
Anthony Okolie récapitule l’actualité du jour, notamment les dernières nouvelles sur la COVID-19, puis Kim Parlee et Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, discutent des raisons d’être optimiste à l’égard des marchés, même en ces temps difficiles.
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[MUSIQUE]
- Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien COVID-19 MoneyTalk du mercredi 20 mai. Je m’appelle Anthony Okolie. Dans quelques minutes, Kim Parlee discutera avec Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, des raisons pour lesquelles il est optimiste à l’égard des marchés, même en cette période difficile. Mais tout d’abord, voici un survol rapide des nouvelles du jour.
Pour une première fois en plus de 10 ans, le taux d’inflation a été négatif au Canada. L’indice des prix à la consommation a reculé de 0,2 % en avril par rapport au même mois l’an dernier, le confinement en raison du coronavirus ayant eu des effets néfastes sur la demande des consommateurs. La SCHL, qui indique que le prix des maisons pourrait chuter jusqu’à 18 %, pourrait réduire la souscription de prêts hypothécaires pour limiter les emprunts excessifs. On craint que la pandémie entraîne une baisse importante des prix de l’immobilier et un accroissement de l’endettement.
Les demandes dans le cadre du programme de soutien financier annoncé la semaine dernière pour les grandes entreprises sont maintenant ouvertes. Le CUGE, comme on l’appelle, fournira un financement provisoire aux plus grands employeurs du pays dont les besoins financiers ne peuvent être comblés par les mécanismes conventionnels. Par ailleurs, les magasins à grande surface qui sont demeurés ouverts au plus fort de la pandémie continuent d’afficher de solides bénéfices. Lowe’s et Target ont annoncé des bénéfices supérieurs aux attentes au premier trimestre, les ventes numériques ayant bondi de 80 % et de 141 %, respectivement. C’était le résumé des nouvelles du jour. Voici maintenant la discussion entre Kim Parlee et Brad Simpson.
Brad, vous avez écrit dans votre récent rapport trimestriel sur les stratégies qu’il y a de bonnes raisons d’être optimiste. Les placements en soi sont un exercice d’optimisme. Mais il y a encore beaucoup de mauvaises nouvelles à venir.
Oui, il y a beaucoup de mauvaises nouvelles à venir, mais moi, je crois que je suis plutôt courageux. Et je suis très à l’aise de dire qu’il y a vraiment beaucoup de raisons d’être optimiste. Et je pense que fondamentalement, je pense que si on recommence à penser comme des investisseurs plutôt que des spéculateurs... si vous examinez l’historique à long terme des placements, il y a une croyance innée que vous aurez un avenir meilleur qu’aujourd’hui.
C’est le concept des affaires en soi.
Et je pense qu’il y a une longue histoire qui montre que dans les deux cas, dans les marchés boursiers et les marchés des titres à revenu fixe, vous êtes récompensé pour penser comme ça.
On va regarder un tableau qui se trouve dans le rapport que vous venez de mentionner. Il s’agit du rendement total de l’indice S&P 500 de 1926 à décembre 2019. Il y a un petit cercle rouge dans le coin inférieur droit. Pourquoi cette annotation? Est-ce encore une fois un triomphe pour les optimistes?
Oui, je crois que cela montre deux choses. D’abord et avant tout, les rendements sur cette période de 100 ans sont de 9,3 %, ce qui... et il y a eu quelques obstacles en cours de route. Il y a eu des guerres mondiales. Il y a eu des épidémies. Il y a eu des crises. Il y a eu des attaques terroristes. Il y a eu beaucoup d’événements déprimants et qui, oh mon Dieu, qui sont horribles. Et ils le sont.
Mais au bout du compte, ces marchés prévalent et, ultimement, les entreprises fonctionnent selon le principe qu’on... qu’on investit dans une entreprise, qu’on emploie des gens, qu’on veut offrir de meilleurs produits et services. Et le petit cercle rouge en bas, pour mettre les choses en contexte, si vous regardez le graphique, c’est une petite baisse en cours de route. Honnêtement, quand j’ai demandé à mon équipe de création de le faire, de mettre à jour ce graphique, ils m’ont demandé s’il fallait le mettre à jour, et j’ai répondu oh oui, il faut le mettre à jour. Laissez-moi vous montrer ce que j’ai encerclé. Il s’agit du ralentissement actuel. Ça met les choses en contexte.
Oui, en effet. Vous avez ici un autre graphique que je sais que vous avez fait et dont j’aimerais qu’on parle. C’est un graphique sur le marché obligataire, et je crois qu’il montre la croissance des rendements excédentaires des obligations de sociétés américaines cotées BBB par rapport aux obligations du Trésor. Encore une fois, c’est sur une période de 100 ans. Pourquoi est-ce intéressant? Qu’est-ce que vous voulez montrer ici?
Eh bien, l’autre aspect est que lorsque vous investissez dans des obligations, n’oubliez pas que ce que vous faites, c’est de prêter de l’argent à quelqu’un. Soyons francs. Il n’y a rien de plus optimiste que de prêter de l’argent à quelqu’un, parce que lorsque vous le faites, vous croyez qu’il va vous payer des intérêts, à condition qu’il les gardent pour vous et qu’il vous redonne votre capital en même temps.
On a donc pensé que ce serait très intéressant, parce qu’on regarde toujours ces rendements boursiers à long terme. On s’est dit : on va regarder les obligations cotées BBB à long terme. La cote BBB correspond à la qualité investissement, mais ce n’est pas la qualité investissement la plus élevée. C’est une catégorie juste avant que vous commenciez à transiger des titres à rendement élevé. Et si vous regardez ça en ces termes-là, c’est qu’il n’y a que trois cas au cours des 100 dernières années où une obligation cotée BBB a été devancée de 5 % par une obligation du Trésor, ce qui est vraiment remarquable.
La deuxième chose, ce sont les « défauts de paiement » qui ont eu lieu au cours de cette période. Par « défaut de paiement », ça veut dire : je ne vais pas vous rembourser, mais seulement 2 à 3 % sur toute cette période. Et les pires pertes ont eu lieu en 1931, deux ans après la Dépression. On ne le dit jamais... on pense toujours à 1929, mais en réalité, la Dépression a vraiment eu lieu en 31, 32 jusqu’en 1938, où les baisses étaient de 15 %.
Et en 2008, les baisses étaient d’environ 5 %. Encore une fois, cela montre simplement qu’à long terme, c’est un triomphe d’optimistes que d’investir dans des actions ou du capital, lorsque vient le temps de récupérer votre argent ou de recevoir des dividendes, ou de toucher un paiement d’intérêts ou un gain en capital.
J’aimerais vous demander... Je pense que les perspectives sur 100 ans donnent toujours un bon contexte, et je veux dire, c’est important lorsque vous montrez des résultats sur des périodes données. Je ne veux pas être l’éternelle pessimiste contre votre optimisme, mais il y a encore beaucoup d’incertitude. On parle de deuxième, troisième et quatrième vagues. L’Organisation mondiale de la santé a déclaré aujourd’hui que le coronavirus pourrait rester pour toujours.
Oui. Oui, c’est fort possible. Ce n’est pas mon domaine, mais ce que je constate, si on regarde sur une longue période, c’est qu’au fil des siècles, en tant qu’êtres humains, on est devenus de plus en plus aptes à gérer des pandémies. Par exemple, si on prend la variole, ça nous a pris 3 500 ans pour l’éliminer de la planète. C’est vraiment très long. Si on regarde le VIH/sida, sur une période de 15 ans, où au début la maladie était beaucoup plus pénible, comme on l’a entendu au début des années 1980, jusqu’en 1995, où on a grandement amélioré les médicaments, grâce auxquels les gens peuvent quand même mener une longue vie prospère et en santé.
Plus récemment, il y a eu l’ebola. Il s’est écoulé cinq ans avant qu’il y ait une véritable percée au niveau des vaccins. On regarde où on en est avec la COVID-19. On procède actuellement à des essais cliniques pour des médicaments. Ça ne veut pas dire qu’on va avoir un vaccin demain, mais il y a une grande différence entre une maladie qui commence en 2019 et des essais pour un vaccin un an plus tard et 3 500 ans pour la variole.
Ce que je veux dire, c’est qu’il y a quelque chose d’incroyable à propos de nous, les êtres humains, et même l’un des trois premiers exemples ici, c’est notre capacité à nous adapter. On apprend, on grandit et on excelle vraiment dans ces domaines-là. Et je pense que ça en dit long sur... au bout du compte, les placements déclenchent cet optimisme-là, mais ce n’est pas un faux optimisme. Il est basé sur des faits et des données scientifiques.
Oui, la résilience est réconfortante. Je suis d’accord. D’ailleurs, j’aimerais vous demander, par rapport à l’adaptation, ce à quoi on doit s’adapter, je dirais que dans un avenir rapproché, on va voir des données économiques peu encourageantes. Vous avez apporté un graphique qui montre clairement que nous sommes actuellement en période de repli. Parlez-moi un peu de ce qu’on voit ici.
Bien sûr. Je crois que ce qu’on regarde ici... et, en fait, ça s’inscrit très bien dans notre thème d’adaptation, c’est qu’on utilise ce qu’on appelle la cote du régime. Et la cote du régime, c’est vraiment notre façon d’essayer de déterminer où nous en sommes actuellement. On pense donc à des choses comme les indices ISM et PMI, ou les bons de commande et les données sur la fabrication, les données sur les services. On pense à l’opinion des investisseurs et à ce qu’ils pensent de certains aspects, et à comment ils les voient. On a donc ce chiffre de base de zéro. Et essentiellement, même en cas de crise, on commençait à se maintenir sous ce chiffre de zéro, et on est donc passés à une situation un peu plus négative.
Aujourd’hui, on est à 0,3. On est descendus aussi bas que 0,6 dans ce graphique. Et c’est la première chose à dire, qu’au fil du temps, à quel point on peut être confrontés à des obstacles. Une autre chose intéressante, cependant, c’est que ça nous montre où on en serait, ce qui est le pire résultat. Ça nous amène à des creux très importants. Donc, où cette cote du régime se situerait-elle? À quel point serions-nous plongés dans cette crise sans politique monétaire et budgétaire, sans l’intervention du gouvernement et politiques de la banque centrale?
Eh bien, sans ça, on serait dans une situation plutôt désespérée et pénible. Cela nous indique que... eh bien, ça nous indique trois choses. Tout d’abord, on serait... enfin, la situation est assez difficile en ce moment. Cela nous indique également que la situation pourrait être bien pire.
Et le dernier élément est que, parce qu’on y a aussi ajouté l’indice S&P 500, la façon dont je mesurerais ça, c’est que j’examinerais où on en est par rapport à notre cote du régime de 0,3, puis où se situe l’indice S&P. L’indice S&P s’est un peu emballé, et c’est ce qu’on a vu au cours de cette remontée. Je crois donc que la volatilité va augmenter, et je crois qu’on va voir un peu plus de baisses. On se trouve dans la zone où on devrait être, mais je pense qu’on a pris un peu d’avance.
Dans quelques instants, j’aimerais qu’on parle de vos perspectives concernant les actions et de la répartition des actifs. Mais rapidement, à 0,3 actuellement, compte tenu de tout ce qui se passe, croyez-vous que nous verrons désormais beaucoup plus de mesures monétaires et budgétaires? On en a déjà vu un nombre presque inimaginable.
Oui, c’est difficile... c’est difficile d’y voir clair, mais je crois que la réponse est oui. Et un prêt à l’heure actuelle fait l’objet d’un débat. Je crois que ça s’appelle le HERO Bill, si je me souviens bien. Il y en a eu tellement.
Mais pour l’instant, celui qui a été envoyé au Sénat, c’est un programme de 3 milliards de dollars. Je pense que... on pense que ça va plus ressembler à environ 2 à 2,25 après les négociations et tout ce qui vient avec. Quand on y pense, c’est simplement un autre chiffre remarquable. Et c’est en partie parce que... partout dans le monde, on a placé l’économie, si vous voulez, dans le coma. On essaie maintenant de sortir cette économie du coma.
Cependant, ça prend parfois un peu plus de temps qu’on pense pour essayer de redonner vie à quelque chose. Et je pense que ça va probablement prendre... notamment les subventions pour les entreprises, les petites entreprises et les mesures qu’on prend pour donner aux gens de l’argent en remplacement de leur chèque de paie, il va y avoir des projets de loi pour soutenir ces mesures-là.
Oui, je suis tout à fait d’accord. Il va y avoir de l’inégalité. Ça va être difficile. Et on est encore en train d’essayer d’y voir clair. Il ne me reste qu’environ une minute, mais j’aimerais vous demander... quelles sont vos perspectives pour... je ne vous demanderai pas par rapport aux liquidités, mais je veux parler des titres à revenu fixe, des actions et des actifs réels?
Je crois qu’une bonne façon de voir les choses est de... je pense que ce qu’on veut aujourd’hui, c’est une sous-pondération. Je crois qu’on veut une sous-pondération dans la répartition des actifs, et dans les titres à revenu fixe, compte tenu de l’incroyable évolution des titres du Trésor du gouvernement. On pense qu’on devrait opter pour une pondération neutre ou une surpondération dans les actions, et pour une surpondération dans les actifs réels. Et sur une base factorielle, il faut vraiment surveiller le risque lié aux titres à revenu fixe, donc aussi le risque de crédit et de taux d’intérêt, et le risque lié aux actions, car la volatilité demeure une préoccupation réelle.
Je suis désolée, mais j’aimerais faire un bref suivi sur une chose. Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur le risque lié aux titres à revenu fixe et le risque de taux d’intérêt? Parce que je pense que ça sera désormais un aspect très important.
Oui, ça comporte deux volets. Ce que je dis, c’est que... d’abord et avant tout, le risque de crédit est en fin de compte... revenons à la troisième semaine de mars cette année, où on était vraiment dans une zone qui ressemblait beaucoup à la crise du crédit qu’on a vécue en 2008 et en 2009. Une grande partie a fait son chemin dans le système, et la situation est beaucoup mieux qu’avant.
Mais en tant qu’investisseur, je ferais très attention de ne pas seulement... je crois qu’il faut vraiment faire preuve de diligence raisonnable quand on investit dans des obligations de sociétés; il faut s’assurer... pas de courir après le rendement, mais d’investir dans des placements de la meilleure qualité possible. Par ailleurs, ça peut parfois être tentant de demeurer plus longtemps sur la courbe des taux pour tenter d’obtenir un rendement des titres gouvernementaux. En ce moment, je crois qu’il faut faire preuve de prudence par rapport à ça.
Brad, c’est toujours un plaisir. Prenez soin de vous. On se reparle bientôt.
Merci. Ça a aussi été un plaisir pour moi.
[MUSIQUE]
- Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien COVID-19 MoneyTalk du mercredi 20 mai. Je m’appelle Anthony Okolie. Dans quelques minutes, Kim Parlee discutera avec Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, des raisons pour lesquelles il est optimiste à l’égard des marchés, même en cette période difficile. Mais tout d’abord, voici un survol rapide des nouvelles du jour.
Pour une première fois en plus de 10 ans, le taux d’inflation a été négatif au Canada. L’indice des prix à la consommation a reculé de 0,2 % en avril par rapport au même mois l’an dernier, le confinement en raison du coronavirus ayant eu des effets néfastes sur la demande des consommateurs. La SCHL, qui indique que le prix des maisons pourrait chuter jusqu’à 18 %, pourrait réduire la souscription de prêts hypothécaires pour limiter les emprunts excessifs. On craint que la pandémie entraîne une baisse importante des prix de l’immobilier et un accroissement de l’endettement.
Les demandes dans le cadre du programme de soutien financier annoncé la semaine dernière pour les grandes entreprises sont maintenant ouvertes. Le CUGE, comme on l’appelle, fournira un financement provisoire aux plus grands employeurs du pays dont les besoins financiers ne peuvent être comblés par les mécanismes conventionnels. Par ailleurs, les magasins à grande surface qui sont demeurés ouverts au plus fort de la pandémie continuent d’afficher de solides bénéfices. Lowe’s et Target ont annoncé des bénéfices supérieurs aux attentes au premier trimestre, les ventes numériques ayant bondi de 80 % et de 141 %, respectivement. C’était le résumé des nouvelles du jour. Voici maintenant la discussion entre Kim Parlee et Brad Simpson.
Brad, vous avez écrit dans votre récent rapport trimestriel sur les stratégies qu’il y a de bonnes raisons d’être optimiste. Les placements en soi sont un exercice d’optimisme. Mais il y a encore beaucoup de mauvaises nouvelles à venir.
Oui, il y a beaucoup de mauvaises nouvelles à venir, mais moi, je crois que je suis plutôt courageux. Et je suis très à l’aise de dire qu’il y a vraiment beaucoup de raisons d’être optimiste. Et je pense que fondamentalement, je pense que si on recommence à penser comme des investisseurs plutôt que des spéculateurs... si vous examinez l’historique à long terme des placements, il y a une croyance innée que vous aurez un avenir meilleur qu’aujourd’hui.
C’est le concept des affaires en soi.
Et je pense qu’il y a une longue histoire qui montre que dans les deux cas, dans les marchés boursiers et les marchés des titres à revenu fixe, vous êtes récompensé pour penser comme ça.
On va regarder un tableau qui se trouve dans le rapport que vous venez de mentionner. Il s’agit du rendement total de l’indice S&P 500 de 1926 à décembre 2019. Il y a un petit cercle rouge dans le coin inférieur droit. Pourquoi cette annotation? Est-ce encore une fois un triomphe pour les optimistes?
Oui, je crois que cela montre deux choses. D’abord et avant tout, les rendements sur cette période de 100 ans sont de 9,3 %, ce qui... et il y a eu quelques obstacles en cours de route. Il y a eu des guerres mondiales. Il y a eu des épidémies. Il y a eu des crises. Il y a eu des attaques terroristes. Il y a eu beaucoup d’événements déprimants et qui, oh mon Dieu, qui sont horribles. Et ils le sont.
Mais au bout du compte, ces marchés prévalent et, ultimement, les entreprises fonctionnent selon le principe qu’on... qu’on investit dans une entreprise, qu’on emploie des gens, qu’on veut offrir de meilleurs produits et services. Et le petit cercle rouge en bas, pour mettre les choses en contexte, si vous regardez le graphique, c’est une petite baisse en cours de route. Honnêtement, quand j’ai demandé à mon équipe de création de le faire, de mettre à jour ce graphique, ils m’ont demandé s’il fallait le mettre à jour, et j’ai répondu oh oui, il faut le mettre à jour. Laissez-moi vous montrer ce que j’ai encerclé. Il s’agit du ralentissement actuel. Ça met les choses en contexte.
Oui, en effet. Vous avez ici un autre graphique que je sais que vous avez fait et dont j’aimerais qu’on parle. C’est un graphique sur le marché obligataire, et je crois qu’il montre la croissance des rendements excédentaires des obligations de sociétés américaines cotées BBB par rapport aux obligations du Trésor. Encore une fois, c’est sur une période de 100 ans. Pourquoi est-ce intéressant? Qu’est-ce que vous voulez montrer ici?
Eh bien, l’autre aspect est que lorsque vous investissez dans des obligations, n’oubliez pas que ce que vous faites, c’est de prêter de l’argent à quelqu’un. Soyons francs. Il n’y a rien de plus optimiste que de prêter de l’argent à quelqu’un, parce que lorsque vous le faites, vous croyez qu’il va vous payer des intérêts, à condition qu’il les gardent pour vous et qu’il vous redonne votre capital en même temps.
On a donc pensé que ce serait très intéressant, parce qu’on regarde toujours ces rendements boursiers à long terme. On s’est dit : on va regarder les obligations cotées BBB à long terme. La cote BBB correspond à la qualité investissement, mais ce n’est pas la qualité investissement la plus élevée. C’est une catégorie juste avant que vous commenciez à transiger des titres à rendement élevé. Et si vous regardez ça en ces termes-là, c’est qu’il n’y a que trois cas au cours des 100 dernières années où une obligation cotée BBB a été devancée de 5 % par une obligation du Trésor, ce qui est vraiment remarquable.
La deuxième chose, ce sont les « défauts de paiement » qui ont eu lieu au cours de cette période. Par « défaut de paiement », ça veut dire : je ne vais pas vous rembourser, mais seulement 2 à 3 % sur toute cette période. Et les pires pertes ont eu lieu en 1931, deux ans après la Dépression. On ne le dit jamais... on pense toujours à 1929, mais en réalité, la Dépression a vraiment eu lieu en 31, 32 jusqu’en 1938, où les baisses étaient de 15 %.
Et en 2008, les baisses étaient d’environ 5 %. Encore une fois, cela montre simplement qu’à long terme, c’est un triomphe d’optimistes que d’investir dans des actions ou du capital, lorsque vient le temps de récupérer votre argent ou de recevoir des dividendes, ou de toucher un paiement d’intérêts ou un gain en capital.
J’aimerais vous demander... Je pense que les perspectives sur 100 ans donnent toujours un bon contexte, et je veux dire, c’est important lorsque vous montrez des résultats sur des périodes données. Je ne veux pas être l’éternelle pessimiste contre votre optimisme, mais il y a encore beaucoup d’incertitude. On parle de deuxième, troisième et quatrième vagues. L’Organisation mondiale de la santé a déclaré aujourd’hui que le coronavirus pourrait rester pour toujours.
Oui. Oui, c’est fort possible. Ce n’est pas mon domaine, mais ce que je constate, si on regarde sur une longue période, c’est qu’au fil des siècles, en tant qu’êtres humains, on est devenus de plus en plus aptes à gérer des pandémies. Par exemple, si on prend la variole, ça nous a pris 3 500 ans pour l’éliminer de la planète. C’est vraiment très long. Si on regarde le VIH/sida, sur une période de 15 ans, où au début la maladie était beaucoup plus pénible, comme on l’a entendu au début des années 1980, jusqu’en 1995, où on a grandement amélioré les médicaments, grâce auxquels les gens peuvent quand même mener une longue vie prospère et en santé.
Plus récemment, il y a eu l’ebola. Il s’est écoulé cinq ans avant qu’il y ait une véritable percée au niveau des vaccins. On regarde où on en est avec la COVID-19. On procède actuellement à des essais cliniques pour des médicaments. Ça ne veut pas dire qu’on va avoir un vaccin demain, mais il y a une grande différence entre une maladie qui commence en 2019 et des essais pour un vaccin un an plus tard et 3 500 ans pour la variole.
Ce que je veux dire, c’est qu’il y a quelque chose d’incroyable à propos de nous, les êtres humains, et même l’un des trois premiers exemples ici, c’est notre capacité à nous adapter. On apprend, on grandit et on excelle vraiment dans ces domaines-là. Et je pense que ça en dit long sur... au bout du compte, les placements déclenchent cet optimisme-là, mais ce n’est pas un faux optimisme. Il est basé sur des faits et des données scientifiques.
Oui, la résilience est réconfortante. Je suis d’accord. D’ailleurs, j’aimerais vous demander, par rapport à l’adaptation, ce à quoi on doit s’adapter, je dirais que dans un avenir rapproché, on va voir des données économiques peu encourageantes. Vous avez apporté un graphique qui montre clairement que nous sommes actuellement en période de repli. Parlez-moi un peu de ce qu’on voit ici.
Bien sûr. Je crois que ce qu’on regarde ici... et, en fait, ça s’inscrit très bien dans notre thème d’adaptation, c’est qu’on utilise ce qu’on appelle la cote du régime. Et la cote du régime, c’est vraiment notre façon d’essayer de déterminer où nous en sommes actuellement. On pense donc à des choses comme les indices ISM et PMI, ou les bons de commande et les données sur la fabrication, les données sur les services. On pense à l’opinion des investisseurs et à ce qu’ils pensent de certains aspects, et à comment ils les voient. On a donc ce chiffre de base de zéro. Et essentiellement, même en cas de crise, on commençait à se maintenir sous ce chiffre de zéro, et on est donc passés à une situation un peu plus négative.
Aujourd’hui, on est à 0,3. On est descendus aussi bas que 0,6 dans ce graphique. Et c’est la première chose à dire, qu’au fil du temps, à quel point on peut être confrontés à des obstacles. Une autre chose intéressante, cependant, c’est que ça nous montre où on en serait, ce qui est le pire résultat. Ça nous amène à des creux très importants. Donc, où cette cote du régime se situerait-elle? À quel point serions-nous plongés dans cette crise sans politique monétaire et budgétaire, sans l’intervention du gouvernement et politiques de la banque centrale?
Eh bien, sans ça, on serait dans une situation plutôt désespérée et pénible. Cela nous indique que... eh bien, ça nous indique trois choses. Tout d’abord, on serait... enfin, la situation est assez difficile en ce moment. Cela nous indique également que la situation pourrait être bien pire.
Et le dernier élément est que, parce qu’on y a aussi ajouté l’indice S&P 500, la façon dont je mesurerais ça, c’est que j’examinerais où on en est par rapport à notre cote du régime de 0,3, puis où se situe l’indice S&P. L’indice S&P s’est un peu emballé, et c’est ce qu’on a vu au cours de cette remontée. Je crois donc que la volatilité va augmenter, et je crois qu’on va voir un peu plus de baisses. On se trouve dans la zone où on devrait être, mais je pense qu’on a pris un peu d’avance.
Dans quelques instants, j’aimerais qu’on parle de vos perspectives concernant les actions et de la répartition des actifs. Mais rapidement, à 0,3 actuellement, compte tenu de tout ce qui se passe, croyez-vous que nous verrons désormais beaucoup plus de mesures monétaires et budgétaires? On en a déjà vu un nombre presque inimaginable.
Oui, c’est difficile... c’est difficile d’y voir clair, mais je crois que la réponse est oui. Et un prêt à l’heure actuelle fait l’objet d’un débat. Je crois que ça s’appelle le HERO Bill, si je me souviens bien. Il y en a eu tellement.
Mais pour l’instant, celui qui a été envoyé au Sénat, c’est un programme de 3 milliards de dollars. Je pense que... on pense que ça va plus ressembler à environ 2 à 2,25 après les négociations et tout ce qui vient avec. Quand on y pense, c’est simplement un autre chiffre remarquable. Et c’est en partie parce que... partout dans le monde, on a placé l’économie, si vous voulez, dans le coma. On essaie maintenant de sortir cette économie du coma.
Cependant, ça prend parfois un peu plus de temps qu’on pense pour essayer de redonner vie à quelque chose. Et je pense que ça va probablement prendre... notamment les subventions pour les entreprises, les petites entreprises et les mesures qu’on prend pour donner aux gens de l’argent en remplacement de leur chèque de paie, il va y avoir des projets de loi pour soutenir ces mesures-là.
Oui, je suis tout à fait d’accord. Il va y avoir de l’inégalité. Ça va être difficile. Et on est encore en train d’essayer d’y voir clair. Il ne me reste qu’environ une minute, mais j’aimerais vous demander... quelles sont vos perspectives pour... je ne vous demanderai pas par rapport aux liquidités, mais je veux parler des titres à revenu fixe, des actions et des actifs réels?
Je crois qu’une bonne façon de voir les choses est de... je pense que ce qu’on veut aujourd’hui, c’est une sous-pondération. Je crois qu’on veut une sous-pondération dans la répartition des actifs, et dans les titres à revenu fixe, compte tenu de l’incroyable évolution des titres du Trésor du gouvernement. On pense qu’on devrait opter pour une pondération neutre ou une surpondération dans les actions, et pour une surpondération dans les actifs réels. Et sur une base factorielle, il faut vraiment surveiller le risque lié aux titres à revenu fixe, donc aussi le risque de crédit et de taux d’intérêt, et le risque lié aux actions, car la volatilité demeure une préoccupation réelle.
Je suis désolée, mais j’aimerais faire un bref suivi sur une chose. Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur le risque lié aux titres à revenu fixe et le risque de taux d’intérêt? Parce que je pense que ça sera désormais un aspect très important.
Oui, ça comporte deux volets. Ce que je dis, c’est que... d’abord et avant tout, le risque de crédit est en fin de compte... revenons à la troisième semaine de mars cette année, où on était vraiment dans une zone qui ressemblait beaucoup à la crise du crédit qu’on a vécue en 2008 et en 2009. Une grande partie a fait son chemin dans le système, et la situation est beaucoup mieux qu’avant.
Mais en tant qu’investisseur, je ferais très attention de ne pas seulement... je crois qu’il faut vraiment faire preuve de diligence raisonnable quand on investit dans des obligations de sociétés; il faut s’assurer... pas de courir après le rendement, mais d’investir dans des placements de la meilleure qualité possible. Par ailleurs, ça peut parfois être tentant de demeurer plus longtemps sur la courbe des taux pour tenter d’obtenir un rendement des titres gouvernementaux. En ce moment, je crois qu’il faut faire preuve de prudence par rapport à ça.
Brad, c’est toujours un plaisir. Prenez soin de vous. On se reparle bientôt.
Merci. Ça a aussi été un plaisir pour moi.
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