Les marchés boursiers subissent des pressions depuis le début de septembre, les actions liées à l’intelligence artificielle figurant parmi celles qui ont le plus perdu de terrain. David Sekera, stratège en chef du marché américain à Morningstar Research, explique à Greg Bonnell de MoneyTalk pourquoi la remontée de l’IA pourrait être finie et ce qui devrait se produire ensuite.
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Les marchés tentent de regagner une partie du terrain perdu depuis le début du mois de septembre, mais alors que l'élan des grands noms de la technologie comme NVIDIA commence à s'essouffler, est-ce que la tendance de l'IA est en train de s'essouffler? David Sekera de Morningstar Research nous rejoint pour en discuter. Bonjour, David.
Bonjour, Greg. Ça va?
Ça va très bien, merci. Vous et moi avons eu beaucoup de discussions depuis deux ans au sujet des facteurs à l'œuvre sur les marchés. Nous ne pouvons pas ignorer la tendance de l'IA et de la technologie en général, mais récemment, il y a eu un certain recul; est-il terminé?
Il s'agit d'un cas où il faut vraiment distinguer les actions individuelles des données fondamentales. Du point de vue fondamental, oui, l'IA en elle-même a encore une bonne trajectoire de croissance, mais selon nos valorisations, oui, nous croyons que le surclassement des actions d'IA par rapport à l'ensemble du marché est sans doute terminé. Pour nos perspectives pour le troisième trimestre, nous avons noté que, par comparaison à nos valorisations, beaucoup d'actions d'IA les plus étroitement liées aux données fondamentales, commençaient à atteindre leur juste valeur, sinon à la dépasser. Nous avons expliqué pourquoi nous pensons que les rendements du marché vont prendre plus d'ampleur, surtout dans les actions axées sur la valeur et les actions à petite capitalisation. Le marché étant obnubilé par l'IA, non seulement l'an dernier mais pour le premier semestre de cette année, les actions axées sur la valeur et à petite capitalisation ont été laissées pour compte dans cette remontée. Les deux catégories étaient très sous-évaluées du point de vue absolu autant que relatif.
Parlons de cette rotation, car le souci a commencé à paraître cet été. Certains des grands noms de la technologie ont ralenti leur remontée galopante et on s'est demandé s'il y avait véritablement une rotation.
Oui, je crois que cela a commencé au mois de juillet. La catégorie des actions axées sur la valeur et à petite capitalisation étaient toutes deux sous-évaluées sur une base absolue, c'est-à-dire par comparaison à notre valorisation intrinsèque à long terme, mais également sur une valeur relative. Si vous considérez les calculs composites de nos valorisations remontant jusqu'à 2010, les actions axées sur la valeur et à petite capitalisation ne dépassaient guère les valeurs relatives les plus basses qu'elles avaient atteintes par rapport à l'ensemble du marché. Même si ces deux secteurs ont surclassé en juillet et en août, nous pensons toujours qu'il leur reste une bonne trajectoire de surclassement. Bien sûr, le grand risque de récession exerce une certaine pression sur les titres à petite capitalisation à court terme ou, si la tendance de l'IA reprenait sa croissance, peut-être que les actions de croissance à grande capitalisation attireraient de nouveau les investisseurs, mais quels que soient les événements, nous pensons que les secteurs des actions axées sur la valeur et à petite capitalisation sont attrayants.
Nous avons vu au mois d'août certaines péripéties, une dégringolade du marché, puis ensuite, nous sommes revenus; le mois de septembre a mal commencé. Le mois de septembre a mauvaise réputation en bourse, et la semaine dernière, cette réputation a été confirmée. Est-ce que nous abordons un nouvel environnement comme celui de 2022 qui a été difficile pour les actions? Pourquoi l'environnement d'aujourd'hui n'est-il pas comme le précédent?
Début août, nous avons publié un article quand il y a eu cette brève baisse du marché, pour expliquer comment la période actuelle est différente de celle de 2022. En 2022, nous avions suggéré que les investisseurs sous-pondèrent les actions. Au niveau des données fondamentales, les actions étaient surévaluées à ce stade mais il y avait également quatre facteurs négatifs que nous avions identifiés que le marché devait affronter en 2022. Tout d'abord, la hausse de l'inflation. Deuxièmement, la hausse des taux d'intérêt à long terme que nous prédisions, le resserrement de la politique monétaire et le taux plus lent de croissance économique. Aujourd'hui, nous pensons que les marchés sont proches de la juste valeur par comparaison à nos analyses de valorisation. Trois de ces facteurs négatifs sont maintenant des facteurs positifs. Nous pensons que l'inflation va continuer à reculer d'ici la fin de cette année et au début de l'année prochaine. Nous prévoyons avoir entamé une trajectoire pluriannuelle de réduction des taux d'intérêt à long terme et nous pensons que la Fed va commencer à desserrer la politique monétaire la semaine prochaine à l'occasion de sa réunion. Le seul facteur négatif est le ralentissement de la cadence de croissance économique. Nous prévoyons un atterrissage en douceur et non pas une récession dans notre scénario de base. Ces facteurs favorables vont être suffisants pour compenser l'unique facteur défavorable, c'est-à-dire le ralentissement de la croissance économique.
Vous avez dit que vous n'êtes pas partisan d'un atterrissage brutal, d'une récession, vous prévoyez un atterrissage en douceur. Il y a eu de la volatilité sur les marchés au mois d'août et récemment, engendrée par une statistique économique. Les marchés ont attendu tellement longtemps que les données faiblissent afin que la Fed puisse réduire les taux. Maintenant, les marchés s'inquiètent de ce que la situation pourrait trop reculer.
On envisage une réduction de 50 points de base par la Fed. Notre scénario de base, nous prévoyons que la Fed va réduire le taux de 25 points de base à cette rencontre et puis de 25 points de base aux deux prochaines réunions en 2024, et en 2025, nous pensons qu'il y aura d'autres coupures pour parvenir à la fourchette des 3 % à 3,5 % d'ici la fin de l'an prochain. Quand je songe à la mentalité de la Fed, elle a certainement été trop tardive pour enclencher la hausse des fonds de la Fed. Elle pensait que l'inflation serait transitoire alors que ce n'était pas le cas, et depuis lors, elle se concentre sur la lutte contre l'inflation. Les marchés prévoient une possibilité beaucoup trop élevée qu'il y aurait une réduction de 50 points de base. Je pense en fait que ce serait un élément négatif. Oui, l'inflation affiche une tendance à la baisse, mais elle est toujours supérieure à la cible de 2 %. Je pense que la Fed doit toujours se concentrer dans une certaine mesure sur l'inflation. Si elle réduisait le taux de 50 points de base, cela nous montrerait que la Fed est beaucoup plus préoccupée quant à la possibilité d'une récession à court terme qu'elle ne s'inquiète d'une recrudescence de l'inflation ou du moins du maintien de la tendance à la baisse de l'inflation. Si elle réduit de 50 points de base, les marchés pourraient dégringoler à cette annonce, peut-être même dans une mesure considérable, comme au début du mois d'août, lorsque les statistiques de l'emploi ont paru et que les craintes quant à la récession ont été avivées. Il y a également eu une baisse début septembre avec la parution de nouvelles économiques peu reluisantes.
Très bien, passons aux secteurs et à vos pronostics. Tout d'abord, quels sont ceux à l'égard desquels vous êtes plus optimiste?
Les communications nous paraissent toujours sous-évaluées par rapport à nos évaluations, nos valorisations. Il faut considérer Alphabet et Meta, les deux plus grands titres à méga capitalisation dans le secteur des communications. Alphabet, par exemple, tourne toujours à plein régime. C'est une action qui semble relativement intéressante. Mais également, les fournisseurs traditionnels de communication semblent sous-évalués. Par exemple, les entreprises de sans-fil aux États-Unis, nous pensons que cette industrie va se transformer en oligopole, c'est-à-dire qu'il y aura moins de concurrence sur les prix. Au fil du temps, cela va permettre une hausse des marges. Plusieurs de ces actions, à notre avis, sont sous-évaluées et, entre-temps, versent des dividendes relativement élevés. Le risque dans ce secteur sera relié à un éventuel ralentissement de la croissance de l'activité nuagique d'Alphabet. ou au retour de la concurrence sur les prix dans le secteur des sans-fil et des médias traditionnels. Les deux autres secteurs que je signalerai sont l'énergie et l'immobilier. L'énergie me paraît toujours particulièrement intéressante. L'énergie offre une bonne couverture naturelle dans un portefeuille au cas où l'inflation devait revenir ou encore en cas de risque géopolitique accru. Ce qui me plaît dans le secteur de l'énergie également, dans nos modèles, nous utilisons le cours prospectif sur deux ans du pétrole mais nous le réduisons au fil du temps. Notre pronostic pour le brut de référence américain est de 55 $ le baril à long terme. Or, même en utilisant ce point de vue négatif à long terme, nous pensons que beaucoup des compagnies pétrolières affichent des cours intéressants. Le risque à court terme, c'est que si la croissance économique subit davantage de pression que nous ne le prévoyons ou qu'une récession potentielle se réalise, cela pourrait faire baisser les cours du pétrole à court terme. Et puis, l'immobilier. L'immobilier a progressé de 7,5 % en juillet puis encore 5,4 % au mois d'août. L'immobilier parvient à sa juste valorisation, selon nous. C'était l'une des catégories d'actifs les plus détestées la bourse de New York. J'éviterais toujours les bureaux, mais nous voyons beaucoup d'opportunités sous-évaluées dans le secteur immobilier, surtout les actions à caractéristiques défensives, soins de santé, bureaux médicaux ou installations de stockage.
Moi qui ai l'avantage de connaître certaines de vos idées à l'avance, cela m'intrigue, les domaines à l'égard desquels vous êtes plus positif. Dans un environnement de baisse des taux d'intérêt, on parle des services publics. Pourquoi n'êtes-vous pas optimiste à l'égard des services publics?
Les services publics ont été particulièrement durement touchés en 2023 lorsque les taux d'intérêt étaient en hausse. On pourrait utiliser les services publics comme un succédané de titres à revenu fixe, mais ce secteur a tellement dégringolé l'an dernier que le secteur des services publics, notre équipe l'a signalé, était aussi sous-évalué en octobre dernier qu'il ne l'avait jamais été depuis 10 ans par comparaison à nos modèles de valorisation. Cette année, les services publics ont représenté un pari de deuxième rang sur l'intelligence artificielle. L'informatique d'IA exige plusieurs fois plus d'électricité que l'informatique traditionnelle. Tout le monde relève les pronostics à long terme de demande d'électricité, nous sommes d'accord, mais nous avons déjà tenu compte de cela dans nos modèles. Les services publics sont en hausse de 22 % depuis le début de l'année, le secteur commence à être valorisé avec une prime, le moment est propice soit pour prendre des profits ou, si vous voulez conserver une exposition, de troquer les actions qui ont trop progressé trop rapidement pour celles qui n'ont pas encore progressé mais qui offrent un bon rendement en dividendes.
Les deux secteurs à l'égard desquels vous n'êtes pas pessimiste, le secteur des actions défensives de consommation et puis la technologie.
Actions défensives de consommation, ce secteur est en hausse de 17 % depuis le début de l'année, mais dans le secteur des actions défensives de consommation, il y a plusieurs titres de méga capitalisation qui selon nous sont nettement surévalués, ce qui biaise tout le secteur des actions défensives de consommation avec une hausse trop élevée. Mais au niveau de la sélection de titres, nous prévoyons toujours beaucoup d'actions comme les compagnies d'alimentation qui sont sous-évaluées. Si vous investissez dans ce secteur au lieu d'investir dans des FNB, envisagez certaines de ces actions sous-évaluées individuellement. Et puis, bien entendu, la technologie. La technologie était sous-évaluée début 2023. Elle a augmenté de 59 % l'an dernier, encore de 70 % depuis le début de l'année. À ce stade, nous pensons que le secteur est surévalué, en particulier bon nombre de ces titres reliés à l'IA. La préoccupation, c'est que l'IA semble avoir déjà épuisé sa trajectoire. Les données fondamentales progressent, mais depuis un trimestre environ, il n'y a plus de dépassement des attentes. Quand je songe aux bénéfices pendant ce trimestre et aux prévisions d'ici la fin de l'année, atteindre les prévisions pour le troisième trimestre pourrait ne pas être suffisant pour maintenir ces actions à valorisation élevée. Le problème, c'est que si elles ne relèvent pas constamment leurs prévisions dans l'avenir, avec les valorisations actuelles, il existe une possibilité de baisse.
Bonjour, Greg. Ça va?
Ça va très bien, merci. Vous et moi avons eu beaucoup de discussions depuis deux ans au sujet des facteurs à l'œuvre sur les marchés. Nous ne pouvons pas ignorer la tendance de l'IA et de la technologie en général, mais récemment, il y a eu un certain recul; est-il terminé?
Il s'agit d'un cas où il faut vraiment distinguer les actions individuelles des données fondamentales. Du point de vue fondamental, oui, l'IA en elle-même a encore une bonne trajectoire de croissance, mais selon nos valorisations, oui, nous croyons que le surclassement des actions d'IA par rapport à l'ensemble du marché est sans doute terminé. Pour nos perspectives pour le troisième trimestre, nous avons noté que, par comparaison à nos valorisations, beaucoup d'actions d'IA les plus étroitement liées aux données fondamentales, commençaient à atteindre leur juste valeur, sinon à la dépasser. Nous avons expliqué pourquoi nous pensons que les rendements du marché vont prendre plus d'ampleur, surtout dans les actions axées sur la valeur et les actions à petite capitalisation. Le marché étant obnubilé par l'IA, non seulement l'an dernier mais pour le premier semestre de cette année, les actions axées sur la valeur et à petite capitalisation ont été laissées pour compte dans cette remontée. Les deux catégories étaient très sous-évaluées du point de vue absolu autant que relatif.
Parlons de cette rotation, car le souci a commencé à paraître cet été. Certains des grands noms de la technologie ont ralenti leur remontée galopante et on s'est demandé s'il y avait véritablement une rotation.
Oui, je crois que cela a commencé au mois de juillet. La catégorie des actions axées sur la valeur et à petite capitalisation étaient toutes deux sous-évaluées sur une base absolue, c'est-à-dire par comparaison à notre valorisation intrinsèque à long terme, mais également sur une valeur relative. Si vous considérez les calculs composites de nos valorisations remontant jusqu'à 2010, les actions axées sur la valeur et à petite capitalisation ne dépassaient guère les valeurs relatives les plus basses qu'elles avaient atteintes par rapport à l'ensemble du marché. Même si ces deux secteurs ont surclassé en juillet et en août, nous pensons toujours qu'il leur reste une bonne trajectoire de surclassement. Bien sûr, le grand risque de récession exerce une certaine pression sur les titres à petite capitalisation à court terme ou, si la tendance de l'IA reprenait sa croissance, peut-être que les actions de croissance à grande capitalisation attireraient de nouveau les investisseurs, mais quels que soient les événements, nous pensons que les secteurs des actions axées sur la valeur et à petite capitalisation sont attrayants.
Nous avons vu au mois d'août certaines péripéties, une dégringolade du marché, puis ensuite, nous sommes revenus; le mois de septembre a mal commencé. Le mois de septembre a mauvaise réputation en bourse, et la semaine dernière, cette réputation a été confirmée. Est-ce que nous abordons un nouvel environnement comme celui de 2022 qui a été difficile pour les actions? Pourquoi l'environnement d'aujourd'hui n'est-il pas comme le précédent?
Début août, nous avons publié un article quand il y a eu cette brève baisse du marché, pour expliquer comment la période actuelle est différente de celle de 2022. En 2022, nous avions suggéré que les investisseurs sous-pondèrent les actions. Au niveau des données fondamentales, les actions étaient surévaluées à ce stade mais il y avait également quatre facteurs négatifs que nous avions identifiés que le marché devait affronter en 2022. Tout d'abord, la hausse de l'inflation. Deuxièmement, la hausse des taux d'intérêt à long terme que nous prédisions, le resserrement de la politique monétaire et le taux plus lent de croissance économique. Aujourd'hui, nous pensons que les marchés sont proches de la juste valeur par comparaison à nos analyses de valorisation. Trois de ces facteurs négatifs sont maintenant des facteurs positifs. Nous pensons que l'inflation va continuer à reculer d'ici la fin de cette année et au début de l'année prochaine. Nous prévoyons avoir entamé une trajectoire pluriannuelle de réduction des taux d'intérêt à long terme et nous pensons que la Fed va commencer à desserrer la politique monétaire la semaine prochaine à l'occasion de sa réunion. Le seul facteur négatif est le ralentissement de la cadence de croissance économique. Nous prévoyons un atterrissage en douceur et non pas une récession dans notre scénario de base. Ces facteurs favorables vont être suffisants pour compenser l'unique facteur défavorable, c'est-à-dire le ralentissement de la croissance économique.
Vous avez dit que vous n'êtes pas partisan d'un atterrissage brutal, d'une récession, vous prévoyez un atterrissage en douceur. Il y a eu de la volatilité sur les marchés au mois d'août et récemment, engendrée par une statistique économique. Les marchés ont attendu tellement longtemps que les données faiblissent afin que la Fed puisse réduire les taux. Maintenant, les marchés s'inquiètent de ce que la situation pourrait trop reculer.
On envisage une réduction de 50 points de base par la Fed. Notre scénario de base, nous prévoyons que la Fed va réduire le taux de 25 points de base à cette rencontre et puis de 25 points de base aux deux prochaines réunions en 2024, et en 2025, nous pensons qu'il y aura d'autres coupures pour parvenir à la fourchette des 3 % à 3,5 % d'ici la fin de l'an prochain. Quand je songe à la mentalité de la Fed, elle a certainement été trop tardive pour enclencher la hausse des fonds de la Fed. Elle pensait que l'inflation serait transitoire alors que ce n'était pas le cas, et depuis lors, elle se concentre sur la lutte contre l'inflation. Les marchés prévoient une possibilité beaucoup trop élevée qu'il y aurait une réduction de 50 points de base. Je pense en fait que ce serait un élément négatif. Oui, l'inflation affiche une tendance à la baisse, mais elle est toujours supérieure à la cible de 2 %. Je pense que la Fed doit toujours se concentrer dans une certaine mesure sur l'inflation. Si elle réduisait le taux de 50 points de base, cela nous montrerait que la Fed est beaucoup plus préoccupée quant à la possibilité d'une récession à court terme qu'elle ne s'inquiète d'une recrudescence de l'inflation ou du moins du maintien de la tendance à la baisse de l'inflation. Si elle réduit de 50 points de base, les marchés pourraient dégringoler à cette annonce, peut-être même dans une mesure considérable, comme au début du mois d'août, lorsque les statistiques de l'emploi ont paru et que les craintes quant à la récession ont été avivées. Il y a également eu une baisse début septembre avec la parution de nouvelles économiques peu reluisantes.
Très bien, passons aux secteurs et à vos pronostics. Tout d'abord, quels sont ceux à l'égard desquels vous êtes plus optimiste?
Les communications nous paraissent toujours sous-évaluées par rapport à nos évaluations, nos valorisations. Il faut considérer Alphabet et Meta, les deux plus grands titres à méga capitalisation dans le secteur des communications. Alphabet, par exemple, tourne toujours à plein régime. C'est une action qui semble relativement intéressante. Mais également, les fournisseurs traditionnels de communication semblent sous-évalués. Par exemple, les entreprises de sans-fil aux États-Unis, nous pensons que cette industrie va se transformer en oligopole, c'est-à-dire qu'il y aura moins de concurrence sur les prix. Au fil du temps, cela va permettre une hausse des marges. Plusieurs de ces actions, à notre avis, sont sous-évaluées et, entre-temps, versent des dividendes relativement élevés. Le risque dans ce secteur sera relié à un éventuel ralentissement de la croissance de l'activité nuagique d'Alphabet. ou au retour de la concurrence sur les prix dans le secteur des sans-fil et des médias traditionnels. Les deux autres secteurs que je signalerai sont l'énergie et l'immobilier. L'énergie me paraît toujours particulièrement intéressante. L'énergie offre une bonne couverture naturelle dans un portefeuille au cas où l'inflation devait revenir ou encore en cas de risque géopolitique accru. Ce qui me plaît dans le secteur de l'énergie également, dans nos modèles, nous utilisons le cours prospectif sur deux ans du pétrole mais nous le réduisons au fil du temps. Notre pronostic pour le brut de référence américain est de 55 $ le baril à long terme. Or, même en utilisant ce point de vue négatif à long terme, nous pensons que beaucoup des compagnies pétrolières affichent des cours intéressants. Le risque à court terme, c'est que si la croissance économique subit davantage de pression que nous ne le prévoyons ou qu'une récession potentielle se réalise, cela pourrait faire baisser les cours du pétrole à court terme. Et puis, l'immobilier. L'immobilier a progressé de 7,5 % en juillet puis encore 5,4 % au mois d'août. L'immobilier parvient à sa juste valorisation, selon nous. C'était l'une des catégories d'actifs les plus détestées la bourse de New York. J'éviterais toujours les bureaux, mais nous voyons beaucoup d'opportunités sous-évaluées dans le secteur immobilier, surtout les actions à caractéristiques défensives, soins de santé, bureaux médicaux ou installations de stockage.
Moi qui ai l'avantage de connaître certaines de vos idées à l'avance, cela m'intrigue, les domaines à l'égard desquels vous êtes plus positif. Dans un environnement de baisse des taux d'intérêt, on parle des services publics. Pourquoi n'êtes-vous pas optimiste à l'égard des services publics?
Les services publics ont été particulièrement durement touchés en 2023 lorsque les taux d'intérêt étaient en hausse. On pourrait utiliser les services publics comme un succédané de titres à revenu fixe, mais ce secteur a tellement dégringolé l'an dernier que le secteur des services publics, notre équipe l'a signalé, était aussi sous-évalué en octobre dernier qu'il ne l'avait jamais été depuis 10 ans par comparaison à nos modèles de valorisation. Cette année, les services publics ont représenté un pari de deuxième rang sur l'intelligence artificielle. L'informatique d'IA exige plusieurs fois plus d'électricité que l'informatique traditionnelle. Tout le monde relève les pronostics à long terme de demande d'électricité, nous sommes d'accord, mais nous avons déjà tenu compte de cela dans nos modèles. Les services publics sont en hausse de 22 % depuis le début de l'année, le secteur commence à être valorisé avec une prime, le moment est propice soit pour prendre des profits ou, si vous voulez conserver une exposition, de troquer les actions qui ont trop progressé trop rapidement pour celles qui n'ont pas encore progressé mais qui offrent un bon rendement en dividendes.
Les deux secteurs à l'égard desquels vous n'êtes pas pessimiste, le secteur des actions défensives de consommation et puis la technologie.
Actions défensives de consommation, ce secteur est en hausse de 17 % depuis le début de l'année, mais dans le secteur des actions défensives de consommation, il y a plusieurs titres de méga capitalisation qui selon nous sont nettement surévalués, ce qui biaise tout le secteur des actions défensives de consommation avec une hausse trop élevée. Mais au niveau de la sélection de titres, nous prévoyons toujours beaucoup d'actions comme les compagnies d'alimentation qui sont sous-évaluées. Si vous investissez dans ce secteur au lieu d'investir dans des FNB, envisagez certaines de ces actions sous-évaluées individuellement. Et puis, bien entendu, la technologie. La technologie était sous-évaluée début 2023. Elle a augmenté de 59 % l'an dernier, encore de 70 % depuis le début de l'année. À ce stade, nous pensons que le secteur est surévalué, en particulier bon nombre de ces titres reliés à l'IA. La préoccupation, c'est que l'IA semble avoir déjà épuisé sa trajectoire. Les données fondamentales progressent, mais depuis un trimestre environ, il n'y a plus de dépassement des attentes. Quand je songe aux bénéfices pendant ce trimestre et aux prévisions d'ici la fin de l'année, atteindre les prévisions pour le troisième trimestre pourrait ne pas être suffisant pour maintenir ces actions à valorisation élevée. Le problème, c'est que si elles ne relèvent pas constamment leurs prévisions dans l'avenir, avec les valorisations actuelles, il existe une possibilité de baisse.