Malgré les prix de l’or qui ont atteint des sommets récemment, les actions des sociétés aurifères ont tiré de l’arrière. Jennifer Nowski, vice-présidente, directrice et gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, discute des perspectives pour le secteur et des répercussions pour les investisseurs.
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Un nouveau rapport sur l'inflation plus élevée que prévu aux États-Unis incite les investisseurs à se demander quand la Fed pourrait être prête à réduire les taux d'intérêt et qu'est-ce que cela pourrait signifier pour la récente hausse record de l'or. Jennifer Nowski de Gestion de placements TD nous rejoint pour en discuter. Jennifer, bonjour.
Bonjour, Greg.
Nous avons beaucoup de questions en tant qu'investisseurs quant à la trajectoire de l'avenir. Nous en avons toujours. Parlons de la montée récente de l'or. Les records sont pulvérisés.
La remontée de l'or que nous avons constatée a puissamment contribué à la demande des banques centrales. Les banques centrales sont acheteuses nettes d'or depuis plus d'une décennie. Elles cherchent à diversifier leurs réserves et s'éloigner du dollar américain. Depuis deux ans, les achats des banques centrales ont été historiquement élevés. Ces tendances se sont poursuivies, mais en plus, une baisse de la demande des investisseurs en ce qui concerne les sorties de fonds des FNB d'or métal. Le rendement du bon du Trésor américain était à -1% fin 2021. Aujourd'hui, il est à plus de 2%. C'est un concurrent pour l'or qui ne rapporte pas de rendement. Cela se voit d'après les sorties de fonds des FNB d'or métal. Mais les perspectives de taux pourraient changer. L'inflation a reculé par rapport au sommet qu'elle avait atteint et le marché envisage de plus en plus que la Fed va réduire les taux. Cela fait encore débat sur les marchés, comme vous y avez fait allusion. Quant aux statistiques de l'inflation, les taux ainsi que le cours de l'or évoluent en fonction des attentes à l'égard des coupures par la Fed. S'il y a des coupures de taux par la Fed, cela pourrait réduire les rendements réels et ce serait une tendance positive pour l'or et pourrait renouveler l'intérêt des investisseurs.
Il se passe beaucoup de choses intéressantes au niveau du métal précieux et de la montée de son cours. Que dire des actions de mines d'or? Comment se comportent-elles?
En 2023, les mines d'or étaient en hausse de presque 5% alors que le cours de l'or a progressé de 13%. Les mines d'or sont à la traîne, surtout à cause des coûts. Comme dans le reste de l'économie, les sociétés minières ont vu une augmentation de leurs coûts: main-d'œuvre, carburant, autres intrants, tout augmente. Quant aux perspectives d'augmentation de coûts, selon les orientations données pour 2024, il y aura une hausse de coût en 2024 mais ce ne sera pas ou du moins probablement pas aussi important que depuis deux ans environ. Il y a un autre facteur qui pourrait être propice au niveau des coûts, c'est si le fonctionnement des mines se passait mieux. L'an dernier, certaines des mines ont connu des difficultés au niveau de l'exploitation, ce qui a eu des conséquences au niveau des coûts. Si l'exploitation s'améliore et que le cours de l'or remonte, cela sera favorable aux actions de mines d'or. Quand on parle des actions de mines d'or, il y a toute une gamme de types de sociétés, de profils de risque, allant depuis les sociétés d'exploration qui n'ont pas de production jusqu'aux producteurs historiques qui ont plusieurs mines et une vaste base de production. Dans ce groupe de sociétés de mines d'or à grande capitalisation historique, les choses ont changé par rapport au point où elles étaient dans le dernier cycle. Financièrement, elles sont bien mieux placées. Les niveaux de dette sont au bas de l'échelle avec le rapport de la nette dette au BAIIA pour les mineurs historiques à cinq ou six fois, et les immobilisations sont moins élevées. À 2000 $ l'once, le groupe de sociétés de mines historiques rapporte 3,5%. Non seulement l'or métal, le métal précieux, mais encore les sociétés qui l'extraient.
Que dire du secteur de l'énergie? Le brut a également beaucoup évolué et fluctué.
Le cours du pétrole continuera d'être limité dans une certaine fourchette. Le marché est très équilibré. La clé réside dans l'OPEP+ et sa discipline en ce qui concerne le maintien d'une production de base. Quant à la demande de pétrole, 2023 a été une très bonne année, surtout parce que la Chine a mis fin à son confinement et la demande de pétrole y a rebondi. Cette année, il est probable que la demande de pétrole reprendra sa corrélation normale avec la croissance du PIB mondial. Elle pourrait être quelque peu positive, mais pas dans la même envergure que l'an dernier. C'est l'offre où la situation est plus mitigée. Il y a certaines régions du monde où l'approvisionnement augmente. Les États-Unis, la Guyane. Il y a en revanche l'OPEP+ qui a maintenu la production artificiellement basse afin de maintenir l'équilibre du marché. Pour cette raison, les pays de l'OPEP+ ont actuellement une capacité excédentaire. Il faut que cette discipline se poursuive à l'OPEP+ pour que le marché demeure équilibré.
Quand on voit le cours du produit, le brut, qui fluctue dans une certaine fourchette comme vous l'avez dit, qu'est-ce que ça signifie pour les actions de pétrole et de gaz?
Les actions, le cours va être influencé par le cours de l'or, mais les données fondamentales des entreprises sont très bonnes. Avec les cours très élevés du pétrole depuis quelques années, les sociétés pétrolières ont pu se désendetter considérablement. La dette nette au BAIIA pour les titres à grande capitalisation est de 0,6 fois. La discipline au niveau de la répartition des capitaux est à l'ordre du jour pour ces entreprises et cela se poursuit. Elles n'ont pas engagé de plan d'immobilisation très audacieux. Les orientations pour 2024 viennent de paraître pour tout le secteur. Cela varie, mais les immobilisations semblent échangées. La production légèrement en hausse. Cette discipline se poursuit et le flux de trésorerie disponible engendré par ces entreprises, il est important à ces cours-là, est restitué aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachat d'actions. Il y a eu certaines fusions et acquisitions dans le secteur, mais globalement, je pense que cela n'a pas dilué la concentration. À 75$ du brut de référence, les compagnies historiques dégageraient un flux de trésorerie disponible dans le haut de la fourchette de 0 à 10%.
Nous avons parlé de l'or, nous avons parlé de l'énergie et du pétrole; parlons du cuivre.
Je suis optimiste à l'égard du cuivre pour un an à venir environ. Au niveau de l'offre, il y a un certain nombre de difficultés. La demande de cuivre est sans doute plus élevée qu'on l'avait prévu l'an dernier, surtout à cause de la Chine. La Chine a eu des difficultés avec son marché immobilier. En revanche, il y a eu des dépenses continues en matière d'infrastructure, surtout pour la transition énergétique, les énergies renouvelables et le réseau électrique. Au niveau de l'offre, c'est cela qui a beaucoup changé les perspectives pour 2024. L'an dernier, la production du Chili était en baisse. les orientations de entreprises pour 2024, une ou deux entreprises étaient moins ambitieuses au niveau du cuivre, ce qui a réduit les pronostics de production de cuivre, mais également à cause de problèmes géopolitiques. La mine de Cobre Panama a été arrêtée, ce qui réduit d'autant l'offre. Les perspectives de la mine de Cobre Panama sont très incertaines. Les marchés attendent la prochaine élection au Panama pour connaître l'avenir de cette mine. D'ici là, la balance du marché de cuivre semble très serrée, les stocks sont faibles, et ça, c'est favorable au cours.
Excellent début d'émission!
Bonjour, Greg.
Nous avons beaucoup de questions en tant qu'investisseurs quant à la trajectoire de l'avenir. Nous en avons toujours. Parlons de la montée récente de l'or. Les records sont pulvérisés.
La remontée de l'or que nous avons constatée a puissamment contribué à la demande des banques centrales. Les banques centrales sont acheteuses nettes d'or depuis plus d'une décennie. Elles cherchent à diversifier leurs réserves et s'éloigner du dollar américain. Depuis deux ans, les achats des banques centrales ont été historiquement élevés. Ces tendances se sont poursuivies, mais en plus, une baisse de la demande des investisseurs en ce qui concerne les sorties de fonds des FNB d'or métal. Le rendement du bon du Trésor américain était à -1% fin 2021. Aujourd'hui, il est à plus de 2%. C'est un concurrent pour l'or qui ne rapporte pas de rendement. Cela se voit d'après les sorties de fonds des FNB d'or métal. Mais les perspectives de taux pourraient changer. L'inflation a reculé par rapport au sommet qu'elle avait atteint et le marché envisage de plus en plus que la Fed va réduire les taux. Cela fait encore débat sur les marchés, comme vous y avez fait allusion. Quant aux statistiques de l'inflation, les taux ainsi que le cours de l'or évoluent en fonction des attentes à l'égard des coupures par la Fed. S'il y a des coupures de taux par la Fed, cela pourrait réduire les rendements réels et ce serait une tendance positive pour l'or et pourrait renouveler l'intérêt des investisseurs.
Il se passe beaucoup de choses intéressantes au niveau du métal précieux et de la montée de son cours. Que dire des actions de mines d'or? Comment se comportent-elles?
En 2023, les mines d'or étaient en hausse de presque 5% alors que le cours de l'or a progressé de 13%. Les mines d'or sont à la traîne, surtout à cause des coûts. Comme dans le reste de l'économie, les sociétés minières ont vu une augmentation de leurs coûts: main-d'œuvre, carburant, autres intrants, tout augmente. Quant aux perspectives d'augmentation de coûts, selon les orientations données pour 2024, il y aura une hausse de coût en 2024 mais ce ne sera pas ou du moins probablement pas aussi important que depuis deux ans environ. Il y a un autre facteur qui pourrait être propice au niveau des coûts, c'est si le fonctionnement des mines se passait mieux. L'an dernier, certaines des mines ont connu des difficultés au niveau de l'exploitation, ce qui a eu des conséquences au niveau des coûts. Si l'exploitation s'améliore et que le cours de l'or remonte, cela sera favorable aux actions de mines d'or. Quand on parle des actions de mines d'or, il y a toute une gamme de types de sociétés, de profils de risque, allant depuis les sociétés d'exploration qui n'ont pas de production jusqu'aux producteurs historiques qui ont plusieurs mines et une vaste base de production. Dans ce groupe de sociétés de mines d'or à grande capitalisation historique, les choses ont changé par rapport au point où elles étaient dans le dernier cycle. Financièrement, elles sont bien mieux placées. Les niveaux de dette sont au bas de l'échelle avec le rapport de la nette dette au BAIIA pour les mineurs historiques à cinq ou six fois, et les immobilisations sont moins élevées. À 2000 $ l'once, le groupe de sociétés de mines historiques rapporte 3,5%. Non seulement l'or métal, le métal précieux, mais encore les sociétés qui l'extraient.
Que dire du secteur de l'énergie? Le brut a également beaucoup évolué et fluctué.
Le cours du pétrole continuera d'être limité dans une certaine fourchette. Le marché est très équilibré. La clé réside dans l'OPEP+ et sa discipline en ce qui concerne le maintien d'une production de base. Quant à la demande de pétrole, 2023 a été une très bonne année, surtout parce que la Chine a mis fin à son confinement et la demande de pétrole y a rebondi. Cette année, il est probable que la demande de pétrole reprendra sa corrélation normale avec la croissance du PIB mondial. Elle pourrait être quelque peu positive, mais pas dans la même envergure que l'an dernier. C'est l'offre où la situation est plus mitigée. Il y a certaines régions du monde où l'approvisionnement augmente. Les États-Unis, la Guyane. Il y a en revanche l'OPEP+ qui a maintenu la production artificiellement basse afin de maintenir l'équilibre du marché. Pour cette raison, les pays de l'OPEP+ ont actuellement une capacité excédentaire. Il faut que cette discipline se poursuive à l'OPEP+ pour que le marché demeure équilibré.
Quand on voit le cours du produit, le brut, qui fluctue dans une certaine fourchette comme vous l'avez dit, qu'est-ce que ça signifie pour les actions de pétrole et de gaz?
Les actions, le cours va être influencé par le cours de l'or, mais les données fondamentales des entreprises sont très bonnes. Avec les cours très élevés du pétrole depuis quelques années, les sociétés pétrolières ont pu se désendetter considérablement. La dette nette au BAIIA pour les titres à grande capitalisation est de 0,6 fois. La discipline au niveau de la répartition des capitaux est à l'ordre du jour pour ces entreprises et cela se poursuit. Elles n'ont pas engagé de plan d'immobilisation très audacieux. Les orientations pour 2024 viennent de paraître pour tout le secteur. Cela varie, mais les immobilisations semblent échangées. La production légèrement en hausse. Cette discipline se poursuit et le flux de trésorerie disponible engendré par ces entreprises, il est important à ces cours-là, est restitué aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachat d'actions. Il y a eu certaines fusions et acquisitions dans le secteur, mais globalement, je pense que cela n'a pas dilué la concentration. À 75$ du brut de référence, les compagnies historiques dégageraient un flux de trésorerie disponible dans le haut de la fourchette de 0 à 10%.
Nous avons parlé de l'or, nous avons parlé de l'énergie et du pétrole; parlons du cuivre.
Je suis optimiste à l'égard du cuivre pour un an à venir environ. Au niveau de l'offre, il y a un certain nombre de difficultés. La demande de cuivre est sans doute plus élevée qu'on l'avait prévu l'an dernier, surtout à cause de la Chine. La Chine a eu des difficultés avec son marché immobilier. En revanche, il y a eu des dépenses continues en matière d'infrastructure, surtout pour la transition énergétique, les énergies renouvelables et le réseau électrique. Au niveau de l'offre, c'est cela qui a beaucoup changé les perspectives pour 2024. L'an dernier, la production du Chili était en baisse. les orientations de entreprises pour 2024, une ou deux entreprises étaient moins ambitieuses au niveau du cuivre, ce qui a réduit les pronostics de production de cuivre, mais également à cause de problèmes géopolitiques. La mine de Cobre Panama a été arrêtée, ce qui réduit d'autant l'offre. Les perspectives de la mine de Cobre Panama sont très incertaines. Les marchés attendent la prochaine élection au Panama pour connaître l'avenir de cette mine. D'ici là, la balance du marché de cuivre semble très serrée, les stocks sont faibles, et ça, c'est favorable au cours.
Excellent début d'émission!