
Les données sur l’emploi de juillet indiquent que le Canada et les États-Unis ont créé des emplois durant le mois. Anthony Okolie et James Orlando, économiste principal, Groupe Banque TD, discutent des facteurs liés à la progression de l’emploi et ce qu’ils peuvent signifier pour la reprise économique.
Print Transcript
Les données sur l’emploi au Canada pour le mois de juillet viennent d’être publiées et sont meilleures que prévu. C’est le troisième mois d’affilée qu’il s’est créé des emplois au Canada. James, qu’en pensez-vous?
Oui, c’était un autre rapport bien accueilli, Anthony. Il s’est créé plus de 400 000 emplois au Canada au cours du mois, et vous avez raison. Trois mois d’affilée de gains positifs, c’est un autre signe que la reprise économique au Canada est bien amorcée.
Quels sont les secteurs qui se sont le mieux redressés depuis le début du déconfinement et la qualité des emplois a-t-elle changé par rapport aux mois précédents?
Oui, la question est intéressante. Les secteurs qui ont le mieux performé au cours des trois derniers mois sont aussi ceux qui ont enregistré les pires rendements en février et en mars. Les entreprises de ces secteurs qui ont été le plus durement touchées étaient des entreprises de services alimentaires, d’hébergement et de vente au détail et bon nombre d’entre elles ont finalement fermé leurs portes, et leurs travailleurs ont perdu leur emploi. Avec la réouverture des marchés canadiens, beaucoup de ces emplois reviennent. C’est un signe encourageant.
Pour ce qui est de la qualité des emplois, c’est également très intéressant. Un aspect décevant de ce rapport est que plus de 80 % des emplois créés au cours du dernier mois sont en fait des emplois à temps partiel. Nous observons la grande tendance actuelle selon laquelle plus d’un million de Canadiens travaillent moins d’heures que le nombre d’heures qu’ils souhaiteraient travailler. Et ce que ça signifie pour les Canadiens, c’est qu’un grand nombre de personnes qui avaient perdu leur emploi reviennent sur le marché, mais à un nombre d’heures de travail réduit. Cela signifie simplement que le revenu qu’ils arrivent à toucher est inférieur au revenu souhaité. Et nous surveillons la situation de près, car ce phénomène pourrait être déterminant à la reprise que nous espérons.
À l’heure actuelle, la moitié des 3 millions d’emplois perdus en mars et en avril a été récupérée. Combien de temps faudra-t-il, selon vous, pour que nous nous retrouvions aux niveaux d’emplois d’avant la COVID-19, ou, croyez-vous que les niveaux plafonneront?
Oui, donc les trois derniers mois ont été-- les gains ont été très solides, mais on est parti de très loin. Maintenant que nous reprenons nos activités, on constate une augmentation des emplois. Les villes de Peel et de Toronto en sont à la troisième étape de déconfinement. Pour ce qui est du rapport du prochain mois, certains indicateurs montrent que les résultats seront tout aussi bons.
Mais, à un certain moment, nous devrons partir de ce rebond et passer à l’étape de reprise, et nous savons des récessions précédentes que la phase de reprise est en fait un peu plus lente que ce que la plupart des gens espèrent. Et nous prévoyons qu’il faudra quelques années pour retrouver les niveaux de plein emploi au Canada.
Donc, oui, les gains en emplois ralentiront par rapport à ce que nous avons vu au cours des derniers mois. Mais tant que le nombre d’emplois augmente, nous sommes assez satisfaits.
Les données sur l’emploi aux États-Unis en juillet ont également été meilleures que prévu, mais la réembauche a ralenti depuis mai et juin. James, qu’est-ce que cela signifie, selon vous?
La situation est très semblable à celle qui s’est produite au Canada, où les gains en emplois du dernier mois sont inférieurs à ceux du mois précédent, ce qui indique que nous sommes passés de l’étape de rebond à l’étape de la reprise.
Contrairement aux États-Unis, plus de 50 % des d’emplois perdus en février et en mars ont été récupérés au Canada, alors que ce taux n’est qu’à 42 % chez nos voisins du sud, ce qui est en grande partie attribuable au fait que, pendant la période estivale, ils ont connu une deuxième vague d’infections à la COVID-19, ce qui a sans aucun doute ralenti la reprise aux États-Unis, contrairement à ce qui s’est produit au Canada. C’est ce que nous surveillons : la vitesse à laquelle un pays peut se rétablir par rapport à un autre.
Bien sûr, un autre élément que les investisseurs surveillent sont les discussions du Congrès sur un nouveau plan d’aide. Aussi, l’aide de 600 $ par semaine offerte aux employés de l’administration fédérale a pris fin à la fin de juillet, mais, là encore, il n’y a toujours pas d’accord sur un nouveau plan de relance. Quelles seront les répercussions de ce retard sur le marché du travail américain?
L’une des leçons que nous avons tirées de cette pandémie de COVID-19 est que l’aide gouvernementale au revenu des citoyens est extrêmement importante. Pour beaucoup de personnes, cette aide qu’elles ne reçoivent plus peut les entraîner vers un gouffre financier. L’aide au revenu du gouvernement leur permettait de survivre pendant cette période.
Ce soutien a certainement aidé certains secteurs aux États-Unis, comme la vente au détail. Aussi, comme le revenu des citoyens a diminué, ceux-ci ne dépensent plus autant qu’avant. Par conséquent, certains secteurs, comme le commerce de détail, seront touchés s’ils ne parviennent pas à conclure une entente de soutien supplémentaire du gouvernement.
D’accord, alors, en fin de compte, qu’est-ce que ces données sur les emplois laissent entrevoir en ce qui concerne le redressement?
Dans l’ensemble, le rapport du Canada et celui des États-Unis ont été bien accueillis. Ils montrent que la réouverture des marchés a un effet positif sur la création d’emplois et que la conjoncture est favorable à l’emploi dans les deux pays, ce qui est de bon augure pour les citoyens du Canada et des États-Unis ainsi que pour la reprise économique.
James, merci beaucoup pour vos explications et votre analyse.
Merci.
[MUSIQUE]
Oui, c’était un autre rapport bien accueilli, Anthony. Il s’est créé plus de 400 000 emplois au Canada au cours du mois, et vous avez raison. Trois mois d’affilée de gains positifs, c’est un autre signe que la reprise économique au Canada est bien amorcée.
Quels sont les secteurs qui se sont le mieux redressés depuis le début du déconfinement et la qualité des emplois a-t-elle changé par rapport aux mois précédents?
Oui, la question est intéressante. Les secteurs qui ont le mieux performé au cours des trois derniers mois sont aussi ceux qui ont enregistré les pires rendements en février et en mars. Les entreprises de ces secteurs qui ont été le plus durement touchées étaient des entreprises de services alimentaires, d’hébergement et de vente au détail et bon nombre d’entre elles ont finalement fermé leurs portes, et leurs travailleurs ont perdu leur emploi. Avec la réouverture des marchés canadiens, beaucoup de ces emplois reviennent. C’est un signe encourageant.
Pour ce qui est de la qualité des emplois, c’est également très intéressant. Un aspect décevant de ce rapport est que plus de 80 % des emplois créés au cours du dernier mois sont en fait des emplois à temps partiel. Nous observons la grande tendance actuelle selon laquelle plus d’un million de Canadiens travaillent moins d’heures que le nombre d’heures qu’ils souhaiteraient travailler. Et ce que ça signifie pour les Canadiens, c’est qu’un grand nombre de personnes qui avaient perdu leur emploi reviennent sur le marché, mais à un nombre d’heures de travail réduit. Cela signifie simplement que le revenu qu’ils arrivent à toucher est inférieur au revenu souhaité. Et nous surveillons la situation de près, car ce phénomène pourrait être déterminant à la reprise que nous espérons.
À l’heure actuelle, la moitié des 3 millions d’emplois perdus en mars et en avril a été récupérée. Combien de temps faudra-t-il, selon vous, pour que nous nous retrouvions aux niveaux d’emplois d’avant la COVID-19, ou, croyez-vous que les niveaux plafonneront?
Oui, donc les trois derniers mois ont été-- les gains ont été très solides, mais on est parti de très loin. Maintenant que nous reprenons nos activités, on constate une augmentation des emplois. Les villes de Peel et de Toronto en sont à la troisième étape de déconfinement. Pour ce qui est du rapport du prochain mois, certains indicateurs montrent que les résultats seront tout aussi bons.
Mais, à un certain moment, nous devrons partir de ce rebond et passer à l’étape de reprise, et nous savons des récessions précédentes que la phase de reprise est en fait un peu plus lente que ce que la plupart des gens espèrent. Et nous prévoyons qu’il faudra quelques années pour retrouver les niveaux de plein emploi au Canada.
Donc, oui, les gains en emplois ralentiront par rapport à ce que nous avons vu au cours des derniers mois. Mais tant que le nombre d’emplois augmente, nous sommes assez satisfaits.
Les données sur l’emploi aux États-Unis en juillet ont également été meilleures que prévu, mais la réembauche a ralenti depuis mai et juin. James, qu’est-ce que cela signifie, selon vous?
La situation est très semblable à celle qui s’est produite au Canada, où les gains en emplois du dernier mois sont inférieurs à ceux du mois précédent, ce qui indique que nous sommes passés de l’étape de rebond à l’étape de la reprise.
Contrairement aux États-Unis, plus de 50 % des d’emplois perdus en février et en mars ont été récupérés au Canada, alors que ce taux n’est qu’à 42 % chez nos voisins du sud, ce qui est en grande partie attribuable au fait que, pendant la période estivale, ils ont connu une deuxième vague d’infections à la COVID-19, ce qui a sans aucun doute ralenti la reprise aux États-Unis, contrairement à ce qui s’est produit au Canada. C’est ce que nous surveillons : la vitesse à laquelle un pays peut se rétablir par rapport à un autre.
Bien sûr, un autre élément que les investisseurs surveillent sont les discussions du Congrès sur un nouveau plan d’aide. Aussi, l’aide de 600 $ par semaine offerte aux employés de l’administration fédérale a pris fin à la fin de juillet, mais, là encore, il n’y a toujours pas d’accord sur un nouveau plan de relance. Quelles seront les répercussions de ce retard sur le marché du travail américain?
L’une des leçons que nous avons tirées de cette pandémie de COVID-19 est que l’aide gouvernementale au revenu des citoyens est extrêmement importante. Pour beaucoup de personnes, cette aide qu’elles ne reçoivent plus peut les entraîner vers un gouffre financier. L’aide au revenu du gouvernement leur permettait de survivre pendant cette période.
Ce soutien a certainement aidé certains secteurs aux États-Unis, comme la vente au détail. Aussi, comme le revenu des citoyens a diminué, ceux-ci ne dépensent plus autant qu’avant. Par conséquent, certains secteurs, comme le commerce de détail, seront touchés s’ils ne parviennent pas à conclure une entente de soutien supplémentaire du gouvernement.
D’accord, alors, en fin de compte, qu’est-ce que ces données sur les emplois laissent entrevoir en ce qui concerne le redressement?
Dans l’ensemble, le rapport du Canada et celui des États-Unis ont été bien accueillis. Ils montrent que la réouverture des marchés a un effet positif sur la création d’emplois et que la conjoncture est favorable à l’emploi dans les deux pays, ce qui est de bon augure pour les citoyens du Canada et des États-Unis ainsi que pour la reprise économique.
James, merci beaucoup pour vos explications et votre analyse.
Merci.
[MUSIQUE]