonne direction, qu’elle est plus faible, bien qu’elle soit encore élevée. C’est ce qu’a déclaré la Fed. C’est aussi ce que d’autres banques centrales indiquent. Qu’est-ce qui pourrait relancer l’inflation? Après avoir fait cette pause, qu’est-ce qui ferait que la banque centrale nous dise que ce n’est pas terminé?
Si l’économie résiste plus longtemps, comme le marché boursier le montre. La vigueur générale de l’économie peut compliquer la tâche de diminution de l’inflation. Et puis, il y a le pétrole. Le pétrole est un important facteur d’inflation, ce n’est pas nécessairement un facteur important en soi, mais il a tendance à être fortement corrélé avec l’inflation.
Donc, si la reprise du pétrole est plus forte en raison de la réouverture de la Chine, l’économie pourrait résister, les réserves pourraient être réduites dans une plus grande mesure, il y a beaucoup de déclarations à ce sujet dans votre émission qui pourraient pousser cette idée plus loin… on pourrait avoir un double sommet du taux d’inflation.
Et je pense qu’en ce moment, que vous soyez confus ou non, le marché obligataire commence à montrer qu’il est acceptable de revenir aux obligations. Le marché boursier apprécie que les taux commencent à plafonner. On n’est pas sûr de l’économie, mais on n’en a pas trop peur. C’est pourquoi on obtient la réaction positive des marchés pour les actions et pour les obligations.
Eh bien, toutes ces hausses de taux ont été fascinantes pour tenter de réduire l’inflation en freinant l’économie. De nombreuses banques centrales, dont la nôtre, ont déclaré qu’il faudrait voir des difficultés dans le marché de l’emploi. On n’a pas vraiment vu ces difficultés, alors je commence à me demander si on peut réellement freiner l’inflation, la ramener vers la fourchette cible sans dommages graves au marché du travail? Ces deux choses peuvent-elles coexister?
Sans les dommages… Je pense que la question actuellement… L’économie peut-elle endurer la souffrance? Le marché de l’emploi peut-il maintenir le cap? Arrive-t-on à un point où le marché de l’emploi est trop fort? Les mises à pied font les manchettes, mais on voit que les personnes licenciées retrouvent un emploi assez rapidement.
Et vous avez… on a des mises à pied en raison du ralentissement de l’économie, nos préoccupations à ce sujet, mais on a un marché de l’emploi fort où on peut retrouver un emploi immédiatement. C’est une dynamique sur laquelle on n’a pas beaucoup de précédents historiques récents. Ces tendances peuvent-elles coexister? Il est difficile de dire que c’est impossible, mais aussi de voir comment c’est possible.
[LAUGHS] Ce n’est pas évident.
Il n’est pas facile de répondre, mais je pense qu’elles peuvent coexister. Il faut comprendre qu’on vient d’un assez bon niveau d’activité économique. Une récession est un rythme de changement. On peut donc passer d’un niveau élevé à un niveau moyen et être en récession.
Mais dans ce contexte, pourquoi le marché boursier est-il si positif en ce moment? C’est peut-être une histoire de positionnement, et beaucoup de gens sont peut-être trop défensifs en ce moment. Mais cela pourrait aussi nous indiquer que l’activité économique pourrait ralentir, mais il ne s’agira pas d’un repli considérable, une récession profonde, des pertes d’emplois, une situation sombre. Donc ça peut coexister, mais il peut s’agir d’une diminution de l’activité économique. Un atterrissage en douceur est peut-être en jeu. Ces tendances économiques positives peuvent durer beaucoup plus longtemps que prévu. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]