Le secteur des soins de santé est parvenu à surpasser l’indice S&P 500 l’an dernier, d’autant plus que l’ensemble du marché a fait face à des vagues de volatilité. Mais le secteur peut-il poursuivre sur cette lancée en 2023? Greg Bonnell discute des perspectives avec Tarik Aeta, analyste des soins de santé mondiaux à Gestion de Placements TD.
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[MUSIQUE]
Les actions des soins de santé ont surpassé l’indice S&P 500 l’an dernier, mais ce phénomène se poursuivra-t-il en 2023? Pour discuter des perspectives de ce secteur, Tarik Aeta, analyste des soins de santé à Gestion de Placements TD, est avec nous. C’est un plaisir de vous revoir ici. Commençons par parler de cette surperformance. Regardons la situation en détail. Qui étaient les gagnants l’an dernier?
Oui, si on regarde de plus près, il y a beaucoup de divergences. Les gagnants, c’était les sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques. Elles ont progressé de plus de 10 %, grâce à une croissance du BPA à un chiffre moyen, mais aussi aux bénéfices. Les sociétés les plus solides sont celles qui profitent des facteurs favorables du secteur, des entreprises comme Novo Nordisk et Eli Lilly dans les domaines du diabète et de l’obésité, des sociétés comme Merck qui bénéficient de la croissance de Keytruda, qui sera le médicament le plus vendu au monde cette année… c’est un médicament contre le cancer.
De plus, au-delà des sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques, les compagnies d’assurance maladie ont obtenu de solides résultats. Leur bénéfice a augmenté de 13 %, stimulé par la croissance de Medicare Advantage… c’est-à-dire l’assurance maladie pour les personnes de plus de 65 ans… ainsi que la croissance du secteur des services. Des sociétés comme UnitedHealth sortent du cadre de leurs compétences traditionnelles de l’assurance et augmentent leurs activités de services au fil du temps.
Celles qui ont inscrit des rendements inférieurs étaient principalement des sociétés d’appareils médicaux. Leurs bénéfices ont diminué de 4 % sur l’année. Cela s’explique par une combinaison de facteurs. On a constaté une pénurie de personnel dans les hôpitaux qui a vraiment pesé sur les volumes. Elles en ont souffert. Et les marges ont aussi souffert. Les coûts d’expédition, des produits de base et de la main-d’œuvre ont augmenté. Cela a pesé sur les marges. En plus, elles sont liées aux hôpitaux par des contrats de plusieurs années, donc elles ont subi des pressions.
Enfin les sociétés d’outils des sciences du vivant ont aussi subi des pressions. Leurs bénéfices devraient diminuer de 4 % dans les résultats du quatrième trimestre. Leurs activités de base se portent bien, mais elles ont rencontré des difficultés liées à la baisse des volumes de tests de dépistage de la COVID et du matériel de fabrication de vaccins contre la COVID-19 qui est également en baisse.
OK, ça c’était pour 2022. Vous avez bien résumé. Qu’en est-il de cette année? Nous sommes maintenant en 2023. Quelles sont vos perspectives pour le secteur des soins de santé? Qu’est-ce que vous regardez en particulier?
Oui, alors en 2023, je ne pense pas qu’on verra les mêmes surperformances du secteur des soins de santé qu’en 2022. Et il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, les bénéfices devraient diminuer de 3 % cette année, à cause des difficultés persistantes liées à la demande de vaccins et d’antiviraux qui continue de diminuer, et à la baisse des tests.
Il y a aussi eu des réévaluations dans le secteur des soins de santé l’an dernier. Le secteur est passé à un cours inférieur de 20 % au cours de l’indice S&P 500 et on a clos l’année avec un niveau légèrement supérieur à l’indice S&P. Cette réévaluation par rapport à l’ensemble du marché est peu susceptible de se reproduire cette année.
Dans quels domaines les soins de santé sont-ils les plus attrayants? Pour moi, il s’agit d’un éventail, de gauche à droite. Je dirais que les compagnies d’assurance maladie sont les moins intéressantes. Elles ont connu une très bonne année en 2022, mais en 2023, la pénurie de personnel des hôpitaux va s’améliorer, on devrait voir une demande accrue pour les chirurgies électives et des volumes plus élevés. Cela augmentera les demandes d’indemnisation et pèsera sur les bénéfices des compagnies.
De plus, on sera dans une période d’élection présidentielle pendant les deux prochaines années aux États-Unis. Cela a historiquement pesé sur les ratios d’évaluation des compagnies d’assurance maladie. De plus, il existe un risque lié à la réglementation pour Medicaid et Medicare Advantage. On doit faire attention à cela.
Au milieu de cet éventail, il y a les sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques. Celles qui sont plus intéressantes, encore une fois, sont celles qui profitent de facteurs favorables à la croissance à long terme, celles qui sont liées à l’oncologie, au cancer, les sociétés qui luttent contre le diabète et l’obésité et qui bénéficient de ces facteurs favorables et non celles qui ont bénéficié de la COVID ces deux dernières années.
Et celles qui généreront des rendements supérieurs cette année, ce seront les sociétés d’appareils médicaux, car la situation sera vraiment inversée par rapport à l’année dernière. Donc, avec la baisse des prix des produits de base et les coûts de transport qui diminuent, la pénurie de navires s’améliorant, cela augmentera les marges des sociétés d’appareils médicaux. Et en même temps, comme les hôpitaux font plus d’interventions, la demande augmentera pour tous les produits qu’elles vendent, des valvules cardiaques aux défibrillateurs et au reste. Je dirais donc qu’elles feront mieux l’an prochain.
Qu’en est-il du terme redouté de récession? Il était impossible de discuter avec quelqu’un en fin d’année dernière sans que la personne se prononce, qu’elle doute ou anticipe une récession. Si cela se produit, qu’est-ce que cela signifie pour le secteur des soins de santé?
Le secteur des soins de santé est généralement à l’abri des récessions. Car même dans le secteur des soins de santé aux États-Unis, la moitié de ces dépenses est attribuable à des programmes gouvernementaux comme Medicare et Medicaid. Que l’économie se porte bien ou non, cette demande sera là année après année.
En période de récession, les soins de santé ont tendance à afficher des rendements négatifs parallèlement au marché. Mais, en général, les rendements surpassent ceux du marché et les ratios d’évaluation du secteur des soins de santé diminuent avec le reste du marché. Mais au moins cette solide base de croissance des bénéfices stimulée par les facteurs démographiques favorables et l’innovation permet au secteur de faire mieux que l’ensemble du marché.
Vous avez parlé brièvement de la COVID au départ et du fait que la demande de produits contre la COVID a diminué l’an dernier. Quelle est la situation avec la COVID en ce moment? Il ne semble pas qu’elle ait disparu, mais qu’est-ce que cela signifie pour le secteur des soins de santé et ces actions?
L’automne dernier a été marqué par le trio de la COVID, de la grippe et du VRS. Nous avons eu une vague. En ce qui concerne l’année prochaine… Je sais que les gens parlent de variants différents en ce moment, et les obstacles potentiels qu’ils peuvent causer. Mais à mon avis, depuis l’été dernier, on est passés d’une pandémie de COVID à un stade vraiment endémique. La COVID va rester. Pour de bon.
Et pour l’avenir, l’objectif de la vaccination et des antiviraux est de protéger les personnes les plus à risque. Même au Canada, chaque mois, de 100 à 200 Canadiens décèdent de la COVID-19, c’est donc une menace réelle. Mais à l’avenir, je ne m’attends pas à voir les grandes vagues causées par la COVID-19 qu’on a vues par le passé.
On a mentionné le rendement supérieur du secteur des soins de santé par rapport à l’indice S&P 500, soit l’ensemble du marché américain. Le chiffre, si je ne me trompe pas, était de 16 %, soit un rendement supérieur de 16 % l’an dernier, la marge la plus importante depuis plusieurs années. Qu’attendons-nous cette année? Ces niveaux demeurent-ils attrayants? Si on avait ce type de rendement, les investisseurs se poseraient-ils des questions?
Je pense que ça dépend vraiment de votre point de vue macroéconomique. Si vous êtes d’avis qu’on entre en récession, je pense que les soins de santé continueront de produire des rendements supérieurs au cours de l’année. Si vous pensez qu’on est dans une phase d’atterrissage en douceur qui se poursuivra cette année, on voit des titres cycliques et d’autres segments du marché afficher de très bons rendements et les soins de santé seront probablement à la traîne cette année.
Cela dit, sur plusieurs années, mon opinion sur le secteur n’a pas vraiment changé. Ce sont les deux mêmes facteurs favorables qui alimentent la croissance dans ce secteur, c’est la démographie et l’innovation continue qui stimulent la croissance et la pénétration de nouveaux produits et services. Et sur plusieurs années, cette tendance devrait se poursuivre pour stimuler le rendement supérieur du secteur des soins de santé. Mais, en réalité, à court terme, que les soins de santé fournissent un rendement supérieur ou inférieur… cela reflète l’ensemble du marché. Dans un marché haussier, les soins de santé produisent un rendement un peu moins élevé et les marchés baissiers permettent un rendement supérieur. [MUSIQUE]
Les actions des soins de santé ont surpassé l’indice S&P 500 l’an dernier, mais ce phénomène se poursuivra-t-il en 2023? Pour discuter des perspectives de ce secteur, Tarik Aeta, analyste des soins de santé à Gestion de Placements TD, est avec nous. C’est un plaisir de vous revoir ici. Commençons par parler de cette surperformance. Regardons la situation en détail. Qui étaient les gagnants l’an dernier?
Oui, si on regarde de plus près, il y a beaucoup de divergences. Les gagnants, c’était les sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques. Elles ont progressé de plus de 10 %, grâce à une croissance du BPA à un chiffre moyen, mais aussi aux bénéfices. Les sociétés les plus solides sont celles qui profitent des facteurs favorables du secteur, des entreprises comme Novo Nordisk et Eli Lilly dans les domaines du diabète et de l’obésité, des sociétés comme Merck qui bénéficient de la croissance de Keytruda, qui sera le médicament le plus vendu au monde cette année… c’est un médicament contre le cancer.
De plus, au-delà des sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques, les compagnies d’assurance maladie ont obtenu de solides résultats. Leur bénéfice a augmenté de 13 %, stimulé par la croissance de Medicare Advantage… c’est-à-dire l’assurance maladie pour les personnes de plus de 65 ans… ainsi que la croissance du secteur des services. Des sociétés comme UnitedHealth sortent du cadre de leurs compétences traditionnelles de l’assurance et augmentent leurs activités de services au fil du temps.
Celles qui ont inscrit des rendements inférieurs étaient principalement des sociétés d’appareils médicaux. Leurs bénéfices ont diminué de 4 % sur l’année. Cela s’explique par une combinaison de facteurs. On a constaté une pénurie de personnel dans les hôpitaux qui a vraiment pesé sur les volumes. Elles en ont souffert. Et les marges ont aussi souffert. Les coûts d’expédition, des produits de base et de la main-d’œuvre ont augmenté. Cela a pesé sur les marges. En plus, elles sont liées aux hôpitaux par des contrats de plusieurs années, donc elles ont subi des pressions.
Enfin les sociétés d’outils des sciences du vivant ont aussi subi des pressions. Leurs bénéfices devraient diminuer de 4 % dans les résultats du quatrième trimestre. Leurs activités de base se portent bien, mais elles ont rencontré des difficultés liées à la baisse des volumes de tests de dépistage de la COVID et du matériel de fabrication de vaccins contre la COVID-19 qui est également en baisse.
OK, ça c’était pour 2022. Vous avez bien résumé. Qu’en est-il de cette année? Nous sommes maintenant en 2023. Quelles sont vos perspectives pour le secteur des soins de santé? Qu’est-ce que vous regardez en particulier?
Oui, alors en 2023, je ne pense pas qu’on verra les mêmes surperformances du secteur des soins de santé qu’en 2022. Et il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, les bénéfices devraient diminuer de 3 % cette année, à cause des difficultés persistantes liées à la demande de vaccins et d’antiviraux qui continue de diminuer, et à la baisse des tests.
Il y a aussi eu des réévaluations dans le secteur des soins de santé l’an dernier. Le secteur est passé à un cours inférieur de 20 % au cours de l’indice S&P 500 et on a clos l’année avec un niveau légèrement supérieur à l’indice S&P. Cette réévaluation par rapport à l’ensemble du marché est peu susceptible de se reproduire cette année.
Dans quels domaines les soins de santé sont-ils les plus attrayants? Pour moi, il s’agit d’un éventail, de gauche à droite. Je dirais que les compagnies d’assurance maladie sont les moins intéressantes. Elles ont connu une très bonne année en 2022, mais en 2023, la pénurie de personnel des hôpitaux va s’améliorer, on devrait voir une demande accrue pour les chirurgies électives et des volumes plus élevés. Cela augmentera les demandes d’indemnisation et pèsera sur les bénéfices des compagnies.
De plus, on sera dans une période d’élection présidentielle pendant les deux prochaines années aux États-Unis. Cela a historiquement pesé sur les ratios d’évaluation des compagnies d’assurance maladie. De plus, il existe un risque lié à la réglementation pour Medicaid et Medicare Advantage. On doit faire attention à cela.
Au milieu de cet éventail, il y a les sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques. Celles qui sont plus intéressantes, encore une fois, sont celles qui profitent de facteurs favorables à la croissance à long terme, celles qui sont liées à l’oncologie, au cancer, les sociétés qui luttent contre le diabète et l’obésité et qui bénéficient de ces facteurs favorables et non celles qui ont bénéficié de la COVID ces deux dernières années.
Et celles qui généreront des rendements supérieurs cette année, ce seront les sociétés d’appareils médicaux, car la situation sera vraiment inversée par rapport à l’année dernière. Donc, avec la baisse des prix des produits de base et les coûts de transport qui diminuent, la pénurie de navires s’améliorant, cela augmentera les marges des sociétés d’appareils médicaux. Et en même temps, comme les hôpitaux font plus d’interventions, la demande augmentera pour tous les produits qu’elles vendent, des valvules cardiaques aux défibrillateurs et au reste. Je dirais donc qu’elles feront mieux l’an prochain.
Qu’en est-il du terme redouté de récession? Il était impossible de discuter avec quelqu’un en fin d’année dernière sans que la personne se prononce, qu’elle doute ou anticipe une récession. Si cela se produit, qu’est-ce que cela signifie pour le secteur des soins de santé?
Le secteur des soins de santé est généralement à l’abri des récessions. Car même dans le secteur des soins de santé aux États-Unis, la moitié de ces dépenses est attribuable à des programmes gouvernementaux comme Medicare et Medicaid. Que l’économie se porte bien ou non, cette demande sera là année après année.
En période de récession, les soins de santé ont tendance à afficher des rendements négatifs parallèlement au marché. Mais, en général, les rendements surpassent ceux du marché et les ratios d’évaluation du secteur des soins de santé diminuent avec le reste du marché. Mais au moins cette solide base de croissance des bénéfices stimulée par les facteurs démographiques favorables et l’innovation permet au secteur de faire mieux que l’ensemble du marché.
Vous avez parlé brièvement de la COVID au départ et du fait que la demande de produits contre la COVID a diminué l’an dernier. Quelle est la situation avec la COVID en ce moment? Il ne semble pas qu’elle ait disparu, mais qu’est-ce que cela signifie pour le secteur des soins de santé et ces actions?
L’automne dernier a été marqué par le trio de la COVID, de la grippe et du VRS. Nous avons eu une vague. En ce qui concerne l’année prochaine… Je sais que les gens parlent de variants différents en ce moment, et les obstacles potentiels qu’ils peuvent causer. Mais à mon avis, depuis l’été dernier, on est passés d’une pandémie de COVID à un stade vraiment endémique. La COVID va rester. Pour de bon.
Et pour l’avenir, l’objectif de la vaccination et des antiviraux est de protéger les personnes les plus à risque. Même au Canada, chaque mois, de 100 à 200 Canadiens décèdent de la COVID-19, c’est donc une menace réelle. Mais à l’avenir, je ne m’attends pas à voir les grandes vagues causées par la COVID-19 qu’on a vues par le passé.
On a mentionné le rendement supérieur du secteur des soins de santé par rapport à l’indice S&P 500, soit l’ensemble du marché américain. Le chiffre, si je ne me trompe pas, était de 16 %, soit un rendement supérieur de 16 % l’an dernier, la marge la plus importante depuis plusieurs années. Qu’attendons-nous cette année? Ces niveaux demeurent-ils attrayants? Si on avait ce type de rendement, les investisseurs se poseraient-ils des questions?
Je pense que ça dépend vraiment de votre point de vue macroéconomique. Si vous êtes d’avis qu’on entre en récession, je pense que les soins de santé continueront de produire des rendements supérieurs au cours de l’année. Si vous pensez qu’on est dans une phase d’atterrissage en douceur qui se poursuivra cette année, on voit des titres cycliques et d’autres segments du marché afficher de très bons rendements et les soins de santé seront probablement à la traîne cette année.
Cela dit, sur plusieurs années, mon opinion sur le secteur n’a pas vraiment changé. Ce sont les deux mêmes facteurs favorables qui alimentent la croissance dans ce secteur, c’est la démographie et l’innovation continue qui stimulent la croissance et la pénétration de nouveaux produits et services. Et sur plusieurs années, cette tendance devrait se poursuivre pour stimuler le rendement supérieur du secteur des soins de santé. Mais, en réalité, à court terme, que les soins de santé fournissent un rendement supérieur ou inférieur… cela reflète l’ensemble du marché. Dans un marché haussier, les soins de santé produisent un rendement un peu moins élevé et les marchés baissiers permettent un rendement supérieur. [MUSIQUE]